Le cirque de Cilaos, le joyau naturel de l'île de la Réunion
Site phare du tourisme réunionnais, le cirque de Cilaos séduit quasi invariablement ceux qui s’y aventurent. Il offre en effet le sentiment de basculer dans un autre monde, sauvage et montagneux, à mille lieues de l’animation du littoral.
Tout est grandiose dans cette cuvette d’altitude : le cadre, l’ambiance, le relief. En équilibre instable sur un épaulement, Cilaos, la principale localité du cirque, joue les funambules, environnée de parois abruptes. De minuscules routes prolongent l’aventure jusqu’à des “îlets”, hameaux du bout du monde alanguis au pied des remparts montagneux du Dimitile, du Grand Bénare ou du piton des Neiges. Pour les amateurs de loisirs sportifs, c’est un bonheur. Au menu : canyoning, randonnée, escalade et VTT.
S’y ajoute une note d’originalité : le cirque est en effet réputé pour sa production de lentilles, ses broderies, et pour son vignoble.
La route du cirque de Cilaos
Bordée d’à-pics vertigineux et ponctuée de plus de 400 lacets, ce qui lui vaut son surnom de “route des 400 virages”, l’unique route qui rentre au cœur du cirque est un voyage en soi. Elle s’engouffre dans le relief depuis la ville côtière de Saint-Louis (à 70 km au sud-ouest de Saint-Denis), et mène en 37 km au bourg de Cilaos, qui donne son nom au cirque, en longeant le Bras de Cilaos. Encaissée dans les replis montagneux de l’île, qu’elle doit traverser au prix de quelques tunnels étroits et de séries de virages en épingle à cheveux, c’est l’une des plus belles et des plus impressionnantes routes de montagne de l’île.
Deux routes vont ensuite au-delà du bourg de Cilaos. D’un côté, l’itinéraire vers Bras-Sec (4,5 km), qui traverse une forêt de cryptomerias, est fréquenté car il dessert Le Bloc, point de départ du sentier vers le piton des Neiges. De l’autre, la route du village du bout du monde d’Îlet-à-Cordes (10 km) est particulièrement sinueuse, notamment dans ses impressionnants premiers kilomètres.
Cilaos, la capitale du cirque
À 1 200 m d’altitude, la “capitale” du cirque du même nom, dominée par un ensemble de remparts et de pics vertigineux – dont le piton des Neiges, point culminant de l’île –, est le paradis de la randonnée et du canyoning. Elle mise en parallèle sur l’art de vivre, avec ses thermes et ses produits du terroir, notamment ses lentilles et son vin, proposés dans la plupart des restaurants de la ville et au marché animé du dimanche matin.
La localité, dont le nom dérive du malgache tsy laosana, “le pays qu’on ne quitte jamais”, a pris son essor à la fin du XIXe siècle avec la construction d’un établissement thermal. Fermé en 1987, il a depuis été remplacé par un complexe plus moderne confirmant la modernisation et la vocation touristique du bourg.
La ville s’est modernisée ces dernières années, avec le renouveau des abords de la Mare-à-Jonc, le petit lac sur lequel se reflètent les sommets environnants, l’ouverture d’un supermarché et la création de l’Archipel des métiers d’art, un ensemble regroupant artisans et commerces, en plein centre. Dernière innovation en date : sa rue principale est dorénavant piétonne entre l’hôtel Tsilaosa et le supermarché.
La broderie à Cilaos
Au début du XXe siècle, les brodeuses cilaosiennes développèrent la délicate technique des “jours de Cilaos”, un style de broderie propre à la ville devenu un véritable art populaire. Une association fut fondée en 1983 afin de sauvegarder et de promouvoir cette technique, que vous pourrez admirer à la Maison de la Broderie, où quelques brodeuses officient avec une remarquable dextérité sous le regard des visiteurs.
Les “jours” sont des “vides” que l’on crée dans le tissu. Pour réaliser l’opération, la pièce à broder est tendue sur un “tambour”, métier formé de deux cercles de bois s’emboîtant l’un dans l’autre. Les broderies, ornées ensuite de motifs décoratifs, se déclinent en linge de maison et vêtements en toile de lin, et se font généralement en blanc sur blanc. Certaines font toutefois appel à la couleur, tel le jour “portugais”, réalisé en deux tons, ou le jour “norvégien”, qui utilise des fils multicolores.
La tradition viticole à Cilaos
Introduite dans l’île dès 1665, la vigne se limita longtemps à la région de Saint-Paul et de Saint-Denis, puis gagna les cirques au milieu du XIXe siècle à la faveur de leur peuplement. Le cirque de Cilaos est cependant le seul territoire de l’île à avoir préservé une très modeste tradition viticole.
Historiquement, les familles du cirque cultivaient toutes quelques arpents de vigne – on en voit encore vers Îlet-à-Cordes – et produisaient artisanalement un vin apéritif destiné à la famille et aux amis. Souvent de qualité médiocre, ces vins liquoreux, à l’occasion réhaussés de macérations de fruits, utilisaient le cépage isabelle, résistant aux maladies. Un cépage à la piètre réputation : certains disaient qu’il rendait fou, et il fut même prohibé entre 1935 et 2003.
Une première tentative de renouveau a vu le jour dans les années 1990. En 1992, les premiers cépages nobles furent plantés (chenin, malbec) et la coopérative du Chai de Cilaos voyait le jour. Ses vins qui devaient davantage leur intérêt à leur origine improbable qu’à leur réelle qualité œnologique n’ont pas réussi à percer. Les cyclones mènent par ailleurs la vie très dure aux vignerons du cirque. La coopérative a ainsi peu à peu péréclité jusqu’à l’entrée en scène en 2019 d’Olivier Cadarbacasse, à qui l’on doit une nouvelle donne, élaborée à partir d’un cépage hybride présent sur l’île de longue date, le couderc.
Le vignoble s’étage en terrasses sur de fortes pentes, entre 800 et 1 200 m d’altitude, où chacune des petites parcelles accidentées fait l’objet d’un travail entièrement manuel. Hémisphère Sud oblige, c’est en janvier et février qu’ont lieu les vendanges.
Que voir, que faire à Cilaos ?
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