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Publié le 20/04/2020 5 minutes de lecture
Le “zéro déchet”, qui vise à réduire notre impact sur la planète en limitant la consommation et la production de déchets et en optimisant le recyclage, est l’un des grands bouleversements des pratiques du XXIesiècle. Tout voyage (sauf à pied ou à vélo) générant une empreinte carbone, le voyage zéro déchet est-il néanmoins un objectif réaliste et réalisable?“L’important dans le voyage zéro déchet, c’est de faire au mieux, pas d’atteindre la perfection”, déclare l’Australienne Anita Vandyke, spécialiste du zéro déchet et auteure d’A Zero Waste Life in Thirty Days (“Une vie zéro déchet en trente jours”). Elle partage aussi ses conseils en matière de voyage zéro déchet sur son compte Instagram @rocket_science. “En tant qu’ancienne ingénieure en aérospatiale, je connais particulièrement bien l’impact environnemental des voyages aériens, mais d’ici à ce qu’une alternative raisonnable et durable apparaisse, nous pouvons d’ores et déjà limiter notre impact de maintes façons tout en continuant d’explorer notre incroyable planète”. Voici comment.

Choix et réservations
“Opter pour des destinations engagées dans la réduction des déchets facilite les choses pour le consommateur” explique Vandyke. Plusieurs pays (et une multitude de villes, de Delhi à San Francisco), et même l’île de Capri en Italie, par exemple, ont interdit les sacs en plastique, et l’Union européenne a voté la suppression progressive des plastiques jetables d’ici 2021. Vandyke recommande d’adopter la même approche au moment de réserver ses hébergements. “L’idéal, ce sont les hébergements indépendants: vous pourrez faire les courses au marché et cuisiner vous-même, éliminant ainsi les déchets générés par les formules à emporter et les restaurants.”Le choix de votre compagnie aérienne influe aussi sur vos objectifs zéro déchets. “Si les déchets qu’elles génèrent continuent d’être un gros problème, de nombreuses compagnies ont pris des mesures pour réduire le volume de déchets finissant à la décharge”. D’ailleurs, le tout premier vol sans plastique jetable du monde, de la compagnie portugaise Hi Fly, a décollé en décembre2018, et en février2019, Qantas s’est engagée à supprimer 100millions d’articles en plastique jetables sur ses vols en 2020.


Dans vos bagages
Si vous n’en avez pas encore, Vandyke vous conseille de constituer un kit zéro déchets et de le garder accessible, dans votre sac à main. “Votre kit zéro déchet doit contenir au moins 4objets pouvant se substituer aux grandes catégories d’objets en plastique: bouteille, tasse à café, sac et paille. Personnellement, j’y mets aussi une cuillère-fourchette réutilisable, excellente alternative aux couverts en plastique, légère de surcroît, ainsi qu’un mouchoir, bien pratique pour emballer des restes de nourriture ou des déchets organiques.” Dans l’avion, prévoir ses écouteurs, son masque de sommeil et sa couverture peut aussi aider à minimiser les déchets à bord. Quant aux filtres à eau, ils sont bien utiles pour les destinations sans eau potable.


Réduisez vos déchets à bord
Demandez-vous si vous avez vraiment besoin d’enregistrer un bagage. “Non seulement vous réduirez votre empreinte carbone en vous contentant d’un bagage à main, mais cela vous fera gagner du temps une fois arrivé à destination” dit Vandyke, qui recommande de télécharger ses cartes d’embarquement plutôt que de les imprimer, et d’emporter un lecteur audio ou une liseuse chargés de podcasts et d’e-books plutôt que d’acheter des magazines et des livres à l’aéroport.“S’il est facile de limiter ses déchets sur les vols nationaux en refusant les en-cas proposés à bord, les vols internationaux avec service compris exigent un peu plus de prévoyance en amont. Dans de nombreux pays, la réglementation douanière exige des compagnies aériennes qu’elles jettent la nourriture non consommée. Mieux vaut envoyer un e-mail à la compagnie au préalable pour les prévenir que vous apporterez de quoi manger et qu’elle n’a pas à s’occuper de votre repas.”

Réduisez vos déchets à destination
Si les prestataires de tourisme du monde entier ont pris conscience ces dernières années de l’importance de réduire ses déchets, il est toujours utile d’être ferme. “Pour ne pas être mis devant le fait accompli, prenez l’habitude de demander à l’avance que votre nourriture, vos boissons ou autres achats ne vous soient pas servis dans des supports en plastique à usage unique.”Vandyke encourage également les voyageurs indépendants à se ravitailler sur les marchés de producteurs et dans les magasins de vente en vrac (essayez l’application Bulk Finder créée par l’Américaine Bea Johnson, spécialiste du zéro déchet). “J’utilise aussi l’application ShareWaste pour localiser les endroits où je peux déposer mes déchets organiques” ajoute Vandyke.Enfin, n’oubliez pas de surveiller votre consommation d’eau. “Pour un court séjour, assurez-vous que les hôtels ne changent pas vos draps et vos serviettes, et plutôt que de déposer vos vêtements au service blanchisserie, lavez-les vous-mêmes avec de la lessive écologique”, exhorte Vandyke.

Allez plus loin en participant à des opérations de nettoyage
“Il est important de garder en tête que le voyage zéro déchet ne concerne pas seulement la réduction du plastique” précise Vandyke. Le temps (et pas seulement le vôtre) est un bien précieux et on peut éviter de gaspiller pendant ses voyages. “Si vous souhaitez faire du bénévolat pendant votre séjour, par exemple, renseignez-vous bien pour vous assurer que vous ne perdez pas votre temps et que le projet répond aux besoins de la communauté locale”. Par exemple, vous pouvez faire du kayak gratuitement dans certaines villes européennes tout en nettoyant les lacs et rivières, ouparticiper au nettoyage d’une plage.
Traduit par : Anna Alvarez