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Publié le 10/07/2025 6 minutes de lecture
Loin des plages bondées de la Costa del Sol ou de ses villes vibrantes, l’Espagne offre une variété de paysages que peu de pays peuvent égaler. Entre chaînes de montagnes, forêts brumeuses, déserts sculptés par l’érosion et falaises battues par l’Atlantique, le territoire cache des sites naturels spectaculaires.
Cette sélection réunit 11 lieux qui valent le détour pour leur beauté brute ou leur singularité géographique — accessibles en voiture, en vélo ou à pied. Préparez-vous à avoir le souffle coupé !

1. Les falaises de Loiba en Galice
Ici, on vient pour s’asseoir sur un banc. Pas n’importe lequel : celui qui se vante (avec raison) d’être “le plus beau du monde”. Face à lui, l’Atlantique cogne fort, les nuages cavalent, les bateaux filent en pointillés.
Conseils : L’accès se fait par une petite route bien fléchée depuis Loiba. Privilégiez la fin de journée pour la lumière rasante et le calme. Possibilité de marcher vers d’autres points de vue en longeant la côte.

2. Le désert des Bardenas en Navarre
À première vue, on se croirait dans un décor de western. En réalité, on est en Navarre, dans une zone semi-désertique classée réserve de biosphère par l’UNESCO.
Les Bardenas Reales, c’est un choc visuel. On traverse en voiture ou à VTT des pistes poussiéreuses entourées de reliefs aux formes surréalistes, comme Castildetierra, une pyramide naturelle emblématique. La lumière est incroyable à l’aube, presque irréelle au coucher du soleil. C’est aussi un territoire vivant : on croise des moutons en transhumance, des randonneurs, des rapaces tournoyant dans le ciel.
Pas d’infrastructure superflue ici : peu de signalétique, pas de services. Il faut venir préparé, avec de l’eau, un chapeau, et l’envie de se perdre un peu. Et c’est justement ce qui rend ce lieu inoubliable. On ne passe pas aux Bardenas : on y entre comme dans un autre monde.
Conseils : Partez tôt le matin depuis Arguedas. Laissez la voiture à la limite du parc pour faire le tour principal à pied ou en VTT (2 à 3 h selon votre rythme). L'été, évitez les heures chaudes — il n'y a aucune ombre.

3. Le parc national d’Ordesa y Monte Perdido dans les Pyrénées
Premier parc national d’Espagne (créé en 1918), Ordesa y Monte Perdido est un incontournable des Pyrénées aragonaises. Moins connu que ses homologues français, il offre pourtant des paysages spectaculaires : falaises calcaires de 800 m, forêts profondes de hêtres, et vallées en auge creusées par les glaciers.
Le sentier principal part du village de Torla et remonte toute la vallée d’Ordesa jusqu’à la Cola de Caballo, une chute d’eau en éventail située dans un cirque majestueux. Le chemin longe la rivière Arazas, passe sous des cascades (Arripas, Estrecho, Gradas de Soaso), et traverse plusieurs belvédères naturels.
Pour les plus expérimentés, la montée vers le Monte Perdido (3 355 m) peut se faire depuis le refuge de Góriz, mais demande préparation et bonne météo. Le massif est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la richesse de son paysage karstique et sa biodiversité.
Bon à savoir : Départ depuis Torla. Navette obligatoire en été. Prévoyez de bonnes chaussures : le sentier principal fait environ 17 km aller-retour, avec des variantes plus courtes possibles.

4. Las Médulas dans la province de León
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site de Las Médulas est le résultat d’un gigantesque chantier minier initié par les Romains il y a deux mille ans. À l’aide de systèmes hydrauliques complexes, ils ont creusé la montagne à la recherche d’or, créant sans le vouloir un paysage spectaculaire de pics rouges, de grottes effondrées et de falaises déchiquetées, aujourd’hui repris par la végétation.
La visite commence généralement par le mirador de Orellán, accessible en voiture, qui offre un panorama impressionnant sur l’ensemble du site. De là, plusieurs sentiers (faciles à modérés) permettent d’explorer les entrailles du site : galerie d’Orellán, Senda de las Valiñas, forêts de châtaigniers, points de vue secondaires…
À l’automne, les couleurs sont sublimes, mais c’est en fin de journée que la lumière rasante fait flamber les parois rouges, avec un contraste saisissant entre roche, ciel et feuillage.

5. La forêt de Garajonay sur l’île de La Gomera
Au cœur de La Gomera, l’île la plus secrète des Canaries, le parc national de Garajonay abrite l’une des dernières forêts de laurisilva d’Europe. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette forêt subtropicale d'altitude, vestige du Tertiaire, est constituée de lauriers, de mousses épaisses, de fougères arborescentes et d’un microclimat permanent de brouillard et d’humidité.
Les sentiers traversent un décor verdoyant et silencieux, souvent enveloppé de brume, avec des troncs torsadés, des ruisseaux cachés et une lumière filtrée par le feuillage. Le parc est traversé par la route GM-2, qui donne accès à de nombreux itinéraires de randonnée balisés.
Le sentier circulaire de El Cedro, au départ de la route vers Hermigua, est l’un des plus représentatifs : environ 7 km à travers une forêt dense, avec passage près d’une ancienne chapelle, et parfois même rencontre avec un pinson bleu endémique.

