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Publié le 11/06/2025 10 minutes de lecture
Chaque jour, des foules de voyageurs convergent vers la Piazza dei Miracoli, bras levés dans un geste désormais universel : celui qui mime, avec un sourire, le soutien de la fameuse Tour de Pise. Cette tour penchée, chef-d’œuvre d’ingéniosité et d’imperfection, est devenue l’un des monuments les plus photographiés au monde, une icône que les réseaux sociaux ont consacrée comme le passage obligé d’un voyage en Toscane.
Mais réduire Pise à son célèbre campanile du XIIe siècle serait bien injuste. Derrière les clichés se cache une ville au patrimoine exceptionnel, qui mérite qu’on s’y attarde.
Nichée de part et d’autre de l’Arno, Pise s’est imposée au Moyen Âge comme l’une des grandes républiques maritimes d’Italie, rivale de Gênes et Venise dans la conquête de la Méditerranée. De cette période de gloire, elle a conservé de superbes monuments… et une vocation scientifique. Son université, fondée il y a plus de 700 ans, fait toujours rayonner son esprit d’innovation.
Aujourd’hui encore, la jeunesse estudiantine façonne l’identité de Pise. Présents par milliers, les étudiants animent le centre historique à toute heure du jour et de la nuit. Dans ce dédale de ruelles piétonnes, les galeries d’art côtoient des librairies confidentielles, les marchés s’installent entre deux palais, les terrasses de cafés débordent et les trattorias servent une cuisine toscane généreuse. Pise n’est pas une ville-musée : c’est une ville qui se vit, tranquillement, mais intensément.
Ce guide pratique s’adresse à celles et ceux qui découvrent Pise pour la première fois et qui sont prêts à aller au-delà de sa célèbre tour.

Quand aller à Pise ?
Comme pour le reste de la Toscane, Pise se découvre idéalement au printemps ou au début de l’automne, lorsque les foules se font plus discrètes et que la lumière dore doucement les pierres des façades. De mai à juin, puis de septembre à octobre, la météo est généralement clémente, les prix plus doux, et l’atmosphère plus sereine.
En plein été, les températures grimpent, les tarifs aussi. Mais même en juillet-août, Pise garde un certain calme, loin de la frénésie touristique de Florence. Si la Piazza dei Miracoli attire toujours son lot de visiteurs, le reste de la ville reste étonnamment paisible. On s’y promène volontiers le long des lungarni, ces quais élégants bordant l’Arno, ou on s’attarde en terrasse sans affronter la cohue.
La ville reste également attrayante hors saison. En hiver, ses musées, galeries et monuments offrent de nombreuses possibilités de visite à l’abri du froid, tandis que les premiers beaux jours donnent envie de filer vers la mer toute proche, pour une pause au bord de l’eau.

Combien de temps faut-il pour visiter Pise ?
Chaque année, des millions de voyageurs atterrissent à l’aéroport Galileo Galilei, le plus fréquenté de Toscane. Pourtant, peu choisissent de s’attarder à Pise : la plupart se contentent d’un détour rapide par la Piazza dei Miracoli, classée à l’UNESCO, pour apercevoir l’incontournable tour penchée — avant de filer vers Florence ou la campagne toscane.
Et pourtant, ceux qui prennent le temps de rester quelques jours découvrent une ville bien plus riche qu’elle n’y paraît. Commencez par une visite du Museo Nazionale di San Matteo, qui abrite une remarquable collection d’art médiéval. Puis partez explorer le Museo delle Navi Antiche, consacré à l’héritage maritime de la ville, avec ses navires romains miraculeusement préservés.
Pour une touche de modernité, direction le Palazzo Blu, lieu d’exposition d’art contemporain installé dans un élégant palais au bord de l’Arno. Non loin de là, sur la rive sud, ne manquez pas la fresque colorée Tuttomondo, ultime œuvre murale de Keith Haring, réalisée peu avant sa mort. Et pour une pause gourmande, offrez-vous une glace à la Gelateria De’ Coltelli, l’une des meilleures de la ville.
Si vous disposez de plus de temps, échappez-vous du centre pour prendre un grand bol d’air au cœur de la réserve naturelle de San Rossore, à quelques kilomètres à peine. Louez un vélo et partez à la découverte de cette vaste étendue de forêts et de dunes, autrefois domaine de chasse des Médicis. Autres options nature : une randonnée sur les pentes du Monte Pisano, qui sépare Pise de Lucques, ou une journée de détente à la plage, du côté de Tirrenia.
Comment se déplacer à Pise et dans les environs ?
Pise est desservie par l’aéroport Galileo Galilei avec de nombreuses liaisons assurées par des compagnies low cost en provenance de toute l'Europe. Une fois sur place, rejoindre le centre-ville est un jeu d’enfant : le Pisa Mover, un petit monorail automatique, relie l’aéroport à la gare centrale en moins de 10 minutes (billet à 6,50 €).
Une fois en ville, pas besoin de voiture : le centre historique est compact, plat et facilement accessible à pied.
Pour visiter le reste de la région, les trains régionaux sont fréquents, fiables et pratiques. Des départs réguliers relient Pise à Florence, Lucques, Livourne ou encore Viareggio. Les billets peuvent être achetés en ligne, sans obligation de réservation à l’avance pour les trajets régionaux.

