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Venise : Les Incontournables

Le meilleur de Venise

Basilique Saint-Marc

La question n'est pas de savoir si vous devez visiter la célèbre basilique, mais quand. Certains ne jurent que par le matin, quand les millions de tesselles s'illuminent. Les romantiques préfèrent le crépuscule, lorsque les mosaïques du portail s'embrasent sous les rayons du soleil couchant et que la place Saint-Marc résonne des rythmes de tango provenant de l'orchestre du Caffè Florian. La solution ? Allez-y sans attendre et revenez souvent. La basilique dégage à toute heure une magie que les meilleurs effets spéciaux hollywoodiens seraient bien incapables d'imiter.
L'origine de l'édifice remonte à 828, quand des marchands vénitiens s'emparèrent des restes de saint Marc et les emportèrent hors d'Égypte. Venise avait alors tout pour devenir une grande puissance marchande : quantité de ports, un emplacement inexpugnable, et un saint patron pour veiller sur les transactions… Il manquait juste à la cité le monument qui l'imposerait sur l'échiquier mondial. Il fut ainsi commandé aux meilleurs artisans de Byzance et au-delà un édifice pour abriter les reliques du saint et incarner la puissance de Venise.
La construction de la basilique ne fut pas sans problème. Les émeutes et les incendies, courants au Moyen Âge, détruisirent à deux reprises les mosaïques extérieures et fragilisèrent la structure porteuse. Les plafonds s'affaissant et les modes évoluant, Jacopo Sansovino et d'autres architectes ajoutèrent contreforts, arches gothiques et marbres polychromes pillés ou achetés. Parfois, les voies du Seigneur furent obscurcies par la poussière des travaux : les os de saint Marc furent égarés deux fois.
Avant la fin du XVIIIe siècle, Venise était devenue une brillante capitale cosmopolite. Aujourd'hui, en dépit des marées hautes qui inondent régulièrement la place, la basilique demeure une merveille architecturale.

Gallerie dell'accademia

Battant le pavé dans la queue pour entrer aux Gallerie dell'Accademia, vous vous demanderez sans doute si l'attente en vaut la peine. Patience : bientôt, les groupes d'étudiants se disperseront et laisseront place au fier Saint Georges d'Andrea Mantegna (1466) et à l'Autoportrait de Rosalba Carriera (1730), d'un réalisme sans concession.
Malgré son nom, l'Accademia n'est pas un temple de l'académisme. Au contraire, c'est le théâtre d'histoires rocambolesques aux personnages inoubliables, de sombres complots et de scandales croustillants. La ravissante Vierge de Giovanni Bellini est auréolée de chérubins écarlates. Une élégante couverte de bijoux vole la vedette à la Madone dans la Présentation de la Vierge au temple de Titien. L'illustration par le Tintoret de la création des animaux, inspirée de l'Ancien Testament, est très vénitienne avec ses lions (symbole de saint Marc) et ses poissons mutants que les marchands de la Pescheria vendraient sans aucun doute au rabais ! LeMiracle du serpent de bronze, de Giambattista Tiepolo, fut roulé en hâte par des spectateurs épouvantés ; et en a conservé une cicatrice. Les amateurs d'horreur ne manqueront pas la Crucifixion et apothéose des dix mille martyrs du mont Ararat de Vittore Carpaccio. Le fondateur du célèbre Harry's Bar a été inspiré de donner le nom du peintre à un non moins célèbre plat de bœuf cru…
Mais l'artiste le plus controversé fut sans conteste Véronèse, avec son Repas chez Lévi (détail ci-dessus), intitulé à l'origine La Cène, avant que l'Inquisition condamne Véronèse pour avoir peint les apôtres entourés d'une bande d'ivrognes, de nains, de chiens et même de luthériens allemands. Véronèse, soutenu par les Vénitiens, refusa formellement de modifier l'œuvre et ne céda que sur le titre. Admirez les échanges, les gestes et les regards qui se croisent entre les personnages – vous conviendrez que chacun, du marchand maure au serveur maladroit, des joueurs aux chiens, occupe une place indispensable dans cette composition bigarrée, à l'image de Venise elle-même.

