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Publié le 03/06/2025 7 minutes de lecture
Cet État insulaire discret entre la Guadeloupe et la Martinique cultive son authenticité, entre traditions vivantes, paysages époustouflants et expériences sensorielles inoubliables. Découvrez les plus belles expériences à vivre pour s’imprégner de l’âme de « l’île Nature », comme la surnomment ses habitants.
Située dans l’arc des Petites Antilles, la Dominique souffre d’un malentendu tenace : trop souvent confondue avec sa voisine plus touristique, la République dominicaine, elle demeure à l’écart des grands flux du tourisme caribéen. Pourtant, ce petit État indépendant depuis 1978, peuplé d’à peine 70 000 habitants, recèle de véritables merveilles. Cette fréquentation modeste n’est pas un si grand mal pour les visiteurs, au contraire. Loin des plages colonisées par les resorts, des longues files d’attentes et de l’agitation, la Dominique s’offre à eux brute, exubérante, sincère. La nature y règne en souveraine. La culture créole se transmet sans folklore poussif, et l’accueil est d’une rare chaleur.

Découvrir la capitale Roseau, son marché et ses belles villas
L’agriculture occupe une place essentielle dans l’économie dominicaine et façonne le paysage de l’île, avec ses jardins créoles, ses bananeraies et ses cultures vivrières en terrasse. Grâce à un usage limité de produits chimiques, une large part des fruits et légumes disponibles sont cultivés de façon naturelle, parfois même certifiés biologiques. Le marché central de Roseau, la capitale, est un excellent moyen de s’initier à ces nouvelles saveurs. Il est surtout animé le samedi matin. Entre les étals improvisés, les cris des marchands et les parfums mêlés, on peut y acheter une profusion de produits affriolants : goyaves, corossols, papayes, christophines, ignames, Dasheen, patate douce, curcuma, gingembre frais, piments multicolores… On trouve aussi un tas de potions médicinales à base de plantes locales -les Dominicains ont d’excellentes connaissances en phytothérapie- , du miel de montagne, ou encore des savons artisanaux.
Après vos emplettes, déambulez sur le port, puis prenez le temps de monter sur les hauteurs dans le quartier huppé de Goodwill pour voir les très belles villas créoles et leurs jardins. Hissez-vous encore un peu plus haut et admirez la vue sur toute la ville bordée par la mer des Caraïbes, son grand jardin botanique, et son terrain de cricket – les Dominicains en sont très friands !

Observer les cachalots, résidents permanents des eaux dominicaines
Contrairement à la plupart des îles caribéennes où l’observation des cétacés est saisonnière, la Dominique abrite une population sédentaire de cachalots — une rareté mondiale. Cela s’explique par la géologie de ses fonds marins côté ouest, où ont été taillées des baies très profondes et abritées. Elles sont idéales pour la reproduction des cétacés. On peut donc les voir toute l’année, mais surtout entre novembre et mars, lorsqu’ils se rapprochent davantage des côtes. Plusieurs compagnies locales proposent des sorties en mer à bord de petits bateaux, dans le respect strict des animaux. Certains des cétacés sont identifiés depuis des décennies ! Le spectacle est inoubliable : entendre un cachalot souffler à la surface, observer sa nage paisible avant qu’il ne plonge dans l’abîme d’un mouvement lent de la queue… Ce tête-à-tête avec les profondeurs éveillera sans doute en vous un sentiment d’humilité et d’émerveillement.
Se régaler de saveurs tropicales
Dans les restaurants, la cuisine dominicaine mêle influences africaines, françaises, britanniques, kalinagos et créoles, dans un registre savoureux et souvent généreux. Le plantain mûr, souvent frit ou caramélisé, et la semoule de maïs cuite à la vapeur — le kushkush — occupent une place centrale dans l’assiette dominicaine. À leurs côtés, les ignames, le fruit à pain et le poulet, mijoté, grillé ou en sauce, composent une cuisine simple en apparence, mais pleine de subtilités, transmise de génération en génération.
On y déguste aussi d’excellents crabes et des poissons grillés, comme le mahi-mahi, le vivaneau, le thon ou le marlin, servis avec du riz, des haricots rouges et des légumes-racines. Les ragoûts, currys et soupes de fruits à pain sont aussi populaires. En dessert, le sorbet à la noix de coco fait fondre tous les visiteurs.

Découvrir l’artisanat local
La Dominique surprend aussi par la qualité de ses productions artisanales. Sur la côté est, à Pointe Baptiste, une petite manufacture familiale produit un chocolat intense, qui peut être parfumé au gingembre, au café, à la citronnelle, à la cannelle... La visite permet de découvrir le processus complet, de la fève à la tablette. À deux pas de là, à la distillerie Sea Cliff, Amber et Simon produisent un fameux gin artisanal à partir de neuf plantes issues de leur jardin tropical (en plus du genièvre, qu’il faut importer). Leurs élixirs exhalent de subtiles notes de pamplemousse rose, laurier, cannelle, cacao et muscade et révèlent le génie discret d’une île où la créativité se nourrit du sol. Avant de repartir de ce secteur, un détour s’impose par le site de Red Rocks, un magnifique ensemble de falaises rouges sculptées par les éléments, posées face à l’océan Atlantique.
Aller à la rencontre du peuple Kalinago
Au nord-est est de l’île, dans une région montagneuse et verdoyante qui plonge vers l’océan Atlantique, le Kalinago Territory est le seul territoire indigène reconnu des Caraïbes. Sur cette bande côtière de 15 km², les quelque 4 000 descendants du peuple caraïbe vivent en communauté, dans un équilibre fragile entre tradition et modernité. Au Kalinago Barana Auté, un centre d’interprétation plutôt réussi comprenant un village reconstitué, une visite guidée permet de découvrir les us et coutumes de ce peuple, notamment leur organisation sociale, les usages médicinaux des plantes locales qu’ils utilisent depuis des siècles, ou leur cosmologie. On peut observer les artisans tisser des paniers en feuilles ou sculpter une calebasse, et goûter à de succulents mets traditionnels (cassaves de manioc, jus frais, poisson et poulet fumés...).
Explorer les villages de pêcheurs
Des villages comme Scotts Head et Soufrière offrent une vision rare de la Caraïbe : des barques retournées sur les plages, des pêcheurs rafistolant leurs filets, des enfants jouant pieds nus sur les jetées. L’ambiance y est tranquille, presque hors du temps. Le soir, quelques gargotes posées en bord de mer servent du poisson grillé accompagné de plantains frits, sous le bruissement des palmiers et les basses chaloupées de la Cadence-lypso.

