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Publié le 12/08/2025 5 minutes de lecture
Envie de montagne le temps d’un weekend ? Les Pyrénées sont accessibles en train depuis les principales villes de France. Mieux : le tronçon Montréjeau-Gourdan-Polignan – Luchon a rouvert en juin 2025 après 10 ans de fermeture. Pour quelques jours de déconnexion sans voiture, prenez donc la direction de Bagnères-de-Luchon, en Haute-Garonne, pour un séjour entre montagne, chemins de randonnée, thermalisme, et découverte de la ville et de son architecture Belle Époque.

Jour 1 : découvrir Luchon à travers son histoire
La ville de Luchon s’est construite autour du thermalisme à partir du 18e siècle : en effet, dès 1759, le baron Antoine Mégret d’Etigny décide d’étendre le petit village de Luchon et de construire la grande allée – aujourd’hui artère principale de la ville - qui lance l’expansion progressive de Bagnères-de-Luchon, qu’on appelle aujourd’hui les Allées d’Etigny. Les maisons bourgeoises s’y construisent alors de part et d’autre, témoignant de la volonté de l’époque de montrer son niveau de vie, d’accueillir la bourgeoisie européenne et de développer le tourisme thermal. Elles abritent aujourd’hui l’Office du Tourisme, l’Hôtel de Ville, l’Hôtel Alti (le premier de la ville, toujours en activité) ou ont été transformées en habitations. Depuis l’Allée principale, empruntez le passage Sacarrère qui marque l’entrée de la rue Sylvie : elle fut à la fin du 19e siècle l’une des rues commerçantes les plus vivantes de la région ! A son extrémité, levez les yeux vers la façade blanche devant laquelle subsistent deux palmiers : on lui trouverait des airs niçois, vous ne trouvez pas ? Rien de plus logique : le Pyrénées Palace (c’est son nom), a été largement inspiré du Negresco, hôtel emblématique de la Promenade des Anglais de Nice. On murmure même qu’il aurait accueilli la reine Victoria ! Admirez – depuis l’extérieur puisqu’il a été transformé en logements privés – son superbe hall, où les balustrades, le comptoir de réception et le mur de clés ont été conservés.

En quelques pas, vous rejoindrez ensuite le parc du Casino. Si ce dernier a été laissé à l’abandon (son théâtre de style Napoléon III est toujours en activité, et les lieux devraient retrouver des couleurs dans les prochaines années), le parc offre une jolie promenade, notamment si vous parvenez à repérer la statue « Le baiser à la source », ainsi que la Villa Julia où Edmond Rostand vint passer ses étés, y trouvant même l’inspiration pour son fameux « Cyrano de Bergerac ».
(Pour encore plus de secrets à découvrir sur la ville, réservez une visite guidée auprès de l’Office du tourisme.)

Jour 2 : partir en rando et dormir à la frontière espagnole
Après avoir découvert la ville de Luchon, si vous ressentez l’appel de la montagne, rien de plus normal ! Les Pyrénées entourent littéralement la ville, dévoilant leurs sommets via de magnifiques perspectives. Pour rejoindre des départs de randonnées, c’est très simple : des navettes desservent depuis la gare plusieurs départs de routes.
Pour un parcours plutôt accessible à réaliser sur deux jours, montez depuis l’Hospice de France jusqu’au pied du Pic Penjat (2113 m) : en 2h40 de marche environ, vous serpentez avec vue, croisez des moutons et prenez de la hauteur sur une vallée à couper le souffle, avant d’atteindre le Refuge de Vénasque, rénové en 2023. En 10 min, vous arriverez sur les rives des Boums de Vénasque, des lacs aux eaux cristallines... Les moins frileux iront barbotter dans ce camaïeu de bleus. Les amateurs de pêche (titulaires d’un permis) pourront également y taquiner la truite ou le saumon de fontaine (à condition de respecter les quotas de pêche et de relâcher les prises trop petites).

