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Publié le 23/06/2017 3 minutes de lecture
Il n'est plus guère besoin de présenter Marrakech. Mais plus rares sont les voyageurs qui quittent la ville vers l'est et franchissent l'Atlas, coiffé de ses sommets enneigés. De l'autre côté de la plus haute chaîne du Maroc, Ouarzazate et sa région multiplient les bonnes surprises.
1. Ouarzazate, Ouallywood
Dans le hall du Berbère Palace, le dernier né des hôtels de Ouarzazate, on est accueilli par de gigantesques statues égyptiennes, vestiges d'un tournage de film. Bienvenue à “Ouallywood”, le surnom donné à la ville car de nombreux long-métrages ont été tournés dans ses environs. Ouarzazate. La sonorité du nom chantonne et zigzague comme des eaux fraîches au fond d'un oued tranquille. Selon certaines sources, il voudrait dire “la ville sans souci” et aurait des racines à la fois arabe et tamazight, la langue des Berbères. À 200 km à l'est de Marrakech, de l'autre côté des sommets de l'Atlas, la ville est en effet fréquentée depuis des siècles par les commerçants berbères et les habitants des vallées du Drâa et du Dadès. Si sa belle casbah date de cette époque, le reste de la cité est plus récent. Ouarzazate a en effet été fondée en 1928 par les Français afin d'offrir un accès au sud du pays. À l'opposé de la touffeur de Marrakech, la ville offre un visage paisible qui attire de plus en plus de visiteurs. Des cinéastes, mais aussi des touristes et randonneurs séduits par son atmosphère décontractée, la variété des paysages de ses environs et un atout de taille : Ouarzazate est accessible en 3 heures de vol direct depuis Paris.
2. La vallée des 1 000 casbahs
À peine hors de la ville, les sommets enneigés de l'Atlas rappellent pourquoi Martin Scorsese avait choisi la région pour y tourner son Kundun, qui se passe au… Tibet. Plus loin, ce sont les sommets de l'Anti-Atlas qui occupent l'horizon. Entre les deux chaînes, la route qui s'étire vers Boumalne-Dadès est surnommée “la vallée des 1 000 casbahs”, car les eaux qui descendent des sommets se donnent rendez-vous dans des palmeraies où les notables d'hier se faisaient bâtir ces altières demeures en pisé. Au dessus de la végétation – palmiers, oliviers, amandiers, figuiers, abricotiers, roses… – leurs hauts murs de terre crue ont la particularité d'être aussi chauds en hiver que frais en été. “Tout l'inverse des parpaings”, confie Mohamed Aït Dra, guide de randonnée qui se désole de voir ces derniers remplacer de plus en plus souvent l'habitat traditionnel. Dans la palmeraie de Skoura, la casbah Amridil est l'une des mieux préservées.
3. Djebel Sarhro
Certaines scènes du film Babel, d'Alexandro Gonzalez Iñarritu, ont été tournées près de Tazzarine, dans le djebel Sarhro. Le décor a en effet de quoi faire monter l'adrénaline des réalisateurs et chefs-opérateurs. Traversant le massif par la piste du Tizi Tazazert, on découvre un paysage minéral et torturé, entre aiguilles dressées vers le ciel, canyons et sommets de basalte noir et ocre. On peut a priori trouver le paysage austère, mais l'heure du thé au col de Tizi Tazazert révèle aussi sa douceur. Le djebel est notamment fréquenté par les randonneurs, qui y trouvent un terrain de jeu à la hauteur de leurs espérances. Avec une garantie de soleil : la région a été choisie pour la construction du complexe d'énergie solaire Noor (« la lumière »), l'un des piliers d'un programme national qui vise à produire à partir de sources renouvelables plus de 40% de l'énergie électrique marocaine dès 2020.
4. Randonnée et bivouac dans les dunes
Depuis que l'actualité a durement freiné les possibilités d'escapades sahariennes, on a presque oublié la saveur particulière du thé à la menthe lorsqu'il est servi au milieu des dunes, au bivouac du soir. Mais pour peu que l'on se soit entouré d'un bon prestataire, il n'est pas forcément nécessaire d'aller jusqu'aux grandes dunes de Merzouga pour s'enfouir les pieds dans le sable saharien. Aux portes de Tazzarine, la crête de Foum Tizza révèle des cordons dunaires quasi parfaits, dont la sensualité contraste avec la rudesse du djebel Sarhro. Un vrai morceau de désert, où l'on s'endort sous une pluie d'étoiles. Au matin, on part à pied dans la quiétude des dunes, et on comprend pourquoi Bernardo Bertolucci avait choisi la région pour tourner Un thé au Sahara…
5. La vallée du Drâa
On croit en avoir fini après notre escapade dans les sables. Ça serait oublier la sublime vallée du Drâa. Plus long réseau hydrographique du Maroc, le Drâa prend sa source sur les hauteurs de l'Atlas et serpente dans le relief, irriguant au passage de luxuriantes palmeraies. D'un côté, la vallée file vers Zagora et son atmosphère d'avant-poste du désert. De l'autre, elle nous ramène vers Ouarzazate, révélant en chemin ses casbahs et ksours qui émergent des frondaisons des palmiers-dattiers. Au passage, on peut dépasser la ville d'une trentaine de kilomètres pour aller admirer l'un des plus célèbres d'entre-eux : le ksour d'Aït Ben Haddou. Classé sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, ce caravansérail du XIe siècle a notamment servi de cadre à certaines scènes de Lawrence d'Arabie et de Gladiator.
Ce reportage a été réalisé avec l'aide d'Allibert-Trekking qui propose de nombreux voyages de randonnée au Maroc.