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Publié le 23/07/2025 5 minutes de lecture
Envie de volcans actifs, de villages suspendus, de plages de sable noir, de pasta alle vongole ou de cannelli inoubliables ? Cap sur les îles Éoliennes, un archipel brut et solaire, où chaque escale est une aventure à la fois douce et volcanique entre ciel, feu et mer.

Palerme, première escale sous le soleil sicilien
Nous atterrissons à Palerme un après-midi du mois de mai, idéal pour explorer la Sicile, que nous atterrissons à Palerme. Des balcons de l’appartement années 30 de Giovanni, notre hôte, la lumière caresse les façades fanées des palais. Sur ses conseils, nous descendons la via Maqueda jusqu’à la trattoria Scapio : festin fruits de mer, plats copieux, chaleur locale. Le goût de la Sicile s’installe. Plus tard, nous flânons le long d’échoppes nomades. Jazz, cocktails servis depuis un food truck en forme d’orange, un Sicilien de Poitiers revenu en vacances au pays qui nous raconte ses traditions. Et une enfant rom persévérante qui nous suit, persuadée qu’elle finira par avoir gain de cause. Palerme, à la tombée de la nuit.
Palerme au petit matin : café serré avalé au comptoir, cap sur le Palais des Normands et sa chapelle palatine, puis sur la cathédrale, à la fois austère et orientale. Mais c’est le marché de Ballarò qui nous saisit : chaos savoureux de cris, d’odeurs et de couleurs. Légumes étranges, cannlis dorés, nèfles acidulées. Spaghetti alle vongole dégustés sur le pouce dans une échoppe… Nous sommes déjà grisés et rassasiés de dépaysement. Plus tard, au détour d’une balade digestive au parc della Salute en bord de mer, les voiles de cerfs-volants flottent au vent comme la promesse d’un nouveau cap : les Îles Éoliennes.

Cap sur Vulcano, l’île qui fume
Depuis Capo d’Orlando, à deux heures de train de Palerme et où nous avons loué un catamaran, nous mettons le cap au nord, moteur allumé, car Éole se fait discret un archipel qui porte pourtant son nom. Direction Vulcano. À l’approche de l’île-volcan, les fumerolles du cratère nous intriguent gentiment. Ciel gris, décor presque fantomatique. Avec ses hôtels comme laissés en plant entre mer et montagne, le village où nous accostons semble abandonné. L’ascension du Gran Cratere, 390 mètres plus haut, révèle une nature et une géologie changeantes tous les 100 m ou presque. Tout en haut, nous avons le souffle coupé par la vue et par l’odeur du soufre ! Les fumerolles crachent un gaz irritant tandis que la mer s’étire, parsemée d’îlots découpés comme des éclats de roche plantés dans l’eau.

Lipari, l’île de la dolce vita
Lundi matin, le vent ne souffle toujours pas mais le soleil est là. Lipari, la plus vaste des Éoliennes, nous attend. Scooters enfourchés, nous partons l’explorer. Au nord, une ancienne carrière de pierre ponce, poétique et silencieuse, dévoile au sol des éclats d’obsidienne, cette pierre-miroir censée révéler les vérités enfouies. Nous en ramassons quelques morceaux qui ne quitteront plus nos poches. Plus loin, un point de vue splendide s’ouvre sur l’île de Salina, derrière des figuiers de barbarie. Une limonade au sel et au citron, spécialité locale servie par un îlois fort sympathique, désaltère l’instant. En contrebas, le domaine viticole au design épuré de Castellaro nous fait goûter un blanc minéral et quelques bulles osées. L’heure est à l’apéro, sous un soleil qui se perd doucement dans les vignes. De retour à Lipari, nous déambulons dans les rues piétonnes imprégnées de dolce vita, avant de nous poser à l’Hôtel Oriente, où résonnent encore les mots de Lampedusa, Maupassant et Dumas, d’anciens visiteurs.

