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Publié le 22/03/2020 5 minutes de lecture
Le Népal se prépare à une nouvelle saison très active de randonnées sur ses itinéraires les plus fréquentés. Pour de nombreux amateurs d’aventure, ce sera l’occasion de faire enfin la randonnée jusqu’au camp de base de l’Everest. Malheureusement, la popularité de la région implique aussi qu’elle est de plus en plus fréquentée par certains randonneurs qui auraient bien besoin d’une petite leçon de savoir-vivre.On rencontre toutes sortes de gens lorsque l’on voyage, mais il semble qu’il n’y ait rien de tel qu’un sentier surpeuplé de l’Himalaya pour réveiller l’abruti qui sommeille en certains. En disant cela, je songe à ce randonneur européen qui se permit un jour de hurler méchamment à mon guide (un Népalais pur jus) qu’il marchait “du mauvais côté de la piste” (comme s’il pouvait y avoir un bon et un mauvais côtés sur un sentier boueux situé à plus de 4.000Mètres d’altitude).Bien sûr, il existe des manières plus subtiles de mal se comporter sur le chemin du camp de base de l’Everest, que ce soit en polluant l’environnement, en manquant de respect à la population locale ou en ne faisant pas attention aux autres trekkers. En cette période où même les plus hauts sommets de l’Himalaya sont jonchés de détritus et où les glaciers fondent, la hausse de la fréquentation sur les sentiers peut avoir des effets désastreux. Voici donc quelques conseils pour les voyageurs qui souhaitent que leur expérience de l’ascension jusqu’au camp de base de l’Everest soit aussi positive pour eux que pour les autres.
Ne vous plaignez pas du manque de confort
Très prisé, le camp de base de l’Everest se situe à plusieurs jours de randonnée, au sein d’une région reculée de l’Himalaya. Mieux vaut donc ne pas s’attendre à un traitement 5-étoiles. Les randonneurs devraient s’efforcer de ne jamais se plaindre du manque de confort. Je ne suis moi-même pas très fan du passage au petit matin dans les toilettes à la turque d’une maison à thé non chauffée, mais j’essaie de ne pas le crier sur tous les sommets. Il est très important de ne pas se plaindre du manque de confort. Car même si les autres randonneurs peuvent vous pardonner, cela peut aussi être perçu comme une insulte par les populations locales.Les guides se plient en quatre pour assurer le confort des randonneurs et se plaindre revient à leur dire qu’ils ne font pas bien leur travail, même si ce n’est pas le but recherché. Gardez à l’esprit que les plaintes et les reproches sont souvent des luxes de personnes privilégiées.
Utilisez les toilettes
En parlant de toilettes à la turque: faites-en bon usage. Par moments, la grosse commission dans les bois pourra sembler être une alternative plus pratique et souhaitable que les toilettes à la turque, mais par respect pour mère Nature, il vaut mieux préférer les toilettes. S’il est important d’utiliser les infrastructures prévues à cet effet, ce n’est pas en raison du risque (certes réel) de montrer ses fesses aux autres randonneurs, mais afin de préserver la qualité de l’eau potable dans les villages situés le long du trajet vers le camp de base.La surfréquentation du trajet menant au camp de base de l’Everest a pour effet secondaire qu’il est jonché de détritus en tous genres – déchets qui finissent inévitablement dans les systèmes d’approvisionnement en eau potable. Cette commission que vous avez très envie de faire dans la forêt risque donc de ne pas être sans conséquence sur la santé des habitants et des autres villages. Car, voyez-vous, le problème est que vous êtes très loin d’être seul à penser qu’il n’y a aucun mal à ce que vous faites.Heureusement, les randonneurs n’auront pas de mal à trouver des toilettes le long du trajet menant au camp de base de l’Everest: dans les maisons de thé, les restaurants et les boutiques. Et en cas de besoin réel, vous pouvez toujours aller dans les bois, tant que vous ne laissez pas votre papier toilette sur place et que vous faites un trou que vous reboucherez consciencieusement.
