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Publié le 25/11/2019 4 minutes de lecture
Tout séjour en Antarctique, une des terres les plus extrêmes et inhospitalières de la planète, devient inévitablement une aventure.
Un voyage en Antarctique est depuis plus d’un siècle synonyme d’aventure. Durant toute cette période, on n’a pu le découvrir qu’en prenant part à un programme scientifique gouvernemental ou à une expédition privée hors de prix. Aujourd’hui, 50000 touristes visitent chaque année l’Antarctique, essentiellement pour admirer ses paysages et sa faune, mais il reste le seul continent où on ne peut pas se contenter de monter dans un avion, de débarquer et de faire ce dont on a envie. À moins de faire accoster son propre yacht sur la glace, chacun doit encore passer par un tour-opérateur pour la logistique, qu’elle soit minimale pour une exploration à la dure, ou plus confortable et s’apparente à du camping de luxe sur la glace. Entre ces deux extrêmes, il existe deux moyens traditionnels de voyager aux pôles: le ski et le kayak.
Loin du désert plat et monochrome du centre du continent, la péninsule Antarctique est magnifique, et d’une grande diversité. Mélange d’océan, de neige et de roche, riche de faune et d’aventures humaines peu communes, il n’est pas surprenant qu’elle soit pour beaucoup de visiteurs l’aventure de leur vie. Ici, la météo domine tout, mais même avec les retards inévitables, la plupart des excursions vous laissent le temps de vivre une aventure riche d’activité. Navires et yachts se relaient constamment de novembre à fin mars, mais l’état de la glace de mer varie beaucoup d’une année sur l’autre, ce qui a un effet sur l’accès à certains sites. Ski et escalade se pratiquent de préférence en novembre-décembre, janvier et février sont plutôt des mois pour le kayak et l’observation des baleines.Ski et escalade
La péninsule Antarctique est en gros une longue chaîne de montagnes plongeant abruptement dans la mer, bordée d’îles tout aussi pentues surgissant de détroits et de baies tourmentés. Certaines des plus grandes îles comptent de hauts sommets – comme le mont Français (2822m) sur l’île d’Anvers et le mont Parry (2520m) sur l’île Brabant, deux îles prisées à la fois pour le ski et pour l’alpinisme – tandis que des dizaines d’îles moins élevées offrent des excursions plus faciles.S’il neige très peu dans l’intérieur glacé de l’Antarctique, l’environnement maritime de la côte de la péninsule donne une neige plus douce, skiable, sur les pentes des montagnes. Ici, on pratique le ski de randonnée. Il y a bien des crevasses et des risques d’avalanches, mais toutes les sorties se font avec des guides très qualifiés, et même les skieurs sans grande expérience finissent par tracer d’élégants sillons dans la neige, avec en arrière-plan un océan piqueté d’icebergs.Plusieurs compagnies réputées proposent des croisières avec des possibilités de pratiquer ski et alpinisme, mais la seule entièrement consacrée au ski à partir d’un bateau est celle proposée par les Californiens d’IceAxe Expeditions, qui proposent des départs réguliers au début de chaque saison. Avec la plupart de ces croisières, on peut skier tous les jours, même si le temps n’est pas idéal, et observer la faune en chemin: le Zodiac croisera des otaries avant de vous déposer à terre parmi les manchots. Les nuits se passent à bord du bateau, en sûreté et dans le confort. Option plus longue, plus rude et plus chère, les yachts tels que l’Icebird, la base de Ski-Antarctica, compagnie qui a à son actif bon nombre de premières, que ce soient des ascensions, des descentes ou des traversées à skis, sur les sommets de la côte ou dans l’intérieur des terres.
Pour ceux qui veulent aller plus loin dans le grand désert blanc, Antarctic Logistics & Expeditions, qui englobe Adventure Network International (ANI), pionniers de l’Arctique de l’intérieur, propose des programmes de deux semaines de ski ou d’escalade en Antarctique. Ceux-ci sont indépendants de la base d’ALE existant depuis longtemps au mont Vinson (4892m), le plus haut sommet du continent, qui fascine ceux qui veulent gravir les “Sept Sommets” (soit le plus haut sommet de chaque continent). Au départ de l’impressionnant camp d’Union Glacier, propriété d’ALE, ces expéditions permettent de faire l’ascension de sommets moins élevés ou de d’entreprendre de longs circuits d’exploration à ski dans la chaîne des monts Ellsworth, série de montagnes peu élevées avec de larges éperons et des crêtes déchiquetées. Ici, le climat est généralement plus calme mais plus froid que celui de la Péninsule. Après quatre heures d’avion depuis Punta Arenas, au Chili, les visiteurs passent du temps à Union Glacier pour s’acclimater et préparer leur aventure, avant de se lancer en compagnie de guides expérimentés dans leur expédition de plusieurs jours. Pour le programme d’escalade, une expérience minimum en alpinisme est indispensable pour pouvoir faire l’essentiel de l’expédition.Kayak de mer
Aujourd’hui, l’activité la plus demandée parmi celles que proposent les opérateurs autour de la péninsule est le kayak. Il permet au visiteur de se fondre totalement dans le paysage. Contrairement à l’avion ou au bateau, le kayak vous fait vivre au rythme de l’endroit, en harmonie avec les vagues et le vent, avec votre seule force pour glisser parmi les icebergs et visiter des sites tels que Port Neko, l’île de Cuverville ou Cierva Cove, ainsi que d’autres merveilles inaccessibles aux plus gros bateaux. Se déplacer dans ce monde bleu, en communion avec l’élément liquide qui vous entoure, et admirer les baleines ou les manchots qui filent sous votre pagaie, est une expérience émouvante. Plusieurs opérateurs de croisières proposent l’option kayak de mer, moyennant un supplément, mais certains, comme Southern Sea Ventures, proposent des voyages conçus exprès pour pouvoir pagayer tous les jours.
Plongée
Pour une immersion plus profonde encore dans l’Antarctique, certains opérateurs proposent aux plongeurs habitués à porter une combinaison et ayant leur brevet Open Water de descendre sous l’eau avec des bouteilles. Un nouveau monde s’ouvre à vous sous la surface: parois et grottes de glace, épaves anciennes, faune invisible depuis la surface et l’occasion véritablement unique de toucher la glace de l’intérieur – il suffit de faire attention aux léopards de mer: on recense au moins un cas de plongeur noyé par un de ces phoques, devenu agressif.
Traduit par : Vincent Guilluy