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Publié le 10/07/2013 4 minutes de lecture
Né à Figueras en Catalogne, Salvador Dalí fut l’une des figures marquantes du mouvement surréaliste. Si l’ombre de l’artiste plane encore un peu partout dans le nord de la Costa Brava catalane, certains lieux hauts en couleur portent plus que d’autres la trace de son passage.
Figueras
Un bâtiment rose surmonté de sculptures en forme d’œufs géants et de statuettes des Oscars au beau milieu d’une ville provinciale classique ? Cela ne peut-être que l’œuvre de Dalí ! Fidèle à ses origines, le peintre vécut plus de la moitié de sa vie à Portlligat, sur la côte à l’est de Figueras. Entre 1961 et 1974, il transforma l’ancien théâtre municipal, incendié pendant la guerre civile, en théâtre-musée, qui accueille depuis l’univers de l’artiste au Teatre-MuseuDalí. Vous n’y trouverez cependant pas ses œuvres les plus célèbres car elles sont dispersées dans le monde.
Parmi les œuvres de choix, le Taxi Plujós (taxi pluvieux) est composé d’une vieille Cadillac, surmontée d’une statue. En mettant une pièce dans la fente de la machine, vous verrez de l’eau jaillir à l’intérieur de la voiture. La Sala de Peixateries (salle des Poissonneries) rassemble des toiles de Dalí, dont les célèbres Autoportrait mou avec lard grillé et Portrait de Picasso. Sous l’ancienne scène du théâtre, la crypte où repose Dalí se trouve au “centre spirituel de l’Europe” comme le décrivait modestement le peintre.
Dalí est l'une des figures artistiques les plus importantes de Catalogne - cause.perdue
Cadaqués
Le peintre surréaliste passa ses vacances en famille à Cadaqués durant sa jeunesse. Dans le sillage de Dalí et d’autres personnalités, comme son ami Federico García Lorca, le défilé des célébrités se poursuivit à Cadaqués pendant des décennies. En 1929, la visite de Paul Éluard et de son épouse russe Gala bouleversa la vie du peintre espagnol, qui s’enfuit à Paris avec la jeune femme et adhéra au mouvement surréaliste. Gala allait devenir la femme de Dalí et l’obsession de toute une vie.
Un itinéraire Dalí emprunte le plus souvent l’élégante route de bord de mer revêtue de grandes dalles d’ardoise. Il permet de comparer des tableaux du peintre et le lieu précis où Dali les peint. Une manière efficace de comprendre le point de vue de l’artiste.
Des visiteurs s'amusent à la Casa-Museu Dalí de Portlligat - ©Víctor Gómez
Portlligat
Près d’une paisible crique à Portlligat, un petit village de pêcheurs à 1,25 km à pied de Cadaqués, se trouve la Casa-Museu Dalí (www.salvador-dali.org ; uniquement sur réservation). À l’origine, la résidence de Salvador Dalí était une simple cabane de pêcheur. Elle fut ensuite régulièrement transformée et agrandie par l’artiste, qui a vécu ici avec sa femme de 1930 à 1982. Aujourd’hui, les lieux donnent un aperçu de la vie de ce couple surréaliste.
La maison renferme une foule de petites surprises : un ours naturalisé avec son ombrelle et ses cannes dans l’entrée, des cygnes empaillés dans la bibliothèque, le chevalet mobile dans l’atelier qui permettait à Dalí de manipuler les toiles lorsqu’il travaillait sur une très grande peinture, les immortelles jaunes qu’adorait sa femme et le miroir de la chambre qui leur permettait d’assister au lever du soleil. Certains détails attireront votre attention, parmi les plus étranges figurent l’Oval – le cœur de la maison, construit comme un sanctuaire pour Gala –; la piscine en forme de… pénis et le canapé en forme de lèvres, la tourelle coiffée d’un œuf géant et hérissée de fourches.
Visites guidées (petits groupes) en plusieurs langues ; réservation indispensable.
Castell de Púbol
À 2 km du village de La Pera, le Castell de Púbol (www.salvador-dali.org) constitue le site le plus méridional du “triangle de Dalí” dans le nord-est de la Catalogne.
Dalí avait promis à sa femme, Gala – sa muse et son grand amour – d’en faire la “reine d’un château”. En 1969, il trouva enfin la résidence idéale qui servirait de refuge à Gala, qui, à l’âge de 76 ans, ne souhaitait plus vivre la vie toujours particulièrement mouvementée de l’artiste.
Le sombre château aux murs de pierre couverts de plantes grimpantes est presque l’antithèse du flamboyant Teatre-Museu Dalí ou de la maison du bord de mer du peintre : Gala l’avait fait décorer selon ses souhaits et y recevait qui elle voulait. On raconte que même Dalí devait demander une autorisation écrite pour lui rendre visite.
L’intérieur reflète les goûts de Gala : sa chambre est simple et presque dépouillée ; les fleurs “immortelles” qu’elle aimait tant sont omniprésentes et une galerie à l’étage expose une splendide collection de robes créées pour elle par Pierre Cardin, Christian Dior et Elizabeth Arden. Un mannequin légèrement effrayant, censé ressembler à Gala, est assis dos aux visiteurs.
On retrouve tout de même des touches de Dalí : un cache-radiateur sur lequel sont peints des radiateurs, des statues d’éléphants aux pattes grêles dans l’exubérant jardin, une table transparente avec des pattes d’autruche laissant entrevoir un cheval empaillé en contrebas, une montre molle sur un cintre dans la chambre d’ami, et une girafe empaillée veillant sur la tombe de Gala dans la crypte.