
Lion en bronze et moulins à prière au datsan d’Ivolguinsk, près d’Oulan Oude © Anita Isalska - Lonely Planet
Texte par
Anita Isalska (traduit de l'anglais par Charlotte Connan de Vries)
Mis à jour le : 14 février 2020
Regarder des milliers de kilomètres de forêt enneigée défiler par la fenêtre, s’arrêter dans des villes isolées au beau milieu de la Russie... Rien d’étonnant au pouvoir de fascination qu’exerce le Transsibérien sur les voyageurs. Entreprendre un voyage en train de Moscou à Vladivostok ou Pékin nécessite de bien s’organiser et d’avoir le sens de l’aventure, et embarquer le bon matériel peut faire toute la différence. Voici un guide pratique pour vous aider à démarrer.
Commençons par le début : malgré toutes les images romantiques associées au Transsibérien, on ne peut pas y monter et en descendre comme on veut. Vous devrez définir votre trajet, obtenir les visas nécessaires, et acheter vos billets pour chaque partie du voyage (sur place ou dans votre pays via une agence). Le trajet de Moscou à Vladivostok ne nécessite qu’un visa russe (à demander au moins un mois à l’avance). Certaines nationalités devront demander un visa mongol pour voyager, et si vous commencez ou terminez votre voyage à Pékin, vous aurez très certainement besoin d’un visa chinois.
À moins que vous fassiez tout votre trajet en une fois, réservez un hébergement pour chacune de vos étapes sur la route. En été, les chambres d’hôtes du très prisé lac Baïkal peuvent être complètes ; en hiver, certains hôtels sont fermés. Dans tous les cas, soyez prévoyant.
Enfin, familiarisez-vous avec l’alphabet cyrillique et la multiplicité des fuseaux horaires en Russie. Vous ne serez peut-être pas capable de faire la conversation, mais connaître l’alphabet est indispensable pour déchiffrer les panneaux d’affichage en gare. Les billets de trains russes donnent l’heure de départ selon l’heure de Moscou (même si vous avez cinq heures de décalage à Oulan-Oude). Vous pouvez afficher plusieurs horloges sur l’écran d’accueil de votre téléphone ou tablette, réglées sur les différents fuseaux horaires que vous traversez.
Si vous pouvez porter vos affaires, un sac à dos vous permettra d’avoir les mains libres pour présenter votre billet et votre passeport. Les sacs de sport et sacs de randonnée sont les plus pratiques à caser dans les rangements à bord. Si vous choisissez une valise à roulettes, privilégiez une valise fine et légère, car les couloirs du train sont étroits. À bord du train, vous aurez peu de marge de manœuvre pour fouiller dans votre sac à dos, rangez donc l’essentiel dans un petit sac que vous garderez sous la main : pensez à une brosse à dents, des lingettes (vous en aurez besoin), des en-cas et vos papiers de voyage.
Nous vous conseillons de prévoir un « uniforme » pour le train : des vêtements légers et confortables dans lesquels vous pourrez dormir, mais pas miteux au point d’attirer des regards désapprobateurs dans le wagon restaurant. Les wagons du Transsibérien sont bien chauffés en toute saison, jusqu’à en devenir parfois étouffants. L’idéal serait un pantalon large en coton et un T-shirt, avec un pull ou un sweat-shirt léger. N’oubliez pas les tongs ou chaussons à porter à bord. Croyez-nous, il n’y a rien de tel que de poser le pied dans les toilettes bien fréquentées de la troisième classe pour vous donner envie de brûler vos chaussettes.
Pour sortir du train, empilez les couches. En plus d’un assortiment de T-shirts, de jeans et de sous-vêtements, pensez à un maillot en laine et des chaussettes épaisses ; même en été, les soirées peuvent être fraîches. Si vous voyagez en été et vous arrêtez près du lac Baïkal, n’oubliez pas le produit anti-moustique et un chapeau à moustiquaire pour les randonnées sur les rives du lac.
Ne choisissez pas vos chaussures au hasard. Des chaussures de randonnée déjà faites et confortables vous seront utiles, pour visiter les villes comme pour explorer la nature. Retenez-vous d’encombrer vos bagages de chaussures tape-à-l’œil et de vos plus belles nippes. En dehors de Moscou, on trouve beaucoup moins de face control (quand les videurs acceptent ou refusent des clients selon leur tenue) et plus de bars décontractés qui ne recaleront pas des voyageurs en jean.