A l’ascension du Stromboli
Mardi. Nous voilà au pied du Stromboli, le volcan vivant, grondant toutes les dix minutes comme une porte de hangar en tôle qu’on claque et re-claque. Nous partons pour une ascension de 1h40 jusqu’au belvédère autorisé, rythmée par les vibrations sourdes du cratère. Le soleil décline, nous ne sommes pas seuls, mais le spectacle reste saisissant : jaillissements de feu, crépuscule rougeoyant, nature à vif. La descente dans le sable noir, éclairée par la lune, nous ramène à notre petitesse. De retour en mer, les fumées du volcan réveillent les images de Stromboli, le chef d’oeuvre de Rossellini, la silhouette bouleversante d’Ingrid Bergman et de vagues craintes d’un réveil du monstre insomniaque…
Une halte à Panera
Changement d’ambiance à Panarea, l’île chic et confidentielle de la jet set italienne, où les boutiques n’affichent pas leurs prix. Une randonnée sur les crêtes nous mène jusqu’à Cala Junco, une crique turquoise bordée de falaises. Deux heures de marche parfois vertigineuse, mais une flore foisonnante et des vues à couper le souffle récompensent l’effort.

Une dernière étape à Salina
Jeudi, cap sur l’île de Salina, plus simple, plus vraie. En scooter, nous rejoignons Malfa, village perché qui descend sur une plage de pécheurs, où un déjeuner de gratins maison et de glace au citron et aux câpres au restaurant Papèro nous laisse un souvenir inoubliable. Plus loin, à Pollara, qui servit de décor au film Le Facteur avec Philippe Noiret, c’est un spectacle de falaises grignotées par la mer que nous découvrons. Quant à la jolie plage annoncée dans les guides, elle a disparu lors de la dernière tempête nous dit-on… À Lingua, de l’autre côté de l’île, dernière halte gourmande chez Alfredo, glacier culte. Face à Lipari, la dolce vita s’étire.

Le lendemain, notre dernière matinée dans les îles Éoliennes s’ouvre sur une rencontre précieuse : celle de Tanino Cincotta, alias l’Œil de Salina. Cet artiste sculpteur transforme le bois flotté et les objets rejetés par la mer en œuvres sensible et drôles. Nous repartons avec l’une d’elles, comme un talisman. Le vent, enfin levé, nous pousse vers Capo d’Orlando pour une ultime nuit sur l’eau. Et pour adoucir la fin du voyage, nous nous permettons une petite halte dans la station balnéaire de Cefalù. Sa superbe cathédrale, ses ruelles médiévales et sa plage de sable blanc bordée d’eaux cristallines offrent un cadre idéal pour conclure un voyage entre douceur marine et souffle volcanique.

Faire une croisière sur les îles éoliennes : le guide pratique
Pour une croisière réussie, commencez par réserver à l’avance un catamaran adapté au nombre de participants. La plateforme Global Sailors propose la location de catamarans ou de monocoques, avec ou sans skipper. Si vous choisissez de naviguer sans skipper, assurez-vous qu’au moins l’un des membres de l’équipage possède une certification nautique reconnue (ICC, permis plaisance français, RYA Day Skipper, ASA‑104, US Sailing IPC…).
Une fois sur place, les îles de Lipari et Salina offrent de nombreuses options pour explorer l’intérieur des terres : vous trouverez facilement des locations de scooters ou de vélos électriques à proximité des marinas ou des embarcadères.
Si vous préférez passer d’île en île en toute simplicité, sachez que des ferries assurent des liaisons régulières entre les principales îles, plusieurs fois par jour.
Pour grimper au Stromboli, soyez bien chaussé, munissez-vous d’un petit pull pour les soirées fraiches et d’une lampe frontale pour le retour. N’oubliez pas de vous hydrater ! L’ambiance est hot hot hot !
Avant de partir ou pendant votre croisière, plongez-vous dans l’atmosphère des Éoliennes avec quelques œuvres inspirantes :
Films :
Le Facteur de Michael Radford et Massimo Troisi, Stromboli et La Terra Trema de Roberto Rossellini, ou encore le plus décalé Stromboli de Michiel van Erp.
Livres :
Excursion aux Îles Éoliennes d’Alexandre Dumas, un récit de voyage plein de charme et de découvertes, Un été avec Homère de Sylvain Tesson.