Marchés en plein air

Les chefs vénitiens ont un secret : utiliser exclusivement des produits frais, saisonniers et locaux. La Pescheria (marché aux poissons) ravira les gourmets et les curieux, qui s'amuseront à repérer le moscardino (petit poulpe) ou, dans l'incroyable choix de crabes, les minuscules moeche (crabes à carapace molle) et les granseole (araignées), et saliveront devant les seppie (encornets) de toutes les tailles.
Les produits cultivés en Vénétie et vendus sur les étals des marchés du Rialto et près des canaux n'ont bien évidemment rien à voir avec les fruits et légumes calibrés des supermarchés. Les petits castraure (jeunes artichauts) de couleur pourpre, les asperges blanches de Bassano et le radicchio di Treviso présentent des formes et des teintes surprenantes. Même les légumes et les fruits les plus familiers sont méconnaissables… et tellement savoureux ! Des tomates aux piments rouges en passant par les petites fraises juteuses, à Venise, tout est meilleur !

Le Tintoret

Les coups de pinceau du Tintoret illuminent de l'intérieur les scènes les plus classiques plus sûrement qu'un éclair. Si ses sujets lui étaient imposés par ses commanditaires (scènes bibliques, allégories mythiques, apologie de la grandeur de Venise…), le peintre les personnalisait par un éclairage particulier, des fonds orageux et des perspectives vertigineuses.
La découverte de l'œuvre du Tintoret commence dans son atelier (Bottega del Tintoretto). Elle se poursuit dans son église paroissiale, la Chiesa della Madonna dell'Orto, dont l'édifice en brique offre un cadre serein à son Jugement dernier (1546). En authentique Vénitien, le Tintoret représente la scène comme une marée turquoise que les âmes en peine cherchent vainement à retenir, figurant une sorte de version humaine et prémonitoire du projet MOSE. L'image singulière de cet ange plongeant pour arracher une ultime victime a été reprise par le Tintoret à l'étage de la Scuola Grande di San Rocco (photo ci-dessus), où il passa 23 années à célébrer le saint patron des pestiférés. Ses scènes bibliques ressemblent ici à une bande dessinée dont le fond s'assombrit pour illustrer le cataclysme des derniers jours du Christ et la peste noire, et où l'obscurité est déchirée par des éclairs aveuglants symbolisant l'espoir.

Titien

Pour admirer l'art de Titien à Venise, inutile de chercher bien longtemps. La moindre petite ruelle dissimule un chef-d'œuvre du maître incontesté de la peinture vénitienne. Son œuvre d'une grande intensité dramatique connut beaucoup de succès de son vivant et influença des générations de peintres. Le retable de Saint Marc entouré de saint Côme, saint Damien, saint Roch et saint Sébastien (1510), dans l'église Santa Maria della Salute, montre un Titien mesuré et méthodique, dont la souplesse du pinceau et le rouge vermillon insufflent à cette scène classique un dynamisme indéniable. La vision des corps contorsionnés du Jugement dernier de Michel-Ange va bouleverser Titien, qui laisse alors s'exprimer toute la violence de son génie. Cela est très perceptible dans la Pietà (1576), œuvre pour laquelle il appliqua la peinture à mains nues.
L'Assomption de la Vierge, dans l'église I Frari (photo ci-dessus) se distingue comme le chef-d'œuvre absolu de Titien. L'artiste représente la Vierge s'élevant au-dessus des mortels, soutenue par des anges. Sa robe rouge illumine le retable et rayonne dans toute la nef. Son poignet pâle, dénudé par un glissement de la manche, troublait apparemment les prêtres au point de les distraire de leurs prières…

La Biennale

La Biennale d'art contemporain de Venise fut créée en 1895 en réaction à la révolution industrielle pour réaffirmer l'autorité du bon goût vénitien. À l'origine, la Biennale était une institution conservatrice. Un imposant pavillon offrait une présentation inoffensive des dernières tendances artistiques italiennes. La Fondation de la Biennale autorisa d'autres nations à ouvrir des pavillons en 1907, tout en conservant un droit de regard sur les œuvres. C'est ainsi que Picasso fut retiré du pavillon espagnol en 1910 pour épargner un choc au public.
Après l'atrocité des deux guerres mondiales, ces scrupules disparurent. La Biennale organisée au lendemain de la Première Guerre mondiale présenta les œuvres d'Amedeo Modigliani : ses femmes aux yeux vides firent beaucoup parler d'elles. Venise n'adopta pas immédiatement le modernisme, mais se découvrit un intérêt pour la controverse artistique, alimentée par l'avant-garde artistique et architecturale présentée dans les nouveaux pavillons coréen, japonais et canadien. Les deux événements très attendus que constituent l'exposition d'architecture avant-gardiste de l'automne, qui se tient les années paires dans les locaux historiques de l'Arsenal, et celle d'art contemporain, qu'accueillent l'été des années impaires les pavillons de la Biennale et l'Arsenal, sont accompagnés d'expositions satellites un peu partout en ville.