6. Le Caminito del Rey en Andalousie
Autrefois célèbre pour ses portions délabrées et ses accidents spectaculaires, le Caminito del Rey en Andalousie a été entièrement réhabilité en 2015. Le tracé d’origine, construit au début du XXe siècle pour permettre l’accès au barrage du Guadalhorce, a laissé place à une passerelle sécurisée qui suit de près les parois des gorges.
Sur près de 8 km, on progresse à flanc de falaise, parfois à plus de 100 m au-dessus de la rivière, avec une vue plongeante sur les eaux turquoise du canyon et les formations rocheuses torturées de Desfiladero de los Gaitanes. Le parcours, spectaculaire sans être technique, reste une expérience à part.
Bon à savoir : Réservation obligatoire sur le site officiel. Parcours linéaire de 7,7 km (environ 2 h 30). Navette retour payante. Accès interdit aux enfants de moins de 8 ans.

7. La plage de Gulpiyuri dans les Asturies
Située à quelques centaines de mètres de la côte cantabrique, la plage de Gulpiyuri est l’un des sites naturels les plus insolites d’Espagne. Cette crique miniature, entièrement enclavée dans une prairie, est reliée à l’océan Atlantique par un tunnel sous une falaise calcaire, creusé par l’érosion.
À marée haute, l’eau salée afflue dans ce bassin circulaire de sable blond, formant une vraie plage d’intérieur, sans vue directe sur la mer. L’eau est calme, peu profonde, et idéale pour se tremper les pieds. Le site est classé monument naturel, ce qui n’empêche pas une fréquentation élevée en été.
Bon à savoir : Parking non officiel au bord de la route entre Naves et Llanes. Accès à pied (10 minutes). Évitez les week-ends de juillet-août.

8. L’Albufera de Valence
À seulement 30 minutes du centre de Valence, le parc naturel de l’Albufera offre un contraste total avec le front de mer urbain. Cette lagune d’eau douce, la plus grande d’Espagne, est bordée de rizières encore cultivées selon des méthodes traditionnelles. C’est ici que serait née la paella, dans le village d’El Palmar, au cœur du parc.
Le site se découvre en barque (balades guidées depuis le port d’El Palmar), à pied ou à vélo. Plusieurs sentiers balisés longent les canaux et offrent une vue dégagée sur les oiseaux migrateurs — hérons, sternes, parfois flamants. Le coucher de soleil, refleté dans les champs inondés ou sur la lagune, est un moment fort, notamment depuis les observatoires de Racó de l’Olla.

9. Les salines roses de Torrevieja
Au sud de la ville de Torrevieja, deux grandes lagunes salées forment un paysage peu commun. L’une d’elles, la Laguna Rosa, doit sa teinte rose intense à la forte concentration de microalgues halophiles (Dunaliella salina) et à la salinité extrême de l’eau.
La lagune est bordée de pistes cyclables et de sentiers plats, parfaits pour l’observation discrète de la faune locale. On peut y voir des flamants roses en saison (généralement entre mars et octobre), ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau.
Dans les secteurs autorisés à la baignade, l’eau est si salée qu’on y flotte naturellement — une expérience insolite, proche de celle de la mer Morte. Mais attention : tous les accès ne sont pas ouverts, renseignez-vous sur place.

10. Les Picos de Europa
Les Picos de Europa forment un massif calcaire spectaculaire entre la mer Cantabrique et les plateaux intérieurs. Réparti sur trois provinces, il offre un condensé de nature sauvage, de vallées encaissées, de pics déchiquetés et de villages traditionnels.
Côté randonnées, deux classiques se détachent : le canyon de Cares, sentier spectaculaire taillé dans la roche entre Caín et Poncebos (12 km aller, accessible mais aérien), et les lacs glaciaires de Covadonga, dans la partie asturienne, accessibles en navette et très fréquentés en été. D’autres sentiers plus exigeants mènent à des refuges d’altitude et à des panoramas à 360°.
La région est aussi connue pour sa gastronomie rustique : fromage cabrales affiné en grotte, cidre naturel, agneau grillé… Le tout dans une ambiance montagnarde simple et chaleureuse.

11. La plage des Cathédrales en Galice
À marée basse, la plage des Cathédrales dévoile un labyrinthe d’arches naturelles, de grottes et de falaises creusées par les vagues. Ces formations spectaculaires, hautes parfois de plus de 30 mètres, donnent l’impression de marcher dans une nef de pierre à ciel ouvert — d’où son nom.
La lumière joue avec les reliefs, les reflets, les algues accrochées aux parois. On déambule pieds nus dans le sable mouillé, entre tunnels, vasques et colonnes naturelles. Le site est classé monument naturel et très fréquenté en haute saison.
