Construit en majeure partie au XVIIIe siècle, le bastion du pouvoir britannique en Irlande pendant 700 ans tient davantage du palais hétéroclite que de la forteresse médiévale à tourelles classique.
Histoire du Dublin Castle
Le château de Dublin servit de siège à l’administration coloniale anglaise jusqu’en 1922. De la forteresse anglo-normande d’origine, construite au début du XIIIe siècle, seule subsiste la Record Tower (“tour des archives”). Lorsque l’autoritaire Henry Sidney prit ses fonctions de Lord Deputy (représentant du roi en Irlande) d’Henri VIII en 1565, il déclara le château “ruineux, sale, nauséabond et délabré”, et il n’avait pas tort. La plupart de ses prédécesseurs, des lords anglo-irlandais, préférèrent demeurer dans leur propre château que de s’installer au Dublin Castle, laissé ainsi à l’abandon. Henry Sidney supervisa un programme de construction sur treize ans d’une “demeure de Lord Deputy ou de Chief Governor digne de ce nom”, ainsi que d’une nouvelle chapelle et d’une tour de l’horloge. Le nouveau château devint la résidence permanente du représentant en chef du monarque en Irlande – appelé selon les époques Justiciar, Chief Lieutenant, Lord Lieutenant ou vice-roi – jusqu’à la construction du Vice-Regal Lodge dans Phoenix Park en 1781 (aujourd’hui Áras an Uachtaráin, la résidence du président). Le nouvel édifice reflétait le changement de statut du pouvoir anglais en Irlande : après la conquête du reste de l’île (au-delà du “Pale”) et le renversement de l’hégémonie anglo-irlandaise par Henry Sidney, le château n’était plus un simple avant-poste colonial mais le siège du pouvoir anglais et le centre administratif de toute l’Irlande, servi par une légion de fonctionnaires.
Le Great Hall (“grande salle”), où se réunissait le Parlement irlandais, fut entièrement détruit – de même qu’une majeure partie du reste du château – lors du Grand Incendie de 1684 (le Parlement s’installa en 1731 dans ce qui est aujourd’hui la Bank of Ireland, sur College Green). Au sous-sol, les donjons du château rassemblaient les prisonniers les plus célèbres de l’État, notamment Thomas Fitzgerald (dit “le Soyeux”), dont la révolte contre Henri VIII en 1534 déclencha l’invasion de l’Irlande. Il va sans dire que le château devint pour les Irlandais de souche le symbole le plus menaçant de leur État opprimé. Le Dublin Castle fut officiellement remis à Michael Collins, représentant l’État libre d’Irlande, en 1922. Au vice-roi britannique qui lui reprochait d’avoir sept minutes de retard, Collins aurait répondu : “Nous avons attendu 700 ans, vous pouvez bien attendre sept minutes.” Le château accueille désormais les réunions et cérémonies officielles du gouvernement irlandais. Il se visite uniquement dans le cadre d’un circuit guidé.
La chapelle royale du château
Sur la gauche après l’entrée principale (Dame St), la chapelle royale – parfois incluse dans la visite guidée – est un bel exemple de l’architecture irlandaise fastueuse du XIXe siècle. De style Renaissance gothique à l’extérieur, elle est décorée de plus de 90 têtes de personnages et de saints irlandais en pierre calcaire de Tullamore. L’intérieur exubérant présente des voûtes en éventail et quadripartites, des galeries en bois, des vitraux et quantité d’anges sculptés.
La cour supérieure du château de Dublin
L’enceinte de la cour supérieure (Upper Yard) correspond à peu près aux dimensions du château médiéval d’origine. Sur la droite, une allégorie de la Justice tourne le dos à la ville ; une parfaite illustration de la justice britannique selon les Dublinois… Juste à côté s’élève la Bedford Tower, érigée en 1761 sur le site de la porte normande d’origine. C’est ici que furent dérobés en 1907 les joyaux de la couronne britannique, toujours introuvables à ce jour.
Faire une visite guidée du château
Une visite guidée (1 heure 10, départ toutes les 20 à 30 min selon le nombre de participants) est incluse dans le prix du billet. Plutôt sommaire, elle plaira davantage aux passionnés de beau mobilier d’époque qu’aux amateurs d’anecdotes historiques. Elle comprend les appartements officiels, d’un goût douteux pour beaucoup (magnifiques lustres, somptueux tapis irlandais, splendides plafonds rococo, portrait de Van Dyck, trône de George V), le St Patrick’s Hall, où les présidents irlandais sont investis et les dignitaires étrangers reçus, et la pièce dans laquelle James Connolly, blessé après l’insurrection de Pâques 1916, fut soigné. Condamné le 9 mai 1916 à la peine capitale, il fut conduit le 12 mai 1916 à Kilmainham Gaol pour y être exécuté le jour même. Ne pouvant tenir debout en raison de sa cheville gangrenée, il fut fusillé sur une chaise. Le clou de la visite est la crypte médiévale du château, découverte par hasard en 1986. Cette partie comporte les fondations construites par les Vikings (dont le mortier, d’une grande longévité, était un mélange de sang de bœuf, de coquilles d’œufs et de crin de cheval), l’extérieur des remparts (lissés à la main pour empêcher les assaillants d’y grimper), l’escalier conduisant aux douves et l’endroit où la rivière Poddle s’y engouffrait et les remplissait avant de se jeter dans la Liffey.
Les autres parties du château
À côté de la chapelle royale se dresse la Record Tower, la dernière tour médiévale intacte de Dublin. Vous pourrez aussi voir sur votre droite le Treasury Building, le plus vieil immeuble de bureaux de Dublin, de style georgien, et derrière vous, le Revenue Commissioners Building, un immeuble plutôt disgracieux des années 1960.
Informations pratiques
Adresse : Dame St, Dublin 2, Irlande
Pour plus d'informations sur les horaires et les tarifs, consultez le site du Dublin Castle.
Le catalogue des éditions Lonely Planet
L’évasion commence ici, découvrez nos guides et livres de voyage.