De Koyasan à Shikoku : itinéraire sur des lieux sacrés et millénaires du Japon.

À l'aventure !

De Koyasan à Shikoku : voyage dans un Japon sacré et millénaire

© Wakayama Tourism Federation

Synonyme de beauté et de quête de perfection spirituelle, Koyasan et Shikoku sont indissociables de Kobo Daishi Kukai, qui a diffusé le bouddhisme ésotérique au retour de son long voyage dans la Chine des Tang. Voici un itinéraire sur ces lieux sacrés et millénaires du Japon: de Koyasan, véritable lotus formé de montagnes et épicentre du Shingon, au pèlerinage des 88 temples sur Shikoku, véritable « Compostelle japonais », cet itinéraire de l’est à l’ouest sur les traces de Kobo Daishi, empreint de beauté naturelle et de mysticisme, vous permettra de vous ressourcer, voire vous illuminera !

Le legs de Kobo Daishi à l’Humanité

Kobo Daishi est l’une des plus grandes figures religieuses du Japon, célèbre en tant que fondateur de la grande école bouddhiste ésotérique du Japon, suivie par 12 millions de fidèles. Jeune moine, il partit faire un voyage de deux ans en Chine afin d’approfondir son enseignement du bouddhisme ; à son retour, il fonda Koyasan, un centre d’étude du bouddhisme ésotérique. Son anniversaire est célébré chaque année le 15 juin et donne lieu à de nombreuses réjouissances à Koyasan, avec chants, danses, parades en costumes en lien avec le thème de la danse, ainsi que des chars ; mais pour cette année 2023 les célébrations s’annoncent plus spectaculaires que de coutume, puisque l’on fête le 1250e anniversaire de la naissance de Kobo Daishi. Le festival commencera cette année du 14 mai au 9 juillet et sera un hommage festif, profond et prolongé à son héritage pacifiste et universel.

Koyasan, la fleur de lotus dans les montagnes

Avec plus de 110 temples, Koyasan, sur la péninsule de Kii, est l’un des centres les plus actifs du bouddhisme japonais, et demeure aujourd’hui le site principal de l’école Shingon, qui rassemble quelque 3600 temples dans l’ensemble du Japon. Il y’a deux sites sacrés à Koyasan : à l’ouest le Danjo Garan, c’est-à-dire l’enceinte sacrée ; à l’est l’Okuno-in, où se trouve le mausolée de Kobo Daishi.

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L'Okuno-in, où se trouve le mausolée de Kobo Daishi.
L'Okuno-in, où se trouve le mausolée de Kobo Daishi.

L’Okuno-in, facilement accessible à pied, depuis le centre-ville n’est rien moins que l’un des sites sacrés les plus chargés de spiritualité du Japon. Ses sentiers pavés, que l’on parcourt parmi de hauts cèdres et des milliers de tours commémoratives en pierre, offrent un spectacle dont la beauté est encore plus saisissante lorsque la brume enveloppe de ses volutes les arbres. Tout au nord du sanctuaire se dresse le Toro-do et ses 20’000 lampes, derrière lequel se trouve le mausolée de Kobo Daishi.

Le « chef » des quelque 3600 temples Shingon du Japon est le Kongobu-ji. Les paravents, situés dans son annexe, sont peints par Tadashi Moriya, un artiste prolifique des années 1940 aux années 2000. Le temple est également décoré avec nombreuses de ses peintures, à proximité duquel un jardin de pierres – l’un des plus grands du pays – offre l’impression saisissante d’une foule de fidèles venus voir le temple.

L’ensemble de pavillons et de pagodes qui forment le Danjo Garan, l’autre site le plus sacré de Koyasan, allie des beautés physiques à la profonde signification spirituelle : ainsi la pagode Konpon Daito représente le centre de la fleur de lotus que forment les 8 montagnes entourant le Koyasan ; le Dainichi Nyorai – considéré comme le Bouddha de l’Univers – et les 4 bouddhas l’assistant sont représentés des colonnes qu’aurait réalisées un peintre nommé Insho Domoto. Le pavillon principal, le Kondo, abrite le Yakushi Nyorai, Bouddha de la médecine et de la guérison.

