Saint-Pierre, "Le Petit Paris" des Antilles
Rayée de la carte un triste matin de 1902 par une éruption de la montagne Pelée, la jadis glorieuse cité, surnommée à l'époque "le Petit Paris des Antilles" s’est peu à peu reconstruite à partir des années 1920. La plus belle réussite est sans conteste la reconstitution de l’élégante et très créole Maison de la Bourse, sur la place Guérin. Mais il semble que l’ombre de la catastrophe plane toujours sur la ville et que ses 5 000 habitants (un sixième de sa population d’avant l’éruption) vivent toujours comme si le volcan devait se réveiller à chaque instant. La ville épouse les contours d’une baie magnifique et s’articule autour de deux rues parallèles, longues, étroites et en sens unique. Une belle plage de sable noir s’étend vers le sud, mais on lui préfère l’anse Turin, au sud, ou l’anse Céron, au nord, pour se baigner. En revanche, les épaves qui gisent dans la rade font le bonheur des plongeurs.
Un pompéi sous les tropiques
Fondée en 1635 par Pierre Belain d'Esnambuc, Saint-Pierre était la capitale économique et culturelle de la Martinique. Premier foyer de la colonisation, elle devint si florissante grâce à l'industrie du sucre, puis du rhum, et le commerce des esclave. Siège des gouverneurs anglais au cours des occupations britanniques (en 1762, 1794 et 1809), elle sera aussi, en 1848, le berceau de l'abolition de l'esclavage. À la fin du XIXe siècle, c'est une cité riche, dynamique, cosmopolite et moderne, qui dispose de l'eau courante, de l'électricité, du télégraphe et même d'un tramway hippomobile. Elle est dotée d'une cathédrale, du plus grand théâtre des Antilles et son carnaval est réputé. Jusqu'au jour où… Le volcan de la Pelée, qui domine la ville, donne des signes inquiétants d'éruption, mais Saint-Pierre est accaparée par la campagne électorale et aucune consigne d'évacuation n'est donnée. Le gouverneur de l'île, pour inciter ses concitoyens à voter, y fait même venir toute sa famille.
Mais à 8h02 du matin, dans une formidable explosion, une nuée ardente s'échappe du volcan. Ce nuage de cendres, de pierres et de gaz enflammés descend en trombe sur la ville et la rade. En quelques minutes, il ne reste plus rien de la glorieuse cité. L'éruption – la plus meurtrière du XXe siècle – a tué 28 000 personnes. Lorsque les secours, arrivés par la mer, débarquent, ils ne découvrent parmi les décombres fumants que deux survivants, un cordonnier et un prisonnier. Ce dernier, un petit voyou répondant au nom de Cyparis, devait sa survie à l'épaisseur des murs du cachot dans lequel il avait été jeté la veille pour ébriété ! Gracié par le nouveau gouverneur, Cyparis eut une fin plus pathétique encore: il rejoignit le cirque Barnum où il fut exhibé comme une bête de foire, dans une réplique de son cachot…
Les ruines de Saint-Pierre
Classée «ville d'art et d'histoire» en 1990, Saint-Pierre garde les stigmates de la tragédie. Si une partie des vestiges forme la base de la nouvelle ville, de nombreuses ruines sont restées en l'état, parfois gagnées par les herbes folles. Le circuit à bord du Cyparis Express vous en donnera le meilleur aperçu. Les plus impressionnantes sont celles du théâtre (rue Victor-Hugo), construit à la fin du XVIIIe siècle sur le modèle du théâtre de Bordeaux. En contrebas, se tient le cachot de Cyparis. Dans le quartier du Figuier (rue Gabriel-Péri), les entrepôts et magasins du port, protégés par la batterie d'Esnotz, ont échappé à la complète destruction. Au nord de la ville, en traversant la Roxelane par le pont de Pierres (1766), seul rescapé de l'éruption, vous accéderez au quartier du Fort, moins visité et dont les ruines à l'abandon (église, ruelle-escalier Monte-au-Ciel, asile, maison du Génie…) sont saisissantes. Enfin, la rade de Saint-Pierre, où une douzaine de navires ont été coulés par la nuée ardente, est un fascinant musée naval immergé.
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