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Publié le 08/04/2021 8 minutes de lecture
Son dédale de canaux et de venelles de charme lui vaut le doux surnom de “Venise des Alpes”. On s’y perd facilement, mais qu’importe, on ne se lasse pas d’arpenter plusieurs fois ses adorables rues séculaires bordées par le Thiou et le Vassé, les deux cours d’eau qui traversent la ville. Les eaux turquoise du lac d’Annecy parachèvent ce tableau idyllique. Elles sont une invitation à la baignade qu’on ne saurait refuser. Et si jamais vous avez eu votre dose de romantisme, de pans de murs gaiement colorés et de balcons débordant de géraniums, rendez-vous au marché rue Sainte-Claire, les mardis, vendredis et dimanches matin pour renouer avec le terroir.
1. Le vieil Annecy
Dominée par le musée-château – l’ancienne résidence des comtes de Genève –, la partie la plus ancienne de la ville est un agréable enchevêtrement de ruelles moyenâgeuses délimité par un bras du Thiou au nord et le quai Eustache-Chappuis à l’est. Par endroits, les façades des demeures repeintes dans les tons ocre, rose et saumon donnent à la ville un faux air d’Italie. Nous vous conseillons de débuter votre balade au “pont sur le Thiou” (le pont Perrière), face aux Vieilles Prisons (le palais de l’Île), ou bien au château. De là, explorez le quartier en rayonnant autour du bras principal du Thiou.
Le Palais de l’île
Posée sur une île rocheuse au milieu du Thiou, cette maison forte médiévale, connue aussi sous le nom des “Vieilles Prisons”, a été édifiée au XIe ou XIIe siècle. Les photographes amateurs sont nombreux à se poster sur le pont Perrière afin d’immortaliser cet édifice emblématique sommeillant au milieu des eaux. D’abord utilisé comme atelier monétaire, le bâtiment a été transformé en prison au XIVe siècle, fonction qu’il a occupée jusqu’à la fin du XIXe siècle. Contrebandiers, voleurs, meurtriers et femmes de mauvaise vie y étaient enfermés. L’édifice a abrité plus tard un palais de justice. Durant la Seconde Guerre mondiale, le palais de l’Île retrouva un rôle sinistre : on y enferma les maquisards, puis, à la libération d’Annecy, les prisonniers allemands. Aujourd’hui, c’est un lieu d’exposition dédié à l’architecture et au patrimoine du territoire annecien. Les lugubres cachots aux portes épaisses sont le temps fort de la visite. Au terme d’une campagne de restauration du bâtiment en 2017, la muséographie a été entièrement repensée avec un parcours dédié aux familles et une signalétique valorisant le monument et sa restauration.
Le château d’Annecy
C’est sans doute la construction de cette fortification, sur le dernier contrefort rocheux du Semnoz, qui a contribué au développement de la nouvelle ville d’Annecy au détriment d’Annecy-le-Vieux. Plusieurs fois incendiée et reconstruite, la forteresse juxtapose des bâtiments construits entre le XIIe et la fin du XVIe siècle. Aujourd’hui, le château, classé Monument historique en 1959, a notamment pour vocation de valoriser le patrimoine régional au travers d’expositions temporaires et permanentes. Le logis Vieux et le logis Nemours abritent un intéressant musée d’Art régional (peintures de paysages, sculptures, poterie, faïence, mobilier…). Au fond de la cour, dans la tour Perrière et le logis Perrière, se trouve l’Observatoire régional des lacs alpins. Ce petit musée scientifique présente l’écosystème des lacs alpins ainsi que les risques de pollution naturelle et industrielle, et détaille les processus utilisés pour dépolluer le lac d’Annecy.
La rue Sainte-Claire
Les restaurants y sont très nombreux et la forte fréquentation l’a malheureusement un peu figée. Mais les mardis, vendredis et dimanches matin, jours de marché, le pouls de la ville bat tout le long de la rue. Au n°18, l’hôtel Bagnoréa fut le premier siège de l’Académie florimontane au début du XVIIe siècle. Au niveau du n°31, vous verrez l’une des plus vieilles fontaines de la ville, la fontaine Quiberet (1646). Elle est sculptée d’une truite, l’emblème d’Annecy. Au bout de la rue, la porte Sainte-Claire gardait l’une des entrées de la ville. Sa cloche résonne depuis 1556. Les mâchicoulis et les gonds de sa double porte sont d’époque. N’hésitez pas à continuer jusqu’à la place Sainte-Claire pour admirer au n°24 la belle maison Gallo, à l’architecture d’inspiration turinoise.
