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Publié le 23/10/2025 6 minutes de lecture
Même sans y être allé, nul n'ignore les charmes de Tokyo, qui agissent comme un puissant aimant sur qui apprécie les voyages et les découvertes culturelles. Après y avoir goûté, pourquoi ne pas faire un pas de côté pour découvrir la discrète mais pleine de surprises préfecture d'Okayama ?
Facilement accessible en Shinkansen depuis la capitale japonaise, elle dévoile un Japon plus rural, mais jamais à l’écart de l’art ni de la culture. On y flâne dans l’un des plus beaux jardins du pays, on effleure l’univers sensible de Takehisa Yumeji, on façonne la terre brute de Bizen-yaki, puis l’on s’égare à vélo entre rizières, sanctuaires et anciens tumuli. Découvrez notre itinéraire d’une semaine qui vous mènera en prime jusqu’aux « îles d’art » de la mer Intérieure.
Jour 1 – Tokyo : art sucré et dîner-spectacle 3D
La première journée à Tokyo peut commencer dans le quartier d’Asakusa, avec une initiation à l’amezaiku, cet art traditionnel japonais de sculpture sur sucre, à la boutique-atelier Asakusa Amezaiku Ameshin. Après avoir admiré les créations sophistiquées et sucrées exposées, vous apprendrez à donner forme vous-même à du sucre chauffé à 90 °C, à l'aide de ciseaux traditionnels. Chaque participant repart avec son lapin blanc en sucre et un savoir-faire des plus originaux.
Si cette expérience sensorielle vous a ouvert l'appétit, prenez la direction de l’ANA InterContinental Tokyo du quartier de Minato, puis l'ascenseur jusqu'au 36e étage. Ici vous attend un dîner-spectacle en 3D surprenant, appelé Le Petit Chef. Chaque plat de ce repas gastronomique (cuisine française, produits japonais) est présenté par un petit personnage en 3D apparaissant au-dessus des tables grâce à des projecteurs discrets. Il décrit l'histoire du plat, ses ingrédients... L'expérience est ludique, et la spectaculaire vue sur la ville est un plus.
Jour 2 - Tokyo : Hommage aux arts graphiques à Bunkyō
Le deuxième jour met à l’honneur les arts graphiques à Bunkyō, où deux musées nichés dans des bâtiments reliés entre eux se visitent aisément. Le Yayoi Museum présente, sur trois niveaux, des mangas, des publicités et des illustrations de magazines et de livres des XIXᵉ et XXᵉ siècles, dont les plus anciennes datent de l’ère Meiji (1868-1912). Le troisième niveau est tout particulièrement dédié à l’illustrateur Kashō Takabatake.
L’autre musée, le Takehisa Yumeji Museum, est consacré à un artiste majeur du début du XXᵉ siècle, originaire d’Okayama, Takehisa Yumeji. Cette étape constitue un beau prélude à la découverte de l’œuvre de Yumeji lors de la suite du séjour, à Okayama. En fin de journée, on embarque en Shinkansen : en à peine plus de trois heures, le voyage vous conduit au cœur de la préfecture d’Okayama. A noter que la préfecture est également très facilement accessible depuis Osaka — où s’est tenu l’Expo 2025 Osaka-Kansai — puisqu’il suffit d’environ 45 minutes depuis Shin-Osaka Station pour arriver à Okayama Station.
Jour 3 – Okayama : Yumeji, Okayama Koraku-en et atelier sushis
Le troisième jour s’ouvre sur le Yumeji Art Museum d’Okayama, qui célèbre l’illustrateur, poète et designer Takehisa Yumeji (1884-1934). Le musée abrite la plus grande collection d’œuvres de cet enfant du pays, né à Setouchi (anciennement Oku), dont de grands et superbes paravents peints, ces byōbu qui captivent par leurs compositions et leurs couleurs. Le bâtiment a été conçu par Chintaro Urabe et rénové récemment sous la supervision d’Eiji Mitooka, avec l’ajout d’un Art Café Yumeji et d’une salle d’expositions baptisée « Kuronosuke ». Des bancs sont répartis un peu partout, invitant à la contemplation et à la consultation des ouvrages mis à disposition.
À deux pas se trouve le Okayama Koraku-en, considéré comme l’un des plus beaux jardins du pays et sans doute la plus grande fierté d’Okayama. Installé sur quatorze hectares, sur une île en forme de virgule sur la rivière Asahi, il est issu d’une commande du daimyo Ikeda Tsunemasa passée en 1687 et ouvert au public en 1884. On y admire de vastes pelouses, des étangs remplis de carpes, des maisons de thé et le « paysage emprunté » du château et du mont Misao, au loin. À côté de la porte principale se trouve l’En’yo-tei, pensé comme lieu de vie, qui comprend une scène de nō. On y trouve également une petite plantation de thé, six petites rizières et la colline artificielle Yuishinzan, haute de six mètres, qui offre une vue panoramique sur le jardin. Avec un peu de chance, votre passage coïncidera avec l’un des nombreux événements organisés ici, notamment les spectaculaires illuminations nocturnes.