Les meilleures choses à faire à Pise
Découvrez les incontournables de la ville !
Découvrir les trésors de marbre de la Piazza dei Miracoli
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Piazza dei Miracoli (Place des Miracles) est le cœur monumental de Pise et sans conteste l’un des ensembles architecturaux les plus saisissants d’Italie. Bien sûr, c’est ici que se dresse la célèbre Tour de Pise.
Mais la tour n’est que le début de la visite. Prenez le temps d’explorer le Duomo, une imposante cathédrale romane vieille de près de mille ans, construite grâce au butin d’une expédition militaire sur Palerme en 1063. Juste à côté, le Baptistère, dont l’acoustique étonnante vaut à elle seule le détour, mêle harmonieusement les styles roman et gothique.
Poursuivez jusqu’au Camposanto, le cimetière monumental adossé à l’enceinte nord de la place. Vous y verrez notamment la fresque restaurée du Triomphe de la Mort, une saisissante allégorie de la finitude humaine peinte au XIVe siècle par Buonamico Buffalmacco, et miraculeusement sauvée des ruines de la Seconde Guerre mondiale.
Enfin, ne manquez pas les deux musées du complexe : le Museo dell’Opera del Duomo, qui abrite les sculptures autrefois exposées sur les monuments de la place, et le Museo delle Sinopie, consacré aux esquisses préparatoires (sinopie) des fresques du Camposanto. Deux lieux fascinants pour plonger dans des siècles de création artistique.
Plonger dans l'histoire maritime de Pise
Depuis longtemps, le rôle de Pise comme grande puissance maritime médiévale est bien documenté, mais une découverte archéologique majeure, survenue en 1998, est venue enrichir cette histoire d’un chapitre inattendu. Lors de travaux près d’une gare ferroviaire, huit navires antiques, étonnamment bien conservés, ont été mis au jour. Datant d’époques allant du IIIe siècle avant notre ère au VIIe siècle de notre ère, ces embarcations ont offert aux chercheurs une mine d’informations sur le passé fluvial et maritime de la ville.
Aujourd’hui, ces navires romains constituent le cœur de la collection du Museo delle Navi Antiche di Pisa, installé dans les anciennes halles des ateliers de San Rossore. Le musée expose également plus de 800 objets qui permettent de retracer l’évolution de Pise en tant que cité-État tournée vers la Méditerranée. Une visite fascinante, à la croisée de l’histoire, de l’archéologie et de l’aventure maritime.
Admirer l’art médiéval et Renaissance au Museo Nazionale di San Matteo
À quelques pas du centre-ville, le Museo Nazionale di San Matteo est l’un des trésors les plus méconnus de Pise et pourtant l’un des plus précieux. Nombre de visiteurs passent à côté, à tort, tant ce musée abrite l’une des plus belles collections d’art médiéval et de la Renaissance de toute l’Italie.
Installé dans un ancien couvent bénédictin du XIe siècle qui domine paisiblement les rives de l’Arno, le musée retrace cinq siècles de création artistique toscane, du XIIe au XVIe siècle. On y découvre de remarquables sculptures et peintures religieuses, signées par quelques-uns des plus grands noms de l’art italien : Masaccio, Beato Angelico, Benozzo Gozzoli, pour ne citer qu’eux.
Flâner dans la rue commerçante de Borgo Stretto
Après la solennité monumentale de la Piazza dei Miracoli, changez de décor et plongez dans le quotidien pisan en vous dirigeant vers Borgo Stretto, sans doute la rue la plus élégante du centre historique. Étroit ruban pavé bordé d’édifices du XVe siècle, cette artère est couverte en partie d’une longue arcade sous laquelle, depuis des siècles, commerçants et passants se croisent au rythme de la vie locale.
En fin de journée, rejoignez les habitants pour leur traditionnelle passeggiata, cette promenade douce et sociale qui fait vibrer la ville à l’heure dorée. Boutiques raffinées, cafés animés, vitrines discrètes… Borgo Stretto est le parfait terrain d’observation de la vie pisane.
Et si vous poursuivez quelques pas plus loin, vous tomberez sur la Piazza delle Vettovaglie, la place du marché depuis le XVIe siècle.