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La rue Jean-Jacques Rousseau
Au n°10 se trouvait la demeure de Mme de Warens, la protectrice de Rousseau. On l’a détruite pour ériger un palais épiscopal. Dans la cour, on peut voir un buste et une balustrade de bronze doré : un clin d’œil au fameux balustre d’or que l’auteur des Confessions rêvait d’utiliser pour marquer l’endroit où il fit pour la première fois, en 1728, la rencontre de celle qui allait devenir sa tutrice et sa maîtresse. Au n°13 se situe l’ancienne maîtrise où il s’initia à la musique. C’est au n°15, dans la maison Lambert, que saint François de Sales écrivit son Introduction à la vie dévote.
La cathédrale Saint-Pierre
Elle fut achevée en 1538 et consacrée cathédrale en 1822. Sa façade avec une belle rosace est de style Renaissance, mais l’intérieur est gothique. Ne manquez pas le buffet de l’orgue, de style Louis XIV, datant de 1842. Les peintures sont également admirables (une Adoration des Mages du XVIe siècle, une Descente de Croix copiée du Caravage et la Délivrance de saint Pierre par Mazzola). Chaque mercredi soir de juillet et août, des concerts d’orgue sont organisés (8-12 €).
L’église Saint-Maurice
Cette église au toit savoyard est la plus ancienne église d’Annecy. Elle fut bâtie en 1422 par le cardinal de Brogny qui, après l’incendie qui ravagea la ville, voulut aider les Anneciens à se relever en fondant un couvent de Dominicains. L’édifice a connu de multiples transformations au fil des siècles. Il servit notamment de grenier à foin et grenette (marché couvert) en 1792, lorsque les armées révolutionnaires entrèrent en Savoie. L’église actuelle abrite notamment deux peintures murales du XVe siècle : une Assomption de la Vierge, et surtout une peinture funéraire en trompe-l’œil de Philibert de Monthoux, conseiller des ducs de Savoie et de Bourgogne, véritable chef-d’œuvre.
L’église Saint-François de Sales
Édifiée au XVIIe siècle en bordure du Thiou, elle est aussi appelée l’“église des Italiens”, car la messe y est donnée en cette langue le dimanche matin. Elle a abrité les tombeaux de Jeanne de Chantal et de François de Sales, transférés ensuite à la basilique de la Visitation (p. 57). Pendant longtemps, un dépôt de charbon, des logements et une boulangerie occupèrent sa nef et ses chapelles latérales, avant une restauration en 1890. Vous pourrez y apercevoir sept retables de style baroque.
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L’ancien hôtel de ville
Situé sur l’emplacement d’un ancien oratoire médiéval, ce bâtiment du XVIe siècle fut rénové au XVIIIe siècle pour accueillir le premier hôtel de ville d’Annecy. Devant sa façade jaune, un bel escalier en fer forgé est orné d’une truite, figure des armoiries de la ville. Les locaux sont aujourd’hui occupés par la cure de l’église Notre-Dame, les services municipaux ayant été transférés en 1855 dans l’actuel hôtel de ville, près des jardins de l’Europe.
2. Les bords du lac
Pour vous balader sur les bords du lac, gagnez d’abord l’avenue d’Albigny, voie royale bordée de platanes qui longe le champ de Mars d’Annecy et le Pâquier.
Pâquier
Cette vaste pelouse tirée à quatre épingles, poumon vert de la ville, est autant le rendez-vous des amoureux en goguette que des joueurs de foot du dimanche, très fréquenté au moindre rayon de soleil. Le lieu a été le théâtre de nombreux événements historiques, dont des manœuvres militaires et nombre d’exécutions publiques. Au bout du Pâquier trône le fameux Impérial, le palace Belle Époque qui fait la fierté de la ville. Charlie Chaplin et Winston Churchill y ont séjourné. Côté ville, on peut admirer le magnifique bâtiment de la préfecture (1864) dû à l’architecte lyonnais Léon Charvet, ainsi que le centre culturel Bonlieu, inauguré en 1981. Dû aux architectes Maurice Novarina et Jacques Lévy, il fait la jonction entre la ville moderne et la vieille ville. Au bord du lac, la vue sur la vaste étendue d’eau, le mont Veyrier, les dents de Lanfon, la Tournette, les Bauges et le crêt du Maure est splendide. Une table d’orientation permet de bien se situer.
