
L'Injera, l'aliment de base de la cuisine éthiopienne
Mis à jour le : 16 septembre 2019
L’Éthiopie se distingue de ses voisins à bien des égards, notamment par sa cuisine, qui ne ressemble à aucune autre, que ce soit sur le continent africain ou ailleurs. Elle vous marquera à jamais avec ses épices qui vous donneront allègrement les larmes aux yeux et la légère acidité de la spongieuse injera (fine crêpe qui accompagne la plupart des repas éthiopiens) qui titillera votre langue. Wat (ragoût), kitfo (viande hachée) et tere sega (viande crue) sont omniprésents sur les cartes éthiopiennes.
Tout comme votre premier baiser, votre premier injera vous laissera un souvenir impérissable. C’est l’aliment national et la base de pratiquement tous les repas. On dispose simplement la nourriture sur cette immense crêpe fine (un touriste américain raconte l’avoir une fois confondue avec la nappe !). Parfois, l’injera est servie roulée à côté du plat ou sur une assiette séparée, évoquant les serviettes chaudes proposées à bord des avions. L’injera ne donne pas toujours une première bonne impression. Son goût acidulé peut déconcerter ceux qui n’y sont pas habitués mais, après quelques bouchées, la plupart des voyageurs commencent à l’apprécier. Son amertume et sa légère acidité contrastent merveilleusement avec les sauces bien relevées qui l’accompagnent généralement. L’injera est nourrissante et permet de saucer son plat comme le pain, et peut être garnie et roulée comme une crêpe. Elle est par ailleurs bien plus simple à manipuler sur l’assiette que du riz et ne se désagrège pas aussi facilement que le pain... Bref, l’injera est une ingénieuse invention ! Même si elle évoque toujours aux yeux des novices un vieux tapis de douche grisâtre, on en trouve en réalité de diverses nuances et qualités. Qui sait, avec le temps, vous deviendrez expert en injera !
Nous sommes nombreux à avoir déjà goûté à la cuisine éthiopienne, mais ce qui passe pour de l’injera en Occident n’en est souvent pas en réalité. On peut certes déguster des injera authentiques en dehors de la Corne de l’Afrique, mais la plupart du temps on vous sert une galette à base d’une céréale autre que le tef, qui n’a pas la légère fermentation, le goût acidulé et la texture caoutchouteuse de l’injera locale. En Éthiopie, les visiteurs étrangers se lassent souvent rapidement de l’injera (sans parler des “effets secondaires” que peut avoir ce pain semifermenté sur l’estomac lorsqu’il est consommé plusieurs jours d’affilée), surtout ceux qui prennent leurs repas uniquement dans des restaurants locaux bon marché, où elle n’est pas toujours de première qualité. La plupart des guides que nous avons rencontrés estiment que 80% des touristes étrangers évitent l’injera au bout d’une semaine en Éthiopie ! Cela dit, certains voyageurs adorent cet aliment et ne s’en lassent pas. De plus, l’injera étant riche en protéines et en nutriments, elle vous aidera à vous maintenir en forme.
Le kitfo est un repas de fête pour l’Éthiopien moyen. On réserve à ce plat la viande la plus maigre, hachée puis chauffée dans une casserole avec un peu de beurre, du mitmita (un mélange d’épices – jusqu’à 16 –, plus relevé que le berbere) et parfois du tosin (thym). Son goût peut être fade comme savoureux, voire divin. Par ailleurs très nourrissant, le kitfo est idéal si vous êtes affamé après une rude journée de voyage. Traditionnellement, la viande est servie leb leb (chaude mais pas cuite), mais vous pouvez la demander betam leb leb (littéralement “bien chaude”, c’est-à-dire cuite). L’assiette de kitfo se compose généralement aussi d’aib (sorte de fromage blanc sec) et de gomen (épinards hachés). Dans la région du Guragé, où le kitfo est en quelque sorte une spécialité, on l’accompagne souvent de kotcho (“pain” d’enset ou faux bananier).
Considéré comme un luxe en Éthiopie, le tere sega (viande crue) est traditionnellement servi lors de fastueux mariages et autres occasions spéciales. Certains restaurants en font leur spécialité. Les carcasses suspendues à l’entrée et les hommes en blouse ensanglantée, munis de couteaux à découper, donnent certes à ces lieux des allures sinistres de boucherie, mais vous aurez l’assurance de manger de la viande fraîche et le morceau choisi, ce qui n’est pas toujours le cas en Occident. On déguste le tere sega dans une assiette à l’aide d’un couteau tranchant et avec de l’awazi (sorte de sauce à la moutarde et au piment) et du mitmita (mélange d’épices). Avec du vin rouge local et en compagnie d’amis éthiopiens, c’est une expérience à ne pas manquer, du moins pour les amateurs de viande rouge.
Compagnon inséparable de l’injera, le wat est la version éthiopienne du curry. Il peut être très relevé ; heureusement, l’injera vient contrebalancer les épices. Sur les hauts plateaux, le wat de beg (mouton) est le plus courant. On trouve aussi du wat de bere (boeuf) dans les grandes villes et on utilise principalement le fiyel (chèvre) dans les plaines arides. L’ingrédient roi est cependant le poulet ; le doro wat (ragoût de poulet) est pratiquement le plat national. Les chrétiens comme les musulmans évitent le porc. Les jours de jeûne (mercredi et vendredi), pendant le carême, avant Noël, ainsi qu’à quelques autres occasions, on s’abstient de manger de la viande et des produits laitiers, et des versions végétariennes de wat sont disponibles. La plupart des étrangers deviennent de fervents adeptes de cette cuisine du jeûne.