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Publié le 17/04/2019 3 minutes de lecture
Encore trop souvent associé à une image de violence qui n'a plus raison d'être, le Nicaragua s'ouvre à l'écotourisme. Avec ses volcans et son lac en principaux atouts.
La Nature au Nicaragua
Sans surprise, le drapeau du Nicaragua arbore deux bandes bleues symbolisant les deux océans – Atlantique et Pacifique – qui bordent le pays d'Amérique centrale. On pourrait y ajouter un immense ovale bleu : le lac Nicaragua. Plus de huit-mille-deux-cent km2 d'eau douce entre les océans, une véritable “mar dulce” presque aussi grande que la Corse. Et le fer de lance de l'écotourisme dans le pays. “Beaucoup de voyageurs découvrent le Nicaragua dans la foulée du Costa Rica voisin, qui fait davantage de publicité à l'étranger et accueille des touristes depuis les années 1980, explique Laurent Richardier, tour-opérateur local, tandis que le ferry Ernesto Che Guevara nous emmène sur l'île d'Ometepe. Et beaucoup sont séduits par l'authenticité de ce pays encore préservé”.
Ometepe en est le plus bel exemple. À une heure de bateau de la rive ouest du lac, cette île plantée de bananeraies est classée réserve de la biosphère depuis 2010. On y trouve un aéroport dont la piste est traversée par la route, des gamins qui jouent au foot dans la lumière du soir, un village du nom de Los Angeles (ni ressemblance ni similitude). Et surtout deux volcans. L'île vit à l'ombre des cratères du Concepción, dont le cône parfait rugit encore régulièrement, et du paisible et verdoyant Maderas, qui renferme un petit lac paisible.
Deux représentants parmi les dix-sept de la ceinture de feu qui traverse l'ouest du pays. Certains turbulents–au loin, sur la terre ferme, le Momotombo détruisit en 1610 la belle cité coloniale de Léon, reconstruite par la suite, et le Masaya disparait dans ses vapeurs de gaz–, d'autres plus ludiques: les pentes couvertes de cendres du Cerro Negro se dévalent en luge et la forêt tropicale des flancs du Mombacho fait la joie des amateurs de flore et d'oiseaux.
À Ometepe, personne ne les craint. “Au contraire, on les remercie car c'est grâce à eux que les visiteurs viennent”, explique Odaliz Lopez. Avec une dizaine de femmes de l'île, cette souriante agricultrice anime l'association Puesta del Sol, qui propose des hébergements chez l'habitant aux visiteurs de passage. À sa table, tous les produits viennent de l'île : plantains frites, poulet et le traditionnel "gallo pinto" –riz et haricots rouges– présent sur toutes les tables du pays. “Todo es organico!” assure t-elle.
Au matin, on file en kayak sur le rio qui coupe l'île entre ses deux volcans, où ibis, hérons, aigrettes et tortues se laissent approcher dans le seul bruit des pagaies et des cris des singes hurleurs. Une vraie douceur de vivre, à l'opposé de l'image qui colle au pays depuis les décennies Somoza et la guerre civile, achevé en 1990, qui fit du plus riche pays d'Amérique centrale celui qui est maintenant le plus pauvre. Mais la réconciliation nationale n'est pas un mythe. “Aujourd'hui, confirme Sandrine Vezien, française installée au Nicaragua depuis plus de 20ans, la réputation de violence encore associée au pays est totalement injustifiée. Le Nicaragua est l'un des pays les plus sûrs d'Amérique centrale selon les statistiques, cela se vérifie tous les jours”. De fait, même le pourtant frileux site de Conseils aux Voyageurs du Ministère des Affaires Étrangères français note que le Nicaragua “est considéré comme l’un des pays les plus sûrs d’Amérique centrale”.
La seule vraie menace pour les amateurs d'écotourisme est un projet pharaonique de canal pour supertankers venant doubler celui du Panama voisin. Certains y voient un formidable levier économique pour le pays, d'autres une catastrophe écologique annoncée. Le début des travaux est annoncé. Mais dans la quiétude d'Ometepe, personne ne semble sérieusement y croire.
Reportage réalisé en partenariat avec l'Office National du Tourisme du Nicaragua et avec l'appui logistique de Nomade Aventure.