Tibet : Histoire
28 000 av. J.-C.
Des outils et des armes en pierre découverts à Chupsang, à 85 km de Lhassa, témoignent d’une présence humaine sur le plateau tibétain, alors recouvert de glace.
300 av. J.-C.
La présence de communautés vivant dans des habitations en pierre et fabriquant des poteries est attestée sur le territoire. Des pétroglyphes indiquent le début de la diffusion du bouddhisme.
608
Une mission tibétaine est envoyée à la cour de l’empereur Yangdi. Ce premier contact direct avec la Chine accroît l’intérêt du Tibet pour les frontières de sa voisine.
629
Songtsen Gampo, 33e roi de la dynastie Yarlung, hérite du trône à l’âge de 13 ans. Unificateur du premier grand royaume tibétain attesté, il fait figure de héros historique et culturel.
Années 640
La princesse chinoise Wencheng et la princesse népalaise Bhrikuti, épouses de Songtsen Gampo, introduisent le bouddhisme au Tibet, mais aussi le tissage
de la soie et des méthodes agricoles.
VIIe siècle
L’Empire tibétain s’étend jusqu’à inclure le nord du Pakistan et les villes de Khotan et Dunhuang, sur la Route de la soie.
763
Le roi Trisong Detsen attaque Changan (actuelle Xian), la capitale chinoise, et impose à la Chine un tribut annuel de 50 000 rouleaux de soie.
Années 790
Le grand débat spirituel de Samye met face à face les partisans du bouddhisme indien et chinois. Les premiers l’emportent.
822
La Chine et le Tibet signent un traité définissant leurs frontières respectives, largement à l’avantage du second. Une stèle érigée à l’extérieur du Jokhang immortalise les termes de l’accord.
842
Le moine Lhalung Palgye Dorje assassine le roi Langdarma, un événement commémoré lors de fêtes monastiques par la danse du chapeau noir.
996
à l’extrême ouest du Tibet, le monastère de Thöling devient le principal centre bouddhique du pays ; les moines traduisent de nombreux textes sacrés provenant du Cachemire.
1042
Arrivée au Tibet d’Atisha, moine et érudit bengali. Avec son disciple Dromtönpa (1004-1064), il initie la tradition Kadampa, une école du bouddhisme tibétain.
1073
La famille Khon, dont l’origine remonte à la dynastie Yarlung, fonde l’école Sakyapa du bouddhisme tibétain, école qu’elle dirige.
1110-1193
Le premier karmapa (chefs de l’école Karma-kagyu) inaugure le concept de réincarnation, adopté ensuite par d’autres écoles bouddhiques tibétaines et pour la lignée des dalaï-lamas.
1201
Sakya Pandita (1182-1251), l’un des quatre fondateurs de l’école Sakyapa, reçoit en Inde l’enseignement de maîtres bouddhistes. Il crée une tradition littéraire tibétaine inspirée de la poésie sanscrite.
1240
Godan Khan, petit-fils de Gengis Khan, envahit le Tibet avec 30 000 hommes
et saccage le monastère de Reting.
1249
Sakya Pandita devient le conseiller spirituel de Godan Khan, qui l’investit comme chef temporel du Tibet.
1260
Kubilaï Khan et Phagpa, neveu de Sakya Pandita, inaugurent l’entente politico-religieuse (cho-yon) qui deviendra la règle entre les khans mongols, plus tard empereurs de Chine, et les lamas tibétains.
1268
Le premier recensement au Tibet central dénombre 40 000 foyers.
Un système d’impôt et une administration embryonnaires voient le jour.
1290
L’armée de Kubilaï Khan détruit les principaux centres Kagyupa et soutient l’école Sakyapa, qui amorce son déclin à la mort de l’empereur en 1294.
1357-1419
Tsongkhapa fonde l’école Gelugpa, écrit le Lam-rim chen-mo (Grand Livre de la progression vers l’Éveil) et introduit la fête de Mönlam (fête de la Grande Prière).
1368
La fin de la dynastie mongole des Yuan en Chine coïncide avec celle de la suprématie des Sakyapa au Tibet.
1565
Les rois du Tsang exercent le pouvoir temporel sur le Tibet depuis Shigatse. Le karmapa, chef d’une branche de l’école Kagyupa qui réside au monastère de Tsurphu, est investi de l’autorité spirituelle.
1578
Le chef Mongol Altan Khan se convertit au bouddhisme et confère le titre de dalaï-lama à Sonam Gyatso ainsi qu’à ses deux prédécesseurs à titre posthume.
1588
Le 3e dalaï-lama meurt sur le chemin du retour après une visite à la cour des Ming à Pékin.
1601
Début de la tradition qui veut que le panchen-lama participe à l’identification du dalaï-lama.
1624
Des jésuites partis de Goa établissent la première mission chrétienne au Tibet.
1640-1642
Après avoir envahi le Tibet, le chef mongol Gushri Khan confie le pouvoir religieux et temporel au 5e dalaï-lama. Ce dernier fait de Lhassa sa capitale et entame la construction du Potala.
1652
L’empereur mandchou Shunzhi invite en Chine le 5e dalaï-lama, qui séjourne au temple jaune de l’Ouest, construit pour lui à la périphérie de Pékin.
1695
Achèvement du Potala et annonce de la mort du 5e dalaï-lama, intervenue douze ans plus tôt.
1706
L’armée de Lhabzang Khan pénètre dans Lhassa, dépose le 6e dalaï-lama et installe à sa place Yeshi Gyatso, non reconnu par les Tibétains.
1716-1721
Le prêtre italien Ippolito Desideri se rend au royaume de Guge et à Lhassa, où il tente pendant cinq ans de convertir les Tibétains au catholicisme. Il est le premier Occidental à voir le mont Kailash.
