Venise

Venise : environnement, nature et animaux

Géographie

La cité de Venise s'étend au nord-est de la péninsule italienne, face à la Slovénie et à la Croatie. La ville est bâtie au milieu d'une lagune totalisant plus d'une centaine d'îles et d'îlots. Outre Venise en elle-même, les plus importantes sont le Lido, Pellestrina, Murano, Burano et Torcello. Fermée par un étroit cordon de terre, la lagune s'est formée grâce à la rencontre de la mer Adriatique et de courants d'eau douce en provenance de plusieurs rivières alpines, et notamment de la Brenta. La main de l'homme a ensuite modifié ce paysage né des alluvions naturelles. Les contours de l'île de Venise (qu'un pont routier relie au continent) ont été façonnés pour une large part par les Vénitiens eux-mêmes, qui n'ont eu de cesse d'étendre leur zone habitable en créant des plateformes soutenues par des piliers de bois ancrés dans la lagune. Un important réseau de canaux sillonne l'ensemble de la ville.

Faune et flore

Venise est une ville en danger. La première menace provient de sa position géographique même. Son équilibre repose en effet sur une délicate harmonie entre eau douce et eau de mer, la première apportant des sédiments sur lesquels pousse une végétation sous-marine, la seconde emportant le surplus d'alluvions. Le creusement en 1960 du “canal du pétrole”, qui permet aux pétroliers de rejoindre le port de Marghera (face à Venise, sur le continent), a rompu cet équilibre millénaire. Plus profond que les canaux naturels de la cité des Doges, ce canal laisse en effet entrer davantage d'eau de mer dans la lagune et est ainsi responsable d'une augmentation de l’amplitude et de la rapidité des marées. Des opérations de dragage ont en outre retiré une part de la végétation sous-marine qui ralentissait l'arrivée des flux marins. La lagune de Venise devient de plus en plus un milieu “marin” et perd ses défenses naturelles. Or la hausse de la teneur en sel de l'eau entraîne une corrosion des fondations des bâtiments. Si rien n'est fait, les monuments situés au bord du Grand Canal pourraient commencer à s’effondrer à court terme. La pollution est un autre problème : les industries lourdes de la région, pétrochimie et chimie en tête, sont à l'origine de la présence de déchets dans la lagune. Si aujourd’hui la majorité de ces déchets sont filtrés, rien n’a été fait pour limiter le dépôt des ordures ménagères. Depuis 1930, la transparence de l’eau a diminué de 60% et un cinquième des oiseaux, la moitié de la flore locale et 80% de la flore de la lagune ont disparu. Enfin, l’absence du respect des limitations de vitesse des embarcations à moteur et la présence des gros paquebots de croisière est responsable du moto ondoso, ces vagues qui rongent les édifices et détruisent les bancs de boue qui maintiennent la lagune en vie. Autre inquiétude : la pollution de l’air provoquée par les émissions des voitures et des bateaux à moteur efface peu à peu les ornements des monuments et creuse la pierre des colonnes et des fondations. La préservation de l'environnement de Venise fait depuis des années l'objet d'autant de projets que de polémiques.

Montée des eaux et érosion

Jusque dans les années 1920, l’intervention humaine permit à la lagune de résister aux forces de la nature. Toutefois, maintenir cet équilibre délicat se révéla incompatible avec le développement de la zone industrielle de Marghera, à l’extrémité sud de la lagune, axé sur les usines chimiques et les raffineries de pétrole. Peu réglementées, celles-ci rejetèrent dans les eaux des dioxines et des métaux lourds, qui perturbèrent gravement l’écosystème fragile. Bien que des lois de protection de l’environnement strictes aient mis fin à ces pratiques dans les années 1980, la lagune reste empoisonnée par les polluants non biodégradables qui ont été rejetés, et qui contribuent à la prolifération du phytoplancton et des algues géantes.

Par ailleurs, pour faciliter le passage des superpétroliers jusqu’à Marghera, de profonds chenaux furent dragués dans les années 1960 ; le plus préjudiciable est le Canale dei Petroli, de 100 m de large et 12 m de profondeur. Ces canaux et les bateaux qui les empruntent sont à l’origine de puissants courants transversaux dans la lagune, qui ont au fil du temps aplani les ghebbi (canaux secondaires) et érodé les bancs de sable qui servaient depuis toujours à atténuer la force de la marée. Dans un rapport de 2006 mettant en lumière leur destruction, Lidia Fersuoch, présidente de l’ONG Italia Nostra Venezia, rappelait que les bancs de sable de la lagune avaient “autant besoin d’être protégés que les églises et les palais de Venise”.

Le forage de puits par les industries côtières dans les années 1960 et la baisse de la nappe phréatique du continent ont également contribué à l’affaissement du caranto (couche d’argile formant le fond de la lagune). En outre, la diminution de la superficie des marais salés, passée de 255 km2 au XVIIe siècle à 47 km2 en 2003, a laissé le champ libre au vent : les grosses vagues qu’il soulève ne rencontrent presque plus d’obstacle et endommagent encore davantage le lit de la lagune. Tous ces facteurs aggravent les processus d’érosion et d’évacuation des sédiments, qui transforment lentement la lagune en baie, et constituent une menace sérieuse pour la ville.

S’ajoutent à cela les effets du réchauffement climatique : la hausse des températures entraîne une augmentation du niveau de CO₂ dans l’eau, elle-même à l’origine d’une acidification et d’épisodes d’anaérobies. Des experts estiment désormais que le système de barrières du projet MoSE ne ferait qu’aggraver ce phénomène en isolant encore davantage la lagune de la mer.

L’Unesco prévoit pour la fin de ce siècle une montée des eaux de 26 à 100 cm, alors que Venise ne pourrait survivre au-delà d’une augmentation de 60 cm.

Voir aussi

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