Le vieux pont de Shkoder en Albanie.

Albanie

Shkodra

© AdonisVillanueva - iStock

Shkodra, la capitale culturelle de l'Albanie

Capitale incontestée de la culture albanaise, Shkodra, avec ses allures de ville “européenne”, est fondée vers le Ve -IVe siècle av. J.-C. Son nom dériverait de “Sco Drinon”, le lieu où coule le Drin. Le site de la citadelle de Rozafa a révélé des vestiges archéologiques datant de l’âge du bronze, et, selon des documents historiques, Shkodra fut l’ultime champ de bataille de la troisième guerre d’Illyrie en 168 av. J.-C., qui mit fin au règne de Gentius, le dernier roi illyrien. 

À l’époque romaine, la ville devient le carrefour de communications de la province d’Illyrie avant d’être intégrée aux territoires de l’Empire d’Orient. Devenue serbe au VIIe siècle, elle tombe aux mains des Bulgares, puis à nouveau des Byzantins. Entre le XIe et la fin du XIVe siècle, Shkodra est convoitée à plusieurs reprises par les Serbes, les Turcs et les potentats locaux jusqu’à ce que la montée de la menace ottomane ne la pousse à se soumettre aux Vénitiens, en 1396. Elle prend alors le nom de Scutari. À la fin de l’épopée de Skanderbeg, la ville apparaît comme la cible privilégiée des ambitions ottomanes. En 1474, la république de Venise repousse un premier assaut turc, mais quelques années plus tard, assiégée par Mehmed II et son armée, elle finit par lui céder la ville (1479).

S’ensuivent 400 ans de domination turque. Désormais siège d’un sandjak (division administrative ottomane), Shkodra s’impose comme un foyer commercial et culturel de premier ordre, en particulier aux XVIIIe et XIXe siècles, sous l’influence de la famille Bushatlinj (ou Bushati). Pour autant, elle n’est pas au bout de ses peines. À l’issue de la première guerre balkanique, qui oppose la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro à l’Empire ottoman, Shkodra tombe aux mains des Serbes et des Monténégrins. Toutefois, le traité de Londres, qui statue sur le nouveau découpage territorial, la place dans le giron du jeune État albanais alors créé. Elle ne le quittera qu’à l’occasion d’un intermède autrichien durant la Première Guerre mondiale.

À partir de 1945, le régime communiste s’évertue à effacer l’héritage intellectuel d’une ville qui a longtemps été en pointe en matière de cinéma, de photographie, d’édition, de sports ou encore de musées, et réputée en outre pour sa tolérance religieuse. Le tremblement de terre qui la détruit largement en 1979 ne fait que matérialiser sa chute.

Depuis le retour de la démocratie et l’ouverture des frontières, Shkodra – à l’image du pays – voit sa jeunesse partir, au point qu’elle n’est plus que la cinquième ville du pays en termes de population. Reste que cette émigration est en partie compensée par l’exode des montagnards vers la grande ville de la plaine. Pour affronter le futur, Shkodra pourra également compter sur les lumières de son passé : culture et spiritualité. Si, depuis 1992, le management et l’économie de marché font partie du programme d’enseignement de son université, elle a connu un renouveau religieux majeur avec la réouverture de ses mosquées, de ses églises, ainsi que de sa cathédrale. L’attention portée à la modernisation de ses principaux musées est aussi un signal fort.

Le centre historique de Skadar

Shkodra possède un musée passionnant dédié à la photographie et, par son biais, à l’identité albanaise, et il fait bon flâner dans son centre historique, en constante rénovation, qui se distingue de celui des autres villes du pays. Autour du centre se déploient des rues très animées, notamment en journée.

Néanmoins, les sites touristiques les plus importants sont au sud de la ville, à la confluence de la Buna et du Drin : la citadelle de Rozafa, la mosquée de Plomb et un magnifique pont ottoman.

Le lac de Skodra, joyau des Balkans

Le plus grand lac des Balkans est une étendue d’eau calme où viennent mourir les pentes des Alpes dinariques au nord-est et celles du mont Tarabosh au sud. En le regardant sur la carte, on dirait une flaque d’eau géante laissée par une violente tempête sur la côte adriatique. Le lac, manifestation la plus évidente de la nature alluviale de la plaine de Shkodra, est alimenté par les eaux de la rivière monténégrine de Morača, tandis que son principal émissaire est la Buna. 

Sa majeure partie appartient au Monténégro, mais sa rive orientale et une partie de sa rive sud, albanaises, valent le détour pour une randonnée, un repas de poisson ou une baignade, prémices aux plaisirs balnéaires des plages de Velipojë, non loin.

Signalons aussi deux villages de pêcheurs qui dépendent de la municipalité de Shkodra ; outre la pêche, ces petites bourgades fondent leur économie sur l’hospitalité. À l’instar de l’hébergement, l’offre de restaurants est variée : petits ou grands, luxueux ou populaires (vous verrez arriver des cortèges de voitures remplies de citadins).

Le lac de Shkodra est d’une beauté saisissante à toute heure de la journée, mais particulièrement le soir, lorsque le soleil couchant illumine les hauts sommets des Alpes dinariques qui se reflètent dans l’eau.

Comment aller au lac de Shkodra ?

Le lac de Shkodra est accessible à pied, à vélo ou en voiture. Pour y arriver depuis le centre de Shkodra, il suffit de prendre à droite : si vous êtes à pied ou à vélo, ce sera après le vieux pont sur la Buna ; si vous êtes en voiture, vous tournerez après le nouveau pont sur la Buna. Si vous prenez à gauche, vous arriverez au Monténégro.

A voir

Ne passez pas à côté

#ExperienceLonely