Le Campo Santi Giovanni e Paolo est une place emblématique de Venise.

Venise

Campo Santi Giovanni e Paolo

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Un peu à l’écart, à hauteur de Cannaregio, la place principale du quartier de Castello est aussi l’une des plus importantes de Venise. Au centre de cet espace monumental bordant un rio lumineux trône la statue équestre de Bartolomeo Colleoni. Sur ses flancs se dressent deux édifices majeurs : la Scuola Grande di San Marco, un très vieil hôpital, et la Basilica dei Santi Giovanni e Paolo, panthéon de la Sérénissime.

Que voir sur la place Campo Santi Giovanni e Paolo ?

Jadis théâtre des cérémonies civiles et religieuses, le Campo Santi Giovanni e Paolo (contracté en Zanipolo en dialecte vénitien) demeure un lieu plaisant très fréquenté par les Vénitiens : les grands viennent y prendre le café en terrasse et les petits y jouer au ballon. Elle se caractérise par un mélange de monuments vénérables et de constructions plus simples, ces dernières sur son côté sud. Derrière la statue équestre de Colleoni, vous remarquerez une vera da pozzo (margelle de puits) du XVIe siècle en pierre d’Istrie finement sculptée. Provenant d’une habitation privée et placée là en 1824, elle serait l’œuvre de Jacopo Sansovino. Aux abords de l’abside latérale sud de la basilique subsiste le pavage en terre cuite d’origine, sans doute au XIIIe siècle. Le côté ouest du campo est longé par le Rio dei Mendicanti, qui marque la limite entre le sestiere de Castello et celui de Cannaregio.

En longeant le Rio dei Mendicanti vers les Fondamente Nove, vous passerez devant la Chiesa di San Lazzaro dei Mendicanti (1601-1631) qui était à l’origine l’église de l’hospice de San Lazzaro et qui est aujourd’hui intégrée à l’hôpital civil de Venise. Elle a été conçue par Vincenzo Scamozzi. Si vous avez la chance de la trouver ouverte, ce qui est rarement le cas en dehors des offices funèbres, n’hésitez pas à y entrer : vous serez émerveillé par le vaste vestibule qui précède l’entrée elle-même et accueille le grand monument d’Alvise Mocenigo. Au sud-est du campo, débute la longue Barbarìa de le Tole, rue jadis jalonnée de menuiseries où l’on rabotait les planches de bois (tole) destinées aux chantiers navals pour en éliminer les barbes (barbarìa).

La statue équestre de Colleoni

Le condottiere Bartolomeo Colleoni (1400-1475) légua à la ville 100 000 sequins d’or et exigea qu’une partie de la somme soit utilisée pour élever une statue en son honneur devant la basilique Saint-Marc. Dans une autre ville, personne n’aurait sourcillé, mais à Venise, le culte de la personnalité était interdit. De surcroît, Colleoni était suspecté de trahison. Aussi sa splendide effigie en bronze (1481-1488), réalisée par Verrocchio, fut-elle installée sur l’ordre du Sénat devant la Scuola Grande di San Marco, également dédiée à saint Marc mais beaucoup moins prestigieuse. Et quand l’oreille du cheval se détacha pendant le transport, les Vénitiens prirent même un malin plaisir à la recoller à l’envers.

La basilique dei Santi Giovanni e Paolo

Construite à partir de 1234 sur un terrain donné aux Dominicains par le doge Jacopo Tiepolo, cette basilique conventuelle en forme de croix latine constitue un brillant exemple de gothique vénitien. Sa façade élancée, harmonieuse bien qu’inachevée, présente à sa base des sarcophages paléochrétiens et gothiques dans des niches. Le portail en marbre de Bartolomeo Bon (après 1459), orné de sculptures délicates et flanqué de doubles colonnes provenant d’une église de Torcello, illustre le passage du gothique au style Renaissance.

L’intérieur solennel renferme les sépultures de 25 doges, inhumés entre 1249 et 1778, ainsi que les monuments funéraires des Mocenigo (contre-façade) et du gouverneur de Chypre Marcantonio Bragadin, écorché vif par les Turcs. L’édifice compte également des œuvres picturales remarquables : un Polyptyque de saint Vincent Ferrier de Bellini, des fresques de Véronèse au plafond de la Cappella del Rosario, une grande toile de Piazzetta, l’Apothéose de saint Dominique, au centre de la voûte et un retable de Lorenzo Lotto, l’Aumône de saint Antonin, dans le bras sud du transept.

Scuola Grande di San Marco

On doit à Pietro Lombardo, Giovanni Buora, Mauro Codussi et Jacopo Sansovino la conception de cet édifice construit entre 1487 et 1534, magnifique condensé du style Renaissance vénitien, qui fut le siège d’une des plus puissantes confréries de la ville. La façade asymétrique en marbre, d’une grande élégance, présente au niveau inférieur des niches en trompe-l’œil, plus haut des épisodes de la vie de saint Marc et le lion emblématique du patron de la cité. L’édifice abrite aujourd’hui l’hôpital civil de Venise, qui occupe également le couvent dominicain et des pavillons modernes. À droite en entrant, l’escalier de l’architecte baroque Baldassare Longhena conduit à la Biblioteca Storia Medicina, dotée d’un superbe plafond sculpté et doré, décoré de symboles des confréries.

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