Profiter des plages, entre quiétude et effervescence
À la Dominique, la plupart des plages sont faites de sable noir -en réalité plutôt gris argenté- et elles sont restées à l’écart des grands développements hôteliers. Si elles sont paisibles et assez peu fréquentées en semaine, la vie locale s’invite en fanfare chaque dimanche. À Méro Beach par exemple, familles et amis ont coutume de se réunir en fin de semaine pour un grand pique-nique avec glacières pleines, grillades, musique entraînante et enfants courant sur le sable. L’ambiance est joyeuse, conviviale, un vrai moment de vie dominicaine ! Sur la côte nord-ouest, Batibou Beach déroule quant à elle son sable doré dans un cadre sauvage, accessible après une piste cabossée. Au sud, Champagne Beach émerveille les plongeurs grâce aux bulles volcaniques qui s’échappent du fond marin. Même féérie à Bubble Beach, où l’on peut se baigner dans une eau tiède et pétillante, comme dans un bain thermal naturel.

Observer la faune : oiseaux rares et tortues marines
La Dominique est aussi un paradis pour les ornithologues. Dans les forêts primaires du parc national de Morne Trois Pitons, on peut observer deux espèces endémiques de perroquets : le Sisserou (emblème national) et le Jaco. De nombreux colibris, grives, parulines et fauvettes peuplent aussi les sentiers. La diversité de l’avifaune est spectaculaire, et les passionnés de nature repartent souvent avec des clichés rares. Sur certaines plages de la côte est, de mars à août, il est aussi possible - avec un peu de chance et beaucoup de respect- d’observer la ponte des tortues luth, ces géantes venues de loin pour enfouir leurs œufs dans le sable nocturne.
Se relaxer dans les spas à ciel ouvert
Après une randonnée exigeante, une descente en rivière ou une exploration sous-marine, la Dominique offre une parenthèse de bien-être inattendue : des spas naturels en pleine jungle, où l’on se délasse dans des bassins creusés dans la roche, alimentés par des sources chaudes soufrées. L’île, d’origine volcanique, regorge de ces eaux géothermiques aux vertus apaisantes, riches en minéraux et en soufre, réputées pour leurs effets bénéfiques sur la peau et les muscles fatigués. Dans le village thermal de Wotten Waven, au cœur des montagnes du centre, plusieurs petits établissements comme Ti Kwen Glo Cho offrent un cadre semi-sauvage pour se baigner dans ces eaux, entre vapeur tiède, feuillage exubérant et silence tropical. Certains sites, plus rustiques, sont accessibles librement.

Organiser son voyage sur l'île de la Dominique
Comment se rendre sur l'île de la Dominique ?
Pour les voyageurs français, la manière la plus simple de rejoindre la Dominique consiste à transiter par les Antilles françaises. Depuis la métropole, des vols directs desservent quotidiennement la Guadeloupe (Pointe-à-Pitre) et la Martinique (Fort-de-France) avec Air France, Corsair ou Air Caraïbes. Une fois sur place, vous pouvez embarquer à bord d’un ferry de L’Express des Îles reliant ces deux départements d’outre-mer à la capitale dominicaine, Roseau. Le trajet dure environ 2 à 4 heures selon le point de départ.
Où loger en Dominique ?
Pour un tour complet de l’île dans le sens des aiguilles d’une montre, vous pouvez par exemple séjourner successivement dans ces trois hôtels-restaurants de charme :
Fort Young Hotel, Roseau
Installé dans les murs d’un ancien fort militaire bâti en 1770, cet hôtel allie confort moderne et patrimoine architectural. On y admire la pierre d’époque, magnifiée par une rénovation soignée. L’hôtel dispose de ses propres bateaux et propose des excursions en mer pour l’observation des baleines ou la plongée.
Secret Bay, Portsmouth
Écrin de luxe et de nature, Secret Bay propose des villas suspendues dans la forêt, avec vue imprenable sur la mer. Intimité, service raffiné et cuisine gastronomique en font un lieu d’exception pour une retraite en harmonie avec l’environnement.
Rosalie Bay Eco Resort, Côte est
Entre rivière et océan, cette escale écologique accueille les visiteurs dans un cadre enchanteur et invite au repos, à la randonnée, ou à l’observation des tortues marines qui viennent pondre sur la plage. Le spa naturel et les jardins luxuriants (fleurs tropicales, arbres fruitiers…) complètent l’expérience.
Quelle langue parle-t-on en Dominique ?
La Dominique est une ancienne colonie britannique. On y parle donc anglais (ou créole) et la circulation se fait sur la voie de gauche. On paye en dollars caribéen (mais les dollars américains et les euros sont souvent acceptés).