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Publié le 20/05/2025 6 minutes de lecture
Nichée entre mer et montagne, la Balagne dévoile un visage de la Corse aussi authentique qu’enchanteur. Surnommée le « jardin de la Corse », cette région du nord-ouest de l’île est un chapelet de villages pittoresques, accrochés à flanc de colline ou blottis dans des vallées verdoyantes, où le temps semble suspendu. Voici notre sélection des plus beaux villages de Balagne, à ne manquer sous aucun prétexte.

Sant’Antonino, la sentinelle de pierre
Perché à 490 m d’altitude sur un piton rocheux qui domine le paysage, Sant’Antonino est classé à juste titre parmi les “plus beaux villages de France”. Le village a été sauvé de la dépopulation par le tourisme estival mais est aujourd’hui victime de son charme : en haute saison, Sant’Antonino semble figurer sur l’itinéraire de tous les bus touristiques. Il est alors surfréquenté en journée et retrouve sa quiétude le soir.
Excepté quelques boutiques d’artisanat, Sant’Antonino vaut surtout le détour pour la beauté du site et du bourg. Vous apprécierez de vous promener dans ses venelles labyrinthiques, de découvrir les vestiges de fortifications et les maisons qui semblent incrustées dans la roche. Jetez un coup d’œil à la petite chapelle de Sainte-Anne-des-Bergers, au vieux four à pain restauré ou encore à la discrète chapelle de Lavasina, sur la minuscule Piazza Savelli, à l’arrière du village.
Bon à savoir : Un terrain devant l’église fait office de parking à l’entrée du village. Il n’y a ni hôtel ni chambre d’hôtes, mais les restaurants ne manquent pas.

Pigna, le village des artisans
Invariablement cité sur la liste des plus beaux villages de Corse, Pigna est un cas à part. Le bourg s’est en effet forgé un nouveau destin grâce aux artisans qui y ont élu domicile. Potier, luthier, flûtier, sculpteur, musicien, peintre, chanteur, créateur de boîtes à musique… Pigna dissimule une activité artistique intense. Au fil de ses ruelles, vous découvrirez le travail des artisans : céramiques de Cyril Quilichini, instruments de musique d’Ugo Casalonga, boîtes à musique signées Scatt’à Musica, bijoux et objets en verre de Virginie Torrelli…
La majorité des ateliers sont visibles (sur rendez-vous pour certains). La petite Casa di l’Artigiani propose des objets artisanaux de toute l’île et d’excellents produits régionaux sont vendus à la Casa Savelli. Pour voir les artisans, évitez le dimanche.
L’autre originalité de Pigna tient à sa vie musicale. Elle est organisée par le centre culturel Voce, qui organise des concerts toute l’année, dont le festival Festivoce la 3e semaine de juillet. Il se déroule dans différents villages mais surtout à Pigna, dans le magnifique auditorium. Voce gère également le Museum Musica, petit musée qui rassemble une collection d’instruments.
Bon à savoir : Le village est piétonnier. Vous pourrez vous garer à l’entrée (parking payant) ou sur les places le long de la route (gratuit).

Lumio, entre vignes et azur
Aux portes de Calvi, Lumio regarde la mer les pieds dans les vignes. Il offre une des plus belles vues sur la baie de Calvi, surtout au coucher du soleil. Flâner dans ses ruelles fleuries, c’est goûter à la douceur de vivre corse, dans un décor de carte postale.
À ne pas manquer : Une balade vers le village abandonné d’Occi, accessible à pied depuis Lumio (env. 45 min aller-retour), dont les origines remontent au XVe siècle, quand des habitants de la pointe de Spano s’y établirent pour échapper aux raids des sarrasins.

