La ville de Cadix en Andalousie.

Andalousie

Cadix

© Julia Chan - iStock

Cadix, la belle inconnue d'Andalousie

Les Gaditanos (habitants de Cadix) sont les plus farceurs des Espagnols. Et dans cette ville de barrios (quartiers) antiques, qui accueille le plus grand carnaval du pays, on ne prend jamais rien trop au sérieux. Même la variété de flamenco locale, l’alegrías, est d’une gaieté inhabituelle. Posée comme un grand navire sédentaire sur une péninsule s’avançant dans l’Atlantique, Cadix s’enorgueillit également de la promenade de mer la plus romantique de la région, d’immenses plages et d’un nombre incroyable de sites gratuits.

Considérée comme la plus ancienne zone d’implantation humaine ininterrompue en Occident, Cadix aurait été fondée par les Phéniciens vers 1100 av. J.-C. sous le nom de Gadir. Quatre millénaires de présence de l’homme ont laissé leur empreinte sur le centre historique, presque entièrement entouré par l’océan, avec sa charmante architecture ancienne. 

La ville se visite facilement à pied, et on prend plaisir à écumer ses boutiques d’art ou à flâner parmi les immenses figuiers et les dragonniers pleins d’épines des jardins d’Alameda Apodaca, sur le front de mer. Cadix est moins touristique que Málaga et Séville et donne accès à une Andalousie plus authentique et plus décontractée.

Il y a beaucoup à découvrir, entre les longues plages de sable blanc, au sud, et les pittoresques ruelles du centre avec ses barrios pleins de caractère, ses vieux bars à tapas, où se pressent de volubiles gaditanos, et ses inspirantes salles de flamenco.

A la découverte des barrios de Cadix

Le vieux Cadix se divise en plusieurs barrios. La ville est née dans le Barrio del Pópulo, un dédale de rues pavées, autrefois délabrées, aujourd’hui l’un des centres de la vie nocturne. On y trouve la cathédrale de Cadix, avec sa coupole jaune, particulièrement belle au crépuscule depuis le Campo del Sur, sur le front de mer. Non loin, le théâtre antique du Ier siècle av. J.-C.  a vu se faire et se défaire des carrières d’acteurs devant un public de 20 000 personnes. 

Serré entre le Barrio del Pópulo et la gare, le vieux quartier gitan du Barrio de Santa María est l’un des lieux de naissance du flamenco ainsi que l’un des plus anciens barrios (XVe siècle).

Au nord-ouest du Barrio del Pópulo, le Barrio de San Juan s’étend autour du Mercado Central de Abastos – le plus vieux marché couvert d’Espagne (1838) –, kaléidoscope d’étals et de bars à tapas, et de la Plaza de Topete, intime et fleurie. Juste à côté, la Torre Tavira (XVIIIe siècle) fut désignée tour-vigie officielle du port, car culminant à 45 m de hauteur – c’est le point le plus haut de la ville. À quelques pâtés de maisons au nord, la vieille Calle Ancha est la principale rue commerçante (et piétonnière) de la ville.

Entre le Barrio de San Juan et la mer, le vieux quartier de pêcheurs du Barrio de la Viña – qui doit son nom à un ancien vignoble – est divisé en deux par la Calle Virgen de la Palma, épicentre du carnaval, où se trouvent aussi certains des meilleurs bars à tapas de Cadix. À l’ouest du barrio, la Playa de la Caleta, plage très fréquentée et reconnaissable à son balneario (bains publics), aboutit au Castillo de Santa Catalina (XVIe siècle). De là, une étroite chaussée de pierre s’avance dans la mer, où les promeneurs sont aspergés par les embruns sur le chemin du Castillo de San Sebastián (1706).

Situé dans le nord bourgeois de la ville, le Barrio del Mentidero (le quartier “des rumeurs et des ragots”) s’est développé au milieu du XVIIIe siècle autour de la Plaza de San Antonio. Le quartier abrite le Gran Teatro Falla, qui accueille chaque année les compétitions du carnaval, le triangle de la Plaza Mentidero, pleine de bars animés, ainsi que les parcs – Alameda Apodaca et Parque del Genovés – du front de mer et leur cadre magnifique, sans oublier la vaste Plaza de San Antonio. Signalons aussi la Plaza de Mina, bordée d’arbres, où est situé l’extraordinaire Musée de Cádiz. Installé dans un édifice néoclassique vieux rose du XIXe siècle, ce musée est le plus beau de la province. 

Le carnaval le plus fou d'Espagne

Si vous êtes à Cadix entre le 16 et le 26 février, enfilez votre plus beau costume et mêlez-vous aux Gaditanos pour le plus grand carnaval d’Espagne, avec ses chants, ses danses et ses fêtes de rue arrosées, ses défilés, sa cuisine de rue, ses feux d’artifice et ses plus de 300 murgas (groupes costumés). Pendant dix jours, la fête dure jour et nuit.

Le carnaval remonte au XVe siècle, lorsque des marchands génois, touchés par le mal du pays, introduisirent à Cadix la coutume des fêtes costumées. Interdit par les franquistes pendant la guerre civile (1936-1939) et jusqu’en 1948, il se poursuivit illégalement dans les demeures privées. Sévèrement contrôlée sous la dictature de Franco, la fête n’a pris sa forme actuelle qu’en 1977.

C’est un employé des douanes du XIXe siècle, Antonio Rodríguez Martínez (dit El Tío de la Tiza, “Tonton la Craie”), qui organisa les murgas du carnaval en quatre catégories principales : coros, comparsas, chirigotas et les petits trios, quartetos et quintetos. Les chanteurs testent leurs chansons humoristiques, grivoises et satiriques, pendant l’Erizada (fête des Oursins) et l’Ostionada (fête des Huîtres), les deux week-ends avant le carnaval, avant d’être départagés par un jury au Gran Teatro Falla. Vous trouverez les murgas en action aux environs du quartier ouvrier Barrio de la Viña, devant la belle cathédrale au dôme doré et entre le Mercado Central de Abastos et la Playa de la Caleta. Les ilegales – des familles et des groupes d’amis en vadrouille, hors compétition officielle, mais fort bruyants – se réunissent autour de la Plaza de Topete.

Réservez votre hébergement des mois à l’avance. Si vous ne trouvez pas de chambre à Cadix, essayez Puerto de Santa María ou Séville, et prenez le ferry ou le train avec les carnavaliers costumés qui descendent à Cadix.

Les meilleurs tapas et bistrots de Cadix

Vers 20h30, une file d’habitants commence à s’allonger devant El Faro de Cádiz, l’un des bars à tapas préférés des Gaditanos. Dès que la porte s’ouvre, tout ce monde s’engouffre entre les murs carrelés pour s’installer au comptoir, un verre de manzanilla à la main, ou sur les tabourets hauts. Après quelques fabuleuses tortillitas de camarones (omelettes aux crevettes) ou de plus végétariennes patatas aliñadas (salade de pommes de terre), rendez-vous sur la petite Plaza Tío de la Tiza. Là, frayez-vous un chemin jusqu’à la Casa Manteca, aux murs chargés de toreros et de souvenirs du flamenco et du carnaval, et commandez des chicharrones (couennes de porc frites) ou du payoyo (fromage) à la confiture d’asperges, qui vous seront servis sur du papier glacé avec un verre d’oloroso ou de fino (xérès sec, couleur paille).

Faites ensuite un saut sur la terrasse de La Tabernita, établissement familial et local le plus populaire du Barrio de la Viña. Sur un tabouret, dégustez sa cuisine aussi succulente que créative, cazón al coñac (roussette au brandy) ou boulettes de seiche à l’encre.

Dans le Barrio de San Juan, La Candela étonne avec ses fenêtres à décor floral et sa salle en style rustico-industriel. Installez-vous au bar, devant la cuisine ouverte, et observez la préparation du salmorejo (soupe) de fraises avec tartare de thon ou d’autres tapas d’inspiration asiatico-andalouse.

Si vous n’êtes pas rassasiés, terminez par le détonnant Recreo Chico, dans le Barrio del Mentidero, pour un arróz meloso con atún (riz onctueux au thon) ou des fideos al ajillo (vermicelles à l’ail).

Que voir à Cadix ?

Ne passez pas à côté

#ExperienceLonely