
Célébration du Tsechu, haut en couleurs © Kattiyaearn - iStock
Mis à jour le : 22 octobre 2019
Nimbé de mystère et de magie, le Bhoutan n’est pas une destination ordinaire. Dans le dernier grand royaume himalayen, la culture bouddhiste ancestrale épouse prudemment le développement mondial.
Organisés en l’honneur de Guru Rinpoché, les tsechu sont les plus importantes des nombreuses fêtes religieuses du pays. Célébrés chaque année dans la plupart des dzong, ils commémorent les hauts faits du Guru et donnent lieu à des danses hypnotiques. Portant costumes colorés et masques peints, les danseurs incarnent des divinités, des héros, des démons et des animaux, tantôt furieux, tantôt empreints de compassion ; pendant ce temps, des atsara (clowns masqués) imitent les danseurs et se livrent à des pitreries, allant même jusqu’à solliciter le public qu’ils proposent de bénir, moyennant finance, avec le phallus en bois qu’ils portent !
Plus célèbre monastère du Bhoutan, le “Nid du Tigre” est l’un des sites religieux les plus vénérés du pays. Selon la légende, Guru Rinpoché aurait volé jusqu’ici sur le dos de son épouse Yeshe Tsogyal transformée en tigresse pour vaincre un démon local, après quoi il aurait médité ici pendant trois mois. Ce bel édifice accroché aux falaises abruptes domine une forêt de pins pleine de murmures. La raide ascension pour l’atteindre vaut la peine : elle permet d’entrevoir le monastère tout en contemplant la vallée de Paro et les rhododendrons rouges qui en parsèment le territoire.
Au Bhoutan, les randonnées sont aussi exigeantes que gratifiantes. Certaines mènent en altitude et plusieurs jouissent d’une solide réputation comme le trek du Jomolhari et celui de Snowman. Sur tous les itinéraires, vous serez accompagnés par des guides chevronnés et des poneys porteront vos bagages. L’un des grands plaisirs de cette expérience, aux confins de la modernité, est de rencontrer des habitants en costume traditionnel s’occupant de leurs champs et de leurs animaux selon des méthodes séculaires.
Dominant le confluent de deux rivières, le Phungtang Dechen Photrang Dzong est sans aucun doute le plus impressionnant de tous les monastères-forteresses du pays. Érigé en 1637 par le Shabdrung, la résidence d’hiver du Je Khenpo est également le lieu du couronnement des rois du pays. Au printemps, les fleurs mauves de ses jacarandas contrastent avec les murs blanchis à la chaux de l’édifice et les moines en tunique rouge évoluent sur une mer de pétales. Derrière les murailles, le silence est parfois interrompu par les rires des jeunes moines descendus déjeuner.
Le Rinchen Pung Dzong de Paro est un exemple significatif de l’architecture des monastères-forteresses qui dominent la vallée et la ville. Le tsechu (fête religieuse de danses sacrées) de Paro, très coloré, se tient ici au printemps. La fête culmine avec le déploiement d’un thongdrol (immense thangka) représentant les huit manifestations de Guru Rinpoché. Au-dessus du dzong se dresse une vieille tour de guet circulaire, le Ta Dzong ; elle abrite aujourd’hui l’excellent Musée national, qui présente une collection instructive et éclectique.
Fierté nationale, la tradition bhoutanaise de l’artisanat se perpétue à l’Institut national des Zorig Chusum, à Thimphu, et dans les nombreux ateliers à travers le pays, dont les objets utilitaires et religieux forment l’essentiel de la production. Très codifiée, la riche tradition picturale du Bhoutan revêt elle aussi un caractère spirituel. Vous en verrez les plus beaux exemples sur les murs des temples et lors des tsechu, lorsque sont déployés thangka et thongdrol.
Les vallées qui entourent le Bumthang forment le coeur culturel du Bhoutan et sont parsemées de monastères facilement accessibles à la journée. Les édifices anciens du Bumthang ont joué un rôle majeur dans le développement du pays et de certains aspects du bouddhisme qui lui sont propres. Admirez l’empreinte de Guru Rinpoché, la cotte de mailles de Péma Lingpa, et les eaux du Mebartsho, le lac où ce dernier aurait découvert plusieurs terma (textes sacrés) cachés par Guru Rinpoché.
Le tissage à la main et la broderie sont considérés comme l’artisanat le plus prestigieux du Bhoutan. Au fil des siècles, les techniques de teinture, de tissage et de couture sont devenues hautement perfectionnées. La plupart des tisserands sont des femmes et dans presque toutes les maisons bhoutanaises résonnent les métiers à tisser. Le musée national du Textile et nombre de petites boutiques – en particulier dans le Bumthang et dans l’extrême est du pays – vendent des tissus colorés constituant de jolis souvenirs.
