Cannaregio

Ghetto

À l’époque médiévale, un getto (fonderie) était installé sur cette île à l’écart de la ville, pour limiter les risques d’incendie. En vertu d’un décret de 1516, les Juifs vénitiens y étaient cantonnés la nuit et durant les fêtes chrétiennes. Le jour, ces artisans et bailleurs de fonds approvisionnaient et finançaient les commerces de Venise. C’est ainsi que le mot “ghetto” a pris une toute autre signification

Histoire du ghetto 

Contrairement à la plupart des autres villes européennes, Venise accordait aux juifs le droit d’exercer certaines professions, dans les domaines de la médecine, du commerce, de la banque, de la confection et de l’imprimerie. Fuyant les persécutions de l’Inquisition, de nombreux juifs se réfugièrent donc à Venise à partir de la fin du XVe siècle. Mais leur présence dans la ville était surveillée et leurs droits furent limités dès le Moyen Âge. La création du Ghetto (1516) constitua une étape supplémentaire dans la ségrégation à l’égard de la communauté israélite. Avec le temps, l’endroit devint un refuge au sein duquel la culture juive et les idées neuves prospérèrent. C’était le principal centre hébraïque en Europe, et on affluait pour entendre les sermons en italien du rabbin Léon de Modène (1571-1648) et assister aux festivités de Pourim, tandis que les salons du Ghetto étaient courus par des érudits de toutes confessions. Face à l’accroissement de la population du quartier, des étages furent ajoutés pour rehausser les habitations, créant ainsi des immeubles tout en hauteur. Le Ghetto fut étendu au secteur voisin du Ghetto Vecchio (“vieille fonderie”), d’où une terminologie prêtant à confusion : le quartier juif le plus ancien s’appelle Ghetto Nuovo et le plus récent, Ghetto Vecchio. Lorsque Napoléon Bonaparte conquit la République en 1797, les restrictions relatives au Ghetto furent abolies et ses habitants obtinrent le statut de citoyens vénitiens. Sous Mussolini, les lois raciales de 1938 instituèrent de nouvelles mesures de discrimination. En 1943 et 1944, une grande partie des juifs vénitiens furent déportés dans des camps de concentration. Rares sont aujourd’hui les membres de la communauté juive de Venise, forte de 470 personnes, qui y vivent encore, mais les librairies, les galeries d’art et les institutions religieuses conservent intacte la mémoire du quartier. Un mémorial composé de basreliefs et portant le nom et l’âge des victimes de la Shoah couvre deux murs face au Campo del Ghetto Nuovo. Le Ghetto a fêté son 500e anniversaire en 2016. L’occasion a été mise à profit pour financer la modernisation du musée et la restauration de certains monuments majeurs. Notez le joli jardin derrière la Schola Spagnola, désormais utilisé comme un lieu d’enseignement. Pour de plus amples renseignements, contactez la Comunità Ebraica di Venezia

Les Synagogues 

En arrivant par le nord sur le Campo del Ghetto Nuovo, levez les yeux vers le bâtiment coiffé du dôme en bois de la Scuola Italiana (synagogue italienne). Parmi les différentes nationalités du Ghetto, les Italiens étaient les plus pauvres. Leur synagogue est ornée de belles boiseries sculptées. Reconnaissable à ses cinq hautes fenêtres, la Scuola Tedesca (synagogue allemande) est celle de la communauté ashkénaze de Venise depuis 1528. En vertu d’une loi vénitienne du XVIe siècle, seuls les Juifs allemands pouvaient pratiquer le métier d’usurier. La décoration intérieure de la synagogue témoigne de la prospérité de ce commerce. La chaire baroque et les bancs sculptés sont surplombés d’une galerie dorée réservée aux femmes. À l’angle de la place, derrière l’entrée du Museo Ebraico, on aperçoit le dôme en bois de la Scuola Canton (synagogue du coin), bâtie vers 1531 et dissimulant un décor rococo et des ors ajoutés au XVIIIe siècle. Cet édifice est orné de huit paysages inspirés de paraboles bibliques, dérogeant en cela à la règle des autres synagogues européennes selon laquelle les représentations figuratives n’y ont pas leur place. Les juifs séfarades venus d’Espagne et du Portugal construisirent deux synagogues de l’autre côté du pont, sur le Campo del Ghetto Vecchio. Considérées comme les plus belles du nord de l’Italie, elles furent rénovées au XVIIe siècle. La Scuola Levantina (synagogue du Levant), datant de 1541, renferme une splendide chaire en bois sculpté du XVIIe siècle ; elle n’est pas ouverte au public. La Scuola Spagnola (synagogue espagnole), fondée vers 1580, témoigne de l’intégration du style vénitien. Remarquez les fenêtres voûtées classiques, la répétition de détails géométriques, ainsi que le marbre et les boiseries qui donnent un style baroque à l’intérieur. 

Le Museo Ebraico dans le Ghetto

Au cœur du Ghetto, le Museo Ebraico explore l’histoire de la communauté juive de Venise, ainsi que sa contribution essentielle aux patrimoines vénitien, italien et mondial. Inauguré en 1955, il conserve une petite collection d’objets en argent ouvragés, de tissus précieux et d’autres artefacts servant pour les prières et la décoration des synagogues, ainsi que des livres publiés dans le Ghetto à la Renaissance. La visite du musée peut être combinée avec un circuit guidé (en italien ou en anglais), recommandé, qui inclut trois des synagogues historiques : la Scuola Tedesca (synagogue allemande), la Scuola Canton et la Scuola Italiana (en été) ou la Scuola Spagnola (en hiver). Renseignez-vous aussi sur les visites de l’Antico Cimitero Israelitico, au Lido.

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