Faire du vélo à San Rossore
Officiellement appelée Parco Naturale di Migliarino, San Rossore, Massaciuccoli, cette vaste réserve naturelle de 23 000 hectares, située à seulement 5 km à l’ouest de Pise, offre une superbe échappée verte loin de l’agitation urbaine. C’est l’endroit idéal pour prendre l’air, à pied ou à vélo.
Rendez-vous au centre d’accueil de San Rossore, où vous pourrez louer un vélo pour explorer les nombreux sentiers qui serpentent à travers les forêts de pins méditerranéens, les prairies et les zones humides du parc.
Au cœur de la réserve se trouve la Tenuta di San Rossore, un ancien domaine de chasse des Médicis, autrefois réservé aux élites toscanes. Aujourd’hui encore, la nature y règne en maître : avec un peu de chance, vous croiserez des chevaux en liberté, des sangliers ou encore des cerfs.
Marcher sur les remparts de la ville
Contemporains de la célèbre tour penchée, les anciens murs d’enceinte de Pise figurent parmi les plus anciens remparts défensifs encore debout en Italie. Érigée au XIIe siècle, cette structure impressionnante de 11 mètres de haut s’étire sur près de 3 km, serpentant au-dessus de la ville et offrant une perspective unique sur ses toits, ses places et ses clochers.
Plusieurs accès permettent de monter sur les remparts, dont la Torre Santa Maria, située juste à côté de la Piazza dei Miracoli. Ce point d’entrée, accessible aux fauteuils roulants, constitue un excellent point de départ pour une promenade paisible au-dessus de la ville.
Visiter le Palazzo della Carovana de Vasari
Conçu en 1560 par le grand architecte toscan Giorgio Vasari, le Palazzo della Carovana est l’un des bâtiments les plus emblématiques de la Piazza dei Cavalieri. Commandé pour accueillir le siège des Chevaliers de Saint-Étienne, un ordre militaire fondé par les Médicis, le palais impressionne par l’élégance de sa façade.
Ornée de figures allégoriques, de blasons et de motifs géométriques, toute la décoration extérieure a été réalisée selon la technique du sgraffite, un procédé raffiné de gravure dans les enduits qui confère à l’édifice une richesse visuelle exceptionnelle.
Aujourd’hui, le palais abrite la Scuola Normale Superiore, l’une des institutions universitaires les plus prestigieuses d’Italie, héritière de l’excellence académique pisane.

