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Publié le 05/06/2025 7 minutes de lecture
L’Auvergne ne se donne pas au premier regard. Il faut parfois marcher, grimper, se perdre pour qu’elle vous montre sa beauté brute : volcans endormis, lacs sombres, villages accrochés à la lave, vallées désertées. Voici 15 lieux à explorer, entre icônes et trésors bien gardés, qui révèlent l’âme profonde de cette région unique située au cœur du Massif central.

1. Le Puy de Dôme, l’icône qui tient ses promesses
Aucun voyage en Auvergne ne devrait faire l’impasse sur ce géant volcanique de 1 465 m, à la fois symbole régional et phare naturel. Du sommet, la chaîne des Puys, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’étire sur l’horizon comme une armée de cônes endormis. Ce site, pourtant très fréquenté, réussit l’exploit de rester spectaculaire à chaque visite.
La montée par le chemin des Muletiers (1h15, 350 m de dénivelé) est un classique. Pour les moins sportifs, le Panoramique des Dômes, un train à crémaillère grimpe depuis Orcines en 15 minutes. En haut, on découvre les vestiges du temple de Mercure, un sentier de crête panoramique et une vue qui porte jusqu’au Sancy et à la Limagne.
2. La Vallée de la Santoire, un lieu idéal pour se ressourcer
Entre Dienne et Allanche, la vallée glaciaire de la Santoire est l’un des derniers coins du Cantal à être peu fréquenté. Pas de sentiers balisés grand public, pas de panneaux touristiques, juste une route sinueuse et quelques burons à l’abandon. La rivière suit la courbe du relief, les vaches Salers paissent sans barrière, et le téléphone ne capte plus !
Le meilleur moyen de découvrir la vallée ? En voiture ou à vélo en suivant la D680 sur une quinzaine de kilomètres, puis à pied, en partant à vue sur les plateaux d’estive. Vous êtes entre le plateau du Limon, les pentes du Puy Mary et le sud du Cézallier : c’est l’Auvergne dans sa forme la plus rude, la plus dépouillée — mais aussi la plus pure.

3. Salers, le village médiéval qui ne triche pas
Certains villages classés “Plus Beaux Villages de France” sonnent creux. Pas Salers. À 950 mètres d’altitude, il domine les vallées du Cantal comme une sentinelle de basalte. Ses maisons aux façades sombres, les toits d’ardoise, les encadrements sculptés dans la pierre volcanique donnent à ses rues une intensité presque austère. Et pourtant, Salers vit : on y trouve des artisans (la Maison Barrié, fabricant de sabots), des restaurants où l’on sert une truffade auvergnate sans folklore, et des hébergements loin des standards aseptisés.
Le mieux est d’y arriver en fin d’après-midi : la lumière rasante éclaire les toits, les touristes repartent, et la brume commence parfois à monter des vallées.

4. Le lac du Guéry, une atmosphère nordique en Auvergne
Moins touristique que le lac Pavin, le lac du Guéry culmine à 1 244 m, entre le Mont-Dore et Orcival. Encadré par les roches Tuillière et Sanadoire, deux pitons volcaniques spectaculaires, il dégage une atmosphère de calme nordique, surtout au petit matin quand la brume flotte encore au ras de l’eau.
En hiver, c’est le seul lac de France où l’on pêche sur glace, encadré par une réglementation stricte. Le reste de l’année, c’est une base idéale pour des balades faciles : un sentier fait le tour du plan d’eau (boucle 45 min), mais les plus motivés peuvent grimper jusqu’au Puy Gros ou suivre la crête du Guéry pour un panorama sur le massif du Sancy.

5. Blesle, le village que l’on voudrait garder pour soi
Coincé dans une boucle de la Voireuze, Blesle est l’un des plus beaux villages de France — mais étonnamment peu visité. Ce qui frappe ici, c’est le calme profond, loin de tout axe majeur. Ses ruelles médiévales forment un dédale de pierres blondes, de maisons à pans de bois, de passages voûtés. Le genre d’endroit où on ralentit sans effort.
On y découvre aussi des jardins en terrasses, des petits ponts sur la rivière, et quelques galeries d’art discrètes. En été, le festival de musique “Blesle en Musique” lui insuffle une énergie communicative.

