Art, culture & société

Voyages féministes en France et en Europe

© Elisabeth Blanchet

En pleine ère #metoo, le féminisme vous intéresse et vous intrigue ? Vous souhaitez le décrypter autrement ? Partez aux sources de ses différents mouvements en découvrant les lieux qui les ont marqués et inspirés, aux quatre coins de la France et ailleurs. Qu’il s’agisse d’une balade sur les pas d’Olympe de Gouges à Montauban, d’une promenade Street Art féministe sur la Butte aux Cailles à Paris ou encore de découvertes de repères de sorcières, embarquez dans une voyage enrichissant qui ne vous fera plus jamais voir le sexe souvent dit «faible» comme avant !

Sur les traces de célèbres sorcières

Les sorcières sont «à la mode», notamment depuis la publication de l’essai de Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes. A la fois rebelle et victime du patriarcat, la sorcière est devenue une sorte d’icône féministe absolue. Pour vous imprégner de leurs racines, partez sur les pas d’une de nos plus célèbres sorcières, Jeanne D’Arc… De son village natal qui porte désormais le nom de Domrémy-la-Pucelle en son honneur, dans la Meuse, à Rouen où elle finit sur le bûcher, grand classique de la fin des sorcières… Entre temps, suivant les voix qui lui disent de bouter les Anglais hors de France, elle se rend à Chinon puis Orléans où elle devient une légende vivante, avant sa triste fin…

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Autre siècle, autre sorcière, autres moeurs : Naïa, est devenue une des célébrités de Rochefort-sur-Terre en Bretagne à la fin du XIXè siècle. Connue localement pour avoir le don d’ubiquité, pour lire l’avenir et pour ne pas ressentir la douleur, elle vivait dans les ruines du château des Rieux et ne termina pas sur un bucher mais mourrut de sa belle mort ! Un musée, le Naïa Museum, lui est même dédié dans le parc du château.

Les repères des plus grandes féministes parisiennes

Paris a toujours été et reste un fief du féminisme. Pour mieux l’appréhender dans ce sens, arpentez la capitale sur les pas des grandes féministes qui l’ont marquée. Chronologiquement, retracez le parcours de Louise Michel qui commença sa carrière d’enseignante à Paris 14 rue du Château-d’Eau tout en habitant 88 boulevard des Batignolles. Bénéficiant d’un petit héritage en 1865, elle achète ensuite un externat 5 rue des Cloys puis le quitte pour en ouvrir un autre rue Oudot. Engagée depuis toujours en faveur des pauvres, elle prône l’égalité dans l’éducation. Très active pendant la Commune de Paris, elle est arrêtée et condamnée au bagne en 1871. De retour en 1880 et devenue anarchiste, sa dernière adresse parisienne est le 45 boulevard Ornano…

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Autre icône féministe, Josephine Baker, celle par qui le jazz et le charleston firent leur entrée en fanfare dans les clubs du Paris des années folles. Rendez-vous au Théâtre des Champs Elysées où la chanteuse mythique commença comme choriste avec la Revue Nègre. Cap ensuite vers les Folies Bergères où la grande dame fit fureur avec son guépard sur scène, puis au Casino de Paris où elle récidiva avec ses félins de compagnie ! Petite halte à l’hôtel Scribe près de l’Opéra, où Josephine avait l’habitude de séjourner avant un arrêt à l’Olympia où elle fit ses adieux en 1956. Pour finir par un hommage posthume, rendez-vous à l’église de la Madeleine où elle fut enterrée en 1975.

Enchainez par le Paris de Simone de Beauvoir, en commençant par les incontournables cafés Les Deux Magots et le Café de Flore, hauts lieux d’écriture et de rencontres littéraires. Trainez devant ses différentes adresses : celles de son enfance au 103 boulevard de Montparnasse puis 71 rue de Rennes, celle de l’occupation allemande à l’hôtel La Louisiane, 60 rue de Seine puis son appartement rue Schoelcher où elle vécut jusqu’en 1986.