De là, en moins d’une heure de marche depuis le refuge, vous pourrez atteindre le pied du Pic de Sauvegarde et découvrir une vue époustouflante sur le lac de la Montagnette (et en faire le tour si vous avez les jambes !). Après avoir passé la nuit au refuge, partez à l’assaut du Port de Vénasque (2444m) : vous vous offrez ainsi une vue imprenable sur les Pyrénées espagnoles puisque vous marchez sur la frontière ! Contournez l’impressionnant Pic de la Mine (2706m) en repartant vers l’est, et continuez la boucle via le Pas de l’Escalette. Vous continuez à longer l’Espagne, admirez la vue sur le massif de l’Aneto - point culminant des Pyrénées (3404m) – puis gagnez les pentes du Pic de la Mounjoye. Il ne vous reste plus qu’à terminer la boucle (numéro 4 – retrouvez toutes les randonnées, cartes IGN et tracés GPX sur le site pyrenees31.com) en redescendant entre pentes verdoyantes et champs de gentiane jusqu’à l’Hospice de France, votre point de départ (la boucle fait 15,5 km au total).
Les amateurs de randonnée ne seront pas en reste dans la région : les vallées du Lis, d’Oo, de Larboust et d’Oueil sont également accessibles depuis Luchon pour vous lancer sur des boucles de tous niveaux, sur un ou deux jours depuis la vallée. Enfin, le GR10, qui relie la Méditerranée à l’océan Atlantique en traversant toute la chaîne des Pyrénées, passe lui-aussi par Luchon. Une étape bienvenue combinant bien-être, gastronomie et histoire en plein milieu du parcours.

Jour 4 : tester l’activité incontournable de Luchon
Pour récupérer après ces deux grosses journées de marche, rien de tel qu’aller barbotter dans l’eau thermale pour profiter de ses bienfaits. Mais non sans en apprendre un peu plus sur leur création et leur histoire ! Les Bains de Luchon existent depuis l’Antiquité. Les Romains, arrivés victorieux d’Espagne, y fondent un premier établissement thermal dès… 25 avant JC ! S’ils périclitent au fil des siècles suivants, c’est Mr d’Étigny, mentionné plus haut, qui décidera de restaurer l’ancienne voie romaine pour accueillir du public, de rouvrir les bains, et de donner à Luchon la réputation thermale qu’on lui connait désormais. Les années 1880 voient s’ouvrir le casino, l’entre deux guerres se développer le Pyrénéisme. Aujourd’hui, Luchon est encore largement réputée pour ses cures thermales mais les lieux offrent en parallèle un espace thermoludique de qualité, entièrement rénové à l’été 2024. On apprécie ses bassins d’eau thermale, saunas, hammams, douches sensorielles, et surtout ses bains bouillonnants installés en rooftop, pour bénéficier des eaux soufrées et de leurs bienfaits avec vue sur les montagnes. Autre incontournable de votre visite aux Thermes : le Vaporarium, unique en Europe. Ce hammam naturel, creusé dans la roche, s’étend sur plus de 150 mètres de galeries dont les parois laissent s’échapper une eau thermale à 72°C, vous enveloppant d’une humidité relaxante, parfaite pour détendre les muscles, dégager les voies respiratoires et éliminer les toxines.
Dernière étape pour régénérer le corps et l’esprit : déguster un breuvage local (avec modération). Quoi de mieux pour cela que la visite d’une microbrasserie, dans une région largement dominée par la production de vin ? Jérôme Gays a en effet lancé depuis 2015 sa production de bières artisanales à Montauban-de-Luchon (20 min à pied du centre-ville) et fondé la Brasserie du Vénasque. Produites avec un houblon local, ses 15 recettes – dont certaines bio – font le bonheur des amateurs dans toute la région. Vous pourrez aller découvrir les coulisses de leur fabrication sur place ou la déguster en pression dans plusieurs adresses locales.

Carnet pratique :
Luchon est à nouveau reliée par le train depuis juin 2025 ! Il est donc possible d’y venir depuis Paris (7h de train), Bordeaux (5h) ou encore Toulouse (1h30) avec le TGV puis le TER (6 trains par jour, lignes Lio) via Montréjeau-Gourdan-Polignan.
Des navettes desservent la ville ainsi que les alentours et les principaux départs de randonnées : réservez vos billets sur le site de l’office du tourisme.
Refuge de Vénasque
3 dortoirs de 12 personnes, restauration, pique-nique, possibilité de planter la tente et d’utiliser les sanitaires. Attention, pas de réseau, pas de wifi, pas de CB ! Pensez à réserver votre nuitée et/ou vos repas, le refuge est vite complet.
Elodie Lécadieu a voyagé à Luchon avec le soutien de l’Office de tourisme Pyrénées 31 et de l’agence Duodecim. Les contributeurs Lonely Planet n’acceptent aucune contrepartie en échange d’un reportage favorable.
