Martinique : Les Incontournables
La tournée des plages
Chacun trouvera son bonheur balnéaire le long des 350 km du littoral martiniquais. Sur la côte sous le Vent, baignée par la mer étale des Caraïbes ou sur celle au Vent, battue par les flots parfois rageurs de l'Atlantique. Ce camaïeu de bleus, variant de l'aigue-marine à l'indigo, descend rarement au-dessous de 25 °C… Quant au sable, il en existerait plus de 200 nuances, allant du blanc lumineux des plages coralliennes au noir ébène des plages volcaniques.
Lire notre article : Les plus belles plages de Martinique
La route du rhum
Les distilleries appartiennent au patrimoine martiniquais, comme à l'âme de ce pays. On ne les visite pas comme des supermarchés du rhum, mais plutôt comme des cathédrales… Sur l'île, 7 sont encore fumantes (elles utilisent toujours leurs colonnes à distiller), 3 se contentent d'élever le rhum en fûts, tandis que d'autres ont été reconverties en sites touristiques. La Martinique ne compte plus qu'une seule usine sucrière, le Galion. La récolte de la canne s'étale en général de février à juin, meilleure période pour visiter les distilleries en activité.
Les doyennes
Saint-James, aujourd'hui dans le giron de Cointreau, est la plus ancienne distillerie de Martinique. Fondée à Saint-Pierre en 1765, elle s'est transportée à Sainte-Marie après l'éruption de la Pelée en 1902. Elle conserve dans sa cave des bouteilles millésimées 1885 (stockées à Amsterdam, elles ont échappé à la destruction). On y utilise encore l'alambic charentais, dit du père Labat. La distillerie Depaz, située au pied de la montagne Pelée, est elle la seule à s'être relevée des cendres de Saint-Pierre. Au cours d'une très belle visite, vous découvrirez une superbe collection d'anciens matériels en cuivre et en laiton et des machines à vapeur rassemblées dans un petit musée.
Les artisanales
Perdue dans une magnifique campagne entre Basse-Pointe et Macouba, la rhumerie J.M est la plus petite des distilleries en activité. Une part importante de sa production est longuement élevée en fût pour élaborer l'un des meilleurs vieux rhums de l'île. Pour ce qui est du blanc en revanche, la distillerie Neisson, installée au Carbet, n'a pas de rivale.
L'habitation clément, un monument historique
Cette habitation, la seule de l'île entièrement ouverte au public, se révèle un passionnant témoignage du patrimoine industriel martiniquais. La plantation sucrière, adossée au morne Acajou, remonte au XVIIIe siècle, mais c'est Homère Clément – un médecin mulâtre, maire du François puis député de la Martinique –, qui la rachète en 1887 et en fait une distillerie de renom. Vous en visiterez les superbes machineries, où un centre d'interprétation du rhum a été aménagé (le rhum est désormais distillé par l'établissement Simon voisin), les chais, la maison de maître et son mobilier du plus pur style colonial, ou encore la case des Présidents, commémorant le sommet qui réunit George Bush et François Mitterrand le 14 mars 1991. Le site accueille aussi la Fondation Clément (www.fondation-clement.org) et un immense espace d'exposition dédié à l'art contemporain caribéen. Bernard Hayot, à la tête de cet empire, est en effet un grand mécène et le plus grand collectionneur de l'île. À la collection permanente, s'ajoutent des expositions temporaires dont les vernissages sont très courus.
Les autres
La visite de la plantation Trois-Rivières, dont le site de production a été aménagé en lieu de découverte pédagogique, se révèle passionnante, tout comme celle de La Mauny, à Rivière-Pilote, qui distille toujours ses rhums, ceux de Trois-Rivières et ceux de Duquesne. La Maison de la Canne, musée installé dans l'ancienne distillerie Vatable, est aussi une excellente introduction à l'art de produire le rhum.
L'île aux fleurs
C'est ainsi que les Indiens Kalinas auraient baptisé la Martinique (Madinina). Si cette étymologie est controversée, l'appellation n'est pas usurpée : la petite île tropicale compte quelque 2 700 espèces de fleurs (dont plus de 1 000 ont été acclimatées). Citons : le balisier (héliconia), l'anthurium, l'alpinia, l'hibiscus, la rose de porcelaine, le flamboyant, le bougainvillier et une débauche d'orchidées sauvages.
Les jardins botaniques
La vedette sur l'île, c'est le jardin de Balata, au nord de Fort-de-France. Chaque année, plus de 150 000 visiteurs se promènent parmi sa profusion de plantes et d'arbres tropicaux du monde entier. Mais on peut lui préférer le jardin botanique du Carbet, réalisé par le même jardinier, et aménagé dans le cadre somptueux des ruines d'une ancienne habitation. Le domaine d'Émeraude, ouvert récemment, est un challenger de taille avec ses jardins et ses sentiers d'interprétation en pleine forêt tropicale. La plantation Beauvallon, le jardin de la Montagne (photo), le musée de la Banane, la ferme An Griyav'la, l'habitation Clément ou l'habitation Chalvet sont d'autres sites remarquables.
