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Publié le 13/05/2020 8 minutes de lecture
Cité ouverte sur la mer, retranchée derrière ses trois tours mythiques et ses rues commerçantes à arcades, La Rochelle s’affiche “belle et rebelle”. Son patrimoine architectural offre un concentré d’histoire : des guerres de religion à la conquête de l’Amérique et au commerce triangulaire, la ville cristallise le passé mouvementé du Vieux continent. Aujourd’hui, derrière ses riches façades et sous ses airs tranquilles, La Rochelle est une ville ouverte et dynamique. Le port de plaisance des Minimes, avec ses 4 800 places, est l’un des plus grands d’Europe et les Francofolies, créées en 1985, attirent plus de 100 000 festivaliers chaque année. Petit tour de la ville et de ses incontournables.
Le Vieux Port
La Rochelle s’est construite autour de son port. Il fut certainement fortifié dès son origine, au XIIIe siècle. Les trois tours qui l’enserrent constituent les vestiges de ce qui fut un mur d’enceinte, détruit après le siège de 1627-1628. Le port est aujourd’hui essentiellement dédié à la plaisance, les activités de pêche ayant été déplacées à Chef-de-baie, au nord-ouest du centre-ville, en 1994. Bras de terre entre deux bassins à flot, ancien quartier des pêcheurs, le quartier du Gabut a été rénové dans les années 1990. Son architecture est originale, faite de maisons de style norvégien en bois coloré, empilées comme des Lego. C’est aujourd’hui un quartier animé, rempli de bars et de restaurants avec vue sur le port.
La Tour de la Lanterne
Le dernier phare médiéval encore debout sur la côte atlantique. Surnommée la “tour des Quatre Sergents”, elle est surtout connue pour avoir servi de prison pendant plusieurs siècles. Construite à la fin du XIIe siècle, la tour est d’abord la demeure du désarmeur des nefs, l’officier chargé de désarmer les navires avant leur entrée dans le port. Elle se transforme de 1445 à 1468, avec l’ajout d’une flèche et d’une lanterne à son sommet, devenant ainsi un phare. C’est à partir du XVIe siècle que l’on fait de la tour de la Lanterne une prison, où seront enfermés les marins et les corsaires britanniques, hollandais et espagnols. La tour s’élève sur huit salles superposées abritant notamment une salle des gardes, un dortoir collectif, des cellules et une salle de guet. Au sommet, on peut apprécier un superbe panorama, qui s’étend jusqu’à l’île d’Oléron par beau temps. Mais ce qui rend la visite de la tour de la Lanterne émouvante, ce sont les multiples graffitis que les prisonniers ont creusés dans la pierre tendre de Saintonge. Les marins et les corsaires ont ainsi laissé des traces de leurs désirs d’évasion et de leur désespoir à travers plus de 600 inscriptions : des bateaux, des corps de femmes, les bâtons décomptant les jours…
La Tour de la Chaîne
Vestige de l’ancien système défensif de la ville, la Tour de la Chaîne fait partie des trois tours médiévales qui se dressent comme un symbole à l’entrée du port. achevée en 1390, elle hébergeait jusqu’en 1472 le capitaine chargé de prélever la taxe portuaire et de fermer l’entrée du port avec une chaîne. Un espace d’exposition temporaire se situe au premier étage.
La Tour Saint-Nicolas
En face de la Tour de la Chaîne, de l’autre côté du port, la tour Saint-Nicolas est une véritable forteresse mêlant une architecture défensive et résidentielle. Achevé en 1376, cet agencement de galeries et de salles labyrinthiques construites autour d’un immense volume cylindrique comporte quatre tourelles, un éperon et un chemin de ronde doté de mâchicoulis, mais aussi une chambre, des latrines et une chapelle, destinées au capitaine et à sa famille.
La Coursive
La porte de la Grosse-Horloge, l’ancien couvent des carmes datant de 1665 a été converti en espace culturel en 1990. La façade, ornée d’une immense coquille Saint-Jacques, et l’ancien cloître, qui a été recouvert d’une verrière, ont été conservés. cet ajout contemporain rehausse la luminosité et le classicisme de la pierre calcaire d’époque. Le bar-restaurant l’avant-Scène permet de se restaurer tout en profitant de la beauté des lieux.