6. Le Cézallier, l’Auvergne en version steppe mongole
À l’écart de tout axe touristique, le plateau du Cézallier est une immensité herbeuse entre Allanche et Ardes-sur-Couze, posée à 1 200 m d’altitude. Pas un arbre. Très peu de villages. Juste des burons, quelques troupeaux, et une route (la D678) qui semble traverser un pays oublié. Pas étonnant que la région soit surnommée « la Mongolie auvergnate » !
C’est un paradis pour les voyageurs adeptes de slow travel : cyclistes au long cours, randonneurs en bivouac, amateurs de van aménagé. Le GRP Tour du Cézallier balise un itinéraire de 135 km, accessible en étapes de 15 à 25 km.

7. Clermont-Ferrand, la ville noire au cœur chaud
Construite en pierre de lave noire, Clermont-Ferrand est l'une des rares villes françaises à conjuguer puissance minérale et chaleur humaine. Ici, les façades sombres racontent l’Auvergne géologique, mais la vie déborde des terrasses, des librairies, des salles de concert.
Le cœur historique se concentre autour de la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, chef-d’œuvre gothique tout en pierre de Volvic. À quelques rues, le quartier de la rue Terrasse mélange bars étudiants et galeries alternatives, pendant que les halles de Jaude accueillent les marchés matinaux sous des verrières rétro.
Pour prendre de la hauteur, grimpez au parc Montjuzet : panorama complet sur la ville, la chaîne des Puys et le sommet du Puy de Dôme, souvent enneigé au loin. Et pour une pause thermale, Royat est à 10 minutes en tram : jets chauds, hammam, ambiance début XXe siècle.
Bon à savoir : À quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, ne ratez pas le parc d'attractions Vulcania. Une sortie parfaite en famille pour comprendre les forces qui ont façonné l’Auvergne.
8. Gorges de l’Alagnon, le canyon secret
Oubliées des grands circuits, les gorges de l’Alagnon se faufilent discrètement entre Massiac, Léotoing et Lempdes-sur-Allagnon. Pas d’équipement touristique, pas de signalétique en surabondance : juste un cours d’eau vif qui a taillé son chemin entre pentes boisées, blocs de schiste et chaos basaltique.
Plusieurs accès existent, mais le plus immersif démarre depuis Léotoing : on descend à pied vers le pont de Vernède, puis on suit l’Alagnon sur un sentier en balcon jusqu’à Torsiac. En été, on trouve des zones de baignade sauvage, de petites plages de galets, et une fraîcheur constante même par 30°C.
9. Chilhac, le village de lave
Peu de villages en France sont perchés de manière aussi spectaculaire. Chilhac, minuscule bourg de Haute-Loire, est littéralement planté sur une coulée de lave solidifiée, dominant un méandre de l’Allier. Le mur basaltique qui soutient ses maisons forme un rempart naturel noir, comme figé dans le temps. En contrebas : la rivière, large et claire, bordée de galets ronds.
Le village se traverse en dix minutes, mais il faut prendre le temps : marcher jusqu’au belvédère, visiter le musée paléontologique (riche en fossiles et ossements de mammifères géants), explorer les ruelles pentues, grimper jusqu’aux anciens fours à chaux, redescendre ensuite pour une baignade dans l’Allier (plage non surveillée, mais sauvage).

10. La cascade de la Beaume, une chute puissante dans un décor volcanique
À 10 minutes du village de Solignac-sur-Loire, la cascade de la Beaume tombe droit dans un ancien cratère. Haute de 27 mètres, elle s’écrase au fond d’un amphithéâtre de colonnes de basalte, parfaitement dessinées. Le sentier qui y descend est court (10 min), parfois glissant, mais facile.
Même en été, l’endroit reste relativement peu fréquenté. On peut s’installer sur les rochers pour un pique-nique, ou remonter un peu le ruisseau pour être seul. Le débit est le plus impressionnant au printemps ou juste après un orage.

