Angkor Thom, la grande cité fortifiée d'Angkor
La majesté et la splendeur d’Angkor Vat restent inégalées, mais à Angkor Thom (Grande Cité), la somme des détails magnifie l’ensemble. Édifié autour du Bayon, le temple d’État de Jayavarman VII, Angkor Thom est entouré d’un formidable mur haut de 8 m et long de 13 km, lui-même ceinturé d’une douve large de 100 m, qui devait arrêter les envahisseurs les plus intrépides.
Au cœur de l’enceinte fortifiée sont regroupés les principaux monuments de la cité, dont le Bayon, le Baphuon, l’Enceinte royale, le Phimeanakas et la terrasse des Éléphants. Prévoyez une demi-journée pour explorer Angkor Thom en profondeur. Au-delà d’Angkor Thom, vous pourrez gagner le captivant temple de Ta Prohm, dans la jungle, où la nature poursuit son avancée inéluctable. Parmi les autres sites majeurs, citons le temple de Preah Khan, la pyramide géante de Ta Keo et la petite tour entourée d’eau de Preah Neak Poan.
A noter qu'Angkor Thom est ouvert tous les jours de 7h30 à 17h30.

Que voir à Angkor Thom ?
Outre le temple de Bayon, voici les sites incontournables de la cité :
Le temple de Baphuon
Avant la guerre civile du Cambodge, le Baphuon fut méticuleusement démonté pièce par pièce par une équipe d’archéologues, mais les registres de ces opérations furent détruits durant le régime des Khmers rouges, dans les années 1970. Quand ils reprirent les travaux de restauration au début des années 1990, les Khmers et les spécialistes français se retrouvèrent donc avec 300 000 pierres à remettre en place.
Après des années de recherches minutieuses, ce temple a été partiellement restauré, avec la construction d’une vaste base en béton pour en consolider les fondations, car le seul poids de la structure gigantesque menaçait de la faire s’effondrer, comme cela arriva au Borobudur, en Indonésie, au début du XXe siècle.
À son apogée, le Baphuon était probablement l’un des temples les plus spectaculaires d’Angkor. Situé à 200 m au nord-ouest du Bayon, il s’agit d’une représentation pyramidale du mythique mont Meru. Sa construction commença sans doute sous le règne de Suryavarman Ier et fut achevée par Udayadityavarman II. Il marquait le centre de la capitale qui existait avant l’édification d’Angkor Thom.
On accède au site par une chaussée surélevée en grès de 200 m de long, et la construction centrale s’élève à 43 m. Passez sous la chaussée pour une vue étonnante sur les centaines de piliers qui la soutiennent. Au XVIe siècle, le mur de soutènement du deuxième niveau, dans la partie ouest, fut façonné en un bouddha couché de 60 m et vous pourrez en distinguer le visage et le corps.
Il faut environ une heure pour explorer le Baphuon dans sa totalité, mais la visite peut être plus rapide si vous faites l’impasse sur les niveaux supérieurs.
La terrasse du Roi lépreux
La terrasse du Roi lépreux se trouve juste au nord de la terrasse des Éléphants. Datant de la fin du XIIe siècle, c’est une plateforme de 7 m de hauteur, surmontée d’une statue nue et asexuée. Les murs de soutènement de la façade portent, au moins sur cinq niveaux, des sculptures finement élaborées.
La statue ci-avant mentionnée (une réplique de la statue d’origine, conservée à Phnom Penh) est un des mystères d’Angkor, et différentes théories ont été avancées pour expliquer sa signification. Selon la légende, au moins deux des rois d’Angkor furent touchés par la lèpre, et la statue pourrait représenter l’un d’eux. Une autre hypothèse – plus plausible – affirme que la statue figure Yama, dieu de la Mort, et que la terrasse du Roi lépreux abritait le crématorium royal.
Sur les murs sont sculptées des apsaras assises et des rois aux diadèmes pointus, armés d’épées à double tranchant et accompagnés de leur cour et de princesses.
