L’attrait que suscite la Corse tient pour une large part à son environnement, tant côté mer que côté montagne. Il a été remarquablement préservé grâce à la conjonction de trois facteurs : l’attachement des Corses à leur territoire et leur promptitude à élever la voix dès lors qu’ils estiment leur île menacée, l’existence d’organismes de protection efficaces, et l’action des nationalistes dans les années 1980 – on a parfois parlé “d’écolo-nationalisme” – qui a réussi à tenir les promoteurs éloignés du littoral.
Géographie
Si la Corse est bien française, c'est pourtant d'Italie que l'on peut la rejoindre le plus rapidement. L'île est en effet distante de 90 km du port italien de Piombino, alors qu'elle se trouve à 170 km au nord-ouest de Nice. La Sardaigne n'est qu'à 12 km en direction du sud.
Allongée sur un axe nord-sud, l'île s'étend sur 183 km et 85 km de large. Le Cap Corse, l'étroite péninsule d'une quarantaine de kilomètres qui pointe au nord de l'île vers le golfe de Gênes, donne à ses contours leur caractère le plus remarquable.
La montagne est omniprésente sur l'île. Avec une altitude moyenne de 568 m, elle culmine au Monte Cinto, à 2 710 m. Ces cimes surplombent plus de 1 000 km de rivages. La côte ouest, exposée aux vents dominants, est la plus découpée. Elle est creusée de golfes profonds. Le rivage, plus monotone, est occupé par la longue et plate étendue littorale de la plaine d'Aléria, ou plaine orientale.
Les espaces protégés en Corse
Avec quelque 365 000 ha répartis sur 145 communes, le parc naturel régional de Corse, créé en 1972, a été le premier territoire protégé de l’île. La Corse abrite également 6 réserves naturelles : Scandola (1 731 ha, classée au Patrimoine mondial de l’humanité et séparée entre réserves terrestre et maritime) ; les îles Cerbicale (36 ha, au large de Porto-Vecchio) ; les îles du Cap Corse (3 ha, Finocchiarola) ; l’étang de Biguglia (1 790 ha) ; les bouches de Bonifacio (79 460 ha, essentiellement maritime, c’est la plus importante réserve de Corse et de France métropolitaine) ; les Tre Padule de Suartone (218 ha) ; et le massif du Monte Ritondu (3 135 ha).
Faune et flore
La flore
La flore se divise en trois “étages” successifs. L’étage méditerranéen (jusqu’à 1 000 m environ) est le territoire du maquis, des chênes verts et chênes-lièges, des oliviers et des châtaigniers. Les forêts de pins et de hêtres peuplent l’étage montagnard, qui s’étend entre 1 000 et 1 800 m environ. L’étage alpin (au-dessus de 1 800 m) accueille une végétation faible et rase, constituée d’un peu d’herbe et de petites espèces d’altitude. Cédratiers, kiwis, clémentiniers et avocatiers sont présents dans la plaine orientale.
Les espèces les plus emblématiques de l’île sont le châtaignier, sans conteste l’arbre qui a le plus profondément marqué la Corse, le chêne-liège, dont l’écorce spongieuse et crevassée sert à fabriquer des bouchons, et le pin laricio, qui peut atteindre une cinquantaine de mètres de haut. S’y ajoutent d’autres arbres méditerranéens – oliviers, chênes verts, figuiers de Barbarie – et les espèces de plantes qui constituent le maquis. Premier ambassadeur de la Corse, ce dernier se compose notamment de ciste, ciste de Crète, myrte, arbousiers, bruyères arborescentes, pistachiers-lentisques et asphodèles.
Côté flore sous-marine, on retiendra plusieurs variétés d’algues et des posidonies, plante verte endémique à la Méditerranée qui forme de vastes prairies sur le sable.
La faune en Corse
La faune terrestre corse est assez réduite. Les porcs coureurs, les vaches, les chèvres, les brebis et les mules sont les espèces que vous rencontrerez le plus souvent. L’île compte cependant quelques représentants du règne animal difficilement observables ailleurs.
Dans les airs, on retiendra le balbuzard pêcheur, rapace pouvant atteindre 1,60 m d’envergure présent dans la réserve de Scandola, et le gypaète barbu, immense vautour charognard qui niche dans les massifs montagneux. La minuscule sittelle corse – elle ne mesure guère plus de 12 cm de longueur – habite les forêts de conifères, tandis que les rares goéland d’Audouin et cormoran huppé se laissent parfois observer sur les îlots entourant l’île.
Les forêts abritent des sangliers, dont la chasse est une activité traditionnelle sur l’île, et des populations de cerfs de Corse, réintroduites depuis 1985 à partir de spécimens sardes. Plus haut, le mouflon, roi de la montagne, préfère les grands espaces peu enneigés.
Citons également deux curiosités : la tortue d’Hermann, reconnaissable à sa couleur orange rayée de noir, et l’euprocte de Corse, petit amphibien endémique menacé.
