S’étirant à flanc de coteau au-dessus des verdoyantes gorges de l’Ouche, la petite cité aveyronnaise est l’un des sites emblématiques du chemin vers Compostelle. Ce joyau médiéval s’enorgueillit d’une abbatiale parmi les plus extraordinaires de l’art roman. Bien que très fréquenté en haute saison, le village exerce une irrésistible attraction sur le visiteur, avec ses ruelles escarpées bordées de belles demeures à colombages.
À ne pas manquer
Le tympan sculpté
La façade occidentale de l’abbatiale arbore l’un des plus beaux tympans romans de France sur le thème du Jugement dernier, d’après l’Évangile selon saint Matthieu, dans un état de conservation remarquable. Cette incroyable Bible de pierre que des milliers de pages ne suffiraient pas à décrire, sculptée dans le calcaire jaune durant la première moitié du XIIe siècle, est constituée de quelque 124 personnages et fourmille de détails. Un grand Christ en majesté trône en son centre. Son bras droit levé vers le ciel accueille le cortège des élus, composé notamment de la Vierge, Dadon, sainte Foy, Charlemagne et saint Pierre brandissant les clés du Paradis. Sa main gauche, baissée, conspue les damnés. Le niveau inférieur du tympan oppose l’Enfer, incarné par la figure de Satan, entouré de diables et de figures animales, au Paradis. Sous le Christ est représentée la pesée des âmes : l’archange saint Michel fait face à un démon ricanant qui tente de tricher en appuyant sur la balance. Des traces de peinture nous rappellent que ce tympan devait être jadis d’une extraordinaire polychromie.
Les chapiteaux romans et les vitraux de Pierre Soulages
D’une grande sobriété, l’intérieur constitue un prototype des grandes églises de pèlerinage, avec ses tribunes, ses vastes bas-côtés et son déambulatoire qui facilitait la circulation des fidèles auprès de la statue-reliquaire de sainte Foy, jadis exposée dans le chœur. Quelque 250 chapiteaux ornent les arcades, les tribunes de la nef ou les voûtes. Des motifs floraux, des scènes profanes ou religieuses, un incroyable bestiaire… autant de sculptures qui témoignent à quel point Conques fut un foyer de création artistique à l’époque romane. Une audace artistique qui perdure en ce lieu : depuis 1994, 104 vitraux modernes, réalisés par l’artiste contemporain Pierre Soulages, s’accordent avec l’édifice, en laissant pénétrer merveilleusement la lumière extérieure (voir l’encadré page ci-contre).
Le cloître
À côté de l’abbatiale, le cloître, édifié à la fin du XIe siècle, a hélas été rasé en grande partie par la municipalité au début du XIXe siècle. Ses pierres furent même utilisées pour bâtir certains maisons du village. Il ne reste aujourd’hui que deux arcades ouvrant sur l’ancienne salle capitulaire, et la galerie ouest, avec ses baies géminées ouvrant sur l’ancien réfectoire des moines bénédictins et ses colonnes qui présentent de beaux chapiteaux sculptés particulièrement bien préservés. Au centre, l’ancien bassin claustral a été restauré et remonté.
Le Trésor
Installé à l’emplacement de la galerie sud du cloître, un musée(avr-sept 9h30-12h30 et 14h-18h30 et oct-mars 10h-12h et 14h-18h ; billet combiné avec le musée Joseph-Fau 6,20 €) expose tout simplement le plus riche trésor d’orfèvrerie médiévale de France. Préservé jusqu’à nos jours, il fut notamment caché par les Conquois durant la Révolution pour le sauver de la confiscation, puis restitué. Dans une scénographie sobre s’alignent des reliquaires plus clinquants les uns que les autres, réalisés dans les ateliers locaux, comme celui du pape Pascal II et ses plaques d’or ou la “lanterne” de Bégon ornée de médaillons. Le joyau du trésor est la fameuse statue-reliquaire dite “Majesté de sainte Foy”, à l’origine de la prospérité de l’abbaye. C’est la seule statue-reliquaire de France conservée de l’époque pré-romane (IXe-Xe siècles). Elle contient une partie du crâne de la sainte. Recouverte de feuille d’or, de marbre, d’argent doré offerts au fil des siècles par les pèlerins, cette statue de 85 cm fascine, ne serait-ce que par son regard en émail bleu.
Musée Joseph-Fau
Des chapiteaux sculptés et des tailloirs romans issus des galeries détruites du cloître, des statues en bois peintes, une armoire à chasuble, des tableaux religieux… Au pied de l’abbatiale, ce musée(avr-sept 9h30-12h30 et 14h-18h30 et oct-mars 10h-12h et 14h-18h ; billet combiné avec le musée du Trésor 6,20 €), du nom d’un ancien maire de Conques, expose un grand nombre d’œuvres d’art sacré et de mobilier issus de l’abbaye. Ne manquez pas ses pièces-maîtresses : sept tapisseries consacrées à la vie de Marie-Madeleine confectionnées au XVIIe siècle dans les manufactures de Felletin, dans la Creuse. Elles étaient jadis vraisemblablement tendues dans la salle capitulaire du cloître.
Détail du tympan
Hugues derouard ©
A voir
Ne passez pas à côté