11. Puy Mary, le sommet emblématique du Cantal
Le Puy Mary (1 783 m), avec sa forme de pyramide parfaite, marque le centre géologique du Cantal. C’est le point de rencontre de huit vallées glaciaires, qui dessinent depuis son sommet une étoile naturelle — une vue unique en France. Par temps clair, on aperçoit le Cézallier, le Sancy, le Puy Griou et, à l’horizon, parfois l’Aubrac.
L’accès classique se fait depuis le col du Pas de Peyrol (1 589 m), via un sentier empierré qui grimpe en 30 à 40 minutes (environ 200 m de dénivelé). C’est court, raide mais faisable, avec un minimum d’équipement. Le sentier est large mais peut être glissant par temps humide.
12. Saint-Nectaire, roman pur jus et fromage au lait cru
Connu pour son fromage, Saint-Nectaire est aussi l’un des villages les plus emblématiques du patrimoine roman auvergnat. En arrivant, on lève les yeux vers l’église Notre-Dame-du-Mont-Cornadore, perchée au-dessus du bourg : chef-d’œuvre du XIIe siècle, austère et sculptée dans la pierre volcanique. L’intérieur est sobre, mais les chapiteaux (dont ceux de la crypte) valent la visite. La vue depuis l’esplanade est dégagée et impressionnante.
En bas, le vieux Saint-Nectaire garde les traces de son passé thermal : façades Belle Époque, anciens établissements aujourd’hui reconvertis. On y trouve également un petit réseau de grottes troglodytiques, creusées dans la roche volcanique.
Avant de partir, n’oubliez pas goûter un Saint-Nectaire fermier au lait cru à la Maison du Fromage ou chez GAEC de l’Oiseau !

13. Méandre de Queuille, un belvédère à couper le souffle
À une trentaine de kilomètres de Riom, le méandre de Queuille offre un point de vue à couper le souffle : la rivière Sioule dessine ici un virage en épingle, refermé presque en cercle, autour d’une presqu’île couverte de hêtres et de pins. En haut, depuis un petit promontoire aménagé, on domine la boucle entière, avec un dénivelé de près de 200 m.
Le belvédère est accessible en 5 minutes depuis un parking au centre du village.
14. Lac Chauvet, le jumeau sauvage du Pavin
À seulement 5 minutes du très touristique lac Pavin, le lac Chauvet est son opposé complet : aucun aménagement, aucun panneau, très peu de visiteurs, et une atmosphère presque primitive. Ce lac parfaitement circulaire est né d’une explosion phréatomagmatique vieille de plus de 100 000 ans, comme son voisin, mais il est resté dans l’ombre.
On le découvre en bord de route, entre Picherande et Montcineyre. Un petit parking permet de se garer à l’entrée du sentier. Le chemin, en terre et souvent boueux, fait le tour complet du cratère (2,8 km, plat, 45 min à 1 h). Le tracé n’est pas balisé, mais facile à suivre.

15. Le volcan de Lemptégy, un voyage au centre du cratère
Rarement un volcan se laisse approcher d’aussi près. À Lemptégy, dans la chaîne des Puys, on marche littéralement dans un cône volcanique ouvert, creusé par l’exploitation de la pouzzolane pendant des décennies. Résultat : un cratère mis à nu, où l’on lit l’histoire du volcanisme comme sur un livre ouvert.
Le site se visite à pied ou en petit train, avec un guide passionné qui vous fait découvrir les couches géologiques et anciennes cheminées figées dans le basalte.
Le lieu propose également des animations (notamment pour les familles), un parcours immersif 4D et un espace muséographique. Si Vulcania est la version “parc d’attractions”, Lemptégy est la version terrain, au plus près de la roche.