Si vous voyagez en hiver, ajoutez une polaire, une doudoune en duvet et/ou une veste de ski, un legging à mettre sous votre jean ou même un pantalon doublé (du type utilisé pour les sports d’hiver). Ce sont vos extrémités qui souffriront le plus durement du froid de l’hiver, aussi pensez à prendre un bonnet et de bons gants. Vous pouvez aussi investir dans des gants de ski, conçus pour protéger vos doigts jusqu’à -30°C.
Nous conseillons aux amateurs de photographie d’investir dans des gants de ski et des sous-gants en laine mérinos. En ne portant que les sous-gants, vous aurez la dextérité nécessaire pour dégainer votre appareil photo tout en protégeant vos mains pendant les quelques secondes où vous pointerez votre objectif vers une cathédrale couverte de neige.
Votre moyen de subsistance à bord du Transsibérien est le samovar, une soupière remplie d’eau potable chaude. Le train ne comportant aucun réfrigérateur, emportez de la nourriture qui peut être préparée grâce à de l’eau chaude : nouilles instantanées, sachets de porridge et de soupe, et une belle collection de sachets de thé et de café. Vous devrez manger tout ce qui est périssable dans les premières heures du voyage, avant que votre fromage et votre yaourt ne tournent dans l’air chaud.
Prenez votre propre récipient pour les boissons, idéalement un gobelet réutilisable isotherme avec un couvercle. Vous pouvez emprunter ou acheter des tasses à bord mais elles n’ont pas de couvercle, ce qui vous forcera, pour ne pas vous brûler, à effectuer une samba délicate dans un train cahotant pour revenir dans votre compartiment. N’essayez pas de remplir votre sac de provisions pour tout le voyage. Vous aurez bien assez d’occasions de refaire le plein à chaque étape, même si vous faites Moscou-Pékin en une seule fois. Avant de descendre, vérifiez les horaires (souvent affichés près de la porte du wagon) ou demandez à votre provodnitsa (hôtesse de bord) combien de temps le train s’arrête ; voir son train partir au loin est un lourd prix à payer pour des nouilles instantanées.
Les gares sont assaillies de marchands de casse-croûte sur les quais (bien qu’il y en ait moins en hiver) et des boutiques à l’intérieur proposent des aliments frais, des raviolis, et des en-cas instantanés adaptés au samovar. Les règles habituelles s’appliquent, comme pour les restos de rue : suivez les habitudes locales (une file d’attente pour des plats chauds est un bon signe), choisissez des fruits à éplucher, et méfiez-vous des laitages non réfrigérés.
Les chariots de collations à bord pourront vous dépanner (mais elles sont chères, en comparaison) et en achetant vos billets de train, vous pouvez inclure des repas, qui vous seront apportés dans votre compartiment. Leur qualité est variable et vous aurez plus de choix si vous prenez du liquide pour vous payer quelques repas dans le wagon restaurant.
Les applications de voyage peuvent enrichir votre vie à bord. Téléchargez-les avant de partir, car il n’y aura pas de wifi dans le train. Google Traduction dispose d’une fonction de traduction hors-ligne, il vous suffira de télécharger les langues nécessaires. C’est très utile pour poser des questions aux hôtesses de bord, passer commande au wagon restaurant, ou bavarder avec vos compagnons de voyage. Si les fuseaux horaires vous embrouillent le cerveau, utilisez une application comme Time Zone Converter et ajoutez vos étapes principales pour y voir plus clair en un coup d’œil. Certains voyageurs prennent une lampe frontale, particulièrement pratique la nuit en troisième classe, tandis que d’autres utilisent la torche intégrée à leur portable ou une application comme Flashlight.
Téléchargez également des livres sur votre liseuse ou téléphone portable avant de partir. Votre détermination à lire Guerre et Paix risque d’être effritée par les vérifications de passeport à trois heures du matin, à moitié endormi. Prévoyez donc tous vos plaisirs coupables littéraires : documentaire criminel, science-fiction érotique, personne ne vous jugera sur ce long périple ferroviaire. Si vous n’aimez pas fixer un écran, pensez aux échanges de livres des auberges de jeunesse sur votre route, pour éviter de transporter de lourds volumes à travers la toundra.
Fatigué par une quinzaine d’heures passées à regarder défiler des forêts de bouleau ? Ces petits objets égaieront votre voyage.