Sur le côté sud de la terrasse du Roi lépreux (face à la terrasse des Éléphants), un accès mène à la façade d’une terrasse cachée, couverte lors de la construction de la structure extérieure – une sorte de terrasse dans la terrasse. Les quatre niveaux d’apsaras et d’autres représentations, dont des naga, semblent avoir été sculptés hier tant ils sont bien conservés : une chance qu’ils aient été couverts pendant des siècles. En longeant le mur intérieur de la terrasse du Roi lépreux, notez les traces de burin de plus en plus grossières sur les personnages, preuve que ce mur ne fut jamais achevé, comme nombre des temples d’Angkor.

La terrasse des éléphants
Longue de 350 m, cette terrasse servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. Le roi l’utilisait également comme grande salle d’audience. Imaginez le faste et la grandeur de l’Empire khmer à son apogée, l’infanterie, la cavalerie, les attelages et les éléphants paradant sur la place centrale. À l’ombre de parasols, le dieu-roi observait le défilé, entouré de notables et de servantes.
La terrasse des Éléphants compte cinq avancées vers la place centrale – trois au milieu et une à chaque bout. La partie centrale du mur de soutènement est ornée de garuda et de lions grandeur nature. La célèbre parade des éléphants, menés par des cornacs khmers, est représentée à chaque bout.
Phimeanakas et l'enceinte royale
Le Phimeanakas se dresse à proximité du centre de l’enceinte fortifiée qui protégeait jadis le Palais royal, dont il ne reste aujourd’hui que deux bassins de grès près de la porte nord. Ces bassins sont rehaussés de belles sculptures de divinités et chacun est un lieu paisible pour échapper à la foule du Bayon.
Phimeanakas signifie “palais céleste” et certains historiens affirment qu’il était autrefois surmonté d’une flèche dorée. La construction du palais débuta sous Rajendravarman II. Il fut habité par Jayavarman V et Udayadityavarman Ier, puis agrandi et embelli par Jayavarman VII et ses successeurs. La terrasse des Éléphants devance l’Enceinte royale côté est. Des lianes et des arbres immenses couvrent l’extérieur du mur nord-ouest de l’Enceinte royale, une vision mémorable à découvrir dans la forêt en marchant du Preah Palilay au Phimeanakas.
Le temple, autre représentation pyramidale du mont Meru, comporte trois niveaux. La plupart des éléments décoratifs ont été détruits ou dérobés : remarquez les lions gardiens, avec de grossiers piliers en béton remplaçant leurs pattes antérieures.
Un mythe khmer raconte qu’un naga (serpent mythique) rendait visite au roi chaque nuit sous la forme d’une belle femme. Les rois étaient contraints de dormir avec cette apparition s’ils ne voulaient mettre en péril la stabilité du royaume. Le naga est un puissant symbole du pouvoir khmer et orne tous les grands temples d’Angkor. Les dieux-rois d’Angkor étaient des incarnations terrestres des divinités hindoues, et à travers ce mythe, leur existence même reposait sur le pouvoir du naga.
Kleang et Prasat Suor Prat
Sur le côté est de la place centrale se trouvent deux groupes de bâtiments : les Kleang. Le Kleang nord, daté du règne de Jayavarman V, et le Kleang sud furent peut-être des palais. Le long de la place centrale, devant les deux Kleang, se dressent 12 tours en latérite – 10 alignées et 2 à angle droit face à l’avenue de la Victoire – appelées Prasat Suor Prat (temple des Funambules).
Les archéologues pensent que ces tours, qui forment une haie d’honneur, furent édifiées sous Jayavarman VII. À l’origine, chacune contenait probablement un lingam ou une statue. On raconte que des funambules se produisaient pour le roi sur des cordes tendues entre les tours.
Selon l’émissaire chinois Tchéou Ta-Kuan, au XIIIe siècle, les tours du Prasat Suor Prat servaient aussi à une sorte d’ordalie : en cas de conflit, les deux plaignants devaient s’asseoir dans les deux tours ; celui qui succombait à une maladie était déclaré coupable.
Aujourd’hui, le secteur est utilisé pour des événements et célébrations majeurs, notamment l’Angkor Sangkran, qui se tenait depuis longtemps chaque année. Les concerts, activités, reconstitutions historiques et autres festivités attirent souvent jusqu’à un million de visiteurs cambodgiens à Siem Reap et aux temples d’Angkor, avec, à la clef, des embouteillages légendaires. C’est un moment intéressant pour voir les habitants profiter des temples, mais les déplacements sont très compliqués, à moins de conduire un deux-roues.