Les jardins créoles
Ces petits jardins de subsistance, d'apparence anarchique, dont la tradition remonte au temps de l'esclavage, associent culture de fruits, de légumes, de fleurs, d'épices et de plantes médicinales. Rendez-vous au Village d'Antan et à la Savane des Esclaves.
La presqu'île de la caravelle
Avec celle de Sainte-Anne, la presqu'île de la Caravelleconstitue le premier relief émergé de la Martinique, il y a quelque 30 millions d'années. Elle offre, sur une surface réduite, un condensé de la géologie de l'île et présente une palette de paysages caractéristiques de la nature martiniquaise : savanes herbacées, forêts sèches, mangroves, fourrés, flore des falaises, forêts d'arrière-plage… Vous y traverserez même des paysages aux faux airs de bocage normand, sous le regard bienveillant de vaches martiniquaises.
La réserve naturelle
À l'extrémité de la péninsule, cette réserve créée en 1976 protège 422 ha d'une grande richesse écologique, notamment plus de 150 espèces végétales caractéristiques des Petites Antilles. Sur les flancs des reliefs se développe la forêt xérophile (sèche), qui héberge des essences rares comme le raisinier de la Caravelle. Vers la baie du Trésor, la mangrove abrite toutes les espèces de palétuviers de l'île. Quelque 80 espèces d'oiseaux y sont recensées, dont la grive moqueuse, le paille-en-queue, la frégate, le carouge et la rarissime gorge blanche. Des observatoires, des caillebotis à travers la mangrove et deux superbes sentiers de découverte y ont été aménagés.
Saint-Pierre
Le petit paris des Antilles
Fondée en 1635 par Pierre Belain d'Esnambuc, Saint-Pierre était la capitale économique et culturelle de la Martinique. Premier foyer de la colonisation, elle devint si florissante grâce à l'industrie du sucre, puis du rhum, et le commerce des esclaves, qu'au XVIIIe siècle, elle est surnommée « la perle des Antilles », « la Venise tropicale » ou encore « le Petit Paris ». Siège des gouverneurs anglais au cours des occupations britanniques (en 1762, 1794 et 1809), elle sera aussi, en 1848, le berceau de l'abolition de l'esclavage. À la fin du XIXe siècle, c'est une cité riche, dynamique, cosmopolite et moderne, qui dispose de l'eau courante, de l'électricité, du télégraphe et même d'un tramway hippomobile. Elle est dotée d'une cathédrale, du plus grand théâtre des Antilles et son carnaval est réputé. Jusqu'au jour où…
Le 8 mai 1902
Le volcan de la Pelée, qui domine la ville, donne des signes inquiétants d'éruption, mais Saint-Pierre est accaparée par la campagne électorale et aucune consigne d'évacuation n'est donnée. Le gouverneur de l'île, pour inciter ses concitoyens à voter, y fait même venir toute sa famille. Mais à 8h02 du matin, dans une formidable explosion, une nuée ardente s'échappe du volcan. Ce nuage de cendres, de pierres et de gaz enflammés descend en trombe sur la ville et la rade. En quelques minutes, il ne reste plus rien de la glorieuse cité. L'éruption – la plus meurtrière du XXe siècle – a tué 28 000 personnes. Lorsque les secours, arrivés par la mer, débarquent, ils ne découvrent parmi les décombres fumants que deux survivants, un cordonnier et un prisonnier. Ce dernier, un petit voyou répondant au nom de Cyparis, devait sa survie à l'épaisseur des murs du cachot dans lequel il avait été jeté la veille pour ébriété ! Gracié par le nouveau gouverneur, Cyparis eut une fin plus pathétique encore : il rejoignit le cirque Barnum où il fut exhibé comme une bête de foire, dans une réplique de son cachot…
Un pompéi sous les tropiques
Classée « ville d'art et d'histoire » en 1990, Saint-Pierre garde les stigmates de la tragédie. Si une partie des vestiges forme la base de la nouvelle ville, de nombreuses ruines sont restées en l'état, parfois gagnées par les herbes folles. Le circuit à bord du Cyparis Express vous en donnera le meilleur aperçu. Les plus impressionnantes sont celles du théâtre (rue Victor-Hugo), construit à la fin du XVIIIe siècle sur le modèle du théâtre de Bordeaux. En contrebas, se tient le cachot de Cyparis. Dans le quartier du Figuier (rue Gabriel-Péri), les entrepôts et magasins du port, protégés par la batterie d'Esnotz, ont échappé à la complète destruction. Au nord de la ville, en traversant la Roxelane par le pont de Pierres (1766), seul rescapé de l'éruption, vous accéderez au quartier du Fort, moins visité et dont les ruines à l'abandon (église, ruelle-escalier Monte-au-Ciel, asile, maison du Génie…) sont saisissantes. Enfin, la rade de Saint-Pierre, où une douzaine de navires ont été coulés par la nuée ardente, est un fascinant musée naval immergé.
