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Publié le 22/12/2020 5 minutes de lecture
Le Ben Navis trône, en partie caché par des nuages couleur charbon alors que le Caledonian Sleeper quitte la gare de Fort William. C’est une de ses nuits écossaises où vous ne savez pas bien si le crépuscule est en train de tomber ou semble un peu avancé par la météo capricieuse…Le train prend de la vitesse, laissant derrière lui la lueur chaleureuse du centre-ville, traversant des quartiers résidentiels un peu mornes dans un bruit de ferraille pour rejoindre les paysages vallonnés des Highlands. Le calme s’installe dans la voiture-bar alors que les visages se pressent contre les vitres embuées et que les yeux clignent devant ce spectacle.Les paysages mélancoliques – leur sombre indifférence paraît encore plus évidente avec la lumière qui décline – contrastent grandement avec la chaleur et la bonne humeur qui règnent à bord du Caledonian Sleeper, nom donné au train de nuit qui relie Londres à l’Ecosse. Je venais d’embarquer sous prétexte de savoir si je me lançais dans le meilleur voyage en train de Grande-Bretagne. En réalité, je pars en vacances avec ma femme, et nous nous payons le luxe de la première classe.Alors que le train prend son rythme de croisière, le wagon restaurant s’anime. Un jeune couple discute joyeusement avec leurs enfants curieux, deux amoureux échangent des private jokes entre deux gorgées de vin et un groupe de robustes jeunes hommes, âgés probablement d’une vingtaine d’année et qui viennent de passer les quatre derniers jours à piétiner ses paysages détrempés en vêtements de montagne, se remémorent les meilleurs moments de leur voyage.Ils nous racontent comment ils ont marché jusqu’à Fort William depuis l’une des gares les plus hautes du Royaume-Uni, Corrour, station que nous allons bientôt nous-même franchir. «Je me suis retrouvé en difficulté» avoue l’un d’eux qui s’appelle Oliver. Même en haute altitude, nous marchions dans les tourbières, ça n’était pas évident.»Sirotant leurs bouteilles de bière, les quatre compères regardent par la fenêtre alors qu’en quelques minutes notre train va parcourir les paysages qu’ils auront mis des jours à conquérir.
Indifférente au décor et à l’aventure de ces jeunes hommes – et à tout ce qui se passe dans le train d’ailleurs – la femme assise en face de moi déguste joyeusement des macaroni au fromage tout en étant absorbée par son iPad.De notre côté, le dîner s’annonce 100% écossais : haggis, neeps and tatties (comprenez de la panse de brebis farcie servie avec une purée de pommes de terre et une purée de rutabagas), le tout arrosé d’un whisky Laphroaig 10 ans d’âge. On se fait plaisir. Et je me rends compte que le whisky va nous plonger dans un sommeil profond une fois de retour à notre cabine. Du moins je l’espère. Allongé dans mon lit pendant la nuit, écoutant le ronronnement du train, je songe au fait que le «Caledonian Insomnia» pourrait faire un meilleur surnom à donner à ce trajet en train. Et c’est à ce moment précis que ma femme a commencé à ronfler.Il y a quelques petites choses à savoir avant de monter à bord du Caledonian Sleeper. Premièrement, il ne correspond pas à une seule destination, il existe deux lignes distinctes :The Highlander, qui relie Londres aux villes d’Aberdeen, Inverness et Fort William, avec quelques arrêts en cours de route
The Lowlander, qui relie la capitale anglaise à Glasgow et à Edimbourg.
Les deux totalisent 16 wagons-lits et partent de Londres tard le soir, pour s’arrêter à des heures impossibles au beau milieu de l’Ecosse afin d’être séparés en deux morceaux : The Highlander est divisé en trois et le Lowerlander en deux. Ces lignes désormais détachées continuent ensuite vers leurs destinations respectives, et le même principe s’applique pour le chemin du retour.Les passagers, souvent profondément endormis, ne s’en rendent même pas compte mais je n’ai pas le sommeil très profond et, pendant le trajet aller, le mouvements des voitures et de leurs passagers m’ont finalement réveillé. Pendant ce temps, ma femme n’a pas bougé d’un centimètre.
