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Publié le 28/08/2024 7 minutes de lecture
La Macédoine du Nord et le Kosovo ne sont peut-être pas des destinations que vous choisiriez spontanément pour un road trip dans les Balkans. Pourtant, ces deux petits pays frontaliers regorgent de merveilles à découvrir, tant sur le plan des paysages que de la culture, du patrimoine et des traditions, sans oublier les spécialités locales. De Skopje, la capitale de la Macédoine du Nord à Pristina au Kosovo en passant par le somptueux lac d’Ohrid et des villages hors du temps perchés dans les montagnes de parcs nationaux protégés, embarquez pour un road trip totalement dépaysant aux confins de l’Ex-Yougoslavie.
Skopje, capitale du kitch et du stuc
Quand vous dites que vous allez passer vos vacances à Skopje, vous avez de grandes chances d’entendre : Skopje ? Mais c’est où ? Eh bien, il s’agit de la petite capitale - 1 million d’habitants - de l’ancienne république de la Fédération yougoslave, aujourd’hui Macédoine du Nord - pour ne pas confondre avec la Macédoine tout court qui fait partie de la Grèce -, un petit pays - 2 millions d’habitants - frontalier de la Grèce, de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Serbie et du Kosovo.
En arrivant à Skopje, vous commencerez par être frappé par l’architecture kitch de la ville, issu du projet Skopje 2014. Détruite à 80% par un tremblement de terre en 1963, elle a eu droit à un relooking démarré au début des années 2000 par le gouvernement de l’époque. L’idée : reconstruire des monuments emblématiques disparus lors du séisme et en créer de nouveaux, notamment des musées ainsi que des monuments commémoratifs. Vous ne les manquerez pas ! Parmi eux, un mini-arc de triomphe, une statue géante d’Alexandre le Grand toute en stuc carrément apparue du jour au lendemain en 2008 sur la place de Macédoine en plein centre de la capitale et pléthore d’autres bâtiments tous plus kitch les uns que les autres.
Mais ne vous inquiétez pas, derrière cette grandiloquence plutôt « fake », vous trouverez facilement des lieux et des établissements beaucoup plus authentiques où vous remettre de vos émotions tels que le Pelister, l’une des plus vieilles brasseries de Skopje ou encore le bar à cocktails Kotur caché au rez-de-chaussée d’un immeuble typiquement 60’s.
Sur les traces du Skopje d’avant
De la place de Macédoine, franchissez le Vardar - la rivière qui coupe Skopje en deux - en empruntant le joli pont de pierre qui a survécu au séisme puisqu’il date de 1451 et de l’empire Ottoman pour vous plonger dans le Vieux Bazar de Skopje, le plus grand des Balkans, en dehors d’Istanbul. Là, vous arpenterez des rues dont les pavés clairs sont patinés par le temps, vous ne saurez plus où donner de la tête et du portefeuille parmi les nombreuses boutiques de bijoux, de vêtements, de chaussures et autres accessoires. Laissez vous aussi happer par une des petites tavernes pour goûter aux grillades locales, aux kebabs et aux salades chopska - tomates, concombres, oignons et fromage -, véritables stars culinaires de toute cette partie des Balkans.
Au Vieux Bazar dont les boutiques sont tenues par des Albanais de Macédoine - ils représentent 30% de la population macédonienne contre 66% de Slaves - et des Turcs, n’hésitez pas à marchander, cela fait partie du jeu. Et si vous avez envie d’une petite pause sucrée, posez-vous dans un des nombreux cafés pour goûter aux baklavas avant de continuer votre chemin jusqu’à la forteresse de Skopje, surplombant la ville. Faire le tour de ses remparts datant du Moyen-Âge vous donnera un bel aperçu de la capitale macédonienne et des montagnes qui l’entourent.
Pour replonger dans le présent et avoir encore une meilleure vue, faites quelques centaines de mètres de plus jusqu’au musée d’art contemporain de la ville, bâtie grâce à l’aide internationale juste après le séisme de 1963. Son architecture et ses expos avant-gardistes plairont aux fans d’art contemporain.
