Shkodra et le Nord

Citadelle de Rozafa

Le monument le plus important de Shkodra est aussi l’un des principaux sites historiques d’Albanie. D’ailleurs, la citadelle de Rozafa est visible à des kilomètres de distance car elle se dresse sur le seul relief de la plaine. Si vous arrivez en voiture, montez jusqu’au parking près de la billetterie, au bout de la Rruga Kalasë ; s’il n’y a pas de place, ­rabattez-vous sur le parking en contrebas, au début de la même rue ; de là, vous grimperez à la citadelle en cinq minutes de marche.

Du haut de cette forteresse, le regard domine les alentours, autrefois occupés par un bazar, et porte loin sur la plaine, embrassant le lac de Shkodra , la confluence de la Buna et du Drin, et la mer. C’est dire si son emplacement est stratégique.

Datant principalement de la période vénitienne, la citadelle telle qu’elle se présente aujourd’hui conserve des traces des fortifications illyriennes primitives. Son nom lui vient d’une ancienne légende selon laquelle lors de sa construction, les murs bâtis le jour étaient détruits la nuit en raison d’une malédiction. Une seule solution pour rompre le sort : emmurer vivante l’épouse de l’un des trois frères bâtisseurs de l’édifice. Les aînés ourdirent un stratagème pour désigner Rozafa, la femme du plus jeune. Elle accepta de se sacrifier pour le bien commun à une condition : qu’on aménage des ouvertures dans le mur laissant passer son bras et son sein droit afin qu’elle puisse allaiter son nourrisson. La statue à l’entrée du château rappelle cette légende, et la tradition consistant à mouiller les seins des jeunes mères dans une source à proximité reste populaire.

Jusqu’en 1985, la citadelle abrita des divisions de l’armée albanaise, puis elle fut ouverte au public. La visite est passionnante. Une fois passée l’énorme porte nord, près du parking, vous accéderez à une première cour où sont visibles les restes des murailles illyriennes. On pénètre ensuite dans une deuxième cour, un vaste terrain pentu parsemé des nombreux vestiges de bâtiments militaires et des ruines, bien visibles, de l’église Saint-Étienne (Kisha shën shtjefnit, XIIIe siècle), qui fut transformée en mosquée. En continuant la montée vers le sud, vous atteindrez la troisième et plus petite cour, où se dresse le “capitole”, un bâtiment de trois niveaux où logeaient les Vénitiens, maîtres de la ville. Là se trouve le musée du château. L’exposition retrace l’histoire de Shkodra et de ses environs avec quelques pièces intéressantes, comme une mosaïque du IIIe-IVe siècle découverte au pied du château, seule œuvre du genre dans le nord de l’Albanie, ou encore le lion vénitien en pierre qui ornait sans doute l’entrée principale jadis. C’est probablement le seul musée du pays qui propose une signalétique et des informations pour les non-voyants en braille anglais et albanais.

Kalaja e Rozafës ; Rruga Kalasë ; 8h-20h l’été, 8h-16h l’hiver ; 10h-17h mar-dim l’été, 9h-14h30 ven-dim l’hiver
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