Jérusalem

Dôme du Rocher

Couronnant le mont du Temple de sa coupole dorée, le dôme du Rocher est emblématique de la cité, et compte parmi les monuments les plus photographiés au monde. Le dôme tire son nom du rocher qu’il abrite, sacré à la fois pour le judaïsme et l’islam. Selon la tradition juive, il s’agirait du lieu précis où Abraham s’apprêta à sacrifier son fils, alors que dans la tradition islamique, le prophète Mahomet se serait élancé d’ici vers le paradis.

La démarche du calife omeyyade Abd al-Malik, qui fit ériger l’édifice entre 688 et 691, était aussi pieuse qu’intéressée : il voulait insuffler à la population musulmane locale un sentiment de fierté pour qu’ils restent fidèles à l’islam. Mais son but était aussi d’envoyer un message aux juifs et aux chrétiens : l’islam, droit et tout-puissant, était capable d’ériger une structure plus resplendissante que toutes les églises chrétiennes sur un site sacro-saint pour les juifs, surpassant ainsi les deux religions.

Abd al-Malik demanda à ses architectes byzantins de copier la rotonde du Saint-Sépulcre, mais d’en ignorer les façades et l’architecture intérieure, jugées trop austères au goût des musulmans. La mosquée fut recouverte, à l’intérieur comme à l’extérieur, de mosaïques colorées et de versets du Coran, et le dôme d’or fin, brillant tel un phare pour l’islam.

Une plaque dédiée à Abd al-Malik indiquant la date de la construction fut apposée à l’intérieur. Deux cents ans plus tard, le calife abbasside Al-Mamun, voulant s’arroger l’initiative de son élévation, fit effacer le nom pour y inscrire le sien, en négligeant de rectifier la date. En 1545, Soliman le Magnifique ordonna que les mosaïques extérieures, très abîmées, soient remplacées par des carreaux, à leur tour changés au cours d’une restauration d’envergure au XXe siècle. La coupole en or d’origine avait également disparu depuis longtemps, fondue pour rembourser les dettes des califes. L’actuelle coupole est couverte d’une couche d’or de 1,3 mm offerte par feu le roi Hussein de Jordanie. Celui-ci a vendu l’une de ses résidences londoniennes pour payer les 8,2 millions de $US que coûtèrent ces 80 kg d’or.

Toutefois, l’édifice tel qu’on le voit désormais remonte pour l’essentiel à Abd al-Malik. Sous le dôme de 20 m de hauteur, ceint d’une barrière en bois, se trouve le rocher d’où Mahomet aurait commencé son miraj (ascension vers le paradis). Selon le Coran, le rocher aurait voulu le rejoindre au Ciel et aurait commencé à s’élever. Mahomet l’aurait alors repoussé de son pied en y laissant son empreinte (laquelle serait toujours visible à l’un de ses coins). La tradition juive tient également cette marque pour le centre du monde. Sous le rocher, un escalier descend à une grotte appelée “puits des Âmes” où, selon la croyance, on entend les morts tomber dans la rivière du paradis et s’en aller vers l’éternité. Le mihrab du sanctuaire serait le plus ancien de l’islam.

Qubbet al-Sakhra ;
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