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Flâner à la librairie des Femmes

Hasard ou coïncidence, la librairie des Femmes, escale incontournable de votre voyage féministe dans Paris, se situe au 35 rue Jacob, juste à côté de l’école le cour Désir - aujourd’hui disparue - où était scolarisée Simone de Beauvoir. Dans cette librairie-temple du féminisme, vous trouverez un fonds unique de livres écrits par des femmes ! Créée en 1974 par le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) dans la continuité de la maison d’éditionDesFemmes, la librairie des Femmes est un espace où l’on peut flâner pendant des heures au milieu de livres, de journaux, de fanzines en français mais aussi d’ouvrages écrits dans des langues étrangères. Tenu par des militantes-libraires, l’espace, joliment rempli de plantes, est aussi un lieu de paroles, de rencontres, de mines d’informations et bien sûr d’inspiration. Vous pourrez même y croiser quelques célébrités du féminisme ! Bref, prévoyez du temps pour vous imprégner de ce lieu particulièrement éclairant et stimulant.

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La Butte aux Cailles, haut lieu du Street Art féministe

Probablement choisi par les artistes féministe de Street Art pour son passé lié à la Commune de Paris - il en fut l’une des unités les plus actives -, le quartier de la Butte aux Cailles est devenu un musée de l’art féministe en plein air et ouvert à tous ! Tout au long de la rue des Cinq Diamants, commencez par découvrir les pochoirs de Miss Tic accompagnés de slogans tels que "Dire la puissance des femmes contre le pouvoir des hommes","Parole naît d'un pari dont la femme est capitale","Mieux que rien c'est pas assez». Un peu plus loin, autour de la rue Alphand,entrainez-vous à repérer des stickerssur les murs. Dessus, des tags, des graffs, des dessins, représentent notamment des femmes aux corps variés et aux organes génitaux parfois fortement exagérés. Les stickers de l’artiste Mars Lmontrent par exemple un clitoris avec, à l'intérieur, une oeuvre d’art classique et connue… Et ce ne sont que quelques exemples. En tout cas, la balade n’est jamais la même : exposées à tout vent mais aussi aux collectionneurs et aux vandales, les oeuvres changent, disparaissent mais sont heureusement vite remplacées par d’autres créations.

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Le Père Lachaise et ses tombes de personnalités féministes

Il existe une multitude de raisons d’aller se balader au Père Lachaise : la tombe de John Morrisson, celle d’Oscar Wilde… mais vous ne saviez peut-être pas que de célèbres féministes y sont enterrées. Commencez par une visite de la tombe de la grande tragédienne de la fin du XIXè siècle, Sarah Bernhardt. Amputéed’une jambe en 1915, elle partit à la rencontre des poilus au front en chaise à porteurs ce qui lui vaut le surnom prédestiné de«mère La Chaise» ! Elle fut la première femme en France à avoir desobsèques nationales. De la tragédie, passez à l’amour fou avec Edith Piaf. Décédée en 1963, la môme a la chance d’être entourée de quelques-uns de ses amants ! Partez ensuite rendre hommage à Gerda Taro, photojournaliste allemande peu connue car décédée à l’âge de 26 ans. Elle fut la compagne de Robert Capa et on lui doit des reportages poignants sur la guerre d’Espagne. Dans un registre plus actuel et de dénonciation des violences faites aux femmes, vous pouvez aussi aller vous recueillir sur la tombe de Marie Trintignant, morte en 2003, suite aux coups et blessures perpétrés par son compagnon, Bertrand Cantat.

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Cimetière du Père Lachaise à Paris
Cimetière du Père Lachaise à Paris PIXATERRA - Adobe Stock

Montauban sur les traces d’Olympe de Gouges

Changement de décor et de climat sur les pas d’Olympe de Gouges dans la charmante ville rose de Montauban. Pour commencer en beauté et en en prenant plein les yeux, plantez-vous devant l’imposante oeuvre de la graffeuse MOG qui représente le portrait de cette féministe de la première heure née à Montauban. Ce portrait au style ancien mais aux couleurs flashy et saturées et dont les yeux sont encadrés d’un rectangle bleue qui rend son regard perçant vous donnera envie d’en savoir plus sur cette femme, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenneen 1791. Passez ensuite au charmant théâtre à l’italienne - qui porte le nom de notre héroïne - et essayez de coordonner votre voyage avec les Journées Olympe de Gouges, organisées tous les deux ans depuis 2006 par la ville au début du mois de mars. Des journées qui, à travers des spectacles et des performances, mettent en lumière l’œuvre de la plus célèbre des citoyennes de Montauban. Finissez votre balade «à l’envers» en vous rendant rue Fraîche où Olympe, de son vrai nom Marie Gouze, vit le jour dans une maison modeste le 7mai 1748.