Corbara, l’élégance baroque
Construit en amphithéâtre et réparti sur plusieurs hameaux, Corbara se distingue avant tout par son patrimoine religieux. Remarquez l’altière église A Nunziata, classée monument historique, et sa belle façade baroque. Elle héberge trois autels en marbre de Carrare du XVIIIe siècle et une chaire en bois sculpté de la même époque. Le musée du Trésor de la collégiale, installé dans la sacristie, expose des chasubliers du XVIIe siècle, des pièces d’orfèvrerie et des habits sacerdotaux, pour la plupart d’origine italienne. La chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (XVIIIe -XIXe siècle), érigée sur les vestiges d’une ancienne place forte du hameau de Borgo, est perchée au-dessus du village. C’est sur ce site que Pascal Paoli aurait annoncé la fondation de L’Île-Rousse. Dans les ruelles du village, ne manquez pas le petit musée Savelli. Il abrite une collection de livres, de tableaux et d’objets réunie par un particulier, qui raconte avec passion l’histoire de la Corse.
À 1,5 km de Corbara en direction de Pigna, le couvent Saint-Dominique est dominé par son haut clocher. Initialement franciscain, il fut rebâti par les Dominicains après la Révolution et héberge sept frères de la communauté de Saint-Jean. Y sont conservés de beaux exemples d’art sacré. Les frères proposent quelques visites en dehors de la saison estivale. Depuis le monastère, un sentier conduit en 45 minutes au Monte Sant’Angelo, d’où se déploie une vue panoramique sur la Balagne.
Monticello, le village suspendu
Site défensif au Moyen Âge, le beau village de Monticello, perché à 4 km au-dessus de L’Île-Rousse, offre de fabuleux points de vue sur la ville et les Agriates, à découvrir au fil de ses ruelles et de ses passages voûtés.
Plusieurs balades faciles sont possibles depuis Monticello. Un chemin balisé qui part de la chapelle rejoint en 1 heure 30 aller-retour Santa-Reparata-di-Balagna, qui regroupe plusieurs hameaux. On y vient notamment pour ses églises et ses chapelles, à commencer par l’église paroissiale, où se mêlent les styles roman (abside) et Renaissance (nef et façade).

Speloncato, balcon sur l’infini
À 11 km au-dessus de Belgodère par une route sinueuse, Speloncato mérite de figurer au tableau des plus beaux villages de Balagne. Perché à plus de 500 m d’altitude, ce bourg doit son nom à des grottes (spelunche) voisines, et son charme à ses ruelles où s’imbriquent des maisons de pierre. Conjuguant le style roman et un chœur baroque de 1755, l’église Saint-Michel (également connue sous le nom de Sainte-Marie, ou Santa-Maria-Assunta) mérite la visite pour ses peintures, ses sculptures, son orgue de facture toscane (1810) et son reliquaire en bois du XVIIe siècle. Le clocher a été ajouté en 1913. Sur la place, l’église Sainte-Catherine fait maintenant office de mairie. Prenez le temps de boire un verre sur l’une des terrasses de la place du village, près de la fontaine.
Si vous avez des fourmis dans les jambes, consultez le panneau situé à côté de la mairie qui détaille plusieurs boucles de randonnée permettant de rallier les villages alentour. Pour aborder le patrimoine local (en particulier religieux), contactez l’association La Montagne des Orgues, qui propose des visites à la découverte des chapelles et églises baroques et de leurs orgues.

Les autres villages typiques de la Balagne
Depuis la côte au-dessus de Lumio, la D71 est l’occasion d’une escapade de village en village. Après avoir croisé Lavatoggio, la route atteint Cateri, qui abrite aussi une auberge appréciée, Chez Léon – U San Dumé, en plus d’une biscuiterie de renom, la biscuiterie Salvatori. Balcon sur la baie d’Algajola, Cateri mérite une halte le temps d’admirer la belle façade de son église baroque, sa chapelle romane et le couvent de Marcassu, en travaux de restauration.
Depuis Cateri, la D151 descend vers L’Île-Rousse via Pigna et Sant’Antonino. Si vous prenez cette direction, le premier village que vous croiserez est Aregno, où une halte s’impose pour admirer la façade de l’église de la Trinité, au milieu du cimetière. Cet édifice du XIIe siècle (intérieur fermé au public) est un joyau d’art pisan. On retrouve la bichromie des parements et les motifs sculptés sur la façade, représentant animaux et humains. Remarquez les deux reptiles enlacés au-dessus de la fenêtre géminée et les figures en ronde bosse.
En poursuivant depuis Cateri sur la D71, vous passerez à côté d’Avapessa (il faut brièvement quitter la route principale pour le rejoindre), village bucolique où le jardin botanique fruitier fera le bonheur des amateurs. Vous croiserez ensuite Muro et son église baroque à la belle façade restaurée illustrant le thème de l’Annonciation, avant d’atteindre Feliceto, 4 km plus loin. Longtemps au cœur de la production locale d’huile d’olive, ce joli bourg assez actif conserve l’un des derniers moulins de Balagne. Sa fière église Saint-Nicolas, en contrebas de la placette du village, mérite une visite. A côté de l’hôtel Mare e Monti, vous pourrez déguster l’huile et les vins du Domaine Renucci.
Entre Feliceto et Speloncato, le village de caractère de Nessa s’étage à flanc de montagne. Moins touristique que ses voisins, il mérite que l’on prenne le temps de flâner au fil de ses ruelles bordées de hautes maisons. On remarque avec étonnement l’existence dans le village d’une “avenue Hua Bin Hoa”, qui témoigne des liens qui existèrent entre des habitants de Nessa et l’ancienne colonie française d’Indochine.