Le Cours des dames
Sans aucun doute le quai le plus fréquenté de La Rochelle. Longeant le port, il est bordé de restaurants et d’échoppes en été. Il est apprécié autant par les touristes que par les Rochelais, qui viennent flâner et déguster leurs glaces au coucher du soleil devant les bateaux amarrés.
Le Parc Charruyer et les allées du mail
Le parc charruyer offre un formidable bol d’air en plein centre-ville, il abrite de magnifiques espaces verts et un jardin des senteurs marocaines, une aire de jeu au sud et un parc animalier au nord, qui font la joie des enfants. Les allées du Mail longent quant à elles la côte sur 800 mètres vers l’ouest, le panorama sur la rade et les maisons du XIXe siècle méritent le détour.
L’Aquarium de La Rochelle
Créé par la famille Coutant, cet aquarium privé, l’un des plus grands d’europe, est une prouesse technique à la scénographie impeccable, construite autour d’un bassin cylindrique géant de 3 millions de litres d’eau de mer accueillant plus de 12 000 animaux marins. Le visiteur plonge tour à tour dans la biodiversité des océans de la Méditerranée, de l’Atlantique et des tropiques. La hauteur des bassins, la mise en scène et les vitrages spécifiques non déformants donnent une impression d’immersion totale dans les océans. Voir se profiler un immense requin-taureau impassible du fond de ce qui semble être un abîme est une vision spectaculaire, de même que surprendre le ventre d’une raie pastenague sous la surface ou découvrir une tortue géante à l’entrée d’une grotte. La Galerie des lumières invite le visiteur dans la pénombre des abysses, un univers mystérieux où les espèces marines brillent de mille feux, révélant leurs couleurs éclatantes. Évitez les jours de mauvais temps (tous les vacanciers se ruent à l’aquarium) et pensez aux visites nocturnes jusqu’à 23h en été : les lieux sont plus calmes.
Centre historique
La porte de la Grosse-Horloge marque l’entrée du centre historique. Les rues à arcades (rue du Palais, rue chaudrier, rue des Merciers) témoignent de la vocation marchande originelle de la cité : elle permettaient de protéger des intempéries les produits proposés à la vente. Les boutiques sont encore nombreuses sous les hôtels particuliers du XVIIe et du XViIIe siècle et les maisons médiévales, dont les colombages ont été recouverts d’ardoises pour éviter les incendies et l’érosion par le sel des embruns. L’influence discrète du protestantisme se retrouve dans la sobriété de l’église Saint-Sauveur et de la cathédrale, ainsi que sur la place de l’Hôtel-de-Ville, dont le pavage dessine une croix huguenote. derrière l’Hôtel de la bourse, les pavés ronds de la rue de l’escale rappellent les liens historiques de La Rochelle avec le Québec, puisqu’il s’agit de pierres du Saint-Laurent ayant servi à lester les navires de retour de la Nouvelle-France.
La Porte de la Grosse-horloge
Cette porte fortifiée qui sépare le port de la vieille ville date du XiVe siècle. Elle comportait à l’origine deux entrées, l’une réservée aux piétons, l’autre aux attelages. en 1672, il est décidé de ne garder qu’une seule arcade. Le dôme orné de pilastres date quant à lui de 1746.
L'Hôtel de ville
Ce superbe édifice renaissance, ceint d’un mur d’enceinte gothique et surmonté d’une tour beffroi, a été ravagé en juin 2013 par un incendie qui a touché ses parties les plus anciennes. Tous les objets de collection ont heureusement pu être sauvés, notamment l’illustre bureau que le maire Jean Guiton ébrécha de son glaive, jurant de ne jamais se rendre lors du siège de 1627-1628.
L'Hôtel de la Bourse
Construit dans le plus pur style parisien du XVIIIe siècle, cet hôtel particulier abrite aujourd’hui le greffe du tribunal de commerce. La cour est entourée de deux ailes réunies par une galerie à colonnes. au sol, une rose des vents en mosaïque rappelle que La rochelle doit sa prospérité au commerce maritime.
La Maison Henri II
Cette “maison” est un beau simulacre. Construite au XVIe siècle, elle donne l’impression d’entrer dans une immense demeure aux galeries surplombant le jardin… il n’en est rien. Le trompe-l’œil architectural réside dans une façade sans profondeur s’élevant sur trois niveaux, avec arcades et lucarnes. Une œuvre originale et unique de la renaissance construite par un maître anonyme pour un noble local, Hugues de Pontard.