Pour vous imprégner de l’atmosphère spirituelle unique de Koyasan, vous pouvez également y dormir, y manger... et y méditer. L’expérience de la visite du complexe de Koyasan ne saurait en effet être complète sans passer une ou plusieurs nuits dans un shukubo: une forme d’hébergement au sein même d’un temple ! Le cadre est intimiste et chaleureux ; certains disposent de jardins et de bains extérieurs. Plus de 50 temples offrent ce service, où vous pourrez vous adonner à l’Ajikan, une forme de méditation bouddhiste shingon basée sur la respiration consciente, mais où vous aurez également l’occasion de vous régaler de la cuisine bouddhique Shojin-Ryori : une cuisine végétarienne dérivée du régime ascétique des moines (sans viande ni poisson, mais aussi ni oignon ni ail) qui donne la part belle aux plantes sauvages, et dont les saveurs travaillées varient d’une saison à l’autre. En goûtant la saveur subtile du koya-dofu (un tofu séché, à la texture différente du tofu classique) ou du Goma-dofu (Tofu aux graines de sésame durcies au kudzu, une vigne grimpante, consommé par les moines ascétiques ), les visiteurs peuvent s'immerger dans la vie des moines de Koyasan. Vous pouvez également goûter cette cuisine chez Goma tofu, à Shojin-Ryori.

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Régalez-vous de la cuisine bouddhique Shojin-Ryori.
Régalez-vous de la cuisine bouddhique Shojin-Ryori.

Deux autres activités peuvent compléter votre expérience spirituelle de Koyasan : la première est la copie du « sutra du cœur », un exercice aussi bien manuel que spirituel, auquel vous vous adonnez après un rituel simple, c’est-à-dire vous être rincé la bouche et avoir allumé de l’encens. La seconde est la visite guidée nocturne de l’Okuno-in, qui vous fera non seulement apprécier le temple sous un éclairage littéralement différent, mais vous permettra d’approcher certains sites sacrés que l’on manque facilement sans guide.

Le « Compostelle japonais »

En traversant la baie de Wakayama, qui sépare la péninsule de Kii de l’île de Shikoku, vous commencerez probablement à croiser des pèlerins vêtus de blanc, coiffés d’un chapeau de paille et dotés d’un bâton coloré. Ce sont des henro, venus effectuer le circuit des 88 temples de Shikoku, l’un des plus sacrés et populaires pèlerinages du Japon, un peu à l’image de notre Saint-Jacques de Compostelle.

Ces pèlerins partent sur les traces de Kobo Daishi, associé à ces 88 temples bouddhistes. Il y a de nombreuses façons de vous déplacer : à pied, à vélo, en voiture, etc. L’expérience la plus gratifiante consiste à voir l’ensemble des 88 temples – mais vous n’avez pas à les voir tous d’un coup ! Voici un itinéraire vous permettant de voir, en quelques jours, les plus beaux temples du circuit. Tout le long du parcours, vous tirerez un profit aussi bien spirituel que matériel de la culture Osettai, consistant pour les habitants de Shikoku à apporter aide, rafraîchissements et même friandises aux pèlerins.

Le premier temple se situe dans la préfecture de Tokushima, celle de Shikoku la plus proche de celle de Wakayama (où se trouve le temple de Koyasan).

Naruto est le point de départ du pèlerinage. Les 5 premiers temples sont tous à distance de marche les uns des autres, et se font donc facilement à pied. Depuis Tokushima, prenez un train pour Bando (25 minutes), où se trouve le premier des 88 temples du pèlerinage, le Ryozenji (à 10 minutes à pied de la gare) : vous serez accueilli par un portail en bois, donnant sur des jardins dotés d’un grand étang poissonneux, d’une cascade et, évidemment d’une pagode – vieille de 600 ans.

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Le circuit des 88 temples de Shikoku, l’un des plus sacrés et populaires pèlerinages du Japon.
Le circuit des 88 temples de Shikoku, l’un des plus sacrés et populaires pèlerinages du Japon.

