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Publié le 04/02/2021 8 minutes de lecture
Quoi de mieux qu’une aventure en pleine nature, à respirer le bon air et admirer les grands espaces? Les randonnées de plusieurs jours allient la beauté de la nature au défi physique et logistique d’un voyage prolongé.Pour ceux qui veulent changer de braquet et passer de la randonnée d’un jour au trek de plusieurs jours plus aventureux, voici sept conseils de spécialistes enthousiastes travaillant pour cinq grandes agences de randonnées en Australie, au Canada, en Californie et ailleurs.Note de l’éditeur: Vérifiez les restrictions en vigueur avant de projeter tout voyage, et suivez toujours les recommandations de votre gouvernement.
1. Choisissez prudemment, et renseignez-vous soigneusement
Matt Berna, directeur général d’Intrepid Travel’s North American region nous donne son point de vue sur l’importance de décider de ce que vous souhaitez retirer de votre randonnée avant de passer du temps et de l’énergie à l’entreprendre.“D’après mon expérience, notamment comme guide, il est très important d’être honnête avec soi-même quand on pense à ce qu’on recherche et à ce qu’on veut faire – ce qu’on veut accomplir, dit-il. Par exemple, l’ascension du Kilimandjaro est pittoresque mais elle est ardue. C’est un vrai défi. Le but est-il de parvenir à un endroit difficile d’accès? Ou de cocher une case dans la listes des choses à faire? Est-ce simplement pour pouvoir dire qu’on l’a fait?” Berna insiste aussi sur le fait que la période de l’année à laquelle on fait le voyage a une influence sur le genre d’aventure qu’on va mener.“Certains itinéraires sont plus fréquentés que d’autres, selon l’endroit où vous choisissez d’aller et ce que vous voulez faire, ajoute-t-il. Si vous cherchez à vous perdre en pleine nature et à être seul, faites attention à la période: mieux vaut partir hors-saison, si vous êtes prêt à supporter des conditions météo plus capricieuses.”Berna suggère également d’essayer de randonner avec un guide pour votre première expérience de plusieurs jours, car des spécialistes peuvent vous enseigner comment se préparer à une aventure en solo, quand vous y serez prêt.Les voyages organisés avec un guide sont aussi une bonne solution. “Si vous voulez aller en pleine nature, renseignez-vous et envisagez peut-être des agences spécialisées: elles vous fourniront le matériel nécessaire, des bonbonnes d’oxygène, par exemple, et même des vêtements. Sur un trek comme l’Inca Trail, qui dure 4-5jours, les porteurs vous aident à emporter équipement, nourriture et eau. Vous donnerez de l’emploi à des gens du cru – et qui connaissent bien la région.”
2. Investissez dans un bon équipement
“Le mauvais temps, ça n’existe pas, il n’y a que des gens mal équipés!” dit Charlie Carlow, Propriétaire d’Arkaba Homestead en Australie-Méridionale, qui propose la Wild Bush Luxury – Arkaba Walk experience, une des Great Walks of Australia. Il suggère quelques éléments de votre équipement nécessaires à une randonnée de plusieurs jours dans l’outback pour être en sécurité et ne pas avoir froid. Il insiste au premier chef sur l’importance d’avoir des vraies chaussures de randonnée.“Les chaussures de sport ne conviennent pas pour un tel voyage. Il vaut mieux des chaussures de randonnée confortables, déjà bien utilisées, et qui maintiennent les chevilles, de préférence, dit-il. Il vous faudra aussi les classiques habituels d’une randonnée à pied dans l’outback: des vêtements qui respirent et plusieurs paires de bonnes chaussettes de marche. Les pantalons transformables sont pratiques, un imperméable léger impératif. Des sous-vêtements thermiques et un beanie (bonnet) vous maintiendront au chaud, en hiver. Une lampe frontale pour se déplacer la nuit, une fois le camp installé, est une bonne idée.”