Ohrid, la « Jerusalem des Balkans »
Après le dépaysement de Skopje, mettez le cap vers le lac d’Ohrid à environ deux heures et demi de route au sud-ouest du pays. En chemin, vous pouvez faire une petite halte à Tetovo, l’une des plus grandes villes de Macédoine du Nord, que les Albanais macédoniens considèrent comme leur capitale. Faites vous plaisir en dégustant un Burek - feuilletés à la viande ou au fromage - et visitez la très belle mosquée colorée datant de 1833.
Ensuite, jusqu’à Ohrid, vous gouterez aux joies de l’autoroute macédonienne dont les péages semblent se succéder tous les 10 km ! Mais pas de panique, les péages ne dépassent pas les 50 centimes d’euros. Une fois à Ohrid, vous serez captivé par la beauté de sa vieille ville encerclée de remparts surplombant le superbe lac éponyme, encastré dans un alignement de montagnes à perte de vue. À des années-lumière du tourisme de masse dont souffrent des villes telles que Dubrovnik, vous déambulerez dans les vieilles rues de la ville en toute quiétude, même en pleine saison.
Riche en histoire et en monuments religieux, on la surnomme la « Jerusalem des Balkans ». Privilégiez la visite de la petite église orthodoxe de Saint Jovan Kaneo datant du 13è siècle perchée sur son rocher à l’ouest de la ville. Elle offre une vue imprenable sur cette dernière et sur le lac. Redescendez ensuite les petits escaliers jusqu’au centre de la vieille ville, faites une pause dans l’un des nombreux petits restos au bord de l’eau et craquez pour des perles du lac vendues dans de charmantes petites bijouteries de la ville.
Farniente au bord du lac d’Ohrid
Impossible de résister à une baignade : les eaux transparentes du lac d’Ohrid - le plus ancien d’Europe - vous appellent. Quittez la ville en direction de sa côte sud-est. Faites une halte dans l’excellent restaurant Kaj Mece dans la petite ville de Konjsko et laissez-vous tenter par des plats et des mets locaux comme le Makalo, sorte de condiment à l’ail à repousser Dracula au-delà des Balkans !
Pour une véritable farniente où vous aurez l’impression que le lac vous appartient rendez-vous un peu plus au sud, dans le village côtier de Trpejca. Optez pour la location d’une petite maison façon cabanon mais toute équipée - wifi en prime ! - les pieds quasiment dans l’eau comme le Blue Bay. Vous aurez votre petite plage ou votre ponton quasi privé. Faites du paddle, du kayak et baignez-vous dans une eau translucide entouré d’un paysage de rêve et en fin de journée, gardez les yeux rivés vers l’ouest et les montagnes d’Albanie de l’autre côté du lac pour voir le soleil se coucher derrière elles.
D’un village à l’autre dans le parc national de Mavrovo
Après vos aventures aquatiques, changez de décor en vous aventurant dans les montagnes du parc national de Mavrovo, au nord-ouest du pays. Vous adorerez ses paysages très variés de gorges le long de la rivière Radika, de monts culminant à plus de 2700 m d’altitude, de lacs et villages perchés affichant à flanc de colline leur prédominance religieuse par une mosquée ou une église orthodoxe. Au programme de votre road trip montagnard, le superbe monastère de Saint Jovan Bigorski, dédié à Saint Jean-Baptiste fondé en 1020 dont la richesse et la finesse de la rénovation ne vous laisseront pas indifférents. Profitez de votre passage au monastère pour déjeuner ou diner à l’excellent hôtel-restaurant La Maison des Miyaks, tenu par les moines. Vous serez très bien reçu dans cet établissement dont le nom fait référence aux Myaks, une petite communauté macédonienne connue pour son artisanat notamment religieux et ses coutumes bien gardées.