Pour le déjeuner ou le dîner, place à l’art culinaire avec un atelier de confection de sushis au restaurant Kidoairaku, sous la houlette d’un maître sushi. C’est l’occasion de découvrir la culture gastronomique de la région et de déguster le kakushi-zushi, plat traditionnel plein de surprises puisque les garnitures sont cachées sous le riz et se révèlent à la dégustation. Après avoir appris à maîtriser les techniques de découpe et d’assemblage, vient le moment de préparer puis, bien sûr, de savourer.
Conseil pratique : Pour la nuit, l’ANA Crowne Plaza Okayama conjugue confort et praticité. Commodément situé à deux minutes à pied de la gare, l’établissement permet de rayonner facilement vers les principaux sites d’intérêt d’Okayama, tels que le Koraku-en et le château d’Okayama, ou Okayama-jō.
Jour 4 – Okayama : château noir et céramique de Bizen
Le quatrième jour se place sous le signe du patrimoine et des savoir-faire. On commence par le château d’Okayama, surnommé « château du Corbeau » en raison de sa couleur noire. Achevée en 1597 sous le daimyo Ukita Hideie, la forteresse impressionne par la taille de ses murs et les fondations en pierre de son enceinte, en grande partie d’origine. Le tenshu, la tour du château, a été reconstruit en 1966 et a fait récemment l’objet d’importantes rénovations. À l’intérieur, des expositions historiques instructives et des armures de samouraïs côtoient les shachihoko dorés qui ornent la crête du toit, visibles de près. Un espace ludique permet même de se déguiser en seigneur ou en dame féodale.
Dans l’enceinte du château se trouve l’atelier de poterie Bizen-yaki, où l’on peut s’essayer à la fabrication de céramiques non vernies, un style local devenu fameux au Japon et bien au-delà pour ses tons bruns et chauds et l’absence de glaçure.
Selon l’envie et la météo, une escapade à vélo dans la plaine de Kibi peut compléter la journée, à la rencontre d’anciens sites funéraires, de sanctuaires et de temples qui ponctuent le paysage.
Jour 5 – Kurashiki : entrepôts, musée Ōhara et balade en barque
La cinquième journée invite à découvrir Kurashiki, en banlieue d’Okayama, surnommée « ville des entrepôts ». À l’époque d’Edo, ses bâtiments noirs et blancs servaient à stocker le coton et le riz cultivés dans la région ; aujourd’hui, la ville est connue pour ses jeans de grande qualité. Dans le charmant quartier de Bikan, de nombreux entrepôts ont été transformés en musées, boutiques et restaurants. Une balade bucolique en bateau sur la rivière Kurashiki, bordée de saules, permet d’apprécier la douceur du lieu.
L’art n’est pas absent de la ville : l’Ōhara Museum of Art rassemble les œuvres de la collection d’Ōhara Magosaburō, qui vont des peintures d’art occidental — Le Greco, Gauguin, Matisse, Picasso — à des pièces d’artistes japonais du début du XXᵉ siècle, en passant par une sélection d’artisanat populaire japonais et d’arts asiatiques traditionnels. La maison Ōhashi, bien restaurée, construite en 1796 pour l’une des familles les plus riches de Kurashiki, mérite également une visite.
Conseil pratique : Pour la nuit, le Cuore est un excellent choix, avec sa décoration soignée dans ses espaces communs et ses chambres, chacune à la thématique unique, son restaurant qui privilégie une cuisine de saison, et son café-bar. Même sans y séjourner, on peut s’y poser pour un déjeuner, un café ou un verre en soirée.
Jour 6 & 7 - Naoshima et Inujima : les îles d’art de la mer Intérieure
Pour prolonger le voyage, les îles d’art de la mer Intérieure sont facilement accessibles depuis la préfecture d’Okayama. Naoshima, dans la préfecture de Kagawa, est accessible en ferry depuis le port de Uno, à Okayama. On peut y découvrir des œuvres issues de la Triennale de Setouchi, festival d’art contemporain organisé tous les trois ans sur les îles locales, ainsi que la célèbre Citrouille rouge de Yayoi Kusama, devenue l’emblème de l’île.
Inujima offre une autre excursion riche en sens. À dix minutes environ de ferry depuis le port de Hoden — environ une heure depuis la ville d’Okayama en transports en commun —, cette île qui accueillait jadis une carrière de pierre et une raffinerie de cuivre, fermée en 1919, a vu naître l’Inujima Seirenshō Art Museum. La Fukutake Foundation a passé commande à l’architecte Sambuichi Hiroshi et à l’artiste Yanagi Yukinori pour créer un musée dans les bâtiments en briques délabrés de l’ancienne raffinerie, avec le projet de «Créer du nouveau avec de l’ancien». Le musée, alimenté par des énergies renouvelables, abrite une œuvre de Yanagi Yukinori articulée sur plusieurs espaces ; elle associe des matériaux extraits sur l’île à des morceaux d’une maison de Tokyo, auparavant occupée par l’écrivain Yukio Mishima (1925-1970), qui fustigeait la modernisation du Japon. Plus qu’une œuvre, c’est une réflexion poétique sur l’industrialisation et sur les cicatrices que l’homme imprime à son environnement.
Bon à savoir : Facilement accessible depuis Tokyo, la préfecture d'Okayama est aussi à seulement une heure de Shinkansen de Kyoto et ses merveilles.
Cet article est sponsorisé par Tokyo Convention & Visitors Bureau et Okayama Prefecture