La Gallerie dell'Accademia de Venise.

Venise

Gallerie dell'Accademia

© AlexMastro - AdobeStock

Tout sauf académiques, ces galeries affichent sur leurs murs davantage d’intrigues meurtrières, de romances interdites et de manœuvres politiques que les fêtes vénitiennes les plus décadentes ! Pendant des siècles, la sérénité régna pourtant dans l’ancien couvent Santa Maria della Carità, jusqu’à ce que Napoléon y installe ses trophées artistiques pris aux Vénitiens (surtout à diverses institutions religieuses), en 1807. 

Agencement et restauration de la galerie de l'Académie

La majeure partie des trésors de la collection sont exposés au 1er étage, le meilleur endroit où entamer votre visite. D’ordinaire, on suit un parcours en boucle traversant les salles numérotées (chaque étage est numéroté séparément). Le rez-de-chaussée abrite des expositions majeures, des sculptures, et une collection plus modeste de peintures datant de 1600 à 1880. Ces salles ont également pu être affectées par les travaux. 

Le premier étage de la galerie

Empruntez l’escalier depuis le hall d’entrée grandiose et attendez-vous à être ébloui par la salle 1, où un groupe d’anges agitent leurs ailes dorées depuis le plafond sculpté en regardant les arabesques du sol en marbre polychrome. Le visiteur ne sait plus où donner de la tête devant cette collection d’œuvres religieuses des XIVe et XVe siècles, aux couleurs éclatantes, qui témoignent du sens précoce de Venise pour la couleur et la mise en scène dramatique. Dans son Polyptyque de l’Apocalypse de la fin du XIVe siècle, Jacobello Alberegno dépeint la grande prostituée chevauchant une hydre et crachant un torrent de sang. Dans la salle 2, Les Dix Mille Crucifiés du mont Ararat, de Vittore Carpaccio (1472- 1526), offre un contraste saisissant entre le tragique de la scène et le classicisme de la réalisation. Le Retable de San Giobbe, de Giovanni Bellini (vers 1430-1516), incarne pour sa part l’espoir, à travers le doux visage d’une Vierge à l’Enfant trônant sous des mosaïques dorées, tandis que des anges accordent leurs instruments. Parmi les saints qui les entourent figurent Roch et Sébastien, suggérant que cette œuvre lumineuse et exaltante date d’une époque sombre : la seconde épidémie de peste à Venise, en 1478. La salle 4 renferme de fascinants portraits d’inconnus. Le Flamand Hans Memling (vers 1433-1494) capture l’angoisse de la jeunesse avec une délicate précision dans son Portrait de l’homme au col de fourrure tacheté (1480). La pièce maîtresse reste cependant la sublime Vierge à l’Enfant entre sainte Catherine et Marie Madeleine, de Giovanni Bellini. La Renaissance vénitienne est à l’honneur dans la salle 6 (fermée au moment de notre visite), avec notamment des œuvres de Titien (1488-1576) et du Tintoret (1518-1594). De ce dernier, on admirera le fantastique bestiaire de la Création des animaux.

La salle 20 présente de grandes toiles provenant de la Scuola Grande di San Giovanni Evangelista : parmi elles, Le Miracle de la Croix sur le pont de San Lorenzo, de Gentile Bellini, et sa foule cosmopolite. Du même, la Procession sur la place Saint-Marc offre un précieux aperçu de la place vénitienne avant sa rénovation au XVIe siècle. L’ancienne version, en bois, du fameux pont, apparaît sur la toile de Vittore Carpaccio intitulée Miracle de la relique de la Vraie Croix au pont du Rialto (également connue sous le nom de La Guérison du fou). L’ancienne chapelle du couvent d’origine (salle 23) mérite le détour, avec son retable de Bellini et La Tempête, de Giorgione, mettant en scène un soldat et une femme donnant le sein à son enfant, tandis qu’un éclair déchire le ciel. Les historiens de l’art s’interrogent encore sur sa signification : Ève et Adam chassés du jardin d’Éden ? allégorie de l’Alchimie ? ou référence à Venise conquérant Padoue durant la guerre de la Ligue de Cambrai ? À l’arrière sont exposés d’immenses tableaux provenant du pillage de la Scuola Grande di San Marco. La salle 24 est inchangée depuis l’époque où elle était la Sala dell’Albergo (salle du Conseil) de la Scuola della Carità. Les débats du Conseil ne devaient pas être ennuyeux sous ce plafond richement sculpté, face à la Vierge à l’Enfant en majesté dans le jardin d’Éden d’Antonio Vivarini, entourée de saints à la barbe vaporeuse. La visite du premier étage s’achève avec l’émouvante Présentation de la Vierge au Temple, de Titien. On y voit une Vierge enfantine gravir un imposant escalier sous le regard admiratif d’une foule manifestement vénitienne. 

Le rez-de-chaussée de la galerie

Les œuvres phares de la collection du rez-de-chaussée sont regroupées dans la salle 2, consacrée à Giambattista Tiepolo, le spécialiste vénitien des fresques de plafond au XVIIIe siècle. Sa vaste fresque, L’Exaltation de la Croix et sainte Hélène, ornait à l’origine le plafond d’une église de Castello. Les salles 7, 10 et 13 présentent l’œuvre du plus célèbre sculpteur vénitien, Antonio Canova : stèles funéraires, statues classiques et effigies empreintes de flagornerie des nouveaux maîtres français de Venise, les Bonaparte. Un Canaletto – l’une des deux seules toiles de l’artiste exposées dans sa ville natale – est niché dans la salle 9.

Informations pratiques 

Adresse : Calle della Carità, 1050, 30123 Venezia VE, Italie
Pour plus d'informations concernant les horaires et les tarifs, consultez le site de la Gallerie dell'Academia

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