La trace du nord
Un sentier de grand'rivière au prêcheur
Il n'existe pas de route faisant le tour de la pointe nord de l'île, mais un somptueux sentier de randonnée reliant Grand'Rivière à l'anse Couleuvre, au Prêcheur. Contournant le flanc nord de la montagne Pelée à travers un parc naturel régional, il suit le tracé d'un ancien chemin départemental qui desservait, encore au début du XXe siècle, plusieurs habitations aujourd'hui regagnées par la forêt. Traversé par de nombreuses ravines, le parcours est exposé aux inondations et aux glissements de terrain : assurez-vous de son état avant d'entreprendre la randonnée. Celle-ci peut s'effectuer dans les deux sens et s'organiser depuis Grand'Rivière ou Le Prêcheur.
Au cœur de la forêt tropicale
Même si elle longe la côte, cette randonnée est avant tout un itinéraire forestier. Vous marcherez pour l'essentiel sous le couvert d'une forêt mésophile (entre forêt humide et forêt sèche) et pourrez y croiser plus de 200 essences différentes (soit près de la moitié des espèces de la Martinique). Certaines sont étiquetées, comme le bwa flo, utilisé pour fabriquer des surfs locaux, le fromager, le bois blanc, le figuier maudit… Il est peu probable que vous croisiez le fameux trigonocéphale (Bothrops lanceolatus, dit fer-de-lance ou bèt-long), serpent endémique venimeux mais plutôt nocturne. En revanche, vous verrez sans doute, immobile sur un tronc ou sur une feuille, la matoutou falaise, une mygale (Avicularia versicolor) joliment velue et dont la morsure est comparable à une piqûre de guêpe. Vous verrez aussi, et entendrez, de nombreux oiseaux (colibris, sucriers, siffleurs des montagnes, ou le solitaire et endémique carouge…) et apercevrez peut-être l'iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima).
La randonnée
Départ : Grand'Rivière ; arrivée : anse Couleuvre ; longueur : 18 km ; durée : 5 heures 30-6 heures (aller) ; dénivelé : 400 m ; niveau : facile, mais nécessite une certaine endurance en raison de sa longueur
Le chemin débute là où se termine la D10, près du port. Au bout d'1 km, la petite voie goudronnée se fait sentier au niveau de l'habitation Fond-Moulin, une ancienne sucrerie. Là commence une succession de mornes et le couvert forestier se fait plus dense. Prenez un peu de repos à la rivière des Écrevisses avant d'entreprendre l'éprouvante ascension du Petit Morne (359 m). Une longue descente mène ensuite à la rivière Trois-Bras, qui se jette dans le canal de la Dominique au cap Saint-Martin. Vous avez effectué ici environ un tiers du trajet. Le chemin s'éloigne ensuite du lit de la rivière. Après avoir franchi le tunnel, il descend vers l'anse Capot qui offre un beau point de vue sur le cap Saint-Martin. De là, le chemin repart vers l'intérieur des terres pour gagner le lit d'un cours d'eau au ravin des Galets. Accordez-vous une pause avant de repartir à l'assaut du morne à Lianes (275 m). Après 600 m environ, vous découvrirez une superbe perspective sur la côte, entre les anses des Galets et La Celle. Encore un petit effort et vous entamerez la descente vers l'anse Couleuvre. Quelques centaines de mètres avant la fin du sentier, une bifurcation permet de gagner l'anse à Voile et l'anse Lévrier enchâssées dans la côte.
Revenir à pied par le même chemin paraît peu réaliste (la nuit tombe vite) et, si vous vous êtes entendu avec un pêcheur, sachez que le retour en yole est aussi un moment très agréable, qui offre son lot de sensations quand le pilote se met à taquiner les vagues.
Les îlets
Des écosystèmes originaux
La Martinique est entourée de 48 îlets, principalement au large de la côte atlantique. Leur ensoleillement et leur sécheresse en font des milieux naturels singuliers, réservoirs de nombreuses espèces végétales. Y poussent des essences rares comme le mûrier-pays, le grand cosmaya ou le courbaril. Ils sont aussi le refuge d'espèces animales originales, comme l'Iguana delicatissima (photo), sur l'îlet Chancel et abritent une avifaune particulièrement riche (235 espèces recensées, permanentes ou migratoires).
Des paradis convoités
Baignés d'eau turquoise et bordés de récifs coralliens, nombre de ces îlets, souvent à quelques encablures de la côte, sont aussi de véritables petits paradis tropicaux. Ceux du François et du Robert, jadis lieux de villégiature réservés aux riches békés, constituent désormais l'une des attractions phares du tourisme en Martinique. Vous pourrez les rejoindre à bord de gros bateaux, d'une yole de pêcheur, d'un catamaran ou, encore mieux, en kayak. Vous y trouverez des plages magnifiques et les fameux fonds blancs, piscines naturelles en pleine mer où l'on sacrifie au rituel du « baptême du rhum ».
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