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Publié le 15/08/2020 5 minutes de lecture
Homère raconte dans l’Odyssée le retour d’Ulysse parmi les siens, après la guerre de Troie. Un retour qu’il mettra dix ans à effectuer, en errant sur la Mer Méditerranée… Mais, sur ces dix années, Ulysse en passa sept sur une seule île. Cette île, c’est Gozo. Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant elle est la sœur d’une autre île, plus courue : Malte. Plus petite, plus secrète, Gozo a conservé un charme sauvage… semblable à celui qui convainquit Ulysse d’y rester il y a vingt-cinq siècles. Et qui convainc aujourd’hui les voyageurs de goûter à l’authenticité d’une île choyée par les Dieux.Car, si l’île inspira l’un des plus célèbres mythes de l’histoire de l’humanité, vous pourriez vivre là-bas une expérience à inscrire dans votre panthéon intime.
Comme une cerise sur un gâteau
La nature a beaucoup donné à Gozo – ou Għawdex, du nom que lui donnèrent les Phéniciens. D’abord une situation privilégiée, qui l’a protégée au cours des siècles. Juste au-dessus de Malte et au sud de la Sicile, à équidistance de Majorque et de la Crète, les 67 km2 de Gozo paraissent posés au milieu de la Méditerranée comme une cerise sur un gâteau.Si l’on considère les 14km de long sur les 7 de large que compte l’île, on ne peut qu’être agréablement surpris de trouver, sur une île aussi modeste, un tel concentré de milieux naturels préservés et spectaculaires : il y a d’abord, évidemment, les décors que la mer a sculptés. C’est le ruban des vertigineuses falaises de calcaire entrecoupées de criques ; les baies, Xlendi Bay, Mġarr ix-Xini, Dwejra Bay, bien connue des plongeurs pour son Trou bleu – celle de Ramla qui émerveille grâce à son sable orange, presque rouge, où se serait échoué Ulysse, et où la nymphe Calypso l’aurait recueilli… et où aujourd’hui les baigneurs profitent de son eau chaude tout au long de l’année.
Sur ces côtes, et sur le sol de l’île, la nature et l’homme se sont donné la main. Au bord de la mer, on continue à récolter le sel comme autrefois : les salines offrent la vision d’une culture en harmonie avec la nature depuis des siècles. Dans les terres intérieures, c’est la même chose : les vallées fertiles bordées de roseaux, les champs dessinés par les murs de pierre, la culture de la vigne, des grenades, des oliviers et des figues de barbarie témoignent de la santé toujours éclatante d’un mode de vie aussi délicieux qu’ancestral.Un équilibre ancien, nullement menacé mais au contraire promis à être pérennisé puisqu’un programme, baptisé Eco-Gozo, vise à faire du développement économique et environnemental de l’île une opération 100 % propre et écologique : production bio, eaux propres, énergie renouvelable.Heureux qui comme Ulysse…
En somme, un véritable éden antique, et conservé, auquel Homère avait donné le nom d’Ogygie, dans L’Odyssée. Le poète grec avait décidé de faire incarner tous ces charmes et toute cette profusion par une nymphe, Calypso. Pour beaucoup d’entre vous, le nom de Calypso évoque sans doute également le Commandant Cousteau, puisque le navire à bord duquel il menait ses missions océanographiques était baptisé ainsi. Et pour cause : avant de sillonner les mers du monde, la Calypso était un ferry opérant entre Malte et Gozo. Mais revenons à notre nymphe : Calypso avait recueilli Ulysse dans une grotte. Parmi toutes celles creusées par l’érosion sur l’île de Gozo, c’est celle dominant la baie de Ramla qu’on identifie comme celle de Calypso. Les lecteurs de l’Odyssée ne peuvent être que troublés par la comparaison de la description des lieux par Homère et la grotte :« Un bois luxuriant avait poussé tout autour de la grotte : aune, peuplier noir, odorant cyprès ; et sous les branches nichaient des oiseaux de large envergure, chouettes, faucons, tapageuses corneilles marines qui besognent sur la mer. Aux parois de la grotte, une vigne déployait ses rameaux vivaces, d'où les grappes pendaient en abondance. Quatre fontaines versaient une eau claire ; elles étaient voisines et dirigées en sens divers. Tout autour, de molles prairies de violettes et de persil étaient en fleur. Un Immortel même, entrant là, se fût émerveillé du spectacle et réjoui dans son esprit. »(Chant V de l’Odyssée)
