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Publié le 18/09/2019 4 minutes de lecture
Véritable carrefour commercial et culturel d'Asie Centrale, la route de la Soie a relié pendant des siècles les civilisations orientales et occidentales par un chemin traversant montagnes et déserts. Sur son tracé, on y trouve de nombreuses cités d'Asie centrale devenant des foyers d'échanges de marchandises, d'idées et de savoir-faire. Les voyageurs du XXIème siècle peuvent encore aujourd'hui suivre les anciennes étapes de la route de la soie à travers un itinéraire traversant pas moins de 6 pays.
Un peu d'histoire...
Il n’a, en réalité, jamais existé une seule “route de la Soie”– les itinéraires fluctuaient selon le contexte local. Une partie du réseau pouvait être rendue impraticable par un conflit ou une catastrophe naturelle. Les itinéraires du nord étaient exposés aux attaques des cavaliers nomades, et les points de ravitaillement en vivres et en montures y étaient rares. Au sud, on craignait les déserts et la neige qui obstruait les cols. Si le grand point de départ oriental a toujours été la capitale chinoise de Chang’an (actuelle Xi’an), le réseau s’est étendu à travers le désert et les montagnes de l’Asie centrale jusqu’en Iran, au Levant et à Constantinople. Des embranchements majeurs conduisaient au sud vers l’Inde, à travers la chaîne du Karakoram, et au nord vers le Kharezm et la Volga, à travers la porte de Dzoungarie et les steppes.
Le commerce sur la route de la Soie
La soie rassemblait toutes les qualités indispensables à ces commerces au long cours : légèreté, exotisme, popularité et valeur marchande. Le développement de la route de la Soie fut en grande partie dû, à ses débuts, aux besoins en chevaux d’une Chine occupée à contenir les nomades qui se pressaient à sa frontière nord ; la soie leur était vendue en échange de la livraison régulière de montures.Même si la balance des échanges penchait fortement en faveur de l’Empire céleste, les marchandises n’en circulaient pas moins dans les deux sens. Ainsi, la Chine importait-elle, entre autres biens, or, argent, ivoire, lapis, laine, chevaux, noix, grenades, raisin et vin... Les articles appréciés en Occident étaient la soie, mais aussi la porcelaine, le papier, le thé, le gingembre, les laques, le bambou, les épices, l’encens, les herbes médicinales, les pierres précieuses et les parfums.
Passage obligé au cœur des diverses routes, l’Asie centrale régulait les échangeset fournissait les montures qui permettaient au flux des marchandises de s’écouler dans les deux sens. Les marchandises voyageaient rarement d’un bout à l’autre de la route de la Soie ; les caravaniers opéraient principalement sur desdistances courtes ou moyennes, vendant et chargeant les marchandises à l’intérieur d’un secteur donné. Lespremiers échangess’effectuaient entre les nomades des steppes et les communautés sédentaires, qui avaient recours au troc. Plus tard, l'économie monétaire permit ledéveloppement de transactions commercialessur de longues distances.Boukhara et Samarcande étaient deux étapes à mi-parcours, où les caravaniers d’Alep et de Bagdad rencontraient les marchands de Kachgar et de Yarkand. Le long des routes, un réseau de rabat (caravansérails) offrait logements, écuries et entrepôts. Des intermédiaires, tels les Sogdiens, amassèrent des fortunes qu’ils dépensèrent pourembellir des cités caravanières, comme Gourgandj (l’actuelle Kounia-Ourguentch), Merv et Boukhara. Ces villes offraient des services tout aussi vitaux : courtiers pour établir des contrats, banques pour ouvrir une ligne de crédit et marchés pour écouler les marchandises.
Un héritage culturel
La route de la Soie fit aussi naître des échanges intellectuels et religieux. Curieusement, si la majeure partie du commerce se faisait vers l’ouest, les idées religieuses se diffusaient essentiellement à l’est.Parti d’Inde, le bouddhisme s’est répandu en Chine via l’Asie centrale grâce aux voies marchandes et en est revenu en suivant le même chemin. On a du mal à imaginer que des monastères bouddhiques dominaient autrefois la vie culturelle de l’Asie centrale. Aujourd’hui, il n’en reste plus que des traces archéologiques ténues à Adjina Tepe au Tadjikistan, à Kouva (vallée de Fergana) et aux environs de Termez en Ouzbékistan. Les artistes marchant dans les pas des commerçants, des pèlerins et des missionnaires, les styles et les instruments de musique (comme le luth) traversèrent également les frontières.À la religion et à l’art, il convient d’ajouter le partage des savoir-faire. Des commerçants sogdiens révélèrent la technique nécessaire pour fabriquer la cotte de mailles, le verre fin, le vin et l’irrigation. Des Chinois, l’Asie centrale apprit à couler le fer et à fabriquer du papier.