
La tombe gigantesque du seizième empereur du Japon, Nintoku
Texte par
Rodolphe Bacquet
Mis à jour le : 11 février 2019
Des créations architecturales en forme de bulle géante ou de roseaux monumentaux, des tombeaux impériaux recouverts de végétation, des forgerons séculaires, le secret de la longévité des japonais au cœur d’une cérémonie… Apprêtez-vous à découvrir tout cela à Osaka, ainsi que quelques surprises culinaires…
Amateurs d’art et d’architecture, un séjour à Osaka sera marqué d’une croix blanche dans vos récits et souvenirs de voyage. Immanquable, au centre de la ville, entouré de douves, le château d’Osaka évoque la magnificence et la puissance du général qui unifia le Japon à la fin du XVIè siècle. Situé au cœur d’un parc, le lieu devient féérique au printemps, à la floraison des cerisiers, et à l’automne. L’architecture moderne a choisi de rivaliser avec cette splendeur monumentale… et elle y parvient. Le grand architecte Tadao Ando a particulièrement gâté Osaka, sa ville natale : l’église d’Ibaraki, par exemple, est inondée d’une lumière pénétrant le bâtiment par deux interstices formant une croix.
De grands noms de l’architecture internationale ont également donné des chefs d’œuvre à Osaka. Le Français Paul Andreu a ainsi doté le Musée de la marine d’un magnifique dôme de verre et d’acier en guise de structure extérieure, qui le fait ressembler à une bulle géante émergeant de la baie d’Osaka. Le Musée National d’art d’Osaka est un incontournable, non seulement pour sa collection, riche en Cézanne et Picasso, mais aussi et surtout pour son bâtiment : les collections sont souterraines, disposées dans un espace évoquant un sous-marin, tandis que l’extérieur fait, selon les interprétations, songer à un papillon ou à des roseaux chahutés par le vent. L’architecte du musée, César Pelli, est aussi l’auteur du Abeno Harukas, le plus haut gratte-ciel du Japon, au dernier étage duquel on domine Osaka. Un autre gratte-ciel, le Umeda Sky building, ressemble à un arc de triomphe futuriste, surmonté… d’un jardin flottant. La ville a également donné carte blanche au fameux artiste autrichien Hundertwasser, qui a réussi le tour de force de transformer en œuvres d’art colorées des usines situées sur l’île de Maishima.
Les pharaons de l’Égypte antique avaient pour tombeaux des pyramides, les empereurs romains des mausolées, et ceux du Japon des tumulus à l’étrange forme de trous de serrure. Le plus grand de ces tombeaux à la forme étonnante, que l’on nomme kofun, se trouve à Osaka, juste en face du parc Daisen : imaginez un trou de serrure, donc, long de 486 mètres, aujourd’hui recouvert d’arbres et entouré de douves, dont on peut faire le tour (en une heure à peu près). Il s’agit de la tombe du seizième empereur du Japon, Nintoku. Quatre autres kofun, plus petits mais également entourés de douves, se trouvent dans les environs de ce tombeau gigantesque.
Les produits qui ont fait la renommée mondiale d’Osaka sont surprenants. Il y a d’abord… les rāmen instantanés ! Les rāmen sont ces bouillons de pâtes incontournables en Asie. Momofoku Ando, le créateur de leur version instantanée (qui a changé la vie de millions d’Asiatiques, et qui a permis leur internationalisation), venait d’Osaka : un musée gratuit est consacré à cet illustre personnage et à son invention ; vous pourrez y fabriquer votre propre emballage de rāmen à emporter.
Un autre produit culinaire d’Osaka à la renommée internationale est le whisky ! Les whiskys japonais, depuis plusieurs années, rivalisent et surpassent les whiskys d’Ecosse… Et celui distillé à Osaka a remporté de nombreux prix internationaux. Vous pouvez visiter la distillerie Suntory Yamazaki, fondée il y a près d’un siècle, en 1923, près d’une source d’eau minérale d’excellente qualité. La distillerie est toujours en activité, elle est désormais assortie d’un musée, et le site lui-même, dans son écrin de verdure, vaut le déplacement.
Les souvenirs que vous pourrez rapporter de Sakai, une petite ville au sud d’Osaka, seront à mettre en soute pour le vol retour : vous ne passerez pas la sécurité de l’aéroport avec ! Sakai est en effet un centre séculaire de production artisanale de couteaux. Pas de ces couteaux qui s’ébrèchent en deux-deux, non : de ces couteaux que l’on se transmet de génération en génération, et qui sont autant des œuvres d’art que d’incomparables outils (notamment utilisés par les meilleurs cuisiniers japonais pour couper les sashimi). Pour vous faire une idée du savoir-faire qui fait la qualité et la réputation de ces couteaux, rendez-vous par exemple dans l’atelier de la famille Mizuno, actif depuis quatre générations : vous pourrez assister à l’impressionnant travail de forge de l’acier, qui réclame une dextérité et une prudence (attention au four de 900 degrés) irréprochables. A la japonaise.