Les compagnies aériennes low-coast et les trains à grande vitesse avaient remisés ces trains couchettes au placard mais les trains de nuit sont en train de faire leur comme back en Europe. La Grande-Bretagne dispose de deux lignes en ce sens : le Caledonian Sleeper et le Night Riviera, qui secoue ses wagons entre Londres et la ville de Penzance, dans les Cornouailles. Si beaucoup y voient un vote de confiance envers les trains de nuit britanniques, les deux lignes ont bénéficié de révisions récentes, dont 150 millions de livres ( 163 millions d’euros) pour le Caledonian Sleeper à lui seul en 2019. Le train, restoré pour prendre l’aspect d’un hôtel avec des cabines privées propose même des lits doubles. Mais les chambres haut-de-gamme ne sont pas les seules à attirer notre attention - les Classic Rooms and Club Rooms (équipées de lits superposés) ont été dépoussiérées alors que les siècles inclinables de la classe économique (les billets les moins chers) ont eux aussi été complètement repensés, pouvant désormais se vanter de proposer des petits meubles de rangement, des liseuses et des prises pour charger ses appareils. Avec ces petits plus, la compagnie espère bien améliorer encore la réputation du Caledonian auprès des amoureux du train et en faire l’un des meilleurs voyages en train de Grande-Bretagne, et même d’Europe.Dans un pays où se plaindre des trains est un sport national - et les lignes de banlieues synonymes de rames bondées au pauvre rapport qualité / prix - the Caledonian Sleeper relève le défi de l’Age d’or du voyage en train. C’est un vieux romantique… un anachronisme.Par bonheur, je finis par trouver le sommeil vers la fin du voyage, piquant du nez vers le comté de Cumbria. Mais je n’irai pas jusque’à dire que je suis arrivé frais à Londres.Nous avons commencé la journée avec un petit déjeuner au lit - recette écossaise de saumon fumé et oeufs - englouti avant de rejoindre les banlieusards matinaux dans la capitale anglaise. Ils montrent la même indifférence que les paysages des Highlands, le charme romantique en moins.Je souris…. Peut-être que la prochaine fois je prendrai un aller simple.Comment vous organiser par vous même
Voici tout ce que vous avez besoin de savoir pour organiser votre séjour en train à travers le Royaume-Uni.Toutefois, gardez à l’esprit que la pandémie de Covid-19 impose des restrictions de voyage. On vous conseille de vous renseigner avant votre départ sur la législation en vigueur et de suive les conseils sanitaires appliqués dans le pays.
Comment réserver mes billets ?
Vous pouvez acheter vos billets jusqu’à un an à l’avance sur le site du Caledonian Sleeper. Ils proposent même des réservations en avance pour les vacances et les périodes très demandées donc pensez à réserver bien en avance pour éviter toute déconvenue.
A quelle fréquence les trains circulent-ils ?
Le Caledonian Sleeper Highlander Service à destination de Fort William part de Londres Euston tous les jours de la semaine à 21h15, et à 20h59 le dimanche. Le Lowlander Service à destination d’Édimbourg part de Londres Euston tous les soirs de la semaine à 23h50 et à 23h30 les dimanches. Il n’y a pas de train le samedi.Lorsqu’il part vers le sud, le Highlander part d’Aberdeen, Inverness et Fort William, alors que le Lowlander démarre de Glasgow et Edimbourg. Les horaires sont disponibles en ligne pour chacune des gares.
Combien ça coûte ?
A partir de 40£ (44€) pour un siècle inclinable180 £ ( 200€) pour une couchette dans un wagon-lit300£ (328€) si vous vous surclassez dans pour une cabine avec salle d’eau en Priority Club Car access.Tous ces tarifs sont valables pour un ticket aller.
Traduit par : Elodie Lécadieu