“La proportion de vêtements légers/chauds dépendra des prévisions météo, dit Tony Sharley, fondateur et guide principal de la Murray River Walk, une autre des Great Walks d’Australie. “En principe, vous devriez avoir dans votre sac sous-vêtements thermiques, chemise à manches longues sans coton, polaire, cache-cou, chapeau/bonnet, gants, manteau imperméable et pantalon long.”Becky Wong, animatrice du Sierra Club de Victoria, en Colombie-Britannique (Canada) confirme l’importance d’investir dans un bon équipement. Wong a guidé plus de 60treks avec le Sierra Club et est formatrice pour les randonnées internationales, et responsable qualité du club. “Personnellement, j’aime voyager avec un équipement de qualité et léger, parce que je n’aime pas emporter trop de choses – surtout dans les randos de plusieurs jours, dit-elle. Les vêtements sont très importants. Il faut quelque chose qui évacue l’humidité et permette de rester au chaud et au sec.” Wong ne partirait jamais non plus sans un bandana tout simple. “Ce carré de tissu est utile au soleil, sous la pluie, il peut servir de gant de toilette, de bandeau, de masque, ou protéger votre nuque”, dit-elle. Elle recommande aussi une “trousse à bobos” avec des produits médicaux de base tels que moleskine et crème anti-ampoules, bandages, lingettes, gaze, écran solaire, ainsi qu’antidouleurs et autres médicaments ou compléments alimentaires essentiels.“Le layering, (porter des couches de vêtements superposés) est un sujet constant de conversation, dit aussi Andy Kronen, directeur de la branche aventures en Amérique du Nord de REI, qui a randonné, sac au dos, toute sa vie. “Pour une sortie de plusieurs jours, à mon avis, les deux points matériels les plus importants sont les chaussures, solides, non neuves et adaptées au terrain, et un sac à dos bien ajusté.”“C’est même une très bonne idée que de partir une seule nuit juste pour tester votre équipement, chaussures et sac à dos, ajoute Matt Berna (Intrepid). Vous saurez ainsi exactement ce qu’il vous faut, si votre matériel est performant, vous apprendrez à prévoir vos repas, à tester votre système de filtration d’eau.”
3. Préparez votre voyage physiquement et mentalement
Essayez de vous entraîner au préalable en reproduisant, près de chez vous, les activités que vous ferez durant votre expédition.“Si vous vivez au niveau de la mer, ou que vous faites du sport en salle, ou encore que vous vivez comme un citadin, quand vous vous retrouvez à 3300m d’altitude sur un chemin pierreux, comme pour le trek de l’Inca trail, votre condition cardio-vasculaire est bien différente,” dit Kronen (REI).“Sortir quel que soit le temps, marcher sur un sentier, et être en altitude: si vous avez la possibilité de reproduire ces conditions chez vous, même s’il faut faire une heure de voiture pour arriver dans les montagnes, faites-le, ajoute-t-il. Il est également important de prendre le temps de s’acclimater et de s’habituer à l’altitude des randonnées les plus hautes.” Par exemple, si vous allez randonner au Machu Picchu, essayez d’arriver à Cusco quelques jours avant, pour vous acclimater à l’altitude avant de vous lancer dans le trek en lui-même.Matt Berna acquiesce. “Souvent, les gens se sont entraînés dans un environnement différent. Ils ont marché tous les jours, mais en arrivant dans les climats secs du désert du sud-ouest, par exemple, exposés au soleil et à l’altitude, ils sont beaucoup plus fatigués.” Ajoutez à ça les effets du décalage horaire pour arriver à destination, et la difficulté va être réelle. Becky Wong suggère d’augmenter graduellement la longueur de votre entraînement pour les treks les plus longs. “Essayez d’ajouter 3kilomètres chaque mois à votre parcours d’entraînement, dans les mois qui précèdent votre expédition. Plus vous serez préparé, plus elle sera gratifiante.”
4. Suivez les sept principes pour “ne pas laisser de traces”
Il est aussi important de respecter les sept "principes pour ne pas laisser de traces" en randonnée, où qu’on soit dans le monde. Becky Wong nous explique l’importance, quand on s’embarque pour un long trek, de préserver les paysages que l’on traverse, pour les futurs randonneurs et pour la faune et la flore locales. Les voici :
- S’organiser et se préparer longtemps à l’avance. “Faites une liste des consignes de sécurité à respecter, préparez-vous en conséquence et prévoyez votre équipement en fonction de tout ce qui peut se produire en chemin, dit-elle.”
- Camper sur des sols adéquats. En marchant, faites attention où vous posez les pieds, ne prenez pas de raccourcis, ne sortez pas des chemins.
- Bien gérer ses déchets. Remportez tout les restes, ordures et emballages de ce que vous avez apporté.
- Laisser sur place tout ce que vous trouvez. “N’emportez rien qui ne vous appartienne pas, je pense à des objets comme des pointes de flèches, par exemple, dit Becky Wong. Laissez-les sur place, pour que d’autres puissent les admirer!”
- Minimiser l’impact de votre feu de camp. Ne brûlez pas la terre, ne laissez pas de trace de votre passage.