Longez ensuite le lac artificiel de Mavrovo en direction du village de Galcinik. La jolie route borde de jolis chalets avant de grimper à travers une épaisse forêt jusqu’à atteindre un paysage quasi-lunaire, rappelant les highlands d’Écosse, un soleil écrasant en plus ! La route continue jusqu’à Galicnik, l’un des fiefs des Miyaks à 1500 m d’altitude. Si vous y allez autour du 11 juillet, vous aurez la chance d’assister au Festival du mariage, connu pour ses danses traditionnelles et ses parades de chevaux. Mais quelle que soit la saison, une virée jusqu’à ce village reculé vaut le détour pour son emplacement, sa richesse culturelle et la gentillesse de ses habitants.
Si vous êtes sportifs et féru de randonnées, la montagne avoisinante vous comblera. En deux bonnes heures de marche vous pouvez par exemple passer de l’autre côté de la montagne et vous rendre jusqu’au village de Jance, fief calme et charmant d’une autre minorité macédonienne, celle des Torbèches, des Slaves convertis à l’Islam du temps des Ottomans qui ont gardé leur confession musulmane.
Pristina, la « Newborn » contrastée des Balkans
Des montagnes de Macédoine, cap vers le nord et le Kosovo, autre ex-république de la Fédération yougoslave. De Galicnik, comptez trois heures de route pour aller jusqu’à Pristina, en empruntant de nouveau l’autoroute macédonienne puis la Kosovar beaucoup plus moderne et sans péage ! L’arrivée sur la capitale du Kosovo vous surprendra. Elle est en pleine mutation ! Des immeubles, des malls et des quartiers suburbains y poussent un peu partout.
Dans le centre ville, de nombreux immeubles et magasins flambant neufs côtoient d’anciens bâtiments datant de l’ère yougoslave comme l’impressionnant Palais de la Jeunesse, de la Culture et des Sports en plein centre de Pristina. Vous vous amuserez des contrastes avec les nouveaux monuments de la ville comme le « Newborn », composé des 7 lettres majuscules de ce mot qui signifie « nouveau né ». En métal et fixé dans le bitume, il symbolise la reconnaissance du pays comme nation indépendante en 2008.
Pour continuer votre balade toute en contrastes, empruntez la longue rue piétonne Fehmi Agani, bordée d’arbres touffus, de petits kiosques-librairies et de restos. Laissez-vous happer par une petite ruelle perpendiculaire, la Rruga Korriku, truffée de bistrots dont l’excellente et vintage Balkan Tavern. Au bout de Fehmi Agani, l’architecture kitch et clinquante du luxueux Swiss Diamond Hotel rivalise presque avec celle de l’immense statue de Skanderbeg - héros national des Albanais connu pour sa résistance à l’Empire Ottoman au XVe siècle -. Autre héros national : Bill Clinton dont vous trouverez la statue - qu’il a inaugurée lui-même en 2009 - sur un des grands boulevards qui porte aussi son nom. Il est en effet considéré comme un « sauveur » par les Kosovars albanais - ils représentent 92 % de la population du pays - pour avoir participé à la décision de l'Otan de bombarder la Serbie en 1999.
Dans un registre plus humanitaire, ne manquez pas la cathédrale Sainte-Mère Teresa, la plus grande église catholique des Balkans, bâtie en 2005 en l’honneur de la fameuse soeur albanaise, née à Skopje en 1910 et décédée à Calcutta en 1997. Poursuivez votre balade en vous laissant séduire par les boutiques de vêtements, chaussures et autres accessoires qui pullulent dans les rues alentour. Vous vous referez aisément une garde-robe sympa et « contrefaçonesque » à souhait !
Terminez votre séjour par un petit détour gastronomique à Edhe, un bar restaurant panoramique sur les hauteurs de la ville. Dans un décor minimaliste tout en bois donnant sur un grand verger, vous dégusterez d’excellents plats de viande et de légumes tout en admirant le coucher de soleil sur Pristina.