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Montauban, ville de naissance d'Olympe de Gouges
Montauban, ville de naissance d'Olympe de Gouges Annette Schindler - Adobe Stock

Niki de Saint Phalle à travers ses oeuvres féministes

Voici un voyage plus ambitieux, celui de partir dans le monde entier à la découverte des oeuvres féministes de la célèbre et talentueuse artiste Niki de Saint-Phalle. En ces temps de pandémie, commencez par l’hexagone, à la recherche des fameuses «Nanas», des sculptures grandeur nature de femmes aux formes généreuses qui dansent, hautes en couleurs et en expressions. Datant des années 60 et dérangeantes à l’époque, elles constituent aujourd’hui une des oeuvres phares de l’artiste. Tentez le Grand Palais pour les découvrir quand il rouvrira ses portes. En attendant, attardez-vous à la fontaine Niki-de-Saint-Phalle - ou fontaine Stravinsky car elle rend hommage au compositeur russe - à Beaubourg - co-réalisée avec son compagnon de l’époque, le sculpteur suisse Jean Tinguely - pour vous imprégner de l’univers de l’artiste franco-américaine, à la fois peintre, sculptrice, plasticienne et réalisatrice !

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La fontaine Niki-de-Saint-Phalle - ou fontaine Stravinsky - à Beaubourg
La fontaine Niki-de-Saint-Phalle - ou fontaine Stravinsky - à Beaubourg EdNurg - Adobe Stock
Sachez également qu’une réplique de la fontaine se trouve à Chateau-Chinon si vous êtes dans le coin. Retour à Paris : continuez à prendre l’air - et l’eau - dans les Jardinsde l'Archipel des Berges de Seine dans le 7ème arrondissement, un espace flottant constitué de cinq petites îles reliées par des passerelles.Quittez Paris pour la Promenade des Anglais à Nice pour admirer une sculpture de musicien noir en face du Negresco. Hors de nos frontières, évadez-vous dans le Jardin des Tarots en Toscane, dont les sculptures monumentales sont basées sur les vingt-deux arcanes du jeu de tarot. Au Moderna Museet - musée d’art moderne de Stockholm -, vous pourrez tomber nez à nez avec quelques «Nanas». Niki de Saint-Phalle a aussi participé à la réalisation d’un monstre monumental constitué de trois toboggans à Jérusalem ou encore à celle d’une maison-dragon en Belgique… A propos de maison, et si vous voulez jouer au détective, dénichez la maison de l’artiste dans le massif des Maures dans le Var, sur la route qui mène de La Garde-Freinet auPlan-de-la-Tour… Pour la trouver, un indice : ses fameuses sculptures émergent de la forêt et contrastent avec le vert des arbres et le bleu du ciel.

Destinations «Women-only»… ou presque

Les plus radicales d’entre vous seront curieuses de découvrir des lieux réservés à la gente féminine. Outre les retraites en tous genres - yoga, méditation, bien-être etc - n’admettant que le genre féminin, il existe désormais carrément des lieux où seules les femmes sont autorisées à poser le pied. C’est le cas par exemple de SuperShe Island en Finlande. La propriétaire de cette île de la Baltique, l'entrepreneuse germano-américaine, Kristina Roth, y organise depuis 2018 des séjours bien-être de luxe où les hommes ne sont pas conviés.

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Autre destination très «deuxième sexe», le Vagina Museum à Londres, au coeur du marché de Camden. Gratuit et ouvert à tous depuis novembre 2019 - mais en majorité fréquenté par des femmes -, il est unique au monde. Pour cause : il est dédié à un organe souffrant d’innombrables mythes et tabous : le vagin. Il fut d’ailleurs créé pour démonter les fadaises et autres idées reçues qui tournent autour l’organe génital féminin. Enfin, pour équilibrer et en savoir plus sur l’organe masculin, vous pouvez aussi vous envoler pour l’Islande et visiter le musée du pénis à Reykjavik !

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