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Le Pont des Amours
Reliant le champ de Mars aux jardins de l’Europe, le célèbre pont des Amours enjambe le canal du Vassé. Le long du cours d’eau, l’enfilade de vedettes en acajou ajoute au charme au lieu. En face, vous pouvez apercevoir l’île des Cygnes, complètement artificielle.
Les Jardins de l’Europe
Des séquoias géants centenaires, un ginkgo biloba, un cèdre de l’Atlas… Cet arboretum a vu le jour en 1863, au moment où la Savoie a été rattachée à la France. Il regroupe de très belles essences venues des quatre coins du globe. Chaque dimanche d’été, le lieu se transforme en “P’tit bal perdu”, avec une piste de danse ouverte à tous et une scène accueillant des musiciens (mi-juin à début septembre).
En dehors du centre
Le musée du Film d’animation
Au sein du Conservatoire d’art et d’histoire de la Haute-Savoie, l’exposition permanente retrace sur 300m2 plus d’un siècle d’images animées. Confrontations d’images, d’auteurs et de techniques… Un programme intéressant et ludique, dans une ville qui accueille chaque année en juin un célèbre Festival international du film d’animation.
La Turbine Sciences
Un très sympathique centre de culture scientifique, technique et industrielle qui organise des expositions temporaires et permanentes, des conférences et des ateliers autour de l’environnement et notamment de l’eau.
La Maison de la Galerie
C’est dans cette maison que François de Sales et Jeanne de Chantal fondèrent l’ordre de la Visitation en 1610. Située légèrement à l’écart de la vieille ville, elle est aujourd’hui un lieu de mémoire et de vénération de François de Sales, dans lequel les sœurs de Saint-Joseph résident. Elle se découvre pendant les journées du Patrimoine ou lors de visites à thème sur saint François de Sales organisées par l’office de tourisme. Il est également possible de se présenter et de sonner pour appeler les sœurs de Saint-Joseph qui peuvent (ou non) autoriser à visiter les lieux.
Les activités
Activités nautiques
Le long de la promenade Jacquet (qui borde le champ de Mars et le Pâquier), de nombreux loueurs proposent des barques ou des pédalos. Tout autour du lac, les possibilités d’activités nautiques sont innombrables. Certains loueurs proposent des kayaks transparents. Des centres nautiques, tel celui de Talloires, louent planches à voile, Optimist, catamarans… Les amateurs pourront aussi pratiquer le paddle tandis qu'à Duingt et à Talloires, il est possible de s’essayer à la plongée, au ski nautique ou au wakesurf (surfer sur la vague produite par un bateau).
Aventures aériennes
Pour découvrir les mille et une facettes du lac et de ses montagnes, des sorties en montgolfière sont proposées par la Compagnie des Ballons. Et pour les plus aventurier, frissons garantis avec le parapente depuis le col de la Forclaz avec notamment Espace 3D (à privilégier en fin d’après-midi où les conditions promettent des sensations plus intenses).
Baignade
En été, l’eau du lac avoisine les 23°C. Parmi les plages surveillées, au sud du centre-ville, la plage des Marquisats (à côté de la piscine du même nom), plantée de pelouse, est très prisée dès les premiers rayons de soleil. Du côté du Pâquier, la plage de l’Impérial, près du célèbre palace du même nom, est payante, avec de nombreux restaurants sur place. Envie de plus tranquillité ? Privilégiez les petites plages du tour du lac, dont plusieurs sont gratuites.
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Croisières
Des bateaux proposent des balades commentées. C’est un bon moyen de découvrir les communes voisines, accrochées aux bords du lac. Une navette de la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy dessert par exemple tous les ports : Angon, Sevrier, Saint-Jorioz, Duingt, Doussard, Talloires, Menthon-Saint-Bernard, Veyrier-du-Lac. Pensez aussi aux bateaux Arc-en-Ciel qui, en plus des circuits commentés, proposent à la location des bateaux sans permis et des pédalos. L’été, des bateaux-taxis assurent 4 rotations par jour entre Veyrier-du-Lac et Annecy, l'idéal pour éviter les bouchons – surtout en fin de journée !
Vélo
Flânez dans la Venise des Alpes ou admirez le lac sous tous les angles en pédalant le long de ses rives – une grande partie du pourtour est équipée d’une piste cyclable. De nombreux loueurs proposent plusieurs types de vélos (classiques, tandem, à assistance électrique…), notamment Roul’ ma poule et Cyclable.
Visites en 2CV
Les visites en 2CV séduiront les nostalgiques. Les Deuches du Lac proposent notamment des virées thématiques (vin, romantique…) avec chauffeur dans une mythique “deudeuche”.