Sur le route des temples, vous longerez le fleuve Yoshino, qui entre le 10è et le 11è temple vous offrira l’occasion de découvrir l’île de Zennyuji, le plus grande île fluviale du Japon ; inhabitée, elle est cependant cultivée, particulièrement photogénique avec ses fleurs jaunes (colza, au printemps) ou roses et oranges (cosmos, en automne) selon la saison.

Trois autres temples remarquables se trouvent dans la préfecture de Tokushima. Anrakuji est le 6è temple du parcours mais le premier équipé pour dormir, et se trouve à 17 kilomètres du Ryozenji : aussi est-ce traditionnellement le premier temple dans lequel les pèlerins passent la nuit ; son autre particularité est que c’est le seul temple du circuit doté de bains chauds Yakushi Nyorai no Yu (découverts par Kobo Daishi lui-même selon la légende). Passer la nuit dans l’enceinte du temple vous permettra de faire l’expérience du service du temple, et d’assister aux chants des moines.

Tairyuji, les 21è temple du circuit, remonte au 8è siècle ; il est connu pour être un temple nansho, c’est-à-dire accessible après une marche difficile, en l’occurrence une route escarpée de 6,5 km depuis Kakurinji, le temple précédent… mais vous pouvez choisir d’y accéder par le téléphérique de Tairyuji, le plus long du Japon occidental avec 2775 mètres de câble que l’on parcourt en 10 minutes – ce qui laisse le temps d’admirer la vue à la fois spectaculaire et solennelle quand les brumes s’en mêlent.

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Les pèlerins partent sur les traces de Kobo Daishi, associé à ces 88 temples bouddhistes.
Les pèlerins partent sur les traces de Kobo Daishi, associé à ces 88 temples bouddhistes.

À Hiwasa, petite ville côtière, vous attend le Yakuoji, 23è temple du pèlerinage, datant de 726 et faisant office de yakuyoke no tera ; au Japon, il y a un âge dans l’existence qui est considéré comme plus propice aux catastrophes, appelé l’année de la malchance : aussi est-il de coutume de conjurer le sort cette année-là. Plusieurs années sont considérées comme des années de malchance, et parmi elles 33 ans pour les femmes, et 42 ans pour les hommes sont les plus périlleuses. C’est d’ailleurs à cet âge que Kobo Daishi aurait visité ce temple, en 815. Il vous faudra monter, pour accéder au temple, 33 marches en pierre appelées Onno-Yakuzaka, et 42 marches en pierre appelées Otoko-Yakuzaka. La tradition veut que les pèlerins déposent une pièce sur chaque marche durant l’ascension. Le temple est également connu pour ses cerisiers en fleur, qui attirent de nombreux pèlerins au printemps.

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Le temple de Yakuoji est connu pour ses cerisiers en fleur, qui attirent de nombreux pèlerins au printemps.
Le temple de Yakuoji est connu pour ses cerisiers en fleur, qui attirent de nombreux pèlerins au printemps.

Sur la côte sauvage de Kochi

Les temples suivants se trouvent dans la préfecture voisine de Kochi, la plus étendue des 4 préfectures de l’île, et considérée comme l’une des plus sauvages et épiques du pays : elle embrasse toute la côte pacifique entre les caps de Muroto-misaki et d’Ashizuri-misaki.

Justement, c’est sur le splendide cap de Muroto-misaki que Kobo Daishi atteignit l’éveil, plus exactement dans la grotte de Mikurodo, où la force des éléments – le soleil, les vagues et les rochers – inspira son illumination. Au nord du cap, une énorme statue représente Kobo Daishi face à la mer ; à 1km de là, Hotsumisaki-ji, le 24è temple du pèlerinage, surplombe le cap du haut de la colline. Un parcours pédestre le relie aux deux temples suivants, le Shinshoji et le Kongochoji, formant randonnée de 11 km offrant de spectaculaires points de vue sur la péninsule.

