
Stormont, aux environs de Belfast, a accueilli les négociations de paix, et abrite le Parlement nord-irlandais. © © M-image / iStock / Getty Images
Texte par
Fionn Davenport (traduit de l'anglais par Vincent Guilluy)
Mis à jour le : 8 novembre 2017
Ville où la fête est bruyante, à la population jeune et dynamique qui lui permet de rester à la pointe des tendances, Belfast surprendra toujours. Ancienne paria politique, sa transformation en métropole cosmopolite se poursuit rapidement et si la capitale nord-irlandaise se pose toujours des questions sur son passé, elle a le regard rivé vers l’avenir. Un séjour en ville vous fera découvrir son histoire récente, ses pubs victoriens, ses bars tendance, une bonne cuisine, de superbe bateaux et des grottes au sommet d’une colline.
Après la déclaration de paix à la fin des années 1990, les organismes du tourisme nord-irlandais ont ostensiblement cherché à détourner l’intérêt des touristes du conflit religieux qui a grevé la ville durant plus de trente ans pour les intéresser à un héritage moins controversé, comme la construction du plus célèbre bateau ayant coulé au monde. Compréhensible, mais inutile : Belfast est un endroit où les troubles récents sont fascinants, et on peut en voir les traces d’assez près sans courir de risques.
La réputation de Belfast en tant que grand chantier naval a atteint son apogée avec le lancement de ce qui est probablement le plus célèbre paquebot jamais construit, le RMS Titanic, produit par les chantiers navals de Belfast, Harland & Wolff, pour la White Star Line. Le lien entre Belfast et le paquebot au destin funeste se voit dans les présentations multimédia du flambant neuf musée du Titanic Belfast, à l’architecture épatante, construit à l’entrée de la cale d’où fut lancé le bateau. À l’intérieur, on peut voir des recréations virtuelles du bateau dans sa totalité, et de véritables répliques de cabines de passagers. On peut aussi y acheter des T-shirts portant la mention "She was fine when she left here" ("Tout allait bien quand il est parti d’ici"), autre preuve de l’humour noir irlandais. Le billet permet aussi de visiter le SS Nomadic, à proximité, un vapeur qui transportait les riches passagers vers les grands paquebots du port de Cherbourg. Ses toilettes valent à elles seules qu’on monte à bord.
Comme dans le reste de l’île, la cuisine à Belfast s’est énormément améliorée. La ville regorge maintenant de bons restaurants, pour tous les budgets et tous les goûts. George’s se trouve dans le joli marché St George, le plus ancien marché irlandais encore en activité, au premier étage. On y sert de délicieux steaks, venus d’élevages de la région, mais son plat le plus connu est l’énorme petit déjeuner complet (Ulster fry) baptisé “la Bête du marché”.
Si vous voulez manger un peu plus sain, rendez-vous chez Home, avec une carte inventive faite pour les végétariens, les vegans et ceux qui souffrent d’intolérances alimentaires. Mais l’endroit le plus connu en ville est peut-être le toujours fréquenté Mourne Seafood Bar, grand spécialiste des produits de la mer, tous frais, tous cuits et présentés à la perfection. C’est là aussi que se trouve l’école de cuisine de Belfast, si jamais vous voulez prendre un cours de cuisine, en soirée.Tout le monde à Belfast a son pub préféré dans cette série de beautés du XIXe siècle. Le plus célèbre est le Crown Liquor Saloon, protégé par le National Trust, aussi apprécié des Belfastois que des nombreux touristes venus boire une pinte dans un décor magnifique. Bittles, dans Victoria St, est un autre pub traditionnel où on sert bières artisanales et ales, entre des murs ornés de portraits de grands auteurs irlandais.