La Mostra

Lorsque le comité de la Biennale de Venise annonça la création d'un festival de cinéma en 1932, il dut subir les sarcasmes de ceux qui méprisaient cette concession à un genre populaire. Mais la présence de Greta Garbo, Joan Crawford ou Clark Gable sur le tapis rouge, et les quelque 25 000 personnes présentes aux projections, fit de la première édition du festival aux Lions d'or un succès artistique, populaire et mondain.
Depuis lors, la Mostra s'est attachée à maintenir exigence artistique et aura internationale. Juste après le festival de Cannes, c'est l'une des principales célébrations du cinéma dans le monde. Sans jamais avoir été une vitrine pour les films indépendants, la Mostra se plaît à distinguer des réalisateurs créatifs. Les jurys successifs ont ainsi décerné le prestigieux Lion d'or à John Cassavetes (Gloria), Robert Altman (Short Cuts) ou Sofia Coppola (Somewhere), et primé des monstres du cinéma comme Woody Allen, Takeshi Kitano, Martin Scorsese ou encore Zhang Yimou.

Le Ghetto

En observant la place centrale du Ghetto, avec son sol irrégulier et ses façades délabrées, il est difficile de croire que ce fut jadis le centre financier d'un empire. Selon un décret de 1516 de la république de Venise, les prêteurs juifs finançaient le commerce vénitien le jour et étaient consignés dans le Ghetto la nuit et durant les fêtes chrétiennes.
Lorsque les marchands juifs fuyant l'Inquisition espagnole affluèrent à Venise en 1541, il fallut construire, faute d'espace. Des étages furent ajoutés aux immeubles existants du Ghetto, où l'on logea les nouveaux arrivants et l'on aménagea des synagogues. De l'autre côté de la ville, grâce aux prêteurs et aux artisans juifs, la Renaissance était en marche et remplissait les palais et les églises de trésors inestimables. De restrictions papales en épidémie de peste, le Ghetto ne comptait plus que 3 000 habitants en 1670.
Reconnus par Napoléon comme citoyens de plein droit en 1797, les juifs furent ramenés au XVIe siècle par les lois raciales imposées par Mussolini en 1938. En 1943, la majorité des 1 670 juifs vénitiens furent raflés et envoyés en camp de concentration. Seuls 37 en revinrent. La communauté juive de Venise ne compte plus que 420 personnes, mais les enfants qui jouent sur la place montrent que la vie continue dans le Ghetto. Pour visiter les sept minuscules synagogues (photo ci-dessus), suivez la visite du Museo Ebraico di Venezia.

Une nuit à l'opéra

Quel que soit le spectacle, La Fenice promet du grand théâtre. Avant même que les portes s'ouvrent, les artistes ébouriffés et les mondains coiffés de chapeaux se pressent dans les cafés de la place pour avaler un verre de prosecco suivi d'un expresso. Après avoir rejoint leur place, les spectateurs des premières loges ôtent leur manteau, révélant bijoux et perles en verre de Murano. Plus haut, aux balcons (loggie), moins coûteux, les loggione (critiques d'opéra) échangent des pronostics : quel chanteur est en voix, quelles doublures seront promues. Entre les amateurs d'architecture, les débats font rage : la rénovation réalisée après l'incendie de 1998, d'un montant de 90 millions d'euros, est-elle fidèle ? Le style baroque en « pièce montée inversée » aurait-il dû être modernisé par l'architecte Gae Aulenti, comme cela était prévu à l'origine ? Dès les premières notes, le silence se fait et l'excitation devient palpable. Personne ne veut perdre une note d'un spectacle qui entrera peut-être dans les annales, à l'instar des premières de Stravinsky, Rossini, Prokofiev, Britten et, bien entendu, Giuseppe Verdi.