Mon activité préférée à Pise
À seulement 15 minutes en voiture du centre-ville, le village de Calci offre une échappée hors des sentiers battus et un véritable plongeon dans l’histoire. C’est ici que se dresse la Certosa di Calci, une chartreuse monumentale du XVe siècle, nichée au cœur de la nature, autrefois habitée par une communauté de moines autosuffisants. Aujourd’hui, le lieu a été transformé en un fascinant musée d’histoire naturelle, géré par l’université de Pise. Fossiles, minéraux, animaux naturalisés : les collections sont aussi variées qu’étonnantes, et magnifiquement mises en scène dans les anciennes cellules et cloîtres du monastère.
Après cette visite, les plus aventureux pourront grimper jusqu’à la Fortezza della Verruca, une forteresse médiévale aujourd’hui en ruine, perchée au sommet du Monte Pisano. L’ascension, raide mais accessible, mène à un promontoire spectaculaire, d’où l’on embrasse du regard toute la région.
Quel budget prévoir ?
Bonne nouvelle : Pise est souvent un peu plus abordable que d’autres destinations toscanes très touristiques comme Florence ou Sienne. Cela dit, comme partout, les prix peuvent grimper à proximité des principaux sites notamment autour de la Piazza dei Miracoli.
Heureusement, la ville regorge de sites culturels gratuits ou peu coûteux. Une grande partie du patrimoine architectural se découvre en flânant, et des lieux comme les remparts ou le Museo Nazionale di San Matteo sont accessibles pour seulement 5 €.
Voici une estimation des prix moyens à prévoir lors de votre séjour :
Lit en dortoir d’auberge : 25 à 40 € / nuit
Chambre en hôtel économique ou de milieu de gamme : 70 à 150 € / nuit
Billet de bus (trajet simple) : 1,50 €
Cappuccino dans un café local : 1,50 à 2,50 €
Pizza margherita individuelle : 7 à 10 €
Dîner pour deux dans un restaurant de gamme moyenne : 60 à 90 €
Verre de vin local ou bière : 4 à 6 €
Quelle est la distance entre Florence et Pise ?
Florence et Pise ne sont séparées que d’une centaine de kilomètres, ce qui en fait deux destinations facilement combinables lors d’un même voyage en Toscane. En train, le trajet direct dure environ 1h, avec des départs fréquents tout au long de la journée depuis Firenze Santa Maria Novella jusqu’à Pisa Centrale. En voiture, comptez un peu plus d’une heure par l’autoroute A11, en fonction du trafic.

Quelles sont les plages les plus proches de Pise ?
Marina di Pisa et Tirrenia sont les plages les plus proches, à environ 20 minutes en voiture du centre-ville. Ces stations balnéaires offrent une escapade agréable, surtout lors des chaudes journées d'été.
Pour des plages plus vastes et plus animées, continuez un peu plus au nord jusqu'à Torre del Lago, Viareggio ou Lido di Camaiore, des destinations très prisées par les locaux comme par les touristes.
À noter : en été, la majorité des plages de la côte toscane sont privées. Cela signifie que, sauf à trouver une spiaggia libera (plage publique en accès libre), vous devrez payer pour accéder au sable, en louant une chaise longue et un parasol à la journée.
Comment explorer le reste de la Toscane depuis Pise ?
Si vous atterrissez à Pise avec l’intention de découvrir le reste de la Toscane, deux options s’offrent à vous : les transports publics ou la location de voiture, directement à l’aéroport Galileo Galilei, où toutes les grandes agences sont représentées.
Pour visiter les villes d’art comme Florence, Lucques, Sienne ou Arezzo, le train est la solution la plus simple et la plus pratique. Les liaisons sont fréquentes, les trajets rapides, et il n’est généralement pas nécessaire de réserver longtemps à l’avance.
En revanche, si vous souhaitez explorer la campagne toscane, ses villages perchés, ses routes bordées de cyprès et ses domaines viticoles, la voiture est indispensable. Elle vous offrira la liberté de sortir des sentiers battus et de profiter à votre rythme des paysages vallonnés.
Un conseil : réservez votre véhicule à l’avance, surtout si vous prévoyez de venir entre juin et septembre, lorsque la demande est forte et les prix plus élevés.

Quelle est la spécialité de Pise ?
Bien que moins connue pour sa gastronomie que d’autres villes toscanes, Pise possède une tradition culinaire simple, rustique et ancrée dans le terroir local. Sa spécialité la plus emblématique est sans doute le cecina, une fine galette à base de farine de pois chiches, d’huile d’olive, de sel et d’eau, cuite au four à bois. Elle se déguste chaude, parfois glissée dans du pain comme un sandwich — un en-cas savoureux et économique très prisé des habitants.
On trouve aussi à Pise une cuisine de rivière, avec des plats à base d’anguilles, de truite ou d’escargots, ainsi que des recettes de trippe à la pisane ou de ragoûts de sanglier, très répandues dans les trattorias traditionnelles.
Côté douceurs, laissez-vous tenter par une torta co’ bischeri, une tarte aux fruits secs et au chocolat, typique des fêtes locales.