Sachez vous adapter
Si la randonnée jusqu’au camp de base de l’Everest est une véritable communion avec la nature, elle implique aussi de se trouver dans un environnement culturel totalement différent de celui que vous connaissez chez vous. Au Népal, les règles d’organisation sur la piste ou en dehors peuvent être différentes de ce à quoi vous êtes habituéVous vous souvenez du randonneur qui avait hurlé à mon guide qu’il “marchait du mauvais côté” de la piste? Nous étions là, en train de marcher à 14000 pieds d'altitude, quand il a eu le culot de tomber sur mon guide et de hurler “On est au Népal! On roule à gauche, ici!”.Tout d’abord, il n’y a ni bon ni mauvais côté sur la piste du camp de base de l’Everest – il s’agit juste de faire preuve de bon sens et de faire de son mieux pour ne pas se trouver sur le chemin d’un yack ou d’un porteur qui arrive. Ensuite, si cet homme avait passé un peu de temps à Katmandou, il aurait sans doute remarqué que le concept même de “conduire à gauche” est considéré comme une suggestion plutôt qu’une obligation au Népal.L’essentiel est de toujours savoir s’adapter. Les randonneurs doivent essayer de maintenir un certain niveau de flexibilité opérationnelle en chemin vers le camp de base de l'Everest. Adaptez-vous à la culture locale plutôt de leur imposer la vôtre. N'oubliez pas que ce n’est pas vous l'autorité - et que c'est très bien ainsi.
Garder un esprit de coureur de fond
Rejoindre le camp de base de l’Everest est, à n’en pas douter, une expérience très physique. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut la considérer comme une compétition. Le trek jusqu’au camp de base de l’Everest est significativement moins dangereux que l’ascension du plus haut sommet du monde, mais les risques ont la même origine: la surfréquentation. Lorsque les randonneurs commencent à se ruer sur des sentiers surpeuplés, les choses peuvent devenir dangereuses.C’est pourquoi il vous faut adopter une mentalité de coureur de fond. Après tout, le camp de base ne va pas s’enfuir ailleurs. En outre, l’arrivée pleine d’adrénaline au camp de base est suivie d’une descente de plusieurs jours, ce qui est une mauvaise nouvelle pour les randonneurs qui se seraient épuisés lors de la montée.Si j’en crois ma propre expérience de l’année dernière, la zone la plus fréquentée et problématique de l’ascension était la toute dernière partie, qui précède l’arrivée au camp de base. Pour résumer, plusieurs itinéraires permettent de rejoindre le camp de base, mais ils se rejoignent tous en un seul sentier plein de rochers sur les derniers kilomètres. L’accroissement soudain du nombre de randonneurs qui en résulte est d’autant plus dangereux que la vue des tentes jaunes du camp au loin les motive à aller plus vite.Il est important de toujours garder un esprit de coureur de fond et de ne pas oublier les consignes de sécurité lors de ce dernier effort. Non seulement cela vous permettra d’éviter une blessure ou une mauvaise expérience, mais cela pourrait aussi aider quelqu’un d’autre à profiter au mieux de son voyage dans l’Himalaya.
Apprenez les noms locaux
Enfin, vous devriez faire l’effort d’apprendre les noms locaux et l’histoire de l’Everest et des monts environnants. Cela ne fera pas nécessairement de vous un meilleur randonneur, mais cela témoigne de votre respect envers la culture des personnes dont vous êtes l’hôte.L’Everest, par exemple, ne fut baptisé comme tel qu’en 1865 par un géomètre britannique en l’honneur d’un autre géomètre britannique (Sir George Everest). Auparavant (et jusqu’à aujourd’hui encore), la plus haute montagne du monde était connue par les Sherpas sous le nom de “Chongolungma”, ce qui pourrait se traduire en gros par “Déesse mère du monde”.Il existe de nombreuses manières de faire du tourisme responsable au Népal. Il est même possible de choisir des treks alternatifs vers le camp de base de l’Everest. Mais pour un voyage vraiment éthique, dont vous sortirez grandi, il est essentiel de garder ces règles à l’esprit.
Traduit par : Yann Champion