Jérusalem

Mont du Temple/Haram ash-Sharif

Peu d’endroits sur terre sont aussi sacrés et disputés. Haram ash-Sharif (“noble sanctuaire”) pour les musulmans, et Har HaBayit (“mont du Temple”) pour les juifs, cette esplanade surélevée et plantée de cyprès à l’angle sud-est de la vieille ville abrite deux des bâtiments les plus saints de l’islam : le dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa. Pour les juifs, il est révéré en tant qu’emplacement des premier et second Temples.

D’après le Talmud, c’est sur cette immense saillie rocheuse qui dépassait du mont Moriah que le Créateur aurait pris de la terre pour façonner Adam, et où Adam, Caïn, Abel et Noé auraient effectué leurs sacrifices rituels. Le récit le plus connu est dans la Genèse (XXII, 1-19) : Dieu, pour tester la foi d’Abraham, demande à ce dernier de sacrifier son fils Isaac. À la onzième heure, un ange apparaît et un bélier est offert en sacrifice à la place du fils. Dans la Bible, David érige ensuite un autel à cet endroit (Samuel XXIV, 18-25).

Bien qu’aucun vestige archéologique n’ait été retrouvé sur place (et ne le sera sans doute jamais car, du fait de susceptibilités religieuses, des fouilles archéologiques sont inenvisageables), Salomon aurait érigé le premier Temple à l’emplacement de l’autel de David. D’après le Talmud, sa construction dura 7 ans et demi, mais, pour des raisons inconnues, il resta inutilisé pendant treize ans. Lorsqu’il fut consacré, Salomon y déposa l’Arche d’alliance et organisa quatorze jours de célébrations et de sacrifices.

Victime de nombreux pillages, le temple fut détruit par Nabuchodonosor II de Babylone en 587 av. J.-C. Reconstruit sur l’ordre de Zorobabel, nommé gouverneur de Judée par Cyrus II après la défaite des Babyloniens contre les Perses, il fut ensuite remplacé par le second Temple, très étendu, érigé par Hérode le Grand (règne 39-4 av. J.-C.). Le roi Hérode fit construire un mur autour du mont et nivela le terrain pour obtenir l’esplanade que l’on peut voir aujourd’hui. La plus grosse des pierres du mur des Lamentations, soutenant le mont du Temple, pèse plus de 500 tonnes.

Les juifs qui se rendaient au mont du Temple arrivaient par le sud. Les pèlerins devaient se plonger dans le mikveh (bain pour immersion rituelle) à des fins de purification avant de monter les marches abruptes. L’un d’entre eux est conservé dans le parc archéologique de Jérusalem, non loin de là. Des inscriptions sur les pierres indiquaient que tout non-juif se rendant sur le mont serait puni de mort. Seul le grand prêtre était autorisé à pénétrer dans le saint des saints, à l’intérieur du Temple, ce qu’il faisait une fois par an pour Yom Kippour.

Tous les aménagements entrepris par Hérode furent réduits à néant quand, en 70, les Romains détruisirent presque entièrement le second Temple. Toutefois, ce lieu sacré pour les juifs trouva un écho spirituel chez les conquérants, qui choisirent d’y ériger un sanctuaire en l’honneur de Jupiter, qui devint ensuite une église chrétienne.

Au milieu du VIIe siècle, à La Mecque, le prophète Mahomet annonça à ses condisciples qu’en une seule nuit, il avait rejoint en compagnie d’autres prophètes “la mosquée la plus lointaine” (Al Masdjid Al-Aqsa) pour prier. Même si Jérusalem n’est pas mentionnée, “la mosquée la plus lointaine” fut considérée comme étant à Haram ash-Sharif, ce qui fit de Jérusalem un lieu saint pour les musulmans. Le mont du Temple est considéré comme le troisième site le plus sacré de l’islam, après La Mecque et Médine. Lorsque les Byzantins remirent Jérusalem au calife Omar en 638, celui-ci s’intéressa immédiatement au mont du Temple sur lequel il décida de faire ériger une simple mosquée. Elle fut remplacée par le dôme du Rocher (construction en 691) et la mosquée Al-Aqsa (construction 705-715).

Immédiatement après la guerre des Six-Jours, le commandant Moshe Dayan remit les clés du mont du Temple aux autorités musulmanes de Jérusalem. Leur mainmise sur les lieux n’a jamais été acceptée par les extrémistes juifs et de nombreuses manifestations et actes de violence suivirent, y compris des complots visant à dynamiter les sites sacrés musulmans, qui furent déjoués au début des années 1980. De nombreuses autorités juives orthodoxes interdisent aux juifs de visiter le mont du Temple, car ils pourraient marcher par inadvertance sur le sol sacré sur lequel le Temple s’élevait jadis.

Pour le visiteur non concerné par la querelle religieuse, le mont du Temple est un endroit paisible, à l’écart du bruit et de l’animation des ruelles avoisinantes. Cette esplanade de la taille de deux terrains de football est bordée de bâtiments érigés par les Mamelouks. Le dôme du Rocher se dresse pratiquement en son centre. Au XIXe siècle, des explorateurs découvrirent sous la surface pavée plus de 30 citernes, dont certaines atteignant 15 à 20 m de profondeur et 50 m de long. L’accès en est aujourd’hui strictement interdit pour des raisons religieuses.

7h30-11h et 13h30-14h30 dim-jeu avr-sept, 7h30-10h et 12h30-13h30 dim-jeu oct-mars
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