- Respecter la faune et la flore. “Nous sommes sur leur territoire, dit Wong. Laissons les tranquilles.”
- Considérer les autres visiteurs. Ce qui implique de laisser le passage à d’autres randonneurs si nécessaire, et de s’effacer devant le chant de la nature en faisant soi-même le moins de bruit possible.
5. Respectez la région que vous visitez, respectez ses coutumes
Il est important de savoir ce qui se passe dans le monde au point de vue environnemental, d’honorer et de respecter la diversité, l’égalité et l’inclusion. “Il est important de discuter de la région où vous vous rendez dit Becky Wong. De se tenir au courant de l’actualité, et d’en faire part à tous ceux avec qui vous allez effectuer votre trek. Partez l’esprit ouvert, et laissez chez vous tous vos préjugés. Soyez patients. Soyez un ambassadeur de bonne volonté auprès de tous.”Elle insiste sur l’importance du respect et de la considération à avoir envers les autres randonneurs que vous croiserez dans cette région. “Si vous voyagez léger, ne le faites pas pour que les gens vous regardent. Prenez le temps d’admirer la beauté de la nature, rivières, montagnes ou cascades. Soyez-en reconnaissant et montrez que vous avez aimé ce que vous avez vu. Avec un peu de curiosité, ce n’est pas la distance parcourue qui compte mais la profondeur de votre découverte et ce que vous en apprenez.”
6. Organisez et préparez-vous longtemps à l’avance – attendez-vous à l’inattendu
“Le conseil essentiel, c’est de prévoir et de s’organiser, ajoute-t-elle. D’être prêt à toute situation. Cela va de s’assurer d’avoir assez d’eau à avoir le matériel adéquat. Soyez flexibles. Même si vous avez un projet, il faudra peut-être l’adapter aux circonstances. Le temps peut tourner très, très vite.” Kronen conseille lui aussi de garder l’œil sur les bulletins météo avant le départ, et de ne pas négliger son instinct quand il s’agit de choisir de ne pas prendre de risques.“Familiarisez-vous avec la région où vous allez, consultez les prévisions météo avant de partir, et sachez quelles vont être les conditions climatiques, dit-il. Il faut pouvoir se couvrir plus ou moins selon le temps, et toujours avoir de quoi se protéger de la pluie, même dans le désert.” Bien souvent, dans des régions comme le sud-ouest des États-Unis par exemple, les gens n’anticipent pas la forte amplitude de température entre le jour et la nuit, parce qu’ils ont une idée préconçue de ce qu’est un “désert”. De fait, il peut y avoir des différences de 50-60 degrés entre le jour et la nuit, à deux altitudes différentes, dans la même journée.Si quelque chose survient, ne prenez aucun risque inconsidéré, ne vous forcez pas à rejoindre une destination au risque de vous mettre, vous ou les gens avec qui vous randonnez, en danger. Si vous faites une randonnée de plusieurs jours en solo, avertissez quelqu’un du moment approximatif où vous devriez arriver à votre prochaine étape connue. “Dites toujours à quelqu’un où vous allez et combien de temps vous comptez y rester, parce que tout peut arriver, dit Berna. Il existe même aujourd’hui des sacs à dos équipés de balises: si jamais vous vous perdez, les secouristes peuvent vous localiser grâce à elles.”
7. Soyez malin, mais amusez-vous aussi
Choisissez un trek qui s’accorde avec vos centres d’intérêt, et ne cherchez pas forcément la randonnée la plus pittoresque – il n’y en a pas d’idéale. Les marches de plusieurs jours sont surtout faites pour en apprendre sur soi-même et sur son environnement. “Ça fait tellement de bien d’être dehors; passer un jour en pleine nature libère vraiment du stress, dit Kronen. C’est ce qui a fait de moi un défenseur de l’environnement et du monde naturel.”Berna acquiesce. “Quand j’imagine une randonnée de plusieurs jours, je pense plus à une expérience paisible et relaxante qu’à une marche difficile sur des pentes raides. J’aime faire de longues randonnées, mais peut-être pas forcément les plus difficiles. On peut adopter un rythme plus lent, et il s’agit plus d’apprécier la nature et d’avoir le temps de réfléchir. “Préparez vous aussi à nouer de belles amitiés, à apprendre des choses nouvelles, à devenir imaginatif et à vous trouver vous-même,” dit Sharley.Où que vous alliez, quelle que soit votre randonnée, il y a de bonnes chances que cette aventure change votre point de vue sur la puissance de la nature et vous inspire encore plus de respect pour notre mère la Terre.
Traduit par : Vincent Guilluy