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Publié le 18/01/2022 8 minutes de lecture
Plages désertes, falaises d’un noir d’encre, vallées creusées par les glaciers, sommets couronnés de neige : les fjords de l'Ouest résument bien toute la splendeur de la nature de l’Islande – la foule en moins.Cette péninsule montagneuse, découpée de fjords et presque entièrement dénuée d’arbres accueille beaucoup moins de visiteurs que d’autres régions plus connues d’Islande, c’est donc un endroit fantastique à explorer si vous cherchez à vous éloigner de tout. Avec plus de 22 000 km2 (8 494 miles carrés) pour à peine 7 000 habitants, c’est une des zones les moins densément peuplées du pays (une densité à peu près équivalente à celle des îles Malouines).Si c’est la nature sauvage qui vous attire, les fjords de l’Ouest en regorgent. Plages irréelles aux teintes minérales, falaises où nichent les oiseaux de mer, petits villages de pêcheurs, fjords enveloppés de brume, promontoires déserts, cascades furieuses et assourdissantes, tout y est. Géologiquement parlant, c’est la partie la plus ancienne de l’Islande, un endroit magique et mystérieux, un pays de légende tout droit sorti des sagas.
Si la péninsule reste relativement peu visitée, c’est surtout en raison de son isolement. Même si on peut rejoindre sa partie sud en une journée de voiture depuis Reykjavik par la Route Circulaire, il faut près d’une semaine pour atteindre ses extrémités ouest ou nord – quand on y parvient : il n’est pas simple de circuler dans les fjords de l’Ouest même par beau temps, beaucoup de fjords ou de vallées n’étant accessibles qu’en ferry ou par des cols de montagnes pris par la neige une bonne partie de l’année. En dehors des axes principaux, la péninsule compte surtout des routes non goudronnées, bosselées et pleines de nids-de-poule qui rendent l’utilisation d’un 4×4 préférable, voire nécessaire. De plus, les villages (et les stations-service) sont éloignés les uns des autres.Mais il y a un avantage à cette circulation difficile. Peu de touristes ont le temps (ou l’envie) de venir explorer la région, ce qui la laisse à ses habitants et aux voyageurs les plus aventureux. Que vous y veniez pour camper, faire du kayak ou du vélo, marcher, observer les oiseaux ou les baleines, les fjords de l'Ouest sont restés sauvages comme bien peu d'endroits dans le monde.Se faire tremper à Dynjandi
Le site le plus connu des fjords de l’Ouest est probablement Dynjandi : une cascade imposante, à plusieurs étages, qui tombe d’une falaise haute de 100 m (328 pieds). Par sa hauteur et son débit, c’est la plus grande de la région, et la plus imposante d’une série de chutes d’eau qu’on longe en montant jusqu’au parking (la liste, difficile à prononcer, inclut Hæstahjallafoss, Strompgljúfrafoss, Göngumannafoss, Hrísvaðsfoss, Kvíslarfoss, Hundafoss, et Bæjarfoss). Mais ce n’est qu’en se tenant au pied de la cascade principale qu’on réalise la force de l’eau qui descend de la calotte glaciaire. Son nom, qui signifie quelque chose comme “l’étourdissante”, est bien choisi : son grondement est assourdissant, et elle impressionne autant que d’autres cascades du pays comme Gullfoss, Godafoss ou Dettifoss. Notez que la route qui y monte est pleine de nids-de-poule, et peut s’avérer ardue en cas de pluie.
Admirez le coucher du soleil à Rauðasandur
À l’extrême sud-ouest de la région, Rauðasandur est un long croissant de sable (10 km) et, en tout cas pour l’Islande, une rareté : au lieu du sable volcanique noir qu’on retrouve souvent sur les autres rivages du pays, celui de Rauðasandur est dans des tons de rouge, rose, or, et orange qui scintillent littéralement au coucher du soleil. Quasiment déserte presque toute l’année, c’est une plage irréelle. Avec la bonne lumière, on n’a aucun mal à s’imaginer marcher sur le sable d’une planète inconnue. On y arrive par une route bosselée de 10 km (6 miles) qui part de la Rte 612. Et si vous aimez les plages désertes du bout du monde, Breiðavík mérite aussi un détour.
