Quand on l’aperçoit de loin, on peut se demander comment Altamura, un lieu si isolé, a pu connaître un passé aussi riche et mouvementé, et ce, bien après que des dinosaures y ont laissé leurs empreintes. Son nom vient du latin altus murus (hauts murs). Il fait référence aux remparts mégalithiques érigés au VIe siècle av. J.-C. pour défendre la ville contre Tarente, avide des richesses agricoles (vignes, oliviers, blé) de son arrière-pays. Abandonnée au moment de la crise de l’Empire romain, la ville connut un nouvel essor en 1232, sous l’impulsion de Frédéric II. Prospère et influente malgré une économie rurale et un isolement relatif, Altamura se distingua souvent par son esprit d’indépendance.
Que voir, que faire à Altamura ?
Se balader sur le Corso Federico II
On découvre la ville en se promenant sur son cours principal, le Corso Federico II, orienté nord-sud, qui traverse le quartier historique en son milieu. Partez de son extrémité nord, où la Porta Bari, du XVIIIe siècle, conserve les statues des saints protecteurs de la ville, Irénée et Joseph. Passé l’arche, vous verrez l’élégant Palazzo De Angelis-Viti, le plus ancien palais aristocratique d’Altamura, toujours habité par les descendants de cette famille. Non loin, au numéro 26, une plaque commémore les patriotes qui conspirèrent pour l’Unité italienne dans ce qui était à l’époque la Farmacia Guerrieri.
Dans la partie inférieure de l’avenue, faites une halte devant deux petites églises toutes proches l’une de l’autre. La première, la Chiesa San Nicola dei Greci, construite à l’initiative de Frédéric II puis remaniée au XVIe siècle, arbore une façade au couronnement triangulaire percée d’une rose centrale. On y célébrait jadis le culte orthodoxe grec. Arrêtez-vous sur les décorations du portail, représentant des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, notamment celle du pécheur qui bout dans un chaudron, entouré de diables ricanant. La seconde, la Cappella di San Biagio, en retrait de la rue, possède une fresque dans les tons rouges haute de plus de 5 m représentant saint Christophe portant Jésus sur ses épaules.
Une fois sur la très centrale Piazza Duomo, remarquez, à côté de la cathédrale, le Palazzo Vescovile du XVIe siècle, siège de l’Università degli Studi di Altamura de 1748 à 1811, quatrième université du royaume des Bourbons après celles de Naples, Palerme et Salerne (comme le rappelle une plaque). L’avenue s’achève au sud près de Via Matera, où s’élevait autrefois la porte homonyme, détruite en 1799 par l’armée des Bourbons et des sanfedisti (mouvement clérical antirépublicain sous l’occupation napoléonienne) durant la reconquête de la ville rebelle.
Visiter la cathédrale Santa Maria Assunta
Le centre historique s’organise autour de la cathédrale, qui, sous une apparence homogène, regroupe des éléments d’époques diverses. Elle fut commandée en 1232 par Frédéric II et placée directement sous sa juridiction. En 1316, un séisme contraignit les Angevins à la reconstruire en partie. La façade arbore une rose du XIVe siècle, mais c’est son portail richement sculpté de scènes de la vie du Christ qui attire tous les regards. Les lions qui l’encadrent datent du XVIe siècle.
À l’intérieur, derrière les restaurations du XIXe siècle se distinguent des éléments plus anciens : le matroneum (galerie réservée aux femmes) ; 64 stalles sculptées par des maîtres napolitains au XVIe siècle dont les décors sont tous différents ; la crèche d’Altobello Persio (1507-1593), qui prend place dans un cadre rocheux dont les matériaux proviennent d’une doline des environs.
Admirer ses strictule et ses claustri
Comme d’autres villes d’origine médiévale des Pouilles, Altamura est caractérisée par ses nombreux strictule, passages très étroits qui relient des rues parallèles, et surtout par ses claustri, petites impasses de type arabe ou courettes de type grec (autour desquelles se regroupaient les diverses communautés qui jadis peuplaient la ville). De pittoresques petits autels votifs y sont aménagés, qui deviennent parfois de véritables jardins luxuriants, entretenus par les habitants du quartier. Parmi les plus pittoresques, le Claustro Tricarico, Via Santa Lucia, avec ses vestiges d’une ancienne meule, et le Claustro della Giudecca, dans l’ancien ghetto.
S'émerveiller devant le Pulo di Altamura
La plus impressionnante dépression karstique des Murge se trouve à quelques minutes en voiture du centre d’Altamura. Le terrain s’ouvre en un profond gouffre, fruit de l’incessante action millénaire de l’eau sur les roches calcaires du sol. Ce pulo, d’un diamètre de 500 m environ, et d’une profondeur maximale de 75 m, mérite d’être vu de près. Le Centro Visite Lamalunga permet d’en savoir plus sur ses origines.