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Publié le 15/02/2018 6 minutes de lecture
Si la capitale recèle des trésors de musées, des salles de spectacles magnifiques ou encore des bijoux d’architecture, on ne peut pas dire qu’elle brille par ses espaces verts – bois de Vincennes et de Boulogne exceptés. L’envie de prendre un peu l’air vous titille ? Passez donc le périphérique : les options pour se ressourcer à peu de frais et sortir des sentiers battus ne manquent pas. La plupart sont même à portée de RER ou s’obtiennent au prix de quelques coups de pédales !
Du canal de l’Ourcq jusqu’au parc de la Poudrerie
Envie d’une balade en forêt ? De la Villette, enfourchez un vélib’ et suivez le chemin de halage du canal de l’Ourcq, direction la banlieue ! Chemin faisant, vous croiserez cygnes, œuvres de street art, ainsi que deux jolis parcs : celui de la Bergère, à Bobigny, et celui de la Poudrerie, à cheval sur Sevran, Villepinte, Livry-Gargan et Vaujours, but ultime de cette balade. À environ 15 km de Paris, ce vaste domaine forestier doit son nom à la poudrerie impériale créée par Napoléon III en 1865, dont les bâtiments sont toujours debout au milieu de 137 hectares plantés de chênes, de frênes et de charmes. Vous n’avez pas le goût de la petite reine ? Le parc est également accessible en bateau ! Autre option, moins romantique, le RER B, qui s’arrête à la gare du Vert-Galant, toute proche.
>>> Parc de la Poudrerie, allée Eugène-Burlot, Vaujours
Avenue Paris-Londres, du street-art à l’impressionnisme
Depuis 2012, il est possible de rejoindre Londres depuis Paris à vélo. Vous ne vous sentez pas les jambes pour parcourir les quelque 400 km qui vous séparent de la capitale britannique ? Contentez-vous d’une petite partie de cet itinéraire, en forme d’histoire de l’art en accéléré : quittez Paris par le parc de la Villette et remontez le canal Saint-Denis, où s’étend la « Street Art Avenue ». Murs, piliers de pont ou encore silos à béton ont servi de toile à une vingtaine d’artistes talentueux dans un projet de valorisation du canal lancé en 2016. Le trajet bifurque ensuite à travers L’Île-Saint-Denis, Gennevilliers puis Colombes jusqu’au parc Pierre-Lagravère, où débute la « Promenade bleue ». On longe alors la Seine sur 8 km au milieu de paysages où sont venus s’inspirer les impressionnistes en leur temps. Terminus Chatou, haut lieu de la peinture, puisque c’est ici qu’Auguste Renoir a peint son célèbre Déjeuner des canotiers. La maison Fournaise, où se situe la scène, est toujours debout sur la bien-nommée île des Impressionnistes. Elle accueille aujourd’hui un musée : profitez-en pour le visiter. Si vous vous en sentez encore les jambes, prolongez la balade jusqu’au Pecq : ce faisant, vous passerez devant Port-Marly, sujet de plusieurs tableaux de Sisley.
>>> Retour par le RER A (Le Vésinet – Le Pecq) : les vélos y sont autorisés le samedi et le dimanche sans restriction, les autres jours avant 6h30, entre 9h30 et 16h30 et après 19h30 uniquement

Dans les pas d’Edmond Dantes au château de Monte-Cristo
En 1844, alors au sommet de sa gloire (Les Trois-Mousquetaires viennent de paraître et Le Comte de Monte-Cristo sort en feuilleton), Alexandre Dumas éprouve le besoin de s’éloigner de l’agitation parisienne pour écrire : il se fait construire un château avec vue sur la Seine sur les hauteurs du Port-Marly, dont la démesure rivalise avec son coût (plus de 200 000 francs de l’époque). Outre le beau salon mauresque, on y découvre le superbe parc, aménagé selon les souhaits de l’écrivain, tout en grottes, cascades et amas de roches. Une balade romantique à souhait, qui laisse entrevoir la folie des fêtes que Dumas père y organisait !
>>> RER A (Saint-Germain-en-Laye) puis bus Trandev 10, arrêt Les Lampes ; accès par le chemin des Montferrands
Balade romantique à la Vallée-aux-Loups
À une dizaine d’arrêts de RER de Paris (RER B gare de Robinson), la maison de François-René de Chateaubriand convie à une balade tant littéraire que forestière. L’écrivain fit l’acquisition du domaine de la Vallée-aux-Loups (aujourd’hui sur la commune de Châtenay-Malabry) en 1807, lorsque Napoléon le contraignit à quitter Paris. Transformé en musée, le bâtiment recrée l’ambiance et le décor de l’époque – vous y verrez notamment le bureau où il commença la rédaction des Mémoires d’outre-tombe. Tout autour de la maison s’étend un vaste parc boisé de 56 hectares. Marchez dans les pas du « grand-père du romantisme » jusqu’à la tour Velleda où il allait écrire, puis flânez dans l’arboretum, au parc boisé, à l’île verte... Si une pointe de mélancolie (ou de bonheur d’être triste, c’est selon) vous saisit, allez faire un tour au salon de thé, vous ne le regretterez pas.
>>> Parc de la Vallée-aux-Loups, 87 rue de Chateaubriand, Châtenay-Malabry