Photographiez des macareux à Látrabjarg
Pour les ornithologues amateurs, Látrabjarg doit ressembler au Valhalla. Chaque été, des milliers et des milliers d’oiseaux marins se rassemblent sur ces falaises abruptes hautes de 400 m (1 312 pieds) pour nicher, prendre leur envol, se chamailler, gazouiller et couver. Fulmars, mouettes tridactyles, sternes, fous, petits pingouins et labbes ne sont que quelques-unes des espèces qu’on peut y voir mais, comme toujours, ce sont les amusants macareux qui tiennent la vedette : on ne se lasse pas de leur dandinement charmant ni de leur vol étrange (et on comprend encore moins pourquoi les Islandais en sont venus à considérer le macareux comme un mets raffiné - à servir de préférence fumé, paraît-il). Même sans être ornithologue amateur, Látrabjarg vaut le voyage : c'est le point le plus occidental de l'Islande.
Randonnez vers le Hornstrandir
Les fjords de l’Ouest sont sauvages, certes, mais c’est au Hornstrandir que la nature se fait le plus indomptée. Depuis 1975, ce mélange de toundra, de glaciers, de rochers et de falaises du nord des fjords occidentaux est une réserve naturelle protégée, et c’est le plus bel endroit de la région – voire de tout le pays – pour découvrir à quoi ressemblait l’île avant l’arrivée des premiers colons vikings.Rivières, falaises, plages, montagnes et fjords inviolés y sont strictement protégés, surveillés par des rangers, et on ne peut y camper qu’à des emplacements prédéfinis (avec un équipement obligatoire pour remporter tous ses déchets). Bien évidemment, quantité d’aventures vous y attendent, de la randonnée à l’escalade et à l’observation des baleines. De bonnes compagnies de guides, comme Borea Adventures, peuvent vous y emmener. Avec de la chance vous apercevrez peut-être un renard arctique : le Hornstrandir est un des rares endroits où on peut voir l’unique mammifère natif de l’île.
Détendez-vous dans le hot pot de Krossneslaug
Les sources chaudes (naturelles ou artificielles) sont partout en Islande, et les fjords de l’Ouest ne font pas exception : il y a des centaines d’endroits où prendre un bain chaud, certains connus de tous, d’autres seulement des habitants de l’endroit. Peu sont aussi photogéniques qu’à Krossneslaug, un bassin chauffé par la géothermie, sur la côte de Strandir, qui domine une plage de rochers noirs sortie tout droit d’un film d’Ingmar Bergman. Le décor est superbe et l’eau est bonne, émergeant à une température de 34-38˚C (93-100˚F).
Cultivez-vous à Ísafjörður
Certes ce n’est pas Reykjavik mais pour les standards des fjords de l’Ouest, Ísafjörður est une métropole animée. Avec 2 700 habitants, cette petite cité portuaire compte des musées parmi les plus intéressants de la région. Notamment le Westfjords Heritage Museum et l’original musée de la Vie quotidienne, qui présente la vie de tous les jours dans les fjords de l’Ouest grâce à des films, des témoignages oraux et des objets. Il y a aussi de bons restaurants et cafés en ville : essayez Tjöruhúsið pour les produits de la mer, ou Edinborg pour goûter aux bières locales.
Traversez l’Ísafjarðardjúp en kayak
L’Ísafjarðardjúp est le plus grand – et beaucoup diraient le plus impressionnant – des nombreux fjords qui composent la région. Bordé par l’Ísafjörður au sud et le Hornstrandir au nord, c’est un bel exemple de paysage glaciaire. Plusieurs opérateurs proposent des circuits guidés en kayak de plusieurs jours le long du fjord, avec camping sur des plages ou des caps déserts. Vous apercevrez souvent aigles des mers et phoques, des baleines parfois, en traversant la baie en kayak. Le sanctuaire animalier de l’île de Vigur est un but d’excursion très apprécié, notamment pour observer les macareux. C’est aussi là que se trouve le plus vieux phare du pays, bâti en 1837.
Découvrez le passé maritime des fjords de l’Ouest
Dans la petite ville de Bolungarvik, l’évocateur Musée maritime d'Ósvör présente l’histoire marine des fjords de l’Ouest. Dès la période viking, les habitants de la région tiraient non sans mal leur subsistance de la mer, pêchant, chassant et commerçant, et ont développé une culture maritime qui demeure encore aujourd’hui. Ce musée vivant passionnant expose, entre autres, une collection de huttes de pêcheurs, des bateaux à rames anciens et un saloir où on faisait sécher le poisson. Mais le plus intéressant est le vieux guide qui vous le fait visiter et vous régale de ses contes maritimes, vêtu d’une blouse traditionnelle en peau de mouton.
En selle vers la péninsule de Þingeyri
À l’écart, la péninsule de Þingeyri se parcourt de préférence sur deux roues (ou quatre jambes). Une piste grossière longe la côte en sinuant, depuis le côté sud du Dýrafjörður jusqu’au site viking de Haukadalur. C’est un des plus beaux chemins des fjords de l’Ouest, idéal pour une aventure en VTT ou,mieux, à dos d’un de ces célèbres chevaux islandais aux jambes courtes. Par beau temps, on peut pédaler ou trotter jusqu’au phare solitaire de Svalvogar. Ces circuits à cheval ou en vélo peuvent se préparer au petit village de Þingeyri.