Nos préférés, cependant, sont le Duke of York, qui accueille de très bons concerts, et le John Hewitt, génial pub ancien où vous n’entendrez que le bruit des conversations ; on y sert de très bonnes bières artisanales de la Lisburn’s Hilden Brewery, et du gin produit par le propriétaire du bar !Si les vieux pubs de Belfast sont appréciés des touristes et des défenseurs des traditions, la jeunesse de la ville préfère souvent passer la soirée dans ses nouveaux bars tendance, de plus en plus nombreux. L’un des meilleurs s’appelle Love & Death, mélange de fête privée du début des années 1970, de bar clandestin de la Prohibition et de club funk brésilien. La cuisine est bonne, les cocktails délicieux, et les danses de fin de soirée endiablées.
Pour un début de soirée agréable, le toit-terrasse du Perch est très fréquenté, même en hiver – on peut s’y emmitoufler dans une couverture et se réchauffer d’un chocolat chaud arrosé d’alcool. Le Muriel’s Café-Bar, du nom d’une modiste qui arrondissait ses fins de mois en vendant ses charmes, offre sièges en velours, grands miroirs et lustres, dans une ambiance rétro-chic ; la liste des gins (la boisson préférée de Muriel) est plus que correcte, la clientèle élégante.Enfin, si vous voulez mélanger les ambiances sans courir dans toute la ville, il reste le Filthy Quarter, avec ses quatre bars différents : Filthy Chic, le bar à cocktails ; Gypsy Lounge, où une caravane transformée accueille les DJs ; le Secret Garden, un beer garden pas si secret que ça sur deux niveaux ; et Filthy McNastys, avec des concerts tous les soirs.
Belfast n’est peut-être pas très réputée pour ses espaces verts, mais c’est une petite ville entouré d’une campagne verdoyante. Depuis Napoleon’s Nose, comme on appelle ici le sommet de Cave Hill, la vue est fabuleuse ; par temps clair, on peut même voir l’Écosse. Au sommet, on trouve un terrain de jeu et le fort McArt, structure de l’Âge du fer où, en 1795, Wolfe Tone et la Société des Irlandais unis se réunirent et jurèrent de lutter pour l’indépendance irlandaise. On y arrive via un sentier de 3,5 km depuis le parking du château de Belfast. Le sentier passe par une série de grottes (d’où le vrai nom de la colline) et mène au sommet.
Mais il n’est pas besoin de quitter la ville pour voir un peu de verdure : près d’Upper Malone Rd, le Sir Thomas & Lady Dixon Park est une ancienne propriété privée ou furent cantonnés des soldats américains durant la Seconde Guerre mondiale. Le parc est aujourd’hui un ensemble de jardins publics, dont une spectaculaire roseraie avec plus de 45 000 plants. Mais il ne peut rivaliser avec le superbe jardin botanique, qui abrite la serre tropicale de Charles Lanyon (1852), et une énorme serre de brique rouge appelée Tropical Ravine, dans laquelle on visite une jungle tropicale depuis une passerelle surélevée.
La vue du sommet de Cave Hill donne un aperçu des environs de Belfast, mais c’est au ras du sol que vous profiterez vraiment de ce qu’il y a à faire et à voir. Au nord-est de la ville, juste au nord de Holywood (un “l” en moins, et à peine moins chic), l’Ulster Folk Museum permet de découvrir la vie des Irlandais des siècles passés. Des villages ruraux aux paysages urbains industriels, tout y est, avec même une “boutique du coin” du XIXe siècle et un cinéma muet des années 1900.
Vous voulez en savoir plus sur le passé ? Joignez-vous aux Belfast Bike Tours, des circuits guidés de 2 heures 30 de la vallée de la Lagan, au sud de Belfast. Vous y visiterez le Cercle des Géants, immense cercle d’herbe avec un dolmen baptisé “l’Autel du druide”. La balade en vélo sur le chemin de halage qui longe la rive ouest de la Lagan est plaisante – on peut suivre le chemin sur 20 km, jusqu’à Lisburn (Belfast Bike Tours loue aussi des vélos, sinon faites le à pied). Le Cutters Wharf, avec une jolie terrasse qui donne sur le fleuve est un bon endroit pour recharger ses batteries.