Ce sport national, très exaltant, est un véritable spectacle. Des tournois ont lieu toute l’année, où les arcs traditionnels en bambou côtoient les modèles high-tech en fibre de carbone. Les cibles semblent minuscules et la distance immense, et pourtant les archers font souvent mouche. Exclamations et plaisanteries des supporters, chants et danses accompagnent le sifflement des flèches et les cris de joie à mesure que l’ambiance se réchauffe. Les tournois du week-end à Paro méritent le coup d’oeil.
Au bord d’une crête surplombant une gorge, le Chhoekhor Raptentse Dzong de Trongsa tient une place centrale dans la géographie et l’histoire récente du Bhoutan. Les deux premiers rois dirigèrent le pays depuis ce lieu stratégique. À l’intérieur se cache un labyrinthe d’étroits couloirs et de cours sur plusieurs niveaux. Un excellent musée est installé dans l’ancienne tour de guet qui domine le dzong. Il est consacré à l’histoire du monastère-forteresse et à la dynastie royale des Wangchuck.
Le Bhoutan compte la plus grande proportion (65%) de zones protégées au monde, où vit une incroyable diversité de plantes et d’animaux. Les ornithologues trouveront leur Éden dans les forêts sempervirentes du sud du pays, où des centaines d’espèces d’oiseaux peuvent être observées depuis la route. Vous apercevrez peut-être aussi un groupe d’entelles dorés, fort rares. La grue à cou noir, menacée de disparition, passe l’hiver dans le centre et l’est du Bhoutan ; les migrations annuelles de la vallée de Phobjikha sont bien connues.
Proche de Paro, le Kyichu Lhakhang est l’un des sanctuaires les plus anciens et les plus vénérés du pays. Le plus vieux des deux temples fait partie des 108 édifices que le roi tibétain Songtsen Gampo aurait construits en 659 pour vaincre un démon qui empêchait l’implantation du bouddhisme dans la région. À l’intérieur, le Jowo est l’un des plus grands trésors de la vallée. Cette statue représentant Shakyamuni, le jeune Bouddha, fut réalisée au VIIe siècle. Plusieurs randonnées faciles à la journée permettent d’explorer les environs.
Très animé, le marché hebdomadaire de Thimphu est le plus grand du pays et le lieu idéal pour découvrir les saveurs bhoutanaises : poisson séché, fromages à pâte molle, noix de bétel, piments séchés, crosses de fougère (nakey), riz rouge… De l’autre côté de la Wang Chhu, les stands d’artisanat et de textile permettent de dénicher des “antiquités”, des rouleaux de drapeaux à prières ou même une trompette en os.
Avec certaines des forêts les plus sauvages de l’Himalaya et sa flore des plus variées, le Bhoutan est définitivement le paradis des botanistes. Si le mystérieux pavot bleu qui pousse à haute altitude est la fleur nationale, et le cyprès l’arbre national, aucune plante n’est plus emblématique du pays que le rhododendron. Au printemps, ces massifs rouges, roses et blancs rivalisent avec les drapeaux de prières multicolores qui ornent les cols, comme le Cheli La et le Thrumshing La.
Thimphu ravit les visiteurs avec ses musées et ses sites culturels, notamment le Tashichho Dzong, où se tient à l’automne l’un des tsechu les plus appréciés. La large vallée qui entoure la capitale est semée de sites intéressants, et il y a plusieurs belles randonnées à faire dans les environs – certaines mènent à des monastères perchés au-dessus de la vallée. À l’ouest du centre de la ville, la réserve de Motithang permet d’observer les takins, curieux bovidés caprins emblématiques du Bhoutan.
Le BNB, nouvel indicateur de richesse dans un monde aux prises avec “l’économie de croissance”, résume toute la philosophie du Bhoutan. Basé sur des valeurs humanistes et des principes bouddhistes, cet indice qui fait écho au PIB des économistes valorise le patrimoine culturel, la santé, l’éducation, la bonne gouvernance, la diversité écologique et le bien-être de l’individu. La croissance économique est vue non plus comme une finalité mais comme un moyen d’atteindre des objectifs plus essentiels.
À quelques heures de Paro via la route praticable la plus haute du pays, cette vallée peu fréquentée abrite des ermitages féeriques, des temples anciens et de charmants villages suspendus au bord des falaises. L’hébergement s’y fait dans des fermes et des pensions de charme intimes et la vallée se prête à la randonnée et au trek : parcourez la ligne de faîte partant du Cheli La pour une vue panoramique ou grimpez juqu’au Saga La pour découvrir le Jomolhari couvert de neige.