La faune marine inclut les crustacés, mollusques et poissons habituels de la Méditerranée (mostelle, saint-pierre, chapon, denti, mérou, langouste, poulpe), mais aussi des espèces moins connues comme l’anthias, petit poisson gracieux de couleur rouge orangé, l’apogon, appelé également “roi des rougets”, ou encore la girelle, le poisson le plus “tropical” de Méditerranée. Des dauphins et baleines, qui font l’objet d’un programme de protection spécifique, fréquentent régulièrement les eaux du large.
Sous la surface, les plongeurs observeront une abondante faune fixée : éponges, parterres d’anémones et de parazoanthus, corail et gorgones rouges, élégantes dentelles de Neptune.
Écologie et environnement en Corse
Principal danger qui pèse sur l’île : le feu, qui ravage des milliers d’hectares, chaque année ou presque. La forêt corse et de vastes étendues de maquis portent en de nombreux endroits les stigmates des incendies qui détruisent des centaines d’hectares de végétation. Les efforts de la sécurité civile, qui stationne aux abords des zones boisées les jours où les conditions météorologiques sont les plus propices aux départs de feu, ne suffisent malheureusement pas à stopper le fléau.
Le tourisme apporte également son lot d’atteintes à l’environnement. La hausse brutale de la population en haute saison génère un problème de déchets, notamment dans les stations balnéaires ou sur les sentiers de randonnée, qui s’ajoute à celui des décharges sauvages. Sur le littoral, la surfréquentation touristique associée au surpâturage des bêtes ont contribué à la destruction des plantes qui fixent les dunes, par exemple à Roccapina ou à Barcaggio. Le Conservatoire du littoral est heureusement venu à la rescousse en installant des barrières de protection.
Par ailleurs, la tradition corse de la libre circulation du bétail n’est pas sans provoquer de graves dommages à l’environnement. Les porcins, notamment, dont l’élevage traditionnel va de pair avec la culture de la châtaigne, contribuent au déboisement et à la déprédation du milieu en fouillant le sol pour trouver leur nourriture. Leur divagation affecte par ailleurs de nombreux secteurs et le labourage auquel ils se livrent va jusqu’à entraîner régulièrement la destruction des murs en pierre sèche de propriétés.
Autre problème : le traitement des ordures ménagères, qui prend depuis des décennies des allures de crise chronique. Le projet d’implantation d’un incinérateur près de Ponte-Leccia, qui s’était heurté à une forte opposition depuis 2006, a finalement été abandonné. Les centres d’enfouissement sont saturés et les résultats du tri sélectif, bien qu’en progrès, restent inférieurs à la moyenne nationale. Faute de structures sur l’île, les déchets issus du tri sélectif sont expédiés sur le continent pour être valorisés.
Des paradis marins sous haute surveillance
L’écologie marine n’est pas un vain mot en Corse. Avec un parc, deux sanctuaires et sept cantonnements sur 1 045 km de littoral, l’Île de Beauté bat tous les records en Europe.
La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, créée en 1999, se situe à l’extrême sud de l’île, entre la Corse et la Sardaigne, au large de Bonifacio. Elle constitue la partie française du Parc marin international qui englobe la réserve naturelle des îles Cerbicale, les cantonnements de pêche de Bonifacio, la réserve de chasse maritime de Ventilègne et, du côté italien, l’archipel de la Maddalena, en Sardaigne. Le domaine terrestre de l’île de Cavallo (et de l’îlot de San Baïnsu), surnommée “l’île aux millionnaires”, échappe curieusement à l’aire de protection. La plongée en apnée est autorisée partout. En revanche, 1 200 ha de zone dite de non-prélèvement sont interdits aux plongeurs équipés de bouteilles (plateaux des Lavezzi, des Cerbicale, des Bruzzi, des Moines et falaises de Bonifacio).
Sur la côte ouest, au nord du golfe de Porto, la réserve naturelle de Scandola est la plus ancienne de Corse. Créée en 1975, elle couvre 919 ha sur terre et 1 000 ha sur mer. Véritable paradis en termes de flore et de faune sous-marines, Scandola protège quelque 450 espèces d’algues et 125 espèces de poissons. Un règlement strict interdit la chasse sous-marine, la pêche à la ligne (et la pêche professionnelle dans la zone classée réserve intégrale), le rejet des détritus, les mouillages supérieurs à 24 heures (le mouillage de nuit est interdit dans la réserve intégrale), le ramassage d’animaux et de végétaux marins, ainsi que la plongée sous-marine.
Créé par décret en 2016, le parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate est le huitième parc naturel marin français et le plus grand parc naturel marin de métropole avec ses 6 830 km². Son objectif est de protéger les écosystèmes marins (atolls de corail, herbiers, canyons et plateau continental au nord…) tout en permettant le développement durable d’activités socio-économiques (pêche, loisir, tourisme…).
Voir aussi
Le catalogue des éditions Lonely Planet
L’évasion commence ici, découvrez nos guides et livres de voyage.