Guide du centre de l'Albanie !
Région de montagnes d’altitude modeste et couvertes de forêt jusqu’à leur sommet, marquant la transition entre le Sud et le Nord, le centre de l’Albanie offre aux voyageurs une nature luxuriante, ainsi qu’une certaine facilité de déplacement. Mais ce sont surtout les témoignages notables de l’histoire ancienne et récente du pays qui retiendront l’attention du visiteur. Krujë fut le berceau de la résistance chrétienne contre les Ottomans au Moyen Âge. Non loin, Elbasan abrite une mosquée très ancienne, mais également un immense complexe industriel à l’abandon – héritage aussi fascinant qu’effrayant de la politique industrielle et énergétique du régime communiste.
Que voir, que faire dans le centre de l'Albanie ?
Le mont Dajti
À l’est de Tirana culmine le mont Dajti (Malit Të Dajtit, 1 613 m), dont les flancs plongent dans les faubourgs orientaux les plus extérieurs de la ville. En jaillissent les eaux du fleuve Tirana (Lumi i Tiranës) qui, parvenues en aval, traversent les secteurs nord de la capitale. La rapidité avec laquelle on gagne cette oasis de nature (grâce au téléphérique) donne presque le tournis. On passe sans transition de la circulation chaotique de l’étouffante Tirana au gazouillis des oiseaux et au brame des cerfs dans l’air frais du mont Dajti. Dès lors, on ne s’étonnera guère que ce sommet et ses environs soient la destination classique des randonneurs de Tirana, et que s’y soient développées quelques activités susceptibles de plaire au visiteur étranger.
Le lac de Bovilla
Au sein du parc national du Mont Dajti, le lac de Bovilla (Liqeni i Bovilles), principale source d’approvisionnement en eau de Tirana, est un lieu calme et agréable, offrant de très beaux panoramas. Si vous ne savez pas par où commencer, une excursion jusqu’à ce lac, dont les eaux, en fonction de la lumière, passent par toutes les nuances allant du vert anis au vert émeraude, est une bonne option pour découvrir le parc. Le site est assez facilement accessible en voiture. Préparez votre appareil photo pour immortaliser les fjords, falaises, panoramas, mais aussi chevrettes et fleurs. Il est possible de camper dans le parc, en l’absence de réglementation précise ; dans tous les cas, respectez l’environnement et faites très attention si vous allumez des feux de bois.
Les châteaux de Tirana
Tout autour de la capitale se déploie un réseau de forteresses, dont le château de Tirana est l’épicentre. Quelle que soit la direction que vous prenez, vous finirez toujours par tomber sur l’un d’entre eux. S’il n’en reste bien souvent que des ruines sans grand intérêt – comme le château de Dajti ou celui de Persqopi – certains édifices disposent d’un emplacement splendide permettant d’embrasser du regard la ville, les monts et la mer. Ainsi, le château de Preza (Kalaja e Prezës), non loin de l’aéroport, est perché sur une hauteur au bord d’un grand pré où se dresse une mosquée. Construit entre le XIVe siècle et le début du XVe siècle, ce petit fort appartenait aux Topias, une grande famille locale à l’époque féodale. Aujourd’hui, il accueille un restaurant et un bar très romantiques.
Au coucher du soleil, quand l’Adriatique scintille de reflets dorés, le panorama qui s’offre au-delà des remparts est magnifique. À environ 12 km sur la route d’Elbasan, de l’autre côté de Tirana, le château de Petrela (Kalaja e Petrelës) est un autre édifice remarquable. Édifiée au VIe siècle (la bâtisse actuelle date du XVe siècle), la forteresse, sous le commandement de la sœur de Skanderbeg, Mamica Kastrioti, fut le témoin de l’affrontement entre le héros national et les Ottomans. Ces châteaux sont libres d’accès.
Krujë
À moins de 1 heure de route au nord de Tirana, cette ville est l’une des plus importantes de toute l’Albanie. Liée à la figure de Skanderbeg, qui s’y installa pour mener la résistance contre les Ottomans, elle est le berceau mythique de l’identité albanaise. Et de par son rôle constant dans la gestion du pouvoir, les grandes familles du pays ont toujours maintenu une relation particulière avec elle. Le château domine la ville. D’en haut, on remarque distinctement la ligne des échoppes qui forment le bazar local, l’un des mieux conservés de toute l’Albanie, ainsi que la route principale et les quelques ruelles latérales bordées de maisons basses traditionnelles aux toits en tuiles. Elles tentent de résister à l’avancée des imposants immeubles de ciment qui, année après année, encerclent le joli centre historique. Le vieux bazar a récemment été agrandi le long de la rue qui en constitue l’épine dorsale. Toutefois, bien que résolument modernes, les nouveaux bâtiments s’harmonisent avec les anciens par leur forme et le choix des matériaux employés.
À Krujë, les habitants misent beaucoup sur l’essor du tourisme, comme en témoigne la prolifération d’établissements hôteliers récemment construits. Cependant, en tournant le dos à ces “verrues”, on découvre l’une des atmosphères les plus séduisantes du centre de l’Albanie : la ville de Krujë recèle des sites charmants et deux véritables joyaux.
Elbasan
Le nom de cette ville, l’une des plus caractéristiques et contrastées de l’Albanie, viendrait de l’expression “Eli basan” (“j’y ai posé la main”). Située sur la route qui conduit vers l’intérieur du pays, Elbasan se trouve toujours au bord de la Via Egnatia qui, passant par Durrës, arrivait jadis de Rome. Et la Rruga Egnatia demeure l’artère principale qui traverse le centre historique, même s’il y a longtemps que la circulation contourne les remparts.
À condition d’ajuster vos attentes en matière de beautés historiques et artistiques, vous apprécierez cette grosse bourgade de campagne qui a conservé quelques éléments d’intérêt culturel, mais surtout, qui n’a pas (ou quasi pas) subi le tourisme étranger, conservant son ambiance authentique. À défaut d’en tomber amoureux, vous serez du moins fasciné par le xhiro du soir, au pied des remparts, qui voit la nationale fermée et la circulation déviée pour permettre à toute la population de se promener.
Mais au fait, qui a “posé la main” sur Elbasan ? La cité d’origine, Scampa, fut créée au IIe siècle av. J.-C pour servir de carrefour commercial sur la Via Egnatia. Quand le sultan Mehmed II refonda la ville au XVe siècle, c’est lui qui fit graver les mots “eli-basan” sur la porte principale de la ville. Toutefois, l’importance d’Elbasan ne se limite pas à son histoire ancienne. Plus récemment, la ville est devenue la capitale sidérurgique de l’Albanie communiste. Les vestiges du gigantesque Kombinati Metalurgiku, le plus grand pôle métallurgique des Balkans, attireront les curieux de patrimoine industriel.
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