1724
La dynastie manchoue des Qing régnant sur la Chine nomme des amban pour administrer le Tibet.
1774
Parti étudier la possibilité d’échanges commerciaux avec le Tibet, l’Écossais George Bogle passe l’hiver au monastère de Tashilhunpo à Shigatse.
1788
L’armée chinoise boute les envahisseurs népalais du Tibet. Les Gurkas reviennent trois ans plus tard et sont de nouveau chassés.
1879
Le 13e dalaï-lama est intronisé. En 1895, il prononce ses vœux définitifs, devenant ainsi le chef du pouvoir temporel et spirituel au Tibet.
1893
Le Tibet cède le Sikkim et ouvre la vallée de Chumbi au commerce avec les Indes britanniques.
1904
Une armée britannique envahit le Tibet depuis le Sikkim, entraînant la fuite du 13e dalaï-lama en Mongolie.
1907
La convention anglo-russe qui détermine les sphères d’influence des signataires en Perse, en Afghanistan et au Tibet reconnaît la suzeraineté chinoise sur ce dernier.
1909
Le 13e dalaï-lama rentre à Lhassa après cinq ans d’absence.
1910
L’amban Zhao Erfeng mène une campagne armée au Tibet pour rétablir l’autorité des Qing et dévaste Lhassa. Le dalaï-lama s’enfuit à nouveau, cette fois en Inde. À son retour, il déclare l’indépendance du pays.
1913
La convention signée à Simla (Inde) entre la Grande-Bretagne, la Chine et le Tibet redéfinit les frontières sino-tibétaines.
1923
Le différend entre le 13e dalaï-lama et le 9e panchen-lama conduit celui-ci à s’exiler à Pékin, où il tombe sous l’influence chinoise. Il décède 14 ans plus tard en rentrant au Tibet.
1933-1947
Entre la mort du 13e dalaï-lama et 1947, le pouvoir temporel est exercé par le jeune régent Reting Rinpoche, éminent lama de l’école Gelugpa mais dépourvu d’expérience politique.
1935
Le 14e dalaï-lama naît à Taktser, un village de l’Amdo (actuel Qinghai) proche de Xining. Ses frères aîné et cadet sont également des tulku (lamas réincarnés).
1950
À la prise de Chamdo par l’Armée populaire de libération,
le gouvernement tibétain à Lhassa réagit en intronisant le 14e dalaï-lama.
1950
La Grande-Bretagne et l’Inde, alliés traditionnels du Tibet, convainquent les Nations unies de ne pas condamner l’agression chinoise.
1951
Les représentants du dalaï-lama signent l’accord en 17 points qui reconnaît la souveraineté de la République populaire de Chine au Tibet avec le maintien d’une certaine autonomie.
1954
Le dalaï-lama passe près d’un an à Pékin, où il rencontre Mao Zedong.
1955
La province chinoise du Xikang, qui englobait la majeure partie de l’ancienne région tibétaine du Kham, est absorbée par la province du Sichuan.
1956
Des rébellions éclatent dans des monastères du Kham (actuel Sichuan occidental), dont celui de Litang, assiégé pendant 67 jours et bombardé par avion.
Fin des années 1950
Des Khampas forment le mouvement de résistance Chushi Gangdruk. Des groupes d’exilés tibétains en Inde prennent contact avec la CIA, pour recevoir un soutien.
1964
Trois ans après sa Pétition en 70 000 caractères dénonçant la politique chinoise au Tibet, le 10e panchen-lama est arrêté et destitué.
1er septembre 1965
Fondation officielle de la région autonome du Tibet.
1967-1976
La Révolution culturelle se traduit par l’emprisonnement de milliers de Tibétains et la destruction du patrimoine religieux.
1975
Fermeture des dernières bases de la guérilla tibétaine financée par la CIA au Mustang, dans le nord du Népal.
1979-1985
Dans une phase de libéralisation et de réformes, la Chine accorde au Tibet une liberté de culte relative. Cependant, seuls 45 des quelque 2 000 monastères qui existaient en 1950 rouvrent leurs portes.
1982 et 1984
Une mission tibétaine de trois délégués se rend à Pékin pour engager des pourparlers avec les dirigeants chinois, mais sans succès. Il en ira de même en 1984.
1987-1989
Des manifestations pour l’indépendance ont lieu à Lhassa. Les autorités chinoises répondent par une répression violente et l’instauration de la loi martiale.
1989
Le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix.
2006
Des alpinistes occidentaux filment depuis le mont Cho Oyu des gardes-frontières chinois qui tirent sur des nonnes désarmées fuyant vers le Népal par le Nangpa-la.
2007
En vertu d’une nouvelle loi, tous les tulku doivent être approuvés par le gouvernement chinois.
2008
À l’approche des Jeux olympiques de Pékin, les pires émeutes depuis vingt ans éclatent à Lhassa, dans le sud du Gansu et au Sichuan occidental, faisant 19 morts et provoquant des milliers d’arrestations.
2008
Le gouvernement britannique reconnaît pour la première fois la “souveraineté” de la Chine sur le Tibet et non plus sa “suzeraineté”.
2010
Le séisme de magnitude 6,9 qui secoue la ville de Jyekundo (Yushu), dans l’Amdo (sud-est du Qinghai), tue 1 700 personnes et détruit de nombreuses habitations.
2011
Élu Premier ministre du gouvernement tibétain en exil, l’universitaire et juriste international Lobsang Sangay fait figure de successeur politique du dalaï-lama.
2012
Deux Tibétains s’immolent par le feu sur le circuit du Barkhor, ajoutant leur nom aux 130 qui se sont suicidés de cette façon en 2011 pour protester contre l’occupation chinoise.