La suite de votre route vous mènera à Kochi, une cité compacte et élégante réputée pour son ambiance festive ainsi que pour son château, l’un des seuls du Japon à avoir conservé tenshu-kaku (donjon) d’origine, édifié au début du 17è siècle par le premier daimyo de Tosa, Yamanouchi Katsutoyo. Le long de l’artère principale menant au château a lieu, toute l’année (sauf durant le nouvel an et le festival Yosakoi), le plus populaire marché du dimanche de Kochi. Depuis 300 ans ses étals, sur 1,3 km, débordent de produits frais, de fleurs, de couteaux, de lotions et teintures, ainsi que d’antiquités. Tous les autres jours de la semaine, et pas seulement le dimanche, vous pourrez profiter de l’ambiance populaire d’Hirome Ichiba, un marché couvert celui-là, situé juste avant le château, et que l’on surnomme également la « cuisine de Kochi » puisqu’on n’y trouve 60 restaurants servant notamment les spécialités de Kochi : katsuo no tataki, ou inaka-sushi, des sushi de campagne, du tempura d’algues vertes ou encore le gyoza de Yasubei.

À quelques kilomètres de l’est du centre-ville de Kochi, sur le mont Godaisan, un parc a été aménagé, ménageant un beau point de vue sur la ville. Au sommet se trouve le Chikurin-ji, 31è temple du pèlerinage. Ses grands jardins sont agrémentés d’une pagode à 5 niveaux et de milliers de statues du bodhisattva de sagesse. Cette année marque le 1300è anniversaire de la fondation du temple. On y trouve le pavillon du trésor du temple, qui renferme une impressionnante collection de sculptures bouddhiques des périodes de Heian et de Kamakura. En descendant les marches à côté de ce pavillon, vous trouverez les portes jardin botanique Makino, magnifique ensemble de jardins et d’espaces verts rassemblant plus de 3000 espèces de plantes.

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Au sommet du mont Godaisan se trouve le Chikurin-ji, 31è temple du pèlerinage.
Au sommet du mont Godaisan se trouve le Chikurin-ji, 31è temple du pèlerinage. VISIT KOCHI JAPAN

De la cité de Kochi, vous pourrez prendre un train panoramique Shikoku Tosa Toki no Yoake no Monogatari (avec des wagons dessinés l’un comme un bateau à vapeur, l’autre comme une navette spatiale !) pour la gare de Kubokawa, proche du 37è temple du pèlerinage, Iwamoto-ji. C’est le seul des sites sacrés de Shikoku où les pèlerins peuvent vénérer les 5 principales divinités et l’on peut y dormir ; ce temple est connu pour ses quelque 575 peintures les unes sacrées, les autres profanes (parmi lesquelles on retrouve… Marilyn Monroe !) datant de la rénovation du temple en 1978, et qui sont une invitation à toutes les populations du monde à venir visiter ce temple. Entre mai et septembre, le temple d’Iwamoto-ji organise des séances de méditation zen dans les eaux du Shimanto-gawa, l’un des derniers cours d’eau limpide du Japon.

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De la cité de Kochi, vous pourrez prendre un train panoramique pour la gare de KubokawaDe la cité de Kochi, vous pourrez prendre un train panoramique pour la gare de Kubokawa.
De la cité de Kochi, vous pourrez prendre un train panoramique pour la gare de Kubokawa. Shikoku Railway Company

Comment s’y rendre et circuler :

La ville de Wakayama est accessible en avion via l’aéroport de Kansai depuis les aéroports d’Haneda, Chitose et Fukuoka

Wakayama est à 1 heure d’Osaka, 2 heures de Kyoto, Nara et Nagoya, et 4 heures de Tokyo par train ou Shinkansen. Pour vous rendre à Koyasan en train, prenez le train Nankai partant de la gare Namba à Osaka. De la gare Namba, le train arrive au pont Gokurakubashi au pied de la montagne, d’où un téléphérique vous emmène jusqu’à Koyasan.

Nankai Ferry opère des liaisons quotidiennes entre Tokushima et Wakayama

Kochi est desservi par des vols intérieurs en provenance de Tokyo, Osaka et d’autres grandes villes. Il est également accessible par JR Express de Okayama.

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