Jardin Albert-Kahn à Boulogne
Parenthèse enchantée à l’abri des foules, le jardin de ce musée consacré aux autochromes constitue un ailleurs à portée de métro. De 1895 à 1910, Albert Khan, banquier et philanthrope, a aménagé les 3,9 hectares de sa propriété de façon à créer des « jardins de scène » empruntant à différentes parties du monde. Forêt bleue, forêt vosgienne, jardin et village japonais avec pagode et double pont, jardin à la française, jardin anglais, palmarium ou encore verger-roseraie se côtoient dans une belle harmonie. Un incontournable au printemps.
>>> 10-14 rue du Port, Boulogne-Billancourt ; métro 10 (Boulogne–Pont de Saint-Cloud)
Balade sur les bords de Marne
Il est loin le temps des guinguettes, lorsque les Parisiens s’évadaient aux beaux jours pour danser sur les bords de la Seine ou de la Marne… Si nombre d’établissements ont fermé depuis longtemps, la rivière, elle, est toujours là et se prête à merveille à une belle balade à vélo. Longeant la rive droite de la Seine, la piste cyclable passe le périphérique avant de longer l’A4 sur quelques kilomètres et de déboucher à Saint-Maurice sur la petite place de l’Écluse. S’amorce alors la boucle de Saint-Maur, qui rejoint Joinville-le-Pont en une quinzaine de kilomètres au bord de l’eau. Guinchez Chez Gégéne, détendez-vous sur l’île Fanac ou flâner le long du canal de Polangis… Puis poussez jusqu’au joli port de Nogent-sur-Marne, sans manquer la promenade Yvette-Horner.
>>> Retour par le RER A (Nogent-sur-Marne) : les vélos y sont autorisés le samedi et le dimanche sans restriction, les autres jours avant 6h30, entre 9h30 et 16h30 et après 19h30 uniquement

Se la couler douce jusqu’en banlieue
Filer jusqu’au périph’ sans (presque) croiser de voitures ? C’est possible en suivant la Coulée verte René-Dumont, qui traverse sur 4,7 km le XIIe arrondissement en direction de la banlieue. De la Bastille, où la Coulée surplombe l’avenue Daumesnil, jusqu’à Saint-Mandé, le bruit de la ville se transforme en une agréable rumeur et l’on flâne entre allées arborées, jardins suspendus et squares, suivant le tracé d’une ancienne voie de chemin de fer reconvertie. Lancé en 1988, le concept a depuis essaimé jusqu’à New York, où la High Line a été inaugurée en 2009. Une fois le périphérique franchi, le bois de Vincennes et ses 995 hectares de forêts et de lacs ne sont plus qu’à quelques centaines de mètres.
>>> Retour par le métro, ligne 1 ou 8
Central Park à la Courneuve
Seule zone Natura 2000 en France dans un tel espace urbain, le parc Georges-Valbon, à La Courneuve, est aussi l’un des plus grands d’Île-de-France, juste derrière les bois de Vincennes (995 hectares) et de Boulogne (846 hectares). Sa superficie de 417 hectares en fait le principal poumon vert de la Seine-Saint-Denis. S’il aligne les classiques espaces de jeux pour les enfants et les plaines où s’installer pour un pique-nique, il compte également de vastes zones arborées parcourues de sentiers, des lacs, un théâtre de verdure, un centre équestre, une roseraie… Autre particularité ? Il est au cœur du projet un peu fou de l’architecte Roland Castro, qui prévoit de l’entourer de gratte-ciel et de bâtiments de bureaux à la manière de Central Park à New York et de transformer la zone en un vaste écoquartier, le plus grand au monde. Les débats sur le bien-fondé d’une telle réalisation vont bon train et le projet ne verra peut-être jamais le jour, ce qui n’est pas pour déplaire aux défenseurs de la Nature et aux ornithologues amateurs. Le parc est en effet le refuge de nombreux oiseaux dont une espèce menacée : le blongios nain, le plus petit héron d’Europe.
>>> RER B (La Courneuve – Aubervilliers) puis bus 249 (plusieurs arrêts)

Le Mont-Valérien : nature et histoire avec vue
Au XVe siècle, le mont Valérien était occupé par des ermites laïcs. Surmonté d’un fort militaire depuis le XIXe siècle, ce relief culminant à 162 m n’a rien perdu de sa quiétude et l’on y vient s’y promener tout en admirant quelques-unes des plus belles vues sur la capitale. Ceinturant la forteresse, la promenade Jacques-Baumel est l’occasion d’une agréable balade sous les arbres ménageant de beaux panoramas à la faveur d’une trouée. En contrebas du fort, la terrasse du Fécheray ouvre une perspective superbe sur la capitale : la butte Montmartre, la tour Eiffel, les immeubles de la Défense, la tour Montparnasse, la fondation Louis-Vuitton et le bois de Boulogne... Le mémorial de la France combattante et le cimetière américain rappellent que le mont Valérien est aussi un haut lieu de mémoire, où furent fusillés de nombreux résistants durant la Seconde Guerre mondiale.
>>> Train ligne L au départ de la gare Saint-Lazare (Suresnes–Mont-Valérien) ou tramway T2 (Suresnes-Longchamps)