Cependant l’île fascina les mortels bien avant Ulysse. Bien avant les Grecs. Se dressent encore à Gozo, en effet, les vestiges de Ġgantija, un ensemble mégalithique, un temple dédié à la féminité, érigé par une civilisation disparue, il y a 5000 ans – soit, mille ans avant les pyramides d’Egypte, ce qui en fait l’une des plus anciennes constructions monumentales au monde.Ile fascinante, donc île conquise : sa beauté et sa situation firent de Gozo un territoire tour à tour phénicien, grec, romain, arabe et même normand – de cette époque date la christianisation (la christianisation date des romains - 60 après J.C.), et donc les premières églises, de l’île. Toutes ces cultures ont laissé leurs traces sur l’île, tant d’un point de vue linguistique qu’architectural. Il suffit de se promener dans la petite capitale, Victoria (baptisée, elle, sans surprise par un autre colon : les Britanniques !) et sa citadelle, pour reconnaître la consonance arabe des noms des ruelles, le charme baroque italien des églises, les remparts aragonais… Toutes ces influences ont donné à Gozo une culture bien à elle, au carrefour de toutes les traditions méditerranéennes. La meilleure façon de s’en rendre compte est d’assister aux festa, organisées dès le mois de juin (jusqu’à la mi-septembre) par chaque paroisse en honneur de son Saint Patron : feux d’artifice, fanfare, spécialités locales… C’est une occasion mémorable de goûter à l’art de vivre gozitain, et notamment à sa gastronomie.Goûter Gozo
Il y a de multiples façons de goûter Gozo : que ce soit à sa cuisine, à ses vins, ou à ses paysages. On peut y randonner entre terre et mer toute l’année (en moyenne, 300 jours d’ensoleillement par an…), passer de criques en rochers en kayak de mer, parcourir ses chemins à VTT, escalader ses falaises, mais aussi plonger.Comino, une toute petite île entre Gozo et Malte, est à ce titre une merveille : les eaux peu profondes du chenal entre l’île et Cominitto, d’une couleur allant du bleu cyan au vert émeraude, lui ont valu l’appellation de Lagon bleu, et font le bonheur des plongeurs, ou tout simplement des baigneurs. Pour se reposer après ces activités, vous pouvez prolonger l’expérience bien-être dans l’un des deux hôtels avec spa de l’île, le Kempinski San Lawrenz et le Ta’Cenc, ou bien dans la piscine d’une farmhouse – un hébergement en pleine campagne, dans une demeure ancienne et rénovée, avec vue sur mer… Si vous êtes plutôt boutique hôtel, le choix ne manque pas sur l’île.
La seule difficulté à Gozo, en fin de compte, consiste à en partir : il est difficile de ne pas imiter Ulysse pour prolonger quelques années ses vacances.Comment y aller ?
Vols au départ de la France à destination de l’aéroport international de Malte :Paris CDG et Paris Orly : vols quotidiens avec Air MaltaParis Orly : 2 vols / semaine avec Transavia (avril-octobre)Paris Beauvais : 2 vols par semaine avec RyanairBordeaux : 2 vols semaine avec Volotea (avril-octobre)Lyon : 3 vols / semaine (avril-mai) puis 4 vols /semaine (juin-octobre) avec Air MaltaMarseille : 2 vols / semaine avec Air Malta (avril-octobre)2 vols / semaine avec RyanairNantes : 1 vol / semaine avec Transavia (avril-octobre)Nice : 1 vol / semaine avec Volotea (avril-octobre)Toulouse : 2 vols / semaine avec Ryanair1 ferry relie l’île de Malte depuis l’embarcadère à Cirkewwa (au nord de Malte) jusqu’au port de Mġarr à Gozo. La traversée dure 25 min. Il y a des ferries en continu toute la journée et même quelques traversées la nuit. Vous pouvez aussi vous déplacer en bus très facilement sur Malte et Gozo.Article réalisé en partenariat avec l'Office du Tourisme de Malte