La Cathédrale Saint-Louis
Bâtie sur l’emplacement d’un ancien temple protestant, la cathédrale vit le jour après la victoire de l’armée catholique royale au siège de 1627-1628. Il s’agissait alors d’asseoir le pouvoir de l’Église sur la cité rebelle et de faire de La Rochelle un évêché. Si la façade date du XVIIIe siècle, les peintures de la coupole ont été réalisées au siècle suivant par le peintre rochelais William Bouguereau. La chapelle des marins vaut le coup d’œil, avec ses ex-voto du XVIIe et du XVIIIe siècle, où figurent notamment des représentations de bateaux négriers.
Le Musée du Nouveau monde
Situé dans un très bel hôtel particulier du XVIIIe siècle, ce musée retrace les liens de La rochelle avec les Amériques au travers de gravures, de peintures ou de mobilier. ouvert en 1982, il fut le premier à traiter du commerce triangulaire. À noter, des expositions temporaires et un espace d’art contemporain au dernier étage.
L'Eglise Saint-Sauveur
Sous de faux airs de temple protestant, l’église Saint-Sauveur se dresse à proximité du port. Elle fut longtemps la paroisse des marins. Tranchant avec la sobriété du reste de l’édifice, seuls un fragment de sa façade et le clocher gothique datent du XVe siècle : l’édifice fut en effet détruit à plusieurs reprises par des incendies.
Le Bunker de La Rochelle
Retrouvé intact en 1982 après avoir été 40 ans enfoui en plein centre-ville, ce bunker était le siège de l’amiral allemand et des commandants de sous-marins pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur 250 m2, le parcours souterrain conduit le visiteur parmi les pièces de vie reconstituées avec les objets d’époque, tandis que des panneaux explicatifs offrent une bonne perspective de La Rochelle pendant le conflit. Impressionnant avec ses peintures murales d’origine, le bar du bunker semble avoir été quitté la veille.
Le Musée des Beaux-arts
Dans l’ancien palais épiscopal de style néoclassique, ce petit musée abrite une modeste sélection d’œuvres européennes allant du XVe au milieu du XXe siècle, avec une prédilection pour le XIXe. On trouve notamment une collection d’une dizaine de tableaux orientalistes du rochelais eugène Fromentin, ainsi que des œuvres de williamadolphe bouguereau, théodore chassériau et Gustave doré.
La Ville-en-Bois
Ancien faubourg marin réhabilité à la fin des années 1980, la Ville-en-bois est un quartier universitaire et résidentiel moderne attenant au centre-ville historique. Le passeur électro-solaire effectue la traversée du Vieux-Port à la médiathèque. De quoi éviter la marche et profiter de la vue lors du passage entre les deux tours.
Le Musée maritime
Ce musée dédie son activité au rachat et à la restauration du patrimoine maritime. Trois bateaux ont été sauvegardés et sont ouverts au public : la dernière frégate météorologique France 1, le chalutier l’Angoumois et le remorqueur Saint-Gilles. Une visite émouvante, où l’on se faufile dans les coursives, parmi les cabines et les cuisines recréées à l’identique, le poste de pilotage et bien sûr… la salle des machines ! Le France 1 abrite également un bar-brasserie. Le musée dispose d’un pied-à-terre : dans sa nouvelle galerie de pavillons, une exposition pointue retrace l’histoire des ports de La Rochelle. Les amateurs de maquettes y trouveront leur compte.
Le Port des minimes
Situé au sud de la Ville-en-bois, le port des Minimes est facilement accessible depuis le centreville avec le bus de mer qui le relie au Vieux Port. Avec 4 500 anneaux, il est l’un des plus grands ports de plaisance d’Europe. c’est aussi le seul de la côte atlantique à pouvoir accueillir des bateaux de grande plaisance, d’une longueur pouvant aller jusqu’à 50 m. Il organise chaque année plusieurs championnats de voile et le Grand Pavois, le premier Salon nautique à flot d’europe. derrière le port s’étend la plage des Minimes.
Quartier Saint-Nicolas
Situé entre la gare et le centre-ville, ce quartier un brin bohème, centré sur la rue du même nom, offre un parfait contrepoint à l’agitation du Vieux-Port. Le calme qui y règne en journée, entre galeries d’art et échoppes, tranche avec l’agitation estudiantine qui survient dès la nuit tombée autour de la place de la Fourche. Mettez alors le cap sur la Guignette, véritable institution rochelaise.