Visitez une saurisserie devenue galerie d’art
Autrefois, c’est le hareng qui faisait vivre Reykjarfjörður, même si l’âge d’or de la pêche est passé depuis longtemps. Des habitants entreprenants ont depuis transformé l’ancienne usine de harengs en galerie d’art contemporain, The Factory, qui présente les tableaux inventifs et les splendides sculptures d’artistes islandais. Une galerie d’avant-garde au milieu des fjords de l’Ouest, voilà qui peut surprendre, mais la découverte est géniale.
Partez à la chasse aux aurores boréales
Avec une pollution lumineuse quasi nulle, les fjords de l’Ouest sont un des meilleurs endroits du pays pour voir les aurores boréales. Elles se produisent le plus souvent pendant les mois les plus sombres, d’octobre à mars, mais il faut aussi un ciel dégagé pour les voir – ce qui peut être problématique dans la région. Pour avoir plus de chances d’en voir une, il est utile de contacter une compagnie de guides spécialisés, qui a accès aux derniers bulletins météo et aux prévisions détaillées sur les aurores boréales, comme Wild Westfjords, par exemple. Mais si vous avez du temps, restez encore un peu : une aurore boréale finira bien par survenir, tôt ou tard.
Faites un safari en 4×4 sur la route la plus terrifiante du pays
En conduisant sur Kjaransbraut (“Avenue Kjaran”) depuis Patreksfjörður, on ne peut s’empêcher de se demander quel fou a pu penser que c’était une bonne idée de tracer une route ici (comme son nom l’indique, c’était un gars du coin nommé Kjaran ; il la déblayait au bulldozer durant son temps libre). Mais ça n’est pas réellement une route : au mieux, c’est une piste caillouteuse bordée d’un côté par une montagne abrupte, de l’autre par une falaise qui descend à pic, avec des montées et descentes à vous soulever l’estomac. En chemin, elle contourne le pied du Kaldbakur, le plus haut sommet des fjords de l’Ouest, que l’on peut escalader si le temps est clément. N’empruntez cette route qu’avec un guide expérimenté : contactez Westfjords Adventures.
Faites un road-trip le long de la côte de Strandir
Dans l’imaginaire islandais, la côte de Strandir, loin de tout, est censée être le pays des trolls, des elfes, des apparitions et des sorciers. Aujourd’hui, la plupart des gens y vont pour découvrir la nature dans ce qu’elle a de plus brut. Le flanc est de la région offre des paysages tout à fait spectaculaires : montagnes, falaises, fjords, ici tout est grand, dans tous les sens du terme. Depuis Hólmavík une route bosselée d’environ 240 km (150 miles), isolée et quasi déserte où on peut passer plusieurs heures sans croiser un autre véhicule, mène au Norðurfjörður. Ponctuée de criques et de plages où les seuls à prendre le soleil sont les phoques, on s’y sent aussi loin du monde qu’il est possible de l’être : téléphones portables et Wi-Fi ne fonctionnent pas ici, et c’est tant mieux.
Faites-vous peur au musée de la Sorcellerie islandais
La côte de Strandir est un endroit plutôt étrange, et on voit bien comment la sorcellerie s’est retrouvée liée au folklore local. Ce curieux petit musée de Hólmavik présente une histoire de l’occulte, avec des vitrines et des objets qui s’intéressent aux faits (et souvent également aux fictions) qui sont derrière les légendes. Des choses très bizarres y sont exposées, coupes de sang, bâtons magiques, balais de sorcières et autres grimoires. On y narre aussi l’histoire troublante de la (bien réelle) chasse aux sorcières qui a balayé les fjords de l’Ouest au XVIIe siècle.
Faites du quad
Si vous voulez profiter sans effort des paysages, un quad permet d’affronter même la plus difficile des pistes. ATV Ísafjörður propose des sorties de deux heures en quad tout-terrain customisés, sur des pistes inaccessibles à presque tout autre véhicule. La vue sur les fjords est magnifique, mais préparez-vous à la boue et au froid : même une combinaison bien matelassée ne protège pas des températures islandaises plus d’une heure ou deux.Recommandations et restrictions sanitaires peuvent évoluer rapidement en temps de pandémie. Lonely Planet recommande aux voyageurs de toujours vérifier auprès des autorités locales quelles sont les règles en vigueur avant de voyager tant que dure le Covid-19.
Traduit par : Vincent Guilluy