En coulisses

Comment ne pas plaindre les groupes lâchés dans San Marco avec trois heures pour « faire » Venise, alors que cela suffit à peine à contempler la place Saint-Marc, sans parler du reste de la cité, dont ils ne verront que les portails gothiques ? Même en quittant les itinéraires balisés, des panneaux jaunes vous indiquent la direction de San Marco depuis le Rialto, les Gallerie dell'Accademia et la gare ferroviaire. L'aventure vous attend dans le réseau de rues (calli), passages (sottoporteghi) et canaux, à condition de respecter une consigne : ignorez les pancartes.
Avec un soupçon d'intrépidité et une bonne carte, vous découvrirez l'envers du décor et saurez ce que cachent les façades qui bordent le Grand Canal. Vous dénicherez d'authentiques restaurants dans les cours (cortili) secrètes, passerez la nuit dans un palais et vous réveillerez aux cris des gondoliers manœuvrant leur embarcation. Accoudé à un bar (bacaro), vous verrez les visiteurs d'un jour se presser pour attraper un train, un avion ou un bus. Ayez donc une pensée pour eux en savourant votre café.

Ca' Rezzonico

On dit souvent que la gloire de Venise prit fin au XVIe siècle, alors que la cité était encore « jeune ». Cette théorie est totalement démentie par la Ca' Rezzonico, le musée du XVIIIe siècle vénitien. Les collections rassemblées dans ce palais offrent en effet l'occasion de découvrir le mode de vie de la noblesse vénitienne à la fin de la république.
Sous des abords somptueux, la Ca' Rezzonico ne manque pas de malice. Vaste et lumineux sans céder au kitsch, ce palais fut conçu par Baldassare Longhena. Giambattista Tiepolo couvrit les plafonds de représentations flatteuses de Ludovico Rezzonico, le montrant avec sa fiancée entouré de la Gloire, la Sagesse et le Mérite. Les trompe-l'œil ornant les dômes sont si habiles, si pittoresques et si théâtraux que l'on ne peut s'empêcher de déceler chez Tiepolo une certaine espièglerie.
Au XVIIIe siècle, ayant survécu à la peste, résisté aux envahisseurs turcs et vu leurs ambitions de domination mondiale écrasées, les Vénitiens étaient résolus à défier le mauvais sort. L'art de cette époque illustre cette attitude de manière tragi-comique. Des satires de Pietro Longhi décorent un salon entier de la Ca' Rezzonico. Dans Le Chocolat du matin (1775) par exemple, d'élégants Vénitiens se goinfrent de chocolat (boisson en vogue) et de beignets, au risque de faire éclater leurs boutons de gilets ou d'encourir les foudres du petit chien désapprobateur. Dans ses portraits au pastel, Rosalba Carriera restitue toute la malice de ses modèles, dont les petits sourires trahissent un goût certain pour la fête.

Musique baroque

Lassé de la pop remâchée et du jazz trop classique ? Venise vous réserve une alternative : la musique baroque. À son époque, le baroque vénitien défiait ouvertement les édits de Rome qui décidaient des instruments autorisés à accompagner les sermons et des rythmes et mélodies dignes d'élever les esprits. Les Vénitiens continuèrent à jouer des instruments à cordes dans les églises, à reprendre les chansons paillardes de l'opera buffa (opéra-comique) et à composer des morceaux évoquant tout le champ des émotions. Aujourd'hui, le baroque est souvent rabaissé au rang de musique d'ambiance pour cérémonie de mariage, mais des ensembles de baroque ancien, comme le Venice Baroque Opera, respecté dans le monde entier, interprètent sur des instruments originaux du XVIIIe siècle des morceaux de cette époque et prouvent que le genre n'a rien perdu de sa modernité.
Le plus célèbre compositeur vénitien, Vivaldi, est surtout connu pour ses Quatre Saisons, évocatrices des ascenseurs d'hôtel et des sonneries de téléphones portables. Les Interpreti Veneziani vous convaincront cependant de la splendeur de cette œuvre magistrale, entre orages d'été et pluies de printemps. Tomaso Albinoni est un autre grand compositeur de l'époque baroque, souvent au programme des concerts vénitiens.
Choisissez soigneusement la salle : les concerts baroques donnés dans l'intimité de la Casa di Goldoni, à la Ca' Rezzonico ou encore à l'Ospedaletto (photo ci-dessus) vous transporteront instantanément au XVIIIe siècle.

Burano et Torcello

Venise vous semble défier le bon sens (pourquoi avoir choisi une lagune limoneuse pour bâtir une ville) ? Attendez d'avoir vu les îles de Burano et de Torcello.
Les petites rues de Burano sont un paradis pour les photographes, qui mitraillent les jardinières turquoise remplies de géraniums rouges et les bas verts séchant entre les maisons roses et orange. Une loi oblige-t-elle les habitants à peindre leurs maisons de couleurs vives et à porter des sous-vêtements dans des teintes complémentaires ? Burano est sans conteste le village de pêcheurs le plus coquet du Bassin méditerranéen.
Outre une vingtaine d'habitants, l'île bucolique de Torcello est principalement occupée par des moutons et il est bien difficile de croire qu'une métropole byzantine de 20 000 personnes s'étendait autrefois sur l'île. Les superbes mosaïques de la cathédrale Santa Maria Assunta sont pourtant là pour en témoigner. Celle du Jugement dernier montre Jésus détruisant les portes de l'enfer. Une nymphe marine, allégorie de l'Adriatique, mène les âmes perdues en mer vers Pierre, qui, muni des clefs du paradis, a des airs de videur de boîte de nuit ! Outre les mosaïques byzantines, souvent comparées à celle de la basilique Saint-Marc, Torcello vaut aussi le détour pour son atmosphère sauvage, bien loin des rues et des monuments de Venise.

Palais des Doges

De l'extérieur, les superbes façades de style gothique flamboyant du palais des Doges ne sont qu'élégants murs de brique et gracieuses colonnes. Mais l'intérieur du palais révèle les sombres secrets de ceux qui dirigeaient autrefois la cité. Derrière le luxueux salon orné de chérubins et d'allégories de la Vertu triomphant du Vice, peints par Véronèse, se cachait le siège secret du mystérieux Conseil des Dix (Consiglio dei Dieci), version vénitienne de la CIA. Les Piombi, geôles redoutées, occupaient le grenier. Accusé d'avoir corrompu des nonnes et propagé la franc-maçonnerie, Casanova y fut emprisonné durant cinq ans. Il parvint à s'en échapper en 1757.
Le fascinant circuit Itinerari Segreti (Itinéraires secrets) vous permettra de suivre les pas de Casanova et de visiter des parties moins connues du palais. Le guide vous conduira ainsi des bureaux administratifs du Conseil des Dix à une pièce sans fenêtre dotée d'une corde : la chambre de torture du doge. Elle tomba en désuétude au XVIIe siècle, au contraire des cellules où les accusés attendaient leur jugement. La Venise de la Renaissance se méfiait en effet des rebelles : ceux qui contestaient le gouvernement (représenté sous son meilleur jour à l'étage du dessous) pouvaient finir dans les combles. Le circuit dure 1 heure 30 et les billets s'achètent à la billetterie du palais.

Punta della Dogana

Les entrepôts anciens font bien souvent de parfaits espaces d'art contemporain. Aussi François Pinault, lorsque le Palazzo Grassi se trouva trop étroit pour contenir sa collection, demanda-t-il à l'architecte japonais Tadao Ando de transformer l'entrepôt douanier de la Punta della Dogana en espace d'exposition. Trois ans plus tard, les murs de cet édifice triangulaire du XVIIe siècle accueillent les figures controversées de l'art contemporain.
Après avoir franchi le rideau de perles rouge sang de l'artiste cubain Felix Gonzalo-Torres, vous serez frappé par la présence incongrue d'un cheval empaillé dont l'arrière du corps est suspendu au mur, tel un trophée de chasse. Cette œuvre de Maurizio Cattelan surplombe des piédestaux translucides moulés par Rachel Whiteread sous des chaises. Plus dérangeant est Fucking Hell !, de Dinos et Jake Chapman, où les neufs cercles de l'enfer sont peuplés par 30 000 figurines de nazis. Certaines œuvres sont apparemment trop polies pour être honnêtes, comme par exemple ces villes miniatures, inspirées par la mythologie des super-héros, exposées par Mike Kelley dans une galerie obscure qui jouxte la librairie café